Lors des ventes d’instruments du quatuor de juin 2021, un remarquable violoncelle de Claude Boivin de 1737 nous donnait l’occasion de revenir sur l’essor du violoncelle au cours du XVIIIème siècle et sur la rareté des modèles antérieurs. En décembre 2021, c’est un instrument de la fin du XVIIème siècle que nous vous proposerons ! Réalisé vers 1690-1695 par Giovanni Grancino – le pionnier de l’école de lutherie de Milan – celui-ci offre un bel exemple de violoncelle du XVIIème siècle, ainsi que de la facture instrumentale milanaise. Conjuguant rigueur et finesse, qualités acoustiques et esthétiques, cet instrument ne pouvait que séduire les grands musiciens, comme le confirme son exceptionnelle provenance puisqu’il appartenait au grand soliste de l’Opéra de Paris : Jean-Marie Gamard…
De nos jours, le renom de Crémone et l’imaginaire collectif tendent à nous faire oublier qu’aux XVIIème et XVIIIème siècles, d’autres villes du nord de l’Italie comme Milan étaient le berceau d’une lutherie de haute qualité. Alors qu’elle aurait aisément pu importer des instruments de Crémone ou Brescia, Milan voit fleurir sa propre école de lutherie durant la seconde moitié du XVIIème siècle. Très vite, de grands maîtres lui donnent ses caractéristiques stylistiques et acoustiques, lui permettant de se distinguer pleinement des autres écoles. L’une de ses principales particularités concerne la qualité sonore des instruments, souvent jugée exceptionnelle. Alors, si l’historien s’est parfois montré sévère à l’égard des instruments milanais en raison de comparaisons stylistiques avec la facture crémonaise, le musicien a toujours su reconnaître leur importance sur le plan de l’expression musicale. Les altos et les violoncelles jouissent d’une renommée toute particulière et certains modèles sont recherchés dans le monde par les plus grands musiciens.
De manière générale, il semble que les luthiers milanais aient fait de la qualité sonore des instruments une priorité, les conduisant parfois à délaisser la recherche d’une préciosité sans doute jugée accessoire. Leurs productions prolifiques tendent à penser que leur souci principal était de fournir à chaque musicien, même les plus humbles, un instrument. En outre, les luthiers milanais ne bénéficiaient pas du même mécénat que les crémonais, si bien que leurs moyens ne leur donnaient guère la possibilité d’exécuter des modèles extrêmement raffinés destinés à satisfaire de riches commanditaires[1]. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’ils étaient incapables de produire des instruments très compliqués, comme le démontre cette viole d’amour réalisée par Giovanni Grancino en 1662, conservée au Museo degli Strumenti Musicali à Milan. Celle-ci est une superbe démonstration du savoir-faire du maître, qui exécute ici une prouesse technique. Notons à ce propos que l’on connaît deux autres violes de ce type de la main de Giovanni Grancino, l’une datée de 1693 et aujourd’hui dans les collections du National Music Museum (University of South Dakota) et l’autre fabriquée en 1701 et se trouvant au Metropolitan Museum à New York. Cette production davantage tournée vers les musiciens professionnels explique en partie la rareté des instruments milanais de cette époque, qui menaient une existence plus périlleuse[2].
[1] Roger Hargrave, “Milanese master, a 1712 viola by Giovanni Grancino”, dans The Strad, janvier 1989
[2] Ibid
Portrait du comte Ignazio Alessandro Cozio di Salabue
Circa 1820
À partir des années 1690, les demandes adressées aux luthiers de Milan s’intensifient considérablement. Comme il est de coutume, les ateliers sont gérés par des familles, luthiers de pères en fils. Les Grancino peuvent être considérés comme les pionniers de la lutherie à Milan. L’atelier familial était situé à la Contrada Larga et Giovanni Grancino est certainement le principal et le plus influent luthier de la ville. Cependant, malgré sa notoriété, les archives à son sujet sont rares et la confusion règne en ce qui concerne les liens entre les différents membres de la famille.
Les historiens ne s’accordent pas sur le nombre exact de luthiers actifs, variant de neuf[1] à quatre[2], et il a longtemps été admis que Giovanni Grancino était le fils de Paolo (actif entre 1665-1690)[3], réputé comme ayant été le “favourite pupil of Nicholas Amati”[4]. Cependant, dans l’état actuel de la connaissance, aucune preuve n’est venue soutenir cette hypothèse. C’est Cozio di Salabue qui, le premier, mentionne les Grancino pour comparer les ff de leurs instruments à ceux de Nicolò Amati[5]. Malgré cette influence crémonaise, les Grancino ont mis en œuvre leur propre savoir-faire aboutissant à l’essor d’un style typiquement milanais durant le dernier tiers du XVIIème siècle.
[1] Von Lütgendorff, Die Geigen and Lauren Macher, 1904 et Karel Jalovec, Italienische Geiqenbauer, 1957. Selon eux, il faudrait notamment rajouter le père de Paolo, également prénommé Giovanni (c.1645-1682) et son frère Andrea (c.1646), ainsi que les fils de Giovanni : Francesco (1690-1746) et Giovanni Battista II (1697-1735), mais les preuves manquent.
[2] George Hart, The Violin Famous Makers & their
[3] F. J. Fetis, Anthonv Stradivari, 1864
[4] George Hart, The Violin Famous Makers & their, cité par Roger Hargrave, “Milanese master, a 1712 viola by Giovanni Grancino”, dans The Strad, janvier 1989
[5] Count Ignazio Alessandro Cozio Di Salabue. Technical Studies in the Arts of Musical Instrument Making
Giovanni Grancino est le luthier le plus renommé de la famille, bien que certaines facettes de sa vie nous échappent encore. Son travail s’oriente d’abord vers Amati et atteste d’un grand talent. Cette influence s’explique par la proximité de la ville de Crémone, mais peut également résulter de la présence à Milan de Bartolomeo Pasta, élève d’Amati, à partir des années 1670. Les instruments les plus anciens qu’on lui connaisse remontent aux années 1660 mais la majorité de sa production date d’après 1690. Giovanni Grancino est souvent considéré comme le maître de Carlo Giuseppe Testore[1], notamment en raison d’étiquettes de Testore des années 1690 inscrites : “allievo di Gio. Grancino in Contrada Larga in Milano »[2].
[1] David Rattray, Masterpieces of Italian Violin Making (1620 – 1850), Royal Academy of Music, London, 1991
Il est incontestable que les instruments de Testore et de Grancino partagent de grandes similitudes et il est probable qu’ils aient coopéré. Pour l’anecdote, en 1884 à l’occasion de la restauration d’un instrument de Carlo Giuseppe Testore particulièrement raffiné, une fausse étiquette de Grancino a été découverte[1]. Celle-ci est significative de la parenté stylistique de leurs réalisations, et de l’influence de Grancino sur l’ensemble des luthiers de la famille Testore, comme le confirme un violon de 1740 (Vichy Enchères, 5 décembre 2018) réalisé par le fils de Carlo Giuseppe Testore – Carlo Antonio -, stylistiquement très proche des instruments de Giovanni Grancino. Si on le compare à ce violon de Grancino réalisé vers 1700 et passé à Vichy Enchères le 29 novembre 2017, on ne peut que constater leur ressemblance du point de vue formel et ornemental.
[1] “Name the maker : a violin by Carlo Giuseppe Testore frome 1690”, dans The Strad, novembre 1936
Giovanni Grancino est certainement assisté par son fils Giovanni Battista à partir de 1690, lorsque ce dernier rejoint l’atelier à l’âge de 17 ans. Cependant, Giovanni Battista est rapidement contraint de quitter Milan après avoir été reconnu coupable de l’homicide involontaire de son rival Antonio Lavazza, en 1708. À partir de cette date, l’atelier va péricliter. Giovanni Battista est gracié et revient à Milan vers 1720 mais tous les biens de l’atelier ont été saisis. C’en est fini de la dynastie Grancino et le temps est venu pour la dynastie Testore de régner sur la Lombardie.
Plusieurs familles font perdurer le savoir-faire milanais et principalement les Testore, autour de la figure de Carlo Giuseppe (1665-1716), qui fut certainement l’élève de Giovanni Grancino. Venant de Crémone, ses instruments les plus aboutis présentent un vernis rappelant les premiers de Guarneri, que certains désignent par l’expression “Testore Red”. Ses deux fils, Carlo Antonio (1687-1765) et Paolo Antonio (1690-1767) continuent l’activité et accroissent la renommée de la famille jusqu’à Giovanni Testore, le fils de Carlo Antonio.
Les instruments des Testore sont très représentatifs de la rigueur et grande sévérité souvent associées à la lutherie de Milan. Voyez ce violon de 1737 aux ouïes très stylisées, conservé au Metropolitan Museum. Une deuxième famille a marqué la lutherie milanaise après les Grancino : les Landolfi. Carlo Ferdinando Landolfi (1714-1784), qui se forme auprès de Carlo Giuseppe Testore, ainsi que ses fils Pietro Antonio Landolfi (c. 1730-1795) et Pietro Giovanni Mantegazza (c. 1730-1803) héritent du savoir-faire milanais tout en se rapprochant de l’école piémontaise, particulièrement de Giovanni Battista Guadagnini.
La production de Giovanni Grancino conjugue sobriété typiquement milanaise et grande finesse. Le luthier est d’ailleurs communément considéré comme le plus raffiné de Milan. Le violoncelle de la vente du 2 décembre 2021 témoigne de son admirable savoir-faire, de la qualité de son exécution et de l’élégance de son dessin. Les courbes des corps inférieurs et supérieurs de l’instrument en vente à Vichy Enchères dessinent de larges arrondis qui donnent au modèle une forme généreuse, typique de sa production.
Cette forme va se répandre dans la lutherie milanaise, notamment chez les Testore et Landolfi, comme en témoigne ce violoncelle de Carlo Ferdinando Landolfi réalisé vers 1755-60 (Vichy Enchères, 8 juin 2017). On retrouve également ce modèle, avec de larges avants, chez d’autres luthiers de la famille Grancino et particulièrement dans la production de son fils Giovanni Battista qui l’assiste vers 1690. Conformément à l’usage de l’époque, l’instrument de la vente du 2 décembre 2021 est de grandes dimensions. Rappelons qu’à la fin du XVIIème siècle, les violoncelles étaient construits sur de grands modèles et étaient fréquemment recoupés par la suite, ce qui n’est pas le cas de celui-ci.
Si Giovanni Grancino est considéré comme le maître le plus raffiné de l’école de lutherie de Milan, c’est parce que ses instruments présentent un niveau de finition particulièrement soigné et révèlent une grande réflexion dans l’exécution de toutes les parties. Le violoncelle de la vente du 2 décembre 2021 en fait la démonstration, et ce particulièrement en ce qui concerne son singulier traitement des ouïes.
Celles-ci sont d’une grande finesse et leur dessin est très précis. Les contours sont nets et marqués, que ce soit au niveau des pattes ou des crans. Le Kunsthistorisches Museum de Vienne conserve un violoncelle de Giovanni Grancino, certainement réalisé en collaboration avec Giovanni Battista en 1699, au modèle proche de celui qui nous intéresse et qui présente des ff comparables.
Ce traitement des ouïes, leur fini propre et délicat, singularise la production de Giovanni Grancino. En effet, on le retrouve rarement chez ses successeurs. Plusieurs instruments de grands maîtres milanais vendus à Vichy Enchères mettent en évidence ces différences de traitements, à l’image de ce remarquable violon de Ferdinando Alberti daté vers 1730 (Vichy Enchères, 3 décembre 2020) ou de cet modèle de Carlo Antonio Testore réalisé vers 1740 (Vichy Enchères, 27 novembre 2019), à l’allure plus lourde.
Notons enfin que chez Giovanni Grancino, les ouïes sont très éloignées l’une de l’autre et se situent au niveau des bords. Cette particularité s’explique par le fait que la voûte de la table est très bombée tandis que les coins sont, comme nous allons l’aborder à présent, relativement plats.
Comme il vient d’être évoqué, la table du violoncelle est très bombée et devient presque plane sur les bords. En conséquence, les coins ne rebiquent pas mais suivent une courbe douce et donnent une silhouette élégante à l’instrument. Par leur finesse, ils sont une démonstration du talent de Giovanni Grancino et évoquent, à certains égards, les prouesses de ses violes d’amour – n’oublions pas qu’il en réalise un superbe modèle en 1693, autrement dit à la même époque de fabrication de ce violoncelle.
Un autre violoncelle, lui aussi daté de 1693 et illustré dans Four centuries of violin making[1], présente de nombreux points communs avec celui de la vente du 2 décembre 2021, et notamment en ce qui concerne le dessin des coins.
Soulignons à ce propos que tous ses instruments ne jouissent pas du même niveau de raffinement, comme en atteste ce charmant modèle de 1699 passé à Vichy Enchères en 2016, aux coins plus robustes que ceux du violoncelle en vente.
[1] Tim Ingles, Four Centuries of Violin Making : Fine Instruments from the Sotheby’s Archive, 2006
La tête est caractéristique du travail du maître milanais. Ce dernier réussit le tour de force de rendre la sensation de relief en creusant profondément une pièce de bois pourtant étroite. La volute est finement sculptée et s’enroule en dessinant des cercles réguliers.
Le dessin est, là encore, très sur et contraste avec les modèles de ses successeurs, comme le soutient la comparaison avec cette tête de violon de Carlo Antonio Testore (Vichy Enchères, 27 novembre 2019). Les chanfreins sont travaillés avec douceur et témoignent une fois de plus de l’adresse de Giovanni Grancino.
Comme il est fréquent dans la lutherie à Milan, plusieurs planches de bois ont servi pour la table et le fond. En l’occurrence, Giovanni Grancino a utilisé deux pièces principales flanquées de deux chanteaux. Le bois – avant tout choisi pour ses qualités acoustiques – est de bonne qualité. L’épicéa est rehaussé de fibres noires très marquées et l’érable présente de jolies ondes. Le vernis est d’une couleur jaune d’or typique des oeuvres de la maturité. Dans son étude sur un alto de Giovanni Grancino de 1712, Roger Hargrave revient sur ce type de vernis :
“I have already touched upon the varnish which is of a golden yellow colour and highly transparent. These yellow Milanese varnishes have been compared with the early Cremonese varnishes in particular those of the Amati family. However they are somewhat thinner and harder in quality and quite different. On the belly the varnish seems slightly darker and warmer in tone and the reed lines have a typical Milanese prominence”.
Roger Hargrave, “Milanese master, a 1712 viola by Giovanni Grancino”, dans The Strad, janvier 1989
Enfin, la table et le dos sont ornés d’un double filet incrusté et non peint, ce qui le différencie d’un grand nombre d’instruments de l’école de lutherie de Milan.
Comme il a été souligné, les instruments de l’école de Milan sont réputés pour leurs grandes qualités acoustiques, offrant une vaste liberté d’expression musicale aux musiciens. Ainsi, au gré de l’histoire, un grand nombre de musiciens célèbres choisirent de jouer sur des instruments milanais du XVIIème et XVIIIème siècles. En raison de leur réputation, les violoncelles de Giovanni Grancino furent prisés des plus grands musiciens, d’Adrien François Servais[1] (1807-1866) à Siegfried Palm[2] (1927-2005) en passant par Julius Klengel (1859-1933), sans oublier l’ancien propriétaire du modèle en vente le 2 décembre 2021 : Jean-Marie Gamard (1943-2021)…
[1] “From the Archive: a cello by Giovanni Grancino, Milan, 1680-90”, dans The Strad, Juillet 1960
[2] Encyclopaedia Universalis, Dictionnaire des Musiciens, 2015
Jean-Marie Gamard est considéré comme l’un des grands violoncellistes de l’école française.
Il fut l’élève du grand maître André Navarra (1911-1988) et soliste à l’Opéra de Paris pendant vingt ans, de 1972 à 1992.
Avec son quatuor Via Nova, fondé en 1968, il joue tous les chefs d’œuvre du répertoire, que ce soit Beethoven, Boccherini, Ravel, Saint-Saëns, ou encore Schubert. Très renommé, il parcourt le monde et se produit en Amérique, Asie, Europe et Scandinavie. En 1980, une émission sur France 3 consacrée au groupe l’immortalise jouant du violoncelle Grancino en vente le 2 décembre 2021 (voir 3.25 mn).
L’instrument l’accompagne durant une grande partie de sa carrière, jusqu’à son décès en février 2021.
Il était d’ailleurs reconnu dans le paysage musical de l’époque que Jean-Marie Gamard jouait sur ce violoncelle de Giovanni Grancino, que l’on datait cependant plus tardivement[1] en raison d’une étiquette apocryphe à l’intérieur de l’instrument.
Au cours de sa vie, Jean-Marie Gamard remporte de nombreuses distinctions, dont le Grand Prix Guerlain de l’Académie des Beaux Arts, le Prix du Président de la République ou encore plusieurs grands Prix du Disque.
Il fut également un professeur respecté et admiré au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et au CNR de Rueil-Malmaison. Ses élèves le décrivent comme un musicien à la sonorité puissante et doté d’une grande sensibilité “avec de vraies valeurs, une technique forte, établie et solide”[2].
[1] “Quatuor Via Nova”, dans Alain Pâris, Le Nouveau Dictionnaire des interprètes, 2015
[2] Christian-Pierre La Marca, sur France Musique
Outre son intérêt historique et acoustique, ce rare modèle du XVIIème siècle est donc intrinsèquement lié à l’un des plus grands représentants de l’école française du violoncelle. La suite de son histoire s’écrira le jeudi 2 décembre 2021, à Vichy Enchères…
During the string quartet instrument sales of June 2021, a remarkable cello by Claude Boivin from 1737 gave us the opportunity to examine the rise of the cello during the 18th century and to ponder over the rarity of earlier examples. In December 2021, we will offer for sale an instrument from the late 17th century! This cello was made around 1690-1695 by Giovanni Grancino – the founder of the Milanese school of violin making – and is a fine example of a 17th century cello, as well as of Milanese violin making. Combining meticulous construction and finesse, as well as superb acoustic and aesthetic qualities, this instrument was destined to appeal to great musicians, as confirmed by its exceptional provenance, since it belonged to the great soloist of the Paris Opera Jean-Marie Gamard.
Nowadays, the aura around Cremona and the collective imagination tend to make us forget that, in the 17th and 18th centuries, other cities in northern Italy, such as Milan, were also centres of violin making of the highest standard. While it could easily have imported instruments from Cremona or Brescia, Milan saw its own school of violin making flourish during the second half of the 17th century. Very early on, great masters gave it its stylistic and acoustic characteristics, making it stand out markedly from other schools. One of its primary distinctive attributes is the sound quality of its instruments, which is often considered exceptional. Therefore, if historians have sometimes been dismissive of Milanese instruments due to stylistic comparisons with the Cremonese ones, musicians have always recognized their importance in terms of their acoustic qualities. The violas and cellos are held in particularly high esteem, and certain examples are sought after by the greatest musicians in the world.
In general, it seems that the Milanese violin makers focused primarily on the acoustic qualities of their instruments, and in the process sometimes neglected the finer details of their appearance, which were considered secondary. The large number of instruments they produced seems to indicate that their main concern was to provide every musician, even the most humble, with an instrument. In addition, the Milanese violin makers did not benefit from the same distinguished patronage as the Cremonese, and therefore it was not within their means to produce extremely refined models intended for rich patrons[1]. However, this does not mean that they were not able to produce, from time to time, very elaborate instruments, as demonstrated by this viola d’amore made by Giovanni Grancino in 1662, in the Museo degli Strumenti Musicali in Milan. This is a superb example of the master’s craftsmanship which attests to his technical abilities. In relation to this, we know of two other viols of this type by the hand of Giovanni Grancino, one dated 1693, now in the collections of the National Music Museum (University of South Dakota) and the other made in 1701, kept in the Metropolitan Museum in New York. These types of instruments, which were destined to professional musicians, partly explain the rarity of Milanese instruments from this period, as the vast majority of them led a more perilous existence[2].
[1] Roger Hargrave, “Milanese master, a 1712 viola by Giovanni Grancino”, dans The Strad, janvier 1989
[2] Ibid
Portrait du comte Ignazio Alessandro Cozio di Salabue
Circa 1820
From the 1690s, the demands placed on violin makers in Milan intensified considerably. As was customary, the workshops were run by families of instrument makers from father to son. The Grancinos can be considered the founders of violin making in Milan. The family workshop was located in the Contrada Larga, and Giovanni Grancino was without doubt the foremost and most influential violin maker in the city. However, despite his success, records about him are scarce, and there is uncertainty over the family ties that existed between the different family members.
Historians do not agree on the exact number of makers that were active within the family, as it varies from nine[1] to four[2]. It was accepted for a long time that Giovanni Grancino was the son of Paolo (active between 1665-1690)[3], who was believed to have been the “favourite pupil of Nicola Amati”[4]. However, research to date has failed to uncover any evidence to support this theory. Cozio di Salabue was the first to mention the Grancinos when he compared the f-holes of their instruments with those of Nicolò Amati[5]. Despite being influenced by Cremona, the Grancinos developed their own ideas, leading to the emergence of a distinctive Milanese style during the last third of the 17th century.
[1] Von Lütgendorff, Die Geigen and Lauren Macher, 1904 et Karel Jalovec, Italienische Geiqenbauer, 1957. Selon eux, il faudrait notamment rajouter le père de Paolo, également prénommé Giovanni (c.1645-1682) et son frère Andrea (c.1646), ainsi que les fils de Giovanni : Francesco (1690-1746) et Giovanni Battista II (1697-1735), mais les preuves manquent.
[2] George Hart, The Violin Famous Makers & their
[3] F. J. Fetis, Anthonv Stradivari, 1864
[4] George Hart, The Violin Famous Makers & their, cité par Roger Hargrave, “Milanese master, a 1712 viola by Giovanni Grancino”, dans The Strad, janvier 1989
[5] Count Ignazio Alessandro Cozio Di Salabue. Technical Studies in the Arts of Musical Instrument Making
Despite Giovanni Grancino being the family’s most renowned maker, there are still aspects of his life that elude us. His work is primarily influenced by Amati and shows great talent. This influence can be explained by the proximity of the city of Cremona, but also by the presence in Milan of Bartolomeo Pasta, a pupil of Amati, from the 1670s. The oldest known instruments by him date back to the 1660s but the majority of his production dates from after 1690. Giovanni Grancino is often thought to have been the tutor of Carlo Giuseppe Testore[1], not least because Testore’s labels from the 1690s included the mention “allievo di Gio. Grancino in Contrada Larga in Milano”[2].
[1] David Rattray, Masterpieces of Italian Violin Making (1620 – 1850), Royal Academy of Music, London, 1991
There is no doubt that instruments by Testore and Grancino share great similarities and it is likely that they collaborated. Anecdotally, in 1884, during the restoration of a particularly refined instrument by Carlo Giuseppe Testore, a facsimile Grancino label was discovered[1]. This is indicative of the similarity in style of their instruments, and of Grancino’s influence on all the members of the Testore family, and is further confirmed by a violin from 1740 (Vichy Enchères, 5 December 2018) made by the son of Carlo Giuseppe Testore – Carlo Antonio – stylistically very close to the instruments of Giovanni Grancino. When comparing it to this violin by Grancino made around 1700 and for sale at Vichy Enchères on 29 November 2017, it is clear their form and style are strikingly similar.
[1] “Name the maker : a violin by Carlo Giuseppe Testore frome 1690”, dans The Strad, novembre 1936
From 1690, Giovanni Grancino was assisted by his son Giovanni Battista, who joined the workshop at the age of 17. However, Giovanni Battista was quickly forced to leave Milan after being convicted of the manslaughter of his rival Antonio Lavazza in 1708. This signalled the start of the collapse of the family business. Giovanni Battista was pardoned and returned to Milan around 1720, but all the workshop’s assets were seized. The Grancino dynasty was over and the time came for the Testore dynasty to rule Lombardy.
Of the families that kept the Milanese violin making tradition going, the main one was the Testores, led by Carlo Giuseppe (1665-1716), who was most likely a pupil of Giovanni Grancino. The influence of Cremona, from where he came, can be seen in the varnish on his most successful instruments, which is reminiscent of Guarneri’s early period, and is sometimes referred to as “Testore Red”. His two sons, Carlo Antonio (1687-1765) and Paolo Antonio (1690-1767), and subsequently Giovanni, the son of Carlo Antonio, carried on with the trade and became increasingly successful.
The instruments of the Testores are very representative of the meticulousness and sobriety often associated with violin making of Milan. This violin from 1737 with very stylized f-holes, kept at the Metropolitan Museum in New York, illustrates this. A second family left its mark on Milanese violin making after the Grancinos: the Landolfis. Carlo Ferdinando Landolfi (1714-1784) – who trained with Carlo Giuseppe Testore – and his sons Pietro Antonio Landolfi (c. 1730-1795) and Pietro Giovanni Mantegazza (c. 1730-1803) inherited the Milanese tradition whilst incorporating aspects of the Piedmontese school, in particular from Giovanni Battista Guadagnini.
Giovanni Grancino’s production embodies the Milanese style of making, which combines sobriety and great finesse. He is also widely considered to be the best violin maker of the Milanese school. The cello in the sale of 2 December 2021 attests to his admirable craftsmanship, the quality of his making and the elegance of his designs. The generous curves of the lower and upper bouts of the model on which the instrument for sale at Vichy Enchères is based give it an imposing appearance, typical of his production.
This form will spread in Milanese violin making, in particular among the Testores and Landolfis, as evidenced by this cello by Carlo Ferdinando Landolfi made around 1755-60 (Vichy Enchères, 8 June 2017). We also find this model, with a wide front, in the output of other violin makers of the Grancino family, in particular his son Giovanni Battista, who assisted him from around 1690. The instrument in the sale of 2 December 2021 is of large proportions and therefore typical of the production of that time. It is worth pointing out that, at the end of the 17th century, cellos were built on large models, and were often subsequently reduced in size, which is not the case with this one.
Giovanni Grancino is considered the best maker of the Milan school of violin making due to the great care he took in finishing his instruments and making all their parts. The cello in the sale of 2 December 2021 is no exception, and this is particularly noticeable in the f-holes.
They are particularly fine and very precise in their design. Their cut is neat and confident, whether around the eyes or in the notches. The Kunsthistorisches Museum in Vienna has a cello by Giovanni Grancino, probably produced in collaboration with Giovanni Battista in 1699, based on a model similar to the one in our sale and which features similar f-holes.
The attention given to the f-holes, with their neat and delicate finish, sets the production of Giovanni Grancino apart. Indeed, it is rarely found among his successors. These differences are in evidence when comparing Grancino’s instruments with those by other great Milanese masters sold at Vichy Enchères, such as this remarkable violin by Ferdinando Alberti dated from around 1730 (Vichy Enchères, 3 December 2020) or this example by Carlo Antonio Testore made around 1740 (Vichy Enchères, 27 November 2019), of heavier appearance.
Finally, it is worth noting that, with Giovanni Grancino, the f-holes are set very far from each other, near the edges of the instrument. This peculiarity is explained by the fact that the arch of the fronts is very full while the corners are, as we will examine below, relatively flat.
As mentioned above, the arch of the cello’s front is very full and becomes almost flat at the edges. As a result, there is no counter curve at the corners, which instead feature a gentle curve, giving an elegant silhouette to the instrument. Their elegance demonstrates the talent of Giovanni Grancino and is reminiscent, in some respects, of his successes with violas d’amore – such as with the superb example of 1693, made around the same time as our cello.
Another cello, also dated 1693 and illustrated in Four centuries of violin making[1], has many features in common with the one in the sale of 2 December 2021, in particular the design of the corners.
It should be noted that not all of his instruments display the same level of refinement, as demonstrated by this charming model of 1699 sold at Vichy Enchères in 2016, with more robust corners than those of the cello for sale in December 2021.
[1] Tim Ingles, Four Centuries of Violin Making : Fine Instruments from the Sotheby’s Archive, 2006
The head is characteristic of the work of the Milanese master. He succeeded in giving depth of perspective by deeply carving the narrow block of wood. The volute is finely sculpted and develops in regular circles.
As previously, the design is very confident and contrasts with instruments by his successors, as can be seen when comparing it with this violin head by Carlo Antonio Testore (Vichy Enchères, 27 November 2019). The chamfers have been gently worked and attest once again to the skills of Giovanni Grancino.
As is common in violin making in Milan, several pieces of wood were used for the front and the back. In this case, Giovanni Grancino used two main pieces flanked by two smaller ones. The wood – chosen above all for its acoustic properties – is of good quality. The growth lines of the spruce are very marked, and the maple has an attractive figure. The varnish is of a golden yellow colour, typical of his mature period. In his article on a viola by Giovanni Grancino from 1712, Roger Hargrave observes the following in relation to this type of varnish:
“I have already touched upon the varnish which is of a golden yellow colour and highly transparent. These yellow Milanese varnishes have been compared with the early Cremonese varnishes in particular those of the Amati family. However they are somewhat thinner and harder in quality and quite different. On the belly the varnish seems slightly darker and warmer in tone and the reed lines have a typical Milanese prominence”.
Roger Hargrave, “Milanese master, a 1712 viola by Giovanni Grancino”, dans The Strad, janvier 1989
Finally, the front and the back are decorated with a double purfling which was inlaid, not painted on, which differentiates it from a large number of instruments from the Milan school of violin making.
As previously discussed, instruments of the Milan school are renowned for their great acoustic qualities, allowing musicians to produce a wide range of musical expression. Therefore, throughout history, many famous musicians have chosen to play on Milanese instruments from the 17th and 18th centuries. Due to their reputation, Giovanni Grancino cellos have been sought after by the greatest musicians, such as Adrien François Servais[1] (1807-1866), Siegfried Palm[2] (1927-2005) or Julius Klengel (1859- 1933), as well as the former owner of the instrument on sale on 2 December 2021: Jean-Marie Gamard (1943-2021).
[1] “From the Archive: a cello by Giovanni Grancino, Milan, 1680-90”, dans The Strad, Juillet 1960
[2] Encyclopaedia Universalis, Dictionnaire des Musiciens, 2015
Jean-Marie Gamard is considered as one of the great cellists of the French school.
He was a student of the great master André Navarra (1911-1988) and a soloist at the Paris Opera for twenty years, from 1972 to 1992.
With his Via Nova string quartet, founded in 1968, he played all the masterpieces of the repertoire, including works by Beethoven, Boccherini, Ravel, Saint-Saëns and Schubert. He was very famous and travelled the world, performing in America, Asia, Europe and Scandinavia. In 1980, a program on France 3 dedicated to his string quartet featured a recording of him playing the Grancino cello in the sale of 2 December 2021 (3:25 minutes into the recording).
The instrument accompanied him for much of his career, until his death in February 2021.
It was also well known in the musical circles of the time that Jean-Marie Gamard played on this cello by Giovanni Grancino, which was however dated from later[1] due to the presence of a facsimile label inside the instrument.
During his life, Jean-Marie Gamard won numerous prizes, including the Grand Prix Guerlain from the Académie des Beaux Arts, the Prize of the President of the Republic and several great Prix du Disque.
He was also a respected and admired professor at the Conservatoire National Supérieur de Musique in Paris and at the CNR in Rueil-Malmaison. His students described him as a powerful sounding musician with great sensitivity, « integrity, and a strong, established and solid technique »[2].
[1] “Quatuor Via Nova”, dans Alain Pâris, Le Nouveau Dictionnaire des interprètes, 2015
[2] Christian-Pierre La Marca, sur France Musique
In addition to its historical and acoustic interest, this rare 17th century model is intrinsically linked to one of the greatest representatives of the French cello school. The rest of its history will be written on Thursday, December 2, 2021, at Vichy Enchères…