Le 3 juin 2021, à l’occasion de notre vente d’instruments des grands maîtres, trois archets de Nicolas Maire (1800-1878) seront proposés aux enchères. Cette réunion d’instruments de Maire – respectivement datés vers 1835, 1850 et 1860 – nous offre un panorama de l’étendue de son savoir-faire et de sa carrière. Celle-ci fut rythmée par des collaborations avec les figures majeures de la lutherie – dont les archets sont le reflet. Toute sa vie, il se tînt au courant des dernières découvertes de son temps, afin de parfaire ses instruments. Retour sur l’œuvre d’un des plus grands archetiers du XIXème siècle…
Nicolas Rémy Maire est né le 20 décembre 1800, à Mirecourt, et mort à Paris le 17 juillet 1878. Il est reconnu comme l’un des plus importants archetiers du XIXème siècle par les spécialistes, collectionneurs et musiciens. Son activité et sa grande production témoignent d’une renommée établie dès son vivant :
“Nicolas Maire a réalisé une très grande quantité d’archets de très belle facture et de bonne qualité. Ils sont très recherchés aujourd’hui par les musiciens et les collectionneurs qui les associent quelquefois à l’œuvre des très grands artisans du XIXème siècle”.
Bernard Millant, Jean-François Raffin, L’Archet, Paris, L’Archet Editions, 2000, tome II, p.128
Parmi les musiciens, ses archets sont particulièrement prisés des solistes, en atteste un modèle vendu par Vichy Enchères le 12 juin 2014 (N° 390), provenant de la collection du grand violoniste soliste et chef d’orchestre israélien : Schlomo Mintz. S’ils sont si appréciés, c’est sans doute parce que ses instruments sont le résultat d’une recherche permanente visant à améliorer l’objet et la pratique musicale. À cette fin, Nicolas Maire est resté à l’écoute des dernières avancées et n’a pas hésité à travailler conjointement avec les grands maîtres de l’époque. Ainsi, son travail semble séduire les musiciens dès son vivant, comme tend à le faire penser son dossier de participation à l’Exposition de 1844. Celui-ci nous renseigne en effet sur l’importance de son activité pour l’époque, puisqu’il indique produire “quatre mille «objets» par an”[1].
[1] Bernard Millant, Jean-François Raffin, op.cit. 127
Pour comprendre la production de Nicolas Maire, il est nécessaire de faire quelques rappels biographiques. Originaire de Mirecourt, le berceau de la lutherie française, il baigne très tôt dans cet univers. Son grand-père, Michel Maire, était luthier – tout comme l’était probablement aussi le frère de ce dernier[1]. Quant à Nicolas Maire, il s’établit à son compte en 1826, à Mirecourt. Concernant sa formation, certains ont pensé qu’il fut l’apprenti de Jacques Lafleur, à Paris, avant de devenir son ouvrier[2]. Cependant, cette hypothèse est aujourd’hui remise en doute et il semble plus probable qu’il soit resté se former dans sa ville natale auprès d’Étienne Pajeot (1791-1849), “un maître accompli dès 1810-1815”[3]. Une chose est sûre, ses archets sont imprégnés du style de Pajeot.
“Son œuvre, fort importante, est remarquable. Ses archets se confondent souvent avec ceux de Pajeot. Il semble d’ailleurs que ces deux archetiers travaillèrent ensemble pendant un certain temps”
Etienne Vatelot, Les archets français, op. cit.
[1] René Vannes, Dictionnaire universel des luthiers, Bruxelles, Les amis de la musique, 1951, p.223
[2] Etienne Vatelot, Les archets français, Nancy, Sernor M. Dufour, 1977, p.584
[3] Bernard Millant, Jean-François Raffin, op.cit. , p.127
Cette proximité de style concerne davantage ses premiers instruments, bien que certaines caractéristiques propres à Pajeot subsistent tout au long de sa production. Des trois archets de Nicolas Maire de la vente du 3 juin 2021, le n°200 est le plus proche du travail de Pajeot. Sa signature, “N_MAIRE”, oriente la datation – l’initiale “N” disparaissant vers 1845-50. En l’occurrence, les experts le datent vers 1835. Sylvain Bigot et Yannick Le Canu, experts en archets, nous indiquent que l’inspiration de Pajeot est principalement perceptible dans le retour à la coulisse au niveau du pouce et dans l’usage de la double nacre sur la hausse. En effet, l’utilisation d’une pastille de nacre verte bordée de nacre blanche est fréquente chez Pajeot. On en compte un certain nombre, à l’image de cet archet d’alto vendu le 5 décembre 2018 à Vichy Enchères. La production de Maire reste très influencée par celle de Pajeot jusqu’à la mort de ce dernier en 1849, à Mirecourt. Bien que celle-ci s’explique par sa formation auprès du maître, elle résulte aussi de leur travail conjoint. Lors de la crise économique de 1830, ils fournirent notamment ensemble des luthiers parisiens, dont la Maison Gand[1].
[1] Bernard Millant, Jean-François Raffin, op.cit. 128
Qui s’intéresse à Nicolas Maire ne saurait que relever l’attention particulière qu’il porta tout au long de sa vie aux innovations de son temps. Curieux et ouvert aux nouveautés, il n’eut de cesse de repenser l’instrument pour l’améliorer. Ses choix de matériaux en sont le parfait exemple. Ils rendent compte d’une attention particulière à l’égard des dernières inventions, ainsi que d’une recherche de qualité. De fait, il est l’un des premiers à avoir utilisé le maillechort pour toutes les parties métalliques de l’archet. Ce nouveau métal fut inventé à Lyon par MMs Maillot et Chorrier et le brevet fut déposé le 22 juin 1827 par Philibert Maillot.
À cette époque, le prix du maillechort était élevé – compte tenu de l’extraction très onéreuse du nickel. En outre, l’industrialisation et la commercialisation dudit métal ne furent développées qu’au début des années 1830. Malgré tout, Nicolas Maire fut l’un des premiers à l’employer. L’archet de la vente du 3 juin 2021, daté vers 1835, fait ainsi partie des premiers modèles réalisés avec du maillechort. Cet instrument a d’autant plus d’intérêt qu’il offre un beau témoignage de l’exigence de l’archetier quant aux choix des bois – ici de toute première qualité. En exceptionnel état, cet archet fait partie de ce que l’on faisait de mieux à l’époque.
Peu de temps après la mort de Pajeot, Maire part s’installer à Paris, au 35 rue de Viarmes, près de la Halle au Blé[1]. Néanmoins, avant son départ de Mirecourt vers 1853, il était déjà en contact avec ses confrères parisiens et avait notamment participé à l’exposition de 1844. Dans les années 1850, son style va alors évoluer et se détacher de celui de Pajeot, pour parfois devenir très proche de celui de Dominique Peccatte (1810-1874). Selon les experts Sylvain Bigot et Yannick Le Canu, cette influence s’explique certainement par le fait que Maire ait livré des instruments à Peccatte. Le modèle de la vente du 3 juin 2021 N° 240, daté vers 1850, donne un aperçu des ressemblances stylistiques, mais également de la manière dont Maire se singularise :
“Le modèle de tête est, en découpe, assez proche de Dominique Peccatte. Cependant, les chanfreins sont un peu plus forts et réguliers – là où ceux de Peccatte diminuent en arrivant vers la plaque de tête. En revanche, chez Maire, les têtes sont nettement plus larges.
Interview de Sylvain Bigot et Yannick Le Cannu par Vichy Enchères, 5 mai 2021
À cette époque, il arrive également que la section de la baguette soit un peu plus triangulaire que ronde, comme le faisait Peccatte.”
[1] Bernard Millant, Jean-François Raffin, op.cit. 128
La hausse de l’instrument est aussi très significative, comme le signalent les experts :
“Le montage de la hausse est semblable à celui de Peccatte ; le petit talon part avec la nacre de recouvrement. Néanmoins, Nicolas Maire se distingue dans le grand talon en mettant deux goupilles, quand Dominique Peccatte n’en mettait aucune ! Les pastilles sont un peu petites – environ 7,25mm – et sont habituellement en nacre d’ormeaux. Celles de notre archet ont probablement été changées. Enfin, les proportions des viroles du bouton sont, elles, complètement Peccatte.”
Interview de Sylvain Bigot et Yannick Le Canu par Vichy Enchères, 5 mai 2021
Ainsi, dans les années 1850, on retrouve quelques caractéristiques propres aux archets de Peccatte dans la production de Maire. À titre d’exemple complémentaire, le 29 novembre 2017, un instrument de Maire daté vers 1855 et au style proche de Peccatte a été vendu à Vichy Enchères (N° 120). Ce modèle est particulièrement intéressant car il fit partie de l’exceptionnelle collection du spécialiste Bernard Millant – une provenance venant confirmer la place de Maire parmi les plus grands archetiers. Signalons enfin que la vente du 3 juin réunira les deux maîtres, puisqu’un archet de violoncelle de Dominique Peccatte sera également présenté sous le N° 290.
Bien qu’il s’installe à son compte à Paris vers 1853-54, Nicolas Maire continue de collaborer avec d’autres archetiers, dont Gand, Chanot et Vuillaume. La relation avec ce dernier est particulièrement intéressante et induit la question de l’origine de l’archet à mèche interchangeable. En effet, on retrouve dans la production de Nicolas Maire un certain nombre de modèles à mèche interchangeable – une invention pour laquelle Jean-Baptiste Vuillaume dépose le brevet en novembre 1835. Maire ayant très certainement collaboré avec ce dernier, la présence de ce type d’archets pourrait s’expliquer ainsi. Cependant, bien qu’il en dépose le brevet, Jean-Baptiste Vuillaume n’aurait fait que de développer une invention originellement conçue dans l’atelier de Pajeot – au sein duquel Nicolas Maire travaillait préalablement. Il est ainsi associé de près à ce nouveau modèle et en a probablement suivi la mise au point.
Une chose est sûre, il en a fabriqué plusieurs exemplaires. Un archet à mèche interchangeable réalisé par Nicolas Maire et vendu à Vichy Enchères en 2017 (N° 110), portait précisément la signature “Vuillaume à Paris / Brevet d’invention”. Concernant le système en tant que tel, il fut pensé pour les musiciens afin de leur permettre de remécher eux-mêmes l’instrument ; leur évitant ainsi de se déplacer chez le luthier, souvent géographiquement éloigné. Plutôt rares, on en trouve néanmoins plusieurs occurrences dans la production de Maire, que ce soit pour ses archets de violons ou d’altos, à l’image de ce modèle passé à Vichy Enchères le 30 novembre 2017 (N° 280). La mise en application de ce nouveau procédé par Nicolas Maire confirme son intérêt pour les nouveautés et sa volonté de proposer des archets toujours plus adaptés aux besoins de l’époque. À l’affût des innovations, il n’est pas étonnant que celle-ci ait séduit notre archetier.
Au tournant de la décennie – dans les années 1860-1865 – son style va encore évoluer. Les changements principaux concernent les têtes qui s’affinent, comme le voulait alors la mode de l’époque[1]. Ses instruments deviennent dès lors plus légers. Durant cette période, il collabore notamment avec Georges Chanot, pour qui il assure des restaurations. L’archet de violoncelle de la vente du 3 juin 2021 (N° 400), bien que réalisé vers 1860, se singularise par un style moins à la mode – plus lourd.
[1] Bernard Millant, Jean-François Raffin, op.cit. 127
La hausse est un peu plus haute que ce qui se faisait habituellement, et la tête, assez forte, contraste par la même avec les modèles plus fins. Signalons qu’en 2010 à Vichy Enchères, un archet de violoncelle de Maire daté vers 1860 (N° 200) présentait une découpe similaire. En un sens, ces instruments peuvent être compris comme le reflet de l’esprit libre et perfectionniste de Nicolas Maire, qui ne s’est jamais laissé enfermer dans un style unique mais qui, au contraire, a constamment expérimenté de nouveaux procédés pour améliorer l’archet.
Ces considérations étant faites, il n’est pas chose surprenante que Nicolas Maire soit l’un des archetiers du XIXème siècle préférés des musiciens et des collectionneurs. Plus que des instruments de musique, ses archets sont le reflet des recherches et innovations de toute une époque. Guidé par l’objectif de proposer des modèles toujours plus performants, Nicolas Maire est parvenu à trouver sa place parmi les grands maîtres et a su créer des instruments très prisés par les musiciens.
Pour preuve, l’état de l’archet de la vente du 3 juin 2021, daté vers 1850, dont les usures témoignent d’une grande utilisation et qui viennent suggérer des qualités musicales certaines. Autant de raisons qui expliquent les résultats de ventes de ses réalisations. À titre informatif, le record de vente pour un de ses instruments est de 117 800€ (frais compris) et a été battu le 5 décembre 2018 à Vichy Enchères. Enfin, signalons que la vente du 3 juin 2021 présentera également sept archets de Jean Joseph Martin (1837-1910), l’élève le plus connu de Nicolas Maire.
Nous vous donnons rendez-vous le 3 juin 2021 !
On 3 June 2021, during our auction of instruments by the great masters, three bows by Nicolas Maire (1800 – 1878) will be on offer. These bows – dated circa 1835, 1850 and 1860 – provide us with an overview of his craftsmanship and his career. The latter was marked by collaborations with the greatest masters of lutherie, and his bows reflect that. Throughout his life, he kept abreast of the latest developments of his time in order to perfect his bows. Let’s re-examine the output of one the greatest bow makers of the 19th century.
Nicolas Rémy Maire was born on 20 December 1800 in Mirecourt, and died in Paris on 17 July 1878. He is considered by experts, collectors and musicians as one of the foremost bow makers of the 19th century. His high level of activity and large output attest to the success he achieved in his lifetime:
“Nicolas Maire produced a large number of bows of excellent craftsmanship and good quality. They are very sought after today by musicians and collectors, who sometimes consider them as part and parcel of the output of the greatest makers of the 19th century.”
Bernard Millant, Jean-François Raffin, L’Archet, Paris, L’Archet Editions, 2000, vol. II, p. 128
Amongst musicians, his bows are particularly prized by soloists, as shown by an example sold by Vichy Enchères on 12 June 2014 (lot no. 390), which was previously in the possession of the Israeli solo violinist and conductor Schlomo Mintz. If his bows are in such demand, it is probably because they are the result of a continuous research into improving their construction and playability. In order to do this, Nicolas Maire kept abreast of the latest developments in the field and collaborated with the great masters of the time. It appears his work attracted interest from musicians in his lifetime, as his application to take part in the Exhibition of 1844 suggests. Indeed, it sheds light on his high output at the time, since it indicates that he was producing “four thousand ‘objects’ a year”[1].
[1] Bernard Millant, Jean-François Raffin, op.cit. 127
To understand the output of Nicolas Maire, it is necessary to revisit his biography. Originally from Mirecourt, the cradle of French lutherie, he was immersed in this universe from an early age. His grandfather, Michel Maire, was a luthier – as was most probably his brother, Nicolas’s uncle[1]. As to Nicolas Maire himself, he set up shop independently in 1826, in Mirecourt. Regarding his training, some believe he was apprentice to Jacques Lafleur in Paris, before becoming one of his workers[2]. However, this theory is in doubt today, and it seems more likely that he stayed in his birthplace to pursue his training under Étienne Pajeot (1791 – 1849), who was “an accomplished master as early as 1810 – 1815 ”[3]. ). One thing is certain: his bows are influenced by the style of Pajeot.
“His output, which is substantial, is remarkable. His bows are often mistaken for those of Pajeot. Indeed, it appears both these makers worked together for a certain period of time.””
Etienne Vatelot, Les archets français, op. cit.
[1] René Vannes, Dictionnaire universel des luthiers, Bruxelles, Les amis de la musique, 1951, p.223
[2] Etienne Vatelot, Les archets français, Nancy, Sernor M. Dufour, 1977, p.584
[3] Bernard Millant, Jean-François Raffin, op.cit. , p.127
Although these similarities in style are more present in his early bows, some distinctive stylistic features of Pajeot remained present throughout his output. Of the three bows by Nicolas Maire for sale on 3 June 2021, lot no. 200, is the closest to the work of Pajeot. Its stamp, “N_MAIRE”, informs its dating, as the initial “N” disappeared around 1845-1850. More specifically, the experts date it from around 1835. Bow experts Sylvain Bigot and Yannick Le Canu indicated that the influence of Pajeot is mainly noticeable in the shape of the frog’s throat towards the bottom slide, near the thumb, and the use of double mother-of-pearl on the frog. Indeed, the use of a green mother-of-pearl dot for the centre of the eye with a circle of white mother-of-pearl around it is often a feature of Pajeot’s work. We have come across a few bows with this feature, such as this viola bow sold on 5 December 2018 by Vichy Enchères. Maire’s output remained highly influenced by Pajeot until the latter’s death in 1849 in Mirecourt. Whilst this influence can be attributed to his apprenticeship with the master, it also stems from their collaboration. During the economic crisis of 1830, they jointly supplied bows to Parisian luthiers, including to the Gand workshop[1].
[1] Bernard Millant, Jean-François Raffin, op.cit. 128
Anyone studying Nicolas Maire will be aware of the interest he took, throughout his life, in the innovations of his time. Curious by nature and open to new ideas, he continuously reassessed the bow form in order to improve it. His choice of materials is a perfect example of this. They demonstrate a particular awareness of the latest innovations, as well as a pursuit of quality. As a case in point, he is one of the first makers to have used nickel silver for all the metal parts of the bow. This new metal was invented in Lyon by Messrs Maillot and Chorrier, and the corresponding patent was registered on 22 June 1827 by Philibert Maillot.
At that time, nickel silver was very expensive, due to the high cost of extracting nickel. Moreover, the industrialisation and commercialisation of this metal was not developed until the early 1830s. Despite this, Nicolas Maire was one of the first ones to use it. The bow in the sale of 3 June 2021, dated circa 1835, is therefore one of the first examples to incorporate nickel silver. This bow is all the more interesting for providing us an insight into the high standards this bow maker had in his choice of wood, which is of the highest order in this example. In exceptional condition, this bow represents the best of what was produced at the time.
Shortly after the death of Pajeot, Maire moved to Paris and settled at 35 rue de Viarmes, near the wheat market hall[1]. However, before his departure from Mirecourt around 1853, he had already been in contact with his Parisian colleagues, and, in particular, had taken part in the Exhibition of 1844. In the 1850s, his style evolved and moved away from Pajeot’s, and became sometimes very similar to that of Dominique Pecatte (1810-1874). According to experts Sylvain Bigot and Yannick Le Canu, this influence is probably explained by the fact that Maire supplied Pecatte with bows. The example in the sale of 3 June 2021 no. 240 and dated circa 1850, provides an overview of the stylistic similarities, but also the way in which Maire distinguishes himself:
“The style of the head is, in its outline, quite close to that of Dominique Pecatte. However, the chamfers are slightly more pronounced and regular, whereas those of Pecatte become narrower as they reach the head facing. In contrast, with Maire, the heads are much more substantial. Also, around this time, the cross section of the shaft can sometimes be slightly more triangular than round, as was the case with Pecatte.”
Interview with Sylvain Bigot and Yannick Le Canu by Vichy Enchères, 5 May 2021
[1] Bernard Millant, Jean-François Raffin, op.cit. 128
The bow frog is also very significant, as the experts explain:
“The frog’s set-up is similar to that of Pecatte; the small heel comes away with the top slide. However, Nicolas Maire’s large heels include two pins whereas Dominique Pecatte’s do not have any. The pearl eyes are slightly smaller – approx. 7.25mm – and are usually of abalone. The ones on our bow have probably been replaced. Finally, the proportions of the button rings are very Pecatte. ”
Interview with Sylvain Bigot and Yannick Le Canu by Vichy Enchères, 5 May 2021
Therefore, in the 1850s, we can find some defining characteristics of Pecatte’s bows in the output of Maire. As a further example, on 29 November 2017, a bow by Maire dated circa 1855 and similar in style to Pecatte’s was sold by Vichy Enchères (lot no. 120). This example is of particular interest because it was part of the exceptional collection of Bernard Millant – a provenance confirming Maire’s position amongst the greatest bow makers. Finally, we should mention that the sale on 3 June will reunite the two masters, since a cello bow by Dominique Pecatte is also included in the sale under lot no. 290.
Despite the fact that he set up shop independently in Paris around 1853-1854, Nicolas Maire continued to collaborate with other bow makers, including Gand, Chanot and Vuillaume. The relationship with the latter is particularly interesting and raises the question of the origin of the bow with interchangeable hair. Indeed, we can find in the production of Nicolas Maire a certain number of examples with interchangeable hair – an invention for which Vuillaume registered a patent in November 1835. The presence of such examples in Maire’s output is most likely explained by his presumed collaboration with Vuillaume. Despite registering the patent for it, it is thought Jean-Baptiste Vuillaume only developed an invention that was originally conceived in the workshop of Pajeot, where Nicolas Maire previously worked. It is therefore likely he was closely associated with this new model, and would have contributed to its development.
One thing is certain: he made several of these bows. A bow with interchangeable hair made by Nicolas Maire and sold by Vichy Enchères in 2017 (lot no. 110) was branded “Vuillaume à Paris / Brevet d’invention”. As to the device itself, it was designed to allow musicians to rehair their bows themselves, thus saving them a visit to their luthier, who was often a long way away. Although rare, there are several of these in Maire’s output, whether violin or viola bows, as for instance this example auctioned by Vichy Enchères on 30 November 2017 (lot no. 280). The incorporation of this new device by Nicolas Maire into his production confirms his keen interest in innovations and his desire to offer musicians bows that met the latest demands of the time. As a bow maker always on the lookout for new developments, it is not surprising that he was seduced by this device.
After the turn of the decade – during the period 1860-1865 – his style continued to evolve. The main changes related to the heads, which became more delicate, as demanded by the fashion of the time[1]. As a result, his bows became lighter. During this period, he notably collaborated with Georges Chanot, for whom he carried out restorations. The cello bow in the sale of 3 June 2021 (lot no. 400), although made circa 1860, is characterised by a less fashionable and heavier style.
[1] Bernard Millant, Jean-François Raffin, op.cit. 127
The frog is slightly taller than usual, and the head, which is quite strong, is in contrast with the more delicate models. We should note that a cello bow by Nicolas Maire dated circa 1860, and sold by Vichy Enchères in 2010 (lot no. 200), had been made on the same pattern. In a way, these bows reflect the free spirit and perfectionist mind of Nicolas Maire, who never let himself be boxed into a unique style, and instead continuously experimented with new processes in order to improve his bows.
When considering all of the above, it is therefore not surprising that Nicolas Maire is one of favourite 19th century bow makers of musicians and collectors. More than just music tools, his bows are the reflection of the research and innovation during the whole period of their production. Guided by the desire to offer ever better performing models, Nicolas Maire found his way amongst the greatest masters and managed to produce bows highly appreciated by musicians.
The condition of the bow for sale on 3 June 2021, and dated circa 1850, is evidence of its undeniable musical qualities, and its signs of wear a vestige of its heavy use. These musical qualities also explain the prices achieved by his bows. As an example, the record price held by one of his bows at auction is 117,800 Euros (incl. commission), which was realised on 5 December 2018 at Vichy Enchères. Finally, we should point out that the sale on 3 June 2021 will also include seven bows by Jean Joseph Martin (1837-1910), who was a pupil of Nicolas Maire.
We hope to see you on 3 June 2021!