Peu de noms ont autant marqué l’histoire de la lutherie que celui de Jean-Baptiste Vuillaume. Considéré comme le plus grand luthier du XIXème siècle, il donna à l école française les moyens de rivaliser avec les grands maîtres italiens. Son sens de l’observation, son souci du détail et sa rigueur scientifique l’ont conduit à réaliser des instruments aux performances sonores et aux qualités techniques sans précédent dans la lutherie française. Le violon de la vente du 3 juin 2021 nous donne ainsi l’occasion de revenir sur la carrière de Vuillaume – entre fascination pour les maîtres anciens et soif de nouveautés…
Jean-Baptiste Vuillaume (1798-1875) est un luthier universellement reconnu comme l’un des meilleurs de l’histoire. Ses instruments sont très recherchés et appréciés des musiciens, comme en atteste la liste de ses clients comprenant les plus illustres musiciens, de Charles Auguste de Bériot à Eugène Ysaÿe, en passant par Jean-Delphin Alard. À ce dernier, Vuillaume mariera d’ailleurs sa fille. Né à Mirecourt, Jean-Baptiste est issu d’une famille de luthiers œuvrant depuis le XVIIème siècle. C’est naturellement dans sa ville natale qu’il débute sa formation en 1810, âgé de seulement 12 ans. Nous n’avons aucune certitude sur l’identité de son maître qui aurait pu être Joseph Chanot, Nicolas Mathieu ou Simoutre père. Malgré cette formation mirecurtienne, il ne fait pas carrière dans sa ville et accepte, dès 1818, de travailler à Paris pour le compte de François Chanot – récent dépositaire du brevet de perfectionnement du violon-guitare (24 octobre 1817). Il travaille avec lui une année, avant d’être embauché par Nicolas Antoine Lété, un facteur d’orgues et homme d’affaires qui obtient une médaille à l’exposition de Paris de 1823 grâce à un instrument de Vuillaume. Suite à cela, notre luthier gagne le droit de numéroter et d’inscrire son nom à l’intérieur des instruments et commence à développer ses propres créations. Il s’établit au 46 rue Croix-des-Petits-Champs à partir de 1828.
Son ascension fut rapide et sa carrière couronnée de récompenses des plus prestigieux concours. Il remporte notamment la médaille d’or aux Expositions universelles de 1839 et 1844[1]. Dès les années 1840, ses instruments jouissent d’une excellente réputation partout en Europe et sont salués pour leur sonorité et leur proximité avec ceux des grands maîtres italiens. La réalisation du violon de la vente du 3 juin 2021 se situe précisément à cette époque. L’insatiable recherche de Vuillaume pour perfectionner la pratique musicale le conduit à inventer des modèles originaux, tels qu’une énorme octobasse à clavier et pédales. Outre son excellence en tant que luthier, Vuillaume fut aussi un génial archetier. Grand inventeur, il est à l’origine de nombreux brevets, dont celui de l’archet métallique en 1834 et celui de l’archet à mèche interchangeable en 1835[2]. Sa production s’intensifiant, il décide de déléguer la partie commerciale à partir de 1858 pour se consacrer uniquement à la fabrication, et déménage à cette fin au 3 rue Demours à Ternes, en banlieue de Paris[3].
[1] Informations biographiques extraites de Bernard Millant, Jean-François Raffin, L’Archet, Paris, L’Archet Editions, 2000, tome II, p.59.
[2] Les archets de Jean-Baptiste Vuillaume, catalogue d’exposition Musicora, Paris, Grande Halle de la Villette, 3-7 avril 1998.
[3] Florian Leonhard, Stefan-Peter Greiner, Jean-Baptiste Vuillaume, Vie et œuvre, Greven, Cramer, 1998, p.11.
Au cours de sa carrière, Jean-Baptiste Vuillaume aurait fabriqué pas moins de 3000 instruments. Cette production considérable est le fruit de nombreuses collaborations avec de grands maîtres, tels que Hippolyte Silvestre, Honoré Derazey, Charles A. Maucotel, Télesphore Barbé ou Joseph Louis Germain. À partir des années 1830, il se trouve à la tête de plusieurs ateliers embauchant luthiers et archetiers. Véritable chef d’entreprise, il renouvelle les procédés de fabrication alors en usage :
“Vuillaume transforme profondément les méthodes habituelles de gestion en adoptant de nouvelles techniques : modernisation de l’outillage à l’atelier, spécialisation de son personnel, sous-traitance à Mirecourt chez son frère Nicolas […] Enfin, il touche une clientèle très large en vendant des produits variés depuis les instruments de collection jusqu’aux modèles les plus simples destinés aux bourses modestes : Sainte-Cécile et Stentor.”
Violons, Vuillaume, Un maître luthier français du XIXème siècle, 1798-1875, catalogue d’exposition, Paris, Cité de la Musique, 23 octobre 1998 – 31 janvier 1999.
Sa renommée devient vite internationale, en partie grâce à ses participations aux deux grandes Expositions universelles de 1851 (Londres) et de 1855 (Paris). Dès lors, sa clientèle comprendra des membres des plus hautes sphères, tels que le tsar de Russie, le prince Caraman de Chimay, ou le comte Doria – dont Vichy Enchères a vendu l’un des violons en 2006[1](voir photo ci-contre). Jean-Baptiste Vuillaume est, dès cette époque, le luthier français incontournable et les plus grands musiciens font appel à lui. Témoignage de ce succès : le violoncelliste Adrien François Servais (1807-1866) – dont il est aussi question dans notre article sur Claude Boivin – lui donnera le surnom de “baleine de la lutherie”[2].
[1] Florian Leonhard, Stefan-Peter Greiner, op. cit., p.9.
[2] Ibid.
En ce qui concerne la production de ses violons, elle est amorcée vers 1823 et peut être divisée en quatre périodes. La première, de 1823 à 1832, est marquée par les théories scientifiques de Chanot et correspond à sa découverte des maîtres crémonais. La deuxième période, de 1832 à 1845, est déjà profondément influencée par les modèles italiens.
Entre 1845 et 1865, il est en pleine possession de ses moyens et invente certains de ses célèbres modèles, et enfin, les années 1865 à 1875 (l’année de sa mort) sont celles de la maturité[1]. Le violon de la vente du 3 juin 2021 – daté des années 1840 comme nous l’indique notamment le vernis – a ainsi été réalisé au moment où sa passion pour les instruments des plus grands maîtres italiens s’intensifie.
[1] Liang Xu. L’école de lutherie française au dix-neuvième siècle : Jean-Baptiste Vuillaume : originalité et imitation du modèle de violon crémonais. Musique, musicologie et arts de la scène. Université de Strasbourg, 2012, p. 122-123.
La production de Jean-Baptiste Vuillaume ne peut être comprise sans considérer l’importance qu’eut la lutherie italienne pour lui. Bien qu’inventeur de nouvelles formes et doué d’une facture personnelle, Vuillaume tient son savoir-faire à sa fascination pour l’école italienne, et surtout pour les deux icônes que sont Stradivari (1644-1737) et Guarneri del Gesù (1698-1744). Il regarde également du côté d’Amati et Maggini, mais les deux premiers luthiers restent prédominants – en témoigne sa commande à l’artiste Jean-Edouard Hamman de portraits de Stradivari et Guarneri.
Dans sa recherche de la perfection sonore, esthétique et technique, ces prestigieux instruments italiens vont devenir des sujets d’étude et des modèles à atteindre. Il se penche en premier lieu du côté de Stradivari, avant de se tourner vers Guarneri à partir des années 1835-1840. Certains modèles seront une vraie source d’inspiration, tels que ”Le Cannone” de Guarneri joué par Paganini. De toute première qualité, les instruments de Vuillaume d’après les maîtres italiens séduiront les plus grands musiciens – en atteste ce superbe violon d’après Guarneri ayant appartenu à Eugène Ysaÿe passé en vente à Vichy Enchères en 2017.
Par sa minutie, son perfectionnisme et son sens aigu de l’observation, Vuillaume s’inscrit comme le digne héritier des modèles du passé et des plus nobles savoir-faire. Étudiant chaque détail – de la forme générale à celle des ouïes – il réalise des instruments dont les qualités et la proximité avec ceux des maîtres crémonais lui valent reconnaissance, succès et récompenses. En ce sens, il est très redevable au marchand et grand collectionneur Luigi Tarisio (ca. 1790-1854), qui ramena et fit connaître les instruments crémonais en France. En effet, c’est par le biais de Tarisio que Vuillaume accède à ces instruments dès 1827. Il lui en achète d’abord pour les restaurer, mais également pour les étudier.
“La première opération consistait en un examen très détaillé du modèle. Il prenait toutes les mensurations, relevait le dessin des contours, la progression des voûtes, la forme des C, des ouïes, de la tête et notait le moindre signe particulier”
Sylvette MILLOT, Sylvette MILLIOT, Histoire de la lutherie parisienne du XVIIIe siècle à 1960, tome III, Spa, 2006, p. 295, cité par Liang Xu, op. cit., p. 123
Après la mort de Tarisio, Vuillaume partira en Italie pour racheter un grand nombre de ses violons anciens. Guidé par sa quête de pièces originales, il n’hésitait pas à voyager :
“Sa passion dévorante pour les instruments prestigieux de Stradivari, Guarneri ou Maggini, l’entraîne, à plusieurs reprises, sur les routes d’Europe pour acheter des pièces originales, mais aussi pour se procurer des bois précieux.”
Violons, Vuillaume, op.cit.
Ses études approfondies et son savoir-faire lui permirent de réaliser des instruments aux qualités exceptionnelles qui lui valurent sa renommée, tout en lui assurant de solides bases pour la création de ses futurs modèles. Il ne se cantonnera jamais à la copie – bien qu’excellant dans ce domaine – mais cherchera toujours à innover pour atteindre ses objectifs d’instrument idéal.
En ce qui concerne le violon de la vente du 3 juin 2021, celui-ci est réalisé en modèle Stradivari. Comme nous le disions, ce dernier tient une place d’honneur dans le panthéon des luthiers crémonais de Vuillaume. Dès cette époque, la facture du violon italien séduit particulièrement et Stradivari est considéré comme le meilleur. Dès lors, les luthiers français “s’efforcent de donner aux musiciens ce que leur procurait Stradivarius : plénitude, finesse, pureté dans l’aigu, chaleur dans le grave, capacité de réponse immédiate, faculté de nuances.”[1] Les instruments crémonais étant très chers, les copies françaises permettaient aux musiciens plus modestes de jouer sur des instruments similaires mais plus abordables. Dans ce domaine, Vuillaume excellait. Toujours à la recherche de la perfection, son travail de copie était également motivé par une volonté de percer les secrets du maître et d’améliorer l’instrument. Il faut bien comprendre que la démarche de Vuillaume n’était pas celle du copiste, mais celle de l’investigateur ayant pour ligne de mire le progrès.
[1] Anne PENESCO, Du baroque à l’époque contemporaine : aspects des instruments à archet, Paris, Librairie Honoré Champion, 1993, p. 24.
“Inlassablement, Vuillaume étudiait la composition du vernis des instruments italiens afin de pouvoir imiter parfaitement l’aspect et le son des instruments originaux. Il n’analysa pas seulement les instruments, mais tenta également de trouver la recette du vernis d’Antonio Stradivarius”.
Florian Leonhard, Stefan-Peter Greiner, op. cit., p.9-10.
L’une des principales obsessions de Vuillaume concernait la sonorité. Il cherchait notamment à mettre au point un timbre permettant une expression musicale optimale. Il étudia à cette fin des instruments mythiques de Stradivari et acheta “Le Messie” – à l’origine d’un grand nombre de copies. Sans ménager ses efforts, Vuillaume amassa ainsi, et ce durant toute sa vie, des archives sur Stradivari, allant jusqu’à contacter ses descendants. Le résultat de ses recherches est confié à François-Joseph Fétis, historien de la musique, qui publiera en 1856 un ouvrage sur Stradivari[2].
[2] François-Joseph Fétis, Antoine Stradivari, luthier célèbre, connu sous le nom de Stradivarius, Paris, 1856
On le comprend, cette confrontation avec le travail des grands maîtres ne fut pas stérile mais le conduisit plutôt à développer ses propres procédés. En quête de progrès, il n’hésita pas à faire évoluer les modèles des maîtres italiens et à en modifier les moules – mettant au point de nouvelles méthodes de fabrication telles que le moule extérieur[1].
“En modifiant sans contraintes le corps de l’instrument, il put alors réaliser ses idées du son, ce que la simple transformation d’un vieil instrument ne lui permettait pas. Voilà la raison pour laquelle la courbure de la voûte et les contours de ses copies diffèrent des modèles originaux […]. Ses copies du modèle de Stradivarius montrent une voûte moins élevée et une gorge plus large et moins profonde.”
Florian Leonhard, Stefan-Peter Greiner, op. cit., p.15-16.
[1] Liang Xu, op. cit, p.135-177.
Il en va ainsi du violon de la vente du 3 juin 2021, qui nous offre un bel exemple des deux versants du travail de Vuillaume, conjuguant la réception du savoir-faire des grands maîtres et le développement de nouvelles techniques. Bien que de type Stradivari, ce violon se différencie par certaines mesures et proportions. Fréquemment, on observera que Vuillaume allonge et élève la touche, tandis qu’il amincit la table[1]. Ses expérimentations conduiront à la création de nouveaux modèles, tels que le célèbre “Faisan d’Or” en 1862 – dont Vichy Enchères a vendu un exemplaire le 5 décembre 2018.
[1] Violons, Vuillaume, op.cit.
En outre, Vuillaume conservera toujours une facture personnelle, comme en atteste le violon de la vente du 3 juin 2021, qui laisse percevoir sa main dans la manière de fileter, de dessiner les voûtes ou de réaliser l’intérieur de l’instrument. Il prendra également l’habitude d’apposer son étiquette et sa marque au fer “Vuillaume” sur le fond et la table de ses réalisations, comme c’est le cas de notre violon. Mis à part ces modifications de la forme et la création de nouveaux modèles, Vuillaume va s’intéresser à l’acoustique et collaborer avec le physicien et inventeur du sonomètre Félix Savart (1791-1841), afin d’analyser la sonorité et les vibrations de la caisse[1]. Entre 1836 et 1839, ils examineront ensemble la structure des violons italiens.
[1] Liang Xu, op. cit, p.177.
Enfin, le luthier était très soucieux des bois et n’hésitait pas à voyager partout en Europe pour les sélectionner. Il comprit très vite que le système de séchage artificiel des bois et leur traitement par la chaleur et l’acidité nuisaient à la sonorité des instruments. Il opta dès lors pour un séchage naturel en réserve aérée. À l’abri du soleil, les bois gagnaient une patine légèrement dorée.
Alliant études des plus grands maîtres et recherches sur les qualités acoustiques et esthétiques de l’instrument, la production de Jean-Baptiste Vuillaume a profondément marqué l’histoire de la lutherie. Ses instruments comptent ainsi parmi les plus aboutis en termes de performance sonore. Ils ont très vite séduit les plus grands musiciens de l’époque et continuent aujourd’hui à être considérés comme ce qu’il y a de meilleur.
Alors rendez-vous le 3 juin 2021 pour découvrir ce modèle des années 1840 !
Few names have made their mark on the history of violin making more than that of Jean-BaptisteVuillaume. Considered as the greatest violin maker of the 19th century, he gave the French school of making the means to rival the greatest Italian masters. His sense of observation, keen eye for detail and scientific approach led him to produce instruments whose sound and technical qualities were unprecedented in French lutherie. The violin included in our sale of June 3, 2021 is the opportunity to revisit Vuillaume’s career, which combined a fascination for the old masters with a thirst for new ideas.
Jean-Baptiste Vuillaume (1798-1875) is a violin maker generally considered as one of the best in history. His instruments are very sought-after and appreciated by musicians, as evidenced by his list of clients, which included the most illustrious musicians, from Charles Auguste de Bériot to Eugène Ysaÿe, and including Jean-Delphin Alard. Vuillaume even married the daughter of the latter. Born in Mirecourt, Jean-Baptiste came from a family of luthiers that had been active since the 17th century. It is naturally in his birthplace that he started his training in 1810, at the tender age of 12. The identity of his master is uncertain, but it could have been Joseph Chanot, Nicolas Matthieu or Simoutre père. Despite training in Mirecourt, he did not pursue his career there and instead accepted, in 1818, a position in Paris working for François Chanot – who had recently registered the patent for improvements to the violin-guitar (24 October 1817). He worked for him for a year, before being hired by Nicolas Antoine Lété, an organ maker and entrepreneur, who won a medal at the Paris Exhibition of 1823 for an instrument made by Vuillaume. After this medal, Vuillaume was allowed to include his name inside the instruments he made and to number them, and he started to develop his own ideas. He set up on his own at 46 rue Croix-des-Petits-Champs in 1828.
His rise to success was fast and his career crowned by several medals from the most prestigious competitions. In particular, he won a gold medal at the Universal Exhibitions of 1839 and 1844[1]. As early as the 1840s, his instruments were enjoying an excellent reputation throughout Europe and were prized for their sound and similarity to the instruments by the great Italian masters. The production period of the violin in the sale of 3 June 2021 is situated precisely around that time. The insatiable research by Vuillaume into improving musical practice led him to invent original models, such as an enormous octobass with keyboard and pedals. In addition to being an excellent violin maker, Vuillaume was also a bow maker of genius. As a great innovator, he was behind a number of patents in this field, including for a metal bow in 1834 and a bow with interchangeable hair in 1835[2]. With the increase in his production, he decided to delegate the commercial side of the business from 1858 in order to concentrate solely on making, and as part of this reorganisation moved to 3 rue Demours à Ternes, in the suburbs of Paris.[3].
[1] Informations biographiques extraites de Bernard Millant, Jean-François Raffin, L’Archet, Paris, L’Archet Editions, 2000, tome II, p.59.
[2] Les archets de Jean-Baptiste Vuillaume, catalogue d’exposition Musicora, Paris, Grande Halle de la Villette, 3-7 avril 1998.
[3] Florian Leonhard, Stefan-Peter Greiner, Jean-Baptiste Vuillaume, Vie et œuvre, Greven, Cramer, 1998, p.11.
It is estimated that Jean-Baptiste Vuillaume made at least 3,000 instruments over the course of his career. This is a considerable number and the result of many collaborations with great masters, such as Hippolyte Silvestre, Honoré Derazey, Charles A. Maucotel, Télesphore Barbé and Joseph Louis Germain. From the 1830s onwards, he found himself at the helm of several workshops employing violin and bow makers. As a true entrepreneur, he revolutionised the old making processes still prevalent at the time:
“Vuillaume profoundly transformed the traditional methods of producing instruments by adopting new techniques: modernisation of tools, specialisation of staff, subcontracting with his brother Nicolas in Mirecourt […]. Finally, he reached a very large audience by offering a wide range of instruments, from collector’s pieces to more modest instruments for smaller budgets, with the Sainte-Cécile and Stentor lines.”
Violons, Vuillaume, Un maître luthier français du XIXème siècle, 1798-1875, exhibition catalogue, Paris, Cité de la Musique, 23 October 1998 – 31 January 1999
He achieved international fame in part thanks to his participation in the two great Universal Exhibitions of 1851 (London) and 1855 (Paris). This brought him patrons from the most prestigious spheres, including the Russian Tsar, prince Caraman de Chimay, and count Doria – one of whose violins Vichy Enchères sold in 2006[1](see photo opposite). From this point on, it was impossible to think of French lutherie without thinking of Jean-Baptiste Vuillaume, and the greatest musicians called upon his services. To illustrate this success, the cellist Adrien François Servais (1807-1866) – who also gets a mention in our article on Claude Boivin – coined the nickname “whale of lutherie” in reference to him[2].
[1] Florian Leonhard, Stefan-Peter Greiner, op. cit., p.9.
[2] Ibid.
His violin production started around 1823 and it can be divided into four periods. The first, from 1823 to 1832, was influenced by the scientific theories of Chanot and corresponds to his discovery of the Cremonese masters. In his second period, from 1832 to 1845, he was already heavily influenced by the Italian models.
Between 1845 and 1865, he was in full command of his art and created some of his famous models; and finally, the period from 1865 to 1875 (the year of his death) correspond to his mature period[1]. The violin in the sale of 3 June 2021 – and dated 1840, as confirmed by the varnish in particular – was therefore made at a time when his passion for the instruments of the great Italian masters was intensifying.
[1] Liang Xu. L’école de lutherie française au dix-neuvième siècle : Jean-Baptiste Vuillaume : originalité et imitation du modèle de violon crémonais. Musique, musicologie et arts de la scène. Université de Strasbourg, 2012, p. 122-123.
The output of Jean-Baptiste Vuillaume cannot be understood without considering the impact Italian lutherie had on him. Whilst an innovator in his own right and a maker with a distinctive style, Vuillaume owes his savoir-faire to a fascination with the Italian school, and in particular its two icons, Stradivari (1644-1737) and Guarneri del Gesù (1698-1744). He also took an interest in Amati and Maggini, but the former two violin makers remained the most influential for him – as evidenced by his commission from the artist Jean-Edouard Hamman of portraits of Stradivari and Guarneri.
As part of his research into the perfect sound, appearance and technical properties, Vuillaume studied these prestigious Italian instruments and they became for him the ne plus ultra. He first studied Stradivari, before moving on to Guarneri from 1835-1840. Certain models were a particular source of inspiration, as for instance Paganini’s “Cannone” by Guarneri. The instruments Vuillaume made after the Italian masters are of the highest order and found success with the greatest musicians – as illustrated by this superb violin after Guarneri that belonged to Eugène Ysaÿe and was auctioned by Vichy Enchères in 2017.
Thanks to his attention to detail, his perfectionism and his sharp sense of observation, Vuillaume positioned himself as the natural heir to the models and savoir-faire of the old masters. He studied every detail – from the general outline of instruments to their f-holes – and created instruments whose quality and similarity with those of the great Cremonese masters earned him recognition, success and medals. In this, he is partly indebted to the dealer and great collector Luigi Tarisio (c.1790-1854), who brought back Cremonese instruments to France and contributed to spreading knowledge about them. It is indeed through Tarisio that Vuillaume gained access to these instruments from 1827. He bought instruments from him, initially to restore them, but also to study them.
“The first step was a detailed observation of the instrument. He took all the measurements, drew the outline of the instrument and the arches of the plates, the shape of the C-bouts, the f-holes and the head, and wrote down any distinguishing feature.”
Sylvette MILLIOT, Histoire de la lutherie parisienne du XVIIIe siècle à 1960, volume III, Spa, 2006, p. 295, cited by Liang Xu, op. cit., p. 123
After the death of Tarisio, Vuillaume travelled to Italy to purchase a great many of these old violins. Guided by his desire to acquire original examples, he was not afraid to travel far and wide in order to do so:
“His all-consuming passion for the prestigious instruments of Stradivari, Guarneri and Maggini led him, on several occasions, to the roads of Europe to purchase original examples, but also to acquire precious wood.”
Violons, Vuillaume, op.cit.
His extensive research and his superior craftsmanship allowed him to create instruments with exceptional qualities which brought him fame, whilst providing him with a solid basis for developing new models. He was never just a copyist – even though he excelled at it – and always sought to innovate to arrive at the perfect instrument.
The violin for sale on 3 June 2021 was made on a Stradivari pattern. As previously mentioned, this maker held a special place in Vuillaume’s pantheon of Cremonese masters. Italian violin making was already highly regarded by then and, within it, Stradivari was considered the best. As a result, French makers “strove to provide musicians with what a Stradivarius had to offer: fullness of sound, finesse, clarity in the high notes, warmth in the lower register, responsiveness, and nuance.”[1] Cremonese instruments being already very expensive at the time, French copies allowed musicians of lesser means to play on similar, yet more affordable, instruments. It is in this segment of the market that Vuillaume excelled. Always striving for perfection, his work as a copyist was also driven by a desire to discover the secrets of the master and to improve the instrument. It is important to note that Vuillaume’s approach was never that of a mere copyist, but of someone with an inquisitive and innovative mind.
[1] Anne PENESCO, Du baroque à l’époque contemporaine : aspects des instruments à archet, Paris, Librairie Honoré Champion, 1993, p. 24.
“Vuillaume studied at great length the composition of the varnish of Italian instruments in order to be able to replicate its exact appearance and the sound of the original instruments. In doing so, he not only considered the instruments themselves, but also attempted to obtain the varnish recipe of Antonio Stradivari”.
Florian Leonhard, Stefan-Peter Greiner, op. cit., p.9-10.
One particular obsession of Vuillaume related to the sound. In particular, he researched how to obtain a timbre that would optimise musical expression. To this end, he studied the legendary instruments of Stradivari, and purchased the “Messiah”, on which a number of his copies are based. Through a lifetime of indefatigable research into the subject, which included contacting his descendants, Vuillaume accumulated a large amount of information on Stradivari. The sum of this research was entrusted to musical historian François-Joseph Fétis, who published a volume on Stradivari in 1856[2].
[2] François-Joseph Fétis, Antoine Stradivari, luthier célèbre, connu sous le nom de Stradivarius, Paris, 1856
To reiterate, his exposure to the work of the great masters was far from sterile and instead informed the development of his own processes. In his quest for progress, he was not afraid to alter the models of the great masters and to modify their moulds, whilst developing new making devices such as the external mould[1].
“By allowing himself to modify the body of the instrument without constraints, he was able to develop his own ideas about sound, something he would not have been able to achieve by merely altering an old instrument. This is the reason why the arches and outlines of his instruments differ from the original models […]. His copies based on the Stradivarius model have a lower arch and a larger and shallower fluted area around the edges than the originals.”
Florian Leonhard, Stefan-Peter Greiner, op. cit., p.15-16.
[1] Liang Xu, op. cit, p.135-177.
This applies to the violin for sale on 3 June 2021, as it reflects both aspects of the work of Vuillaume, combining his acquired knowledge of the savoir-faire of the great masters with his development of new techniques. Whilst on the Stradivarius pattern, this violin distinguishes itself by certain measures and proportions. Vuillaume often lengthened and elevated the fingerboard, whilst making the front thinner[1]. These experimentations led to the advent of new models, such as the famous “Golden Pheasant” of 1862 – an example of which was sold by Vichy Enchères on 5 December 2018.
[1] Violons, Vuillaume, op.cit.
Moreover, Vuillaume always had a distinctive style, as shown by the violin in the sale of 3 June 2021, and his hand is perceptible in his purfling, his design of the arches or the work inside the instrument. He also had the habit of inserting his label and “Vuillaume” brand on the inside back and front of his instruments, as is the case with our violin. In addition to modifying the original forms and creating new models, Vuillaume took an interest in acoustics and collaborated with physicist and inventor of the sonometer Félix Savart (1791-1841), in order to analyse the sound and vibrations produced by the front of instruments[1]. Between 1836 and 1839, they studied together the structure of Italian violins.
[1] Liang Xu, op. cit, p.177.
Finally, he took great care in the wood he used and travelled all over Europe to select it. He understood very early on that artificially drying wood and subjecting it to heat and acidity had a negative effect on the sound of instruments; instead, he chose to dry his wood naturally and in ventilated stores. Away from exposure to direct sunlight, the wood gradually developed a light golden patina.
Combining his study of the greatest masters with his research into the sound and appearance of the instrument, the output of Jean-Baptiste Vuillaume had a profound impact on the history of violin making. His instruments are amongst the most accomplished in terms of sound production. They very quickly seduced the musicians of his time, and continue to be considered, to this day, as being amongst the best.
We hope to see you on 3 June 2021 to discover this example from the 1840s!