Les 4, 5 et 6 juin 2024, plusieurs archets de la famille Ouchard seront dispersés à Vichy Enchères. Cet exceptionnel ensemble d’instruments réalisés par Ouchard Père, Ouchard Fils et Bernard Ouchard, cristallise à merveille l’histoire de la famille et le savoir-faire mis en œuvre par ces archetiers de renom sur plusieurs générations. Couvrant une période de plus de 70 ans de création, ces archets nous exposent tout le génie de la famille qui sut jongler, avec habileté et finesse, entre la tradition et l’innovation.
Né le 30 avril 1872 à Mirecourt, Emile François Ouchard, dit Ouchard Père, est issu d’une famille de tourneurs sur bois comprenant quelques luthiers, à commencer par son grand-père Jean-Joseph Ouchard (1809-1875). C’est à l’âge de quatorze ans qu’Emile François Ouchard s’oriente également sur le chemin de la lutherie et entre, l’année 1886, en apprentissage chez Eugène Cuniot.
L’atelier “Cuniot-Hury” avait alors une production importante, permettant à Emile François Ouchard de se former auprès du maître, tout en conservant une certaine liberté stylistique. Les ouvriers de l’atelier pouvaient en effet s’exprimer dans une facture personnelle, rendant parfois difficile l’attribution de certains modèles non signés. Le style d’Emile François Ouchard est ainsi perceptible relativement tôt sur des archets réalisés pour Cuniot-Hury.
Par de multiples alliances et sur plusieurs générations, la famille Ouchard fut apparentée à un grand nombre de luthiers, dont Nicolas Eugène Farfelier, Charles Nicolas Emile Salzard, Claude Charles Nicolas Husson ou encore Joseph Arthur Vigneron.
L’union d’Emile François Ouchard à Marie-Joséphine Collin en 1896 ne fit que d’enrichir les alliances de la famille avec des luthiers mirecurtiens, puisque trois de leurs filles épousèrent respectivement François Lotte, René Vincent Gérome et Paul Charles Morizot.
A la mort de Cuniot en 1910, Ouchard Père continua de travailler auprès de la veuve de son maître, Françoise Marguerite Hury, et ce jusqu’en 1922. Durant cette période, Ouchard Père fut rejoint par son fils, Emile Auguste Ouchard, qui entra en formation en 1913, alors âgé de 13 ans. A la mort de la veuve de Cuniot en 1922, Ouchard Père s’établit à son compte au deuxième étage d’un immeuble situé au 1 rue Canon à Mirecourt. Son fils, qui le suivit également dans ce nouvel atelier, faisait alors partie d’une équipe s’élevant, en 1936, à 15 ouvriers – touchant chacun le même salaire.
C’est à partir de cette période qu’Ouchard Père commença à signer ses premiers archets par la marque “Émile OUCHARD”, sans toutefois abandonner celle de “CUNIOT-HURY”, que l’on retrouve sur un certain nombre d’instruments des années 1920, – comme c’est le cas du modèle monté argent daté vers 1923-25, des ventes Vichy Enchères de juin 2024.
Au sein de l’atelier, père et fils travaillèrent côte à côte pendant près de 25 ans et réalisèrent ensemble des archets de très belle facture, comptant parmi leurs plus beaux instruments.
“Par ses qualités de pédagogue, sa rigueur, son goût du travail bien fait, Emile OUCHARD Père est incontestablement à l’origine de la très grande qualité de l’œuvre de son fils et de la renommée de cette grande famille.”
Bernard Millant, Jean-François Raffin, L’Archet, L’Archet Editions, 2000, p.127
Ouchard Père garda le contrôle sur l’atelier jusqu’à la fin de sa vie, même lorsqu’il en céda la direction à son fils en 1937. La place importante que prenait son père a sans doute contribué au départ d’Ouchard Fils pour Paris en 1940, à l’âge de 30 ans.
Ouchard Père, au contraire, ne quitta jamais sa ville natale de Mirecourt. De 1940 à sa mort en 1951, il dirigea ainsi seul l’atelier et continua de travailler avec des archetiers mirecurtiens. Tout au long de sa carrière, il gagna en notoriété et ses archets furent largement reconnus comme de grande qualité, en atteste l’exceptionnel échantillon présenté aux ventes de juin 2024.
Outre son fils, Emile François Ouchard forma tout au long de sa carrière un grand nombre d’archetiers, qu’il amena au perfectionnement. Parmi les artisans qui bénéficièrent de son enseignement et de son influence, on peut citer Paul Audinot, François Lotte, André et Raymond Richaume, ou encore Marcel Mangenot (pour n’en nommer que quelques-uns). Au-delà de ce savoir-faire technique, Émile François Ouchard transmit à ses apprentis des valeurs traditionnelles et une certaine éthique du travail bien fait qui caractérisa la famille durant plusieurs générations. Sa rigueur, son dévouement au métier et son souci de qualité sont à l’origine de la renommée de la famille dans le monde de la lutherie, et contribuèrent au rayonnement de plusieurs archetiers de talent.
Bien qu’il n’ait jamais quitté Mirecourt, Ouchard Père resta toute sa vie en relation avec les acteurs majeurs du monde de l’archeterie et de la lutherie. L’installation de son fils à Paris en 1940 lui permit notamment de renforcer les liens de l’atelier avec les archetiers de la capitale. Ouchard Père travailla entre autres pour Joseph Aubry, Paul et Olivier Bisch, Georges Coné, Charles Enel, ou encore pour la marque Diens, – ce dont témoignent plusieurs archets des ventes Vichy Enchères de juin réalisés environ entre 1925 et 1930.
Ce travail pour les Maisons de lutherie françaises et étrangères explique qu’une partie de la production d’Emile François Ouchard Père ne soit pas signée – la coutume voulant que les revendeurs apposent leur propre marque au fer sur les archets commandés.
Réellement passionné, il avait encore à la veille de sa mort, en 1951, un apprenti et un ouvrier.
Émile Auguste Ouchard est né le 24 juillet 1900 à Mirecourt. Fils d’Émile François Ouchard et de Marie-Joséphine Collin, il baigna très tôt dans l’univers de l’archeterie. Dès l’âge de treize ans, il entama un apprentissage auprès de son père, au sein de l’atelier Cuniot-Hury. À la mort d’Eugène Cuniot, père et fils continuèrent de travailler ensemble pour Françoise Marguerite Hury jusqu’en 1922. Cette période façonna durablement la carrière d’Émile Auguste Ouchard, qui s’imprégna du savoir-faire de son père.
En 1922, Ouchard Fils épousa Andrée Marie Charlotte Petot, avec qui il eut par la suite quatre enfants. Alors que son père s’établit à son compte cette même-année, il resta à ses côtés et continua à se perfectionna auprès de lui. Ce travail conjoint avec son père est à l’origine de sa maturation artistique et technique, puisqu’elle lui permit de s’affirmer stylistiquement, tout en héritant de la technicité d’Ouchard Père. Les ventes Vichy Enchères de juin 2024 présentent plusieurs beaux archets significatifs de cette époque cruciale.
“Les archets qu’il réalise, sur le modèle de son père, sont d’une grande qualité et portent déjà la marque de son propre travail : – l’arrière des têtes est assez carré […] les hausses adoptent quelquefois le modèle VUILLAUME mais, généralement, avec des cercles […]. Les coulisses, à cette époque, sont toujours goupillées.”
Bernard Millant, Jean-François Raffin, L’Archet, L’Archet Editions, 2000, p.377
Dans les années 1930, le style d’Émile Auguste Ouchard s’affina et s’émancipa progressivement de celui de son père, tendant alors vers un modèle plus en rondeur. Doté d’un esprit créatif et d’une volonté d’innover, Ouchard Fils se démarqua et fut à l’origine de modèles parfois surprenants, à l’image d’un rare archet miniature en ivoire réalisé vers 1930, – qui resta dans sa collection personnelle. Comme nous le rappellent les experts Sylvain Bigot et Yannick Le Canu, cet archet miniature était dans un cadre utilisé pour les expositions.
Ouchard Fils a aussi particulièrement travaillé sur les coulisses, mettant en application un certain nombre d’innovations à partir de 1935, dont l’introduction de vis en acier ou l’utilisation du modèle “ Hill ”, – d’abord employé pour la fabrication d’instruments réalisés pour Roger et Max Millant, puis adopté de manière systématique. Il est intéressant de noter que son neveu, Roger Lotte, travailla aussi pour les Millant et utilisa ce même modèle de coulisse à partir des années 1950.
Comme précédemment évoqué, Émile Auguste Ouchard reprit l’atelier familial en 1937, sous le contrôle de son père. C’est à cette période que sa première marque au fer apparaît, « E. A. OUCHARD Fils », et que l’on retrouve sur des archets jusqu’en 1940, – date à laquelle il décida de s’installer à Paris. Ce déménagement, certainement motivé par un besoin d’indépendance vis-à-vis de son père et des relations tumultueuses qu’il pouvait entretenir avec lui, marqua le début d’une carrière davantage tournée vers l’internationale. Rapidement, son talent fut reconnu.
Il participa à l’Exposition universelle de Paris en 1937 et, dès 1942, fut consacré par l’obtention du Grand Prix de l’Exposition des Artisans de Paris. Installé au 54 rue de Rome à Paris, au quatrième étage, il signait à cette époque « E. A. OUCHARD PARIS ». Sa production fut dès lors considérée comme un gage de qualité et d’excellence. Son style évolua vers une plus grande minutie, notamment dans le traitement des hausses et de leur grain de nacre, tandis que les têtes gagnèrent en robustesse.
En 1946 et suite à des soucis familiaux, il saisit l’opportunité que lui offrit Lazare Rudié et s’envola, encouragé par Yehudi Menuhin, pour New York. Là-bas, dans l’effervescence de la ville, il collabora avec Rudié, dans son atelier situé au 100 W 49th Street, tout en préservant son statut d’indépendant.
A cette période, il apposa alors la marque ” Émile A. OUCHARD – NEW YORK ” sur ses instruments. Son séjour aux États-Unis fut également marqué par un partenariat exclusif contracté dès 1948 avec la maison William Lewis & Son, alors implantée à Chicago, 30 E. Adams Street.
Durant l’année 1948, il déménagea dans l’Illinois où il acheta une maison au 318 Van Buren Street, à Batavia. Il continua à produire des archets qu’il ne signait plus que par “Emile A. OUCHARD”, et qu’il revendait notamment lors de ses passages annuels à Paris. En 1951, après avoir vendu sa maison dans l’Illinois, il revint à New York pour poursuivre son travail. Il s’installa d’abord dans le Bronx puis à Forest Hills, où il travailla dans un local prêté par Jacques Français, sur la 57e rue, tout en gardant son indépendance :
“ Ne crois pas que je sois lié, j’aime trop mon indépendance, mon travail est à moi, je loue seulement l’atelier. ”
Lettre à Albert Claudot, citée dans Hélène Claudot-Hawad. ” La lutherie se meurt ”… Chronique épistolaire de la crise des années 1950- 60. Klein, Valérie (Musée de Mirecourt) & Buob, Baptiste (CNRS). LUTHIERS. DE LA MAIN À LA MAIN, Actes Sud, pp.66-81, 2012, p.4.
En 1954, il est rejoint à New York par son fils Jean-Claude Ouchard, également archetier (voir dernier paragraphe). Durant son séjour aux Etats-Unis, Ouchard Fils, toujours guidé par sa recherche de perfection technique et sonore, voyagea au Brésil afin de sélectionner personnellement le bois de pernambouc servant à la fabrication des archets. Une lettre du 19 janvier 1956 nous apprend notamment qu’il se rendit quinze jours au Brésil pour acheter du pernambouc et qu’il attendit son bois pour février, bien qu’ayant déjà 3 tonnes de stock[1]. Ce souci qualitatif est une constante dans sa carrière et explique que ses instruments, de grande qualité, aient très tôt été prisés des plus grands musiciens de son temps.
[1] Hélène Claudot-Hawad. ” La lutherie se meurt ”… Chronique épistolaire de la crise des années 1950- 60. Klein, Valérie (Musée de Mirecourt) & Buob, Baptiste (CNRS). LUTHIERS. DE LA MAIN À LA MAIN, Actes Sud, pp.66-81, 2012, p.12.
“ De plus en plus, la lutherie se meurt et je le regrette pour les luthiers qui aimaient leur métier ”[1] écrivait Emile Auguste Ouchard à Albert Claudot, son ami luthier installé à Dijon, dans une lettre du 30 mars 1956. Entre 1955 et 1961, Claudot aurait ainsi reçu une centaine de lettres reflétant la crise de la lutherie à l’époque. Installé aux Etats-Unis, Ouchard Fils ne fut pas épargné et finit notamment par vendre sa maison de Batavia, trop éloignée de New York. “ [La] clientèle particulière ne vient pas à la maison et tu dois penser que la clientèle directe est préférable aux revendeurs ”. C’est ainsi qu’il se retrouva dans l’atelier new-yorkais proposé par son ami Jacques Français, également originaire de Mirecourt. Face à cette crise de la lutherie, Ouchard Fils dû se résoudre à assurer principalement des réparations et s’en sortit grâce à sa clientèle de confrères, professeurs de musique et de marchands.
[1] Hélène Claudot-Hawad. ” La lutherie se meurt ”… Chronique épistolaire de la crise des années 1950- 60. Klein, Valérie (Musée de Mirecourt) & Buob, Baptiste (CNRS). LUTHIERS. DE LA MAIN À LA MAIN, Actes Sud, pp.66-81, 2012, p.1.
La situation ne concernait pas seulement les Etats-Unis, mais également la France qui, comme nous l’apprend Pierre Enel en 1951, était le théâtre d’“ un grand lessivage ”. “ [Chez Laberte, ils] mettent à pied toutes les semaines leurs ouvriers. Tout le monde se plaint. A Paris, c’est de même. ”[1] L’activité fut un peu relancée devant la pénurie d’instruments anciens mais cela ne suffit pas. Les luthiers s’appuyèrent alors sur leur réseau, notamment le fort réseau mirecurtien, pour s’entraider. Ils échangeaient entre autres du matériel. Ainsi, on faisait venir de la colle fine de Paris, tandis que des cordes étaient expédiées de New-York – à l’exemple d’Ouchard Fils et d’Albert Claudot (lettre du 19 janvier 1956). Toutefois, suite à cette crise des années 1950, Emile Auguste Ouchard rentra en France en 1960, après quatorze ans passés aux Etats-Unis.
[1] Hélène Claudot-Hawad. ” La lutherie se meurt ”… Chronique épistolaire de la crise des années 1950- 60. Klein, Valérie (Musée de Mirecourt) & Buob, Baptiste (CNRS). LUTHIERS. DE LA MAIN À LA MAIN, Actes Sud, pp.66-81, 2012, p.6.
A son retour en France, Ouchard Fils s’établit d’abord dans les Pyrénées-Atlantiques, à Gan, où il divorça d’Andrée Marie Charlotte Petot. Il se remaria en 1963 avec une résidante de Gan, Renée Marie Flaux, et déménagea avec elle près de Vichy, à Cognat-Lyonne. Toujours aussi inventif, il mit au point un modèle d’archet identique pour le violon, l’alto, le violoncelle et la contrebasse, dont seule la taille variait en fonction de l’instrument. Les archets de cette période parvenus jusqu’à nous sont plus rares. Cependant, la vente du 6 juin 2024 en comprend un beau modèle pour alto, réalisé vers 1965, et signé “Emile Ouchard”.
Son retour en France ne sonna pas la fin de son commerce avec les Etats-Unis, puisqu’il continua ses échanges avec les Etats-Unis. Dans des lettres de 1961 à Albert Claudot, il est notamment question d’archets de Chicago (certainement ceux pour Lewis & Son) et d’un Peccatte qu’il projettait de proposer à un client américain[1].
“ Aussi surprenant que cela paraisse, il était encore officiellement sous contrat avec WILLIAM LEWIS & SON à la date de sa mort. ”
Christopher Brown cité dans L’Archet, 2000, p.378
Infatigable, il multiplia ainsi tout au long de sa vie les collaborations. Outre celles déjà évoquées, nous pouvons également mentionner sa production pour Joseph Aubry, Paul Beuscher, Chanot & Chardon, Emile Français, Paul Lorange, Lucien Schmitt ou encore Paul Serdet.
Victime d’un accident cérébral dans les années 1960, il poursuivit sa production jusqu’à sa mort en 1969.
[1] Lettre à Albert Claudot, citée dans Hélène Claudot-Hawad. ” La lutherie se meurt ”… Chronique épistolaire de la crise des années 1950- 60. Klein, Valérie (Musée de Mirecourt) & Buob, Baptiste (CNRS). LUTHIERS. DE LA MAIN À LA MAIN, Actes Sud, pp.66-81, 2012, p.9
Emile Auguste Ouchard eut deux fils de son premier mariage, qui furent également archetiers. Le fils aîné, Bernard Ouchard, naquit le 15 février 1925 à Mirecourt et, tout comme son père et son grand-père avant lui, entra en apprentissage à seulement treize ans dans l’atelier familial.
En 1941, il suivit son père à Paris où il le seconda dans la fabrication d’archets, adoptant notamment la coulisse « Hill », si chère à son père. La guerre interrompit sa carrière, puisqu’il s’engagea dans les Forces Françaises de l’Intérieur. Il en sortit décoré de la Croix du Combattant.
Peu après le départ de son père aux Etats-Unis et sur recommandation de Marcel Lapierre, il partit travailler chez Vidoudez à Genève, où il resta de 1949 à 1971. Il fabriqua alors des archets inspirés du savoir-faire de son père, notamment en ce qui concerne le traitement des hausses. Ses instruments sont souvent caractérisés par des boutons à gorge à entaille en V et des hausses à la fois pleines et rondes.
Durant ces années, Bernard Ouchard contribua à la réalisation de certains des plus beaux archets de la Maison Vidoudez.
En 1971, son parcours prit un nouveau tournant, puisqu’il regagna Mirecourt après s’être vu offrir le poste de professeur d’archèterie de la mythique École de Lutherie. Impliqué et passionné, il forma alors avec dévouement de nombreux jeunes archetiers de talent, contribuant ainsi au renouveau de l’archèterie française.
Entre 1971 et 1979, il enseigna à de nombreux archetiers aujourd’hui connus, tels que Éric Granchamp, Jean Grunberger, Sylvie Masson, Stéphane Muller, Jean-Pascal Nehr, Benoît Roland, Arnaud Suard, Georges Tépho ou encore Stéphane Tomachot. A sa mort le 2 juin 1979, c’est Roger Lotte qui se chargera de former les deux dernières promotions.
Les anciens élèves de Bernard Ouchard gardent un fort souvenir de leur formation auprès de Bernard Ouchard. Jean-Pascal Nehr, qui fit son apprentissage à Mirecourt en 1974, se souvient de l’exigence de son maître et de la forte emprise qu’il avait sur lui.
Sylvie Masson reste quant à elle marquée par le fait d’avoir été la première femme à fabriquer un archet complet, et ce dans la classe de Bernard Ouchard. Ces quelques mots de Stéphane Muller donnent une idée plus précise de l’enseignement du maître :
“ Notre maître Bernard Ouchard appliquait une pédagogie tout à fait personnelle, souvent bien différente de celle de nos autres professeurs et où l’art prenait parfois le dessus.
Nous allions régulièrement le consulter à son établi pour avoir son avis et ses commentaires sur les opérations que nous avions effectuées.
Pour ce qui concernait la technique, il était intraitable et son verdict était sans appel.
Mais il en était autrement pour ce qui concernait l’esthétique. Pour façonner la tête il était de règle d’utiliser les gabarits et modèles qu’il nous avait fait fabriquer suivant ses propres formes et ce en les respectant scrupuleusement. ”
Interview donnée à Toulouse le 10 Avril 2011
Durant ces années, Bernard Ouchard n’abandonna pas la fabrication d’archets et réalisa notamment de très beaux modèles, à l’image des archets de violon et d’alto de la vente du 6 juin 2024, fabriqués vers 1975. A cette époque, ses archets n’étaient plus à coulisse “Hill” mais adoptaient la coulisse traditionnelle.
La production de Bernard Ouchard reste toutefois restreinte, bien que toujours de qualité. Cette rareté s’explique en partie par sa mort prématurément à l’âge de 54 ans.
Enfin, comme précédemment évoqué, le second fils de Bernard Ouchard, Jean-Claude Ouchard, fut aussi archetier. Né en 1935, il commença son apprentissage comme de coutume à l’âge de quatorze ans, intégrant l’atelier de Louis Bazin en 1949. A cette époque, son père était déjà aux Etats-Unis et il n’était pas question de se former ailleurs qu’en France. Son chemin le mena ensuite chez son oncle François Lotte, auprès duquel il affina ses compétences, et travailla aux côtés de son cousin Roger-François Lotte. L’année 1954 marqua un tournant dans sa carrière, puisqu’il partit rejoindre son père installé à New York depuis 1946. Là-bas, il travailla dans l’atelier de Jacques Français jusqu’en 1958. Cette immersion outre-Atlantique élargit son horizon et nourrit son travail. En 1958, il regagna la France et plus précisément le fief familial de Mirecourt, où il intégra l’atelier de Marcel Lapierre, alors que son père poursuivait son travail aux États-Unis.
Moins d’un an plus tard, il quitta à nouveau la France pour les Pays-Bas. Durant une dizaine d’années, de 1959 à 1968, on le retrouvait ainsi aux côtés de Max Möller, se spécialisant dans la restauration d’archets. De retour en France, il mit son expertise au service de la formation, travaillant cinq ans chez Ary France à Carmaux et enseignant l’archèterie à des personnes en situation de handicap, et selon un procédé semi-industriel. C’est seulement en 1978 qu’il choisit de s’établir à son propre compte à Mirecourt, avenue Louis Buffet, où il exercera jusqu’en 1988. Enfin, il intégra l’entreprise locale “Cablé” en 1989, et produisit pour celle-ci des archets jusqu’en 1993, date de sa retraite.
Ses instruments sont estampillés de la marque au fer « J. CL. OUCHARD » et témoignent de la transmission du savoir-faire élaboré sur plusieurs générations par la famille Ouchard. Jean-Claude Ouchard s’éteignit en 2012.
Nous vous donnons rendez-vous du 4 au 6 juin 2024, à Vichy Enchères, pour découvrir un exceptionnel ensemble d’archets réalisés par les différents membres de la famille Ouchard, venant cristalliser l’histoire de la dynastie et l’excellence de son savoir-faire.
On 4, 5 and 6 June 2024, several bows belonging to the Ouchard family will be auctioned at Vichy Enchères. This exceptional collection of instruments, made by Ouchard Père, Ouchard Fils and Bernard Ouchard, perfectly encapsulates the family’s history and the expertise of its renowned bow-makers over several generations. Covering a period of over 70 years of creation, these bows showcase the genius of the family, which juggled tradition and innovation with skill and finesse.
Emile François Ouchard, known as Ouchard Père, was born on 30 April 1872 in Mirecourt, in a family of wood turners that included a few bow makers, starting with his grandfather Jean-Joseph Ouchard (1809-1875). It was at the age of 14 that Emile François Ouchard also turned to violin making and, in 1886, started an apprenticeship with Eugène Cuniot.
The “Cuniot-Hury” workshop was a busy workshop at the time, allowing Emile François Ouchard to train with the master, while maintaining a certain stylistic freedom. Indeed, the members of the workshop were able to express their individual style, making it sometimes difficult to attribute certain unsigned examples. The style of Emile François Ouchard is therefore perceptible in bows made for Cuniot-Hury relatively early on.
Through several marriages over several generations, the Ouchard family was related to many violin and bow makers, including Nicolas Eugène Farfelier, Charles Nicolas Emile Salzard, Claude Charles Nicolas Husson and Joseph Arthur Vigneron.
The marriage of Emile François Ouchard to Marie-Joséphine Collin in 1896 further enriched the family’s alliances with Mirecourt luthiers, with three of their daughters marrying François Lotte, René Vincent Gérome and Paul Charles Morizot respectively.
When Cuniot died in 1910, Ouchard Père continued to work with his widow, Françoise Marguerite Hury, until 1922. During this period, Ouchard Père was joined by his son, Emile Auguste Ouchard, who began his training in 1913, at the age of 13. When Cuniot’s widow died in 1922, Ouchard Père set up his own business on the second floor of a building located at 1 rue Canon in Mirecourt. His son, who followed him in this new workshop, became part of a team that, in 1936, included 15 employees – each earning the same salary.
It was from this period that Ouchard Père began to stamp his bows with the brand “Émile OUCHARD”, without however abandoning that of “CUNIOT-HURY”, which can still be found on certain bows from the 1920s – as is the case with the silver-mounted example dated from around 1923-25 in the Vichy Enchères sales of June 2024.
In this workshop, father and son worked side by side for almost 25 years and together produced bows of very fine quality, which rank amongst their most beautiful bows.
“Thanks to his qualities as a teacher, his rigour, and his love of a job well done, Emile OUCHARD Père is undoubtedly behind the very high quality of his son’s work and the reputation of this great family.”
Bernard Millant, Jean-François Raffin, L’Archet, L’Archet Editions, 2000, p.127
Ouchard Père kept oversight of the workshop until the end of his life, even after handing over its management to his son in 1937. The continued dominant position his father had must have contributed to the departure of Ouchard Fils for Paris in 1940, at the age of 30.
Meanwhile, Ouchard Père never left his hometown of Mirecourt. From 1940 until his death in 1951, he managed the workshop on his own and continued to collaborate with Mirecourt bow makers. Throughout his career, he became more and more renowned, and the high quality of his bows was widely recognized, as the exceptional set presented at the June 2024 sales demonstrates.
In addition to his son, Emile François Ouchard trained a large number of bow makers throughout his career, some of whom became bow makers of the highest order. Those craftsmen who benefited from his teaching and influence include Paul Audinot, François Lotte, André and Raymond Richaume, and Marcel Mangenot (to name just a few). Beyond this practical knowledge, Émile François Ouchard passed on to his apprentices the traditional values and work ethics that underpinned the family for several generations. His rigour, his dedication to the craft and his high standards are behind his family’s reputation in the world of bow making, and contributed to the success of several talented bow makers.
Although he never left Mirecourt, Ouchard Père remained in contact with the key figures in the world of bow making and violin making throughout his life. The move of his son to Paris in 1940 allowed him to strengthen the workshop’s ties with the bow makers of the capital. Ouchard Père worked for Joseph Aubry, Paul and Olivier Bisch, Georges Coné, Charles Enel, and for the Diens brand – as evidenced by several bows made between 1925 and 1930 in the Vichy Enchères sales in June.
This work for French and foreign violin-making houses explains why part of Emile François Ouchard Père’s production was not stamped – so that dealers could stamp with their own iron brand the bows commissioned.
He remained passionate about the trade throughout his life, and still had an apprentice and a shop worker on the eve of his death in 1951.
Émile Auguste Ouchard was born on 24 July 1900 in Mirecourt. He was the son of Émile François Ouchard and Marie-Joséphine Collin, and was immersed in the world of bow making from a very early age. At the age of 13, he began an apprenticeship with his father, in the Cuniot-Hury workshop. After Eugène Cuniot’s death, father and son continued to work together for Françoise Marguerite Hury until 1922. This period had a lasting impact on the career of Émile Auguste Ouchard, who absorbed his father’s knowledge.
In 1922, Ouchard Fils married Andrée Marie Charlotte Petot, with whom he had four children. When his father set up his own business that same year, he stayed by his side and continued to perfect his skills with him. This joint collaboration allowed him to hone his technique and style, by asserting himself stylistically, while drawing on his father’s technical expertise. The Vichy Enchères sales of June 2024 include several beautiful and significant bows from this crucial period.
“The bows he made, based on his father’s model, were of high quality and already bore the mark of his own work: – the back of the heads was quite square […] the frogs sometimes followed the VUILLAUME style but, usually, with circles […]. The slides, at that time, were always pinned.”
Bernard Millant, Jean-François Raffin, L’Archet, L’Archet Editions, 2000, p.377
In the 1930s, Émile Auguste Ouchard’s style became more refined and gradually emancipated itself from that of his father, tending towards a more rounded model. Due to his creative spirit and desire to innovate, Ouchard Fils stood out and sometimes produced surprising models, such as a rare miniature ivory bow made around 1930, which remained in his personal collection. As experts Sylvain Bigot and Yannick Le Canu pointed out, this miniature bow was in a frame and used for exhibitions.
Ouchard Fils also focused on the slides, incorporating a number of innovations from 1935, including the use of steel screws and the “Hill” model, first introduced in the manufacture of bows for Roger and Max Millant, and subsequently used throughout. It is interesting to note that his nephew, Roger Lotte, also worked for the Millants and used this same slide model from the 1950s.
As previously mentioned, Émile Auguste Ouchard took over the family workshop in 1937, under the oversight of his father. It was at this time that his first iron stamp, “E. A. OUCHARD Fils”, appeared, and it can be found on bows until 1940, when he moved to Paris. This move, which was probably motivated by a need for independence from his father with whom he had a tumultuous relationship, marked the beginning of a career more focused on the international market. His talent was quickly recognized.
He took part in the Universal Exhibition in Paris in 1937 and, in 1942, was awarded the Grand Prix of the Exhibition of the Artisans of Paris. He set up shop at 54 rue de Rome in Paris, on the fourth floor, and the bows he made during that time were stamped “E. A. OUCHARD PARIS”. His stamp was from then on considered a guarantee of quality and excellence. His style evolved towards greater attention to details, in particular with regards to the frogs and their mother-of-pearl eyes, while the heads gained in strength.
In 1946, following family issues, he seized on the opportunity offered to him by Lazare Rudié and, encouraged by Yehudi Menuhin, flew to New York. There, in this bustling city, he worked with Rudié, in his workshop located at 100 W 49th Street, while retaining his self-employed status.
At that time, he stamped his bows “Émile A. OUCHARD – NEW YORK”. His stay in the US was also marked, in 1948, by an exclusive partnership with the house William Lewis & Son, then located in Chicago, 30 E. Adams Street.
That same year, he moved to Illinois where he bought a house at 318 Van Buren Street, in Batavia. He continued to produce bows stamped only “Emile A. OUCHARD”, which he sold in particular during his annual visits to Paris. In 1951, after selling his house in Illinois, he returned to New York to exercise his trade. He first settled in the Bronx and then in Forest Hills, where he worked in premises lent by Jacques Français, on 57th Street, while retaining his independent status:
“Don’t think that I am tied down, I love my independence too much, my work is mine, I only rent the workshop.”
Lettre à Albert Claudot, citée dans Hélène Claudot-Hawad. ” La lutherie se meurt ”… Chronique épistolaire de la crise des années 1950- 60. Klein, Valérie (Musée de Mirecourt) & Buob, Baptiste (CNRS). LUTHIERS. DE LA MAIN À LA MAIN, Actes Sud, pp.66-81, 2012, p.4.
In 1954, he was joined in New York by his son Jean-Claude Ouchard, also a bow maker (see below). During his stay in the US, Ouchard Fils, in his continuous search for technical and tonal perfection, travelled to Brazil to personally select the pernambuco wood he used to make bows. A letter dated 19 January 1956 indicates, in particular, that he went to Brazil for two weeks to buy pernambuco and that he expected his wood to be delivered in February, even though he already had three tons of stock [1]. This strive for quality was a constant in his career and explains why his superior quality bows were quickly sought after by the greatest musicians of his time.
[1] Hélène Claudot-Hawad. ” La lutherie se meurt ”… Chronique épistolaire de la crise des années 1950- 60. Klein, Valérie (Musée de Mirecourt) & Buob, Baptiste (CNRS). LUTHIERS. DE LA MAIN À LA MAIN, Actes Sud, pp.66-81, 2012, p.12.
“ More and more, lutherie is dying and it’s a great shame for the makers who loved their job ”[1] wrote Emile Auguste Ouchard to Albert Claudot, his violin maker friend based in Dijon, in a letter dated 30 March 1956. Between 1955 and 1961, Claudot is said to have received 100 letters alluding to the crisis in lutherie at the time. Despite having settled in the US, Ouchard Fils was not spared and ended up having to sell his house in Batavia, which was too far from New York. “[The] private clientele does not come to the house and one must realise that selling directly to customers is preferable to doing it through dealers.” This is what led him to rent the New York workshop owned by his friend Jacques Français, also from Mirecourt. Faced with this crisis in violin and bow making, Ouchard Fils had to resort to mainly carrying out repairs, and he survived thanks to patronage from colleagues, music teachers and dealers.
[1] Hélène Claudot-Hawad. ” La lutherie se meurt ”… Chronique épistolaire de la crise des années 1950- 60. Klein, Valérie (Musée de Mirecourt) & Buob, Baptiste (CNRS). LUTHIERS. DE LA MAIN À LA MAIN, Actes Sud, pp.66-81, 2012, p.1.
This situation did not only affect the United States, but also France which, as Pierre Enel tells us in 1951, was the scene of “a great washout”. “[At Laberte, they] lay off their workers every week. Everyone complains. In Paris, it’s the same.”[1] The activity experienced a short resurgence due to the shortage of old instruments, but this was not enough. Violin and bow makers had to rely on their networks, in particular the strong network of Mirecourt, to survive. Among other things, they exchanged supplies. For instance, thin glue was sent from Paris, in exchange from strings from New York – as seen in correspondence between Ouchard Fils and Albert Claudot (letter of 19 January 1956). In 1960, after this crisis of the 1950s, Emile Auguste Ouchard returned to France, having spent 14 years in the US.
[1] Hélène Claudot-Hawad. ” La lutherie se meurt ”… Chronique épistolaire de la crise des années 1950- 60. Klein, Valérie (Musée de Mirecourt) & Buob, Baptiste (CNRS). LUTHIERS. DE LA MAIN À LA MAIN, Actes Sud, pp.66-81, 2012, p.6.
On his return to France, Ouchard Fils first settled in the Pyrénées-Atlantiques, in Gan, where he divorced Andrée Marie Charlotte Petot. He remarried in 1963 with a resident of Gan, Renée Marie Flaux, and moved with her near Vichy, to Cognat-Lyonne. He continued with his experimentations, developing a bow model that was identical for the violin, viola, cello and double bass, apart from its size depending on the instrument it was intended for. Bows from that period that have survived are rare. However, the sale of 6 June 2024 includes a beautiful example for viola, made around 1965, and stamped “Emile Ouchard”.
His return to France did not signal the end of his business with the United States, and he continued trading there. In letters from 1961 to Albert Claudot, there is in particular a mention of Chicago bows (probably those for Lewis & Son) and a Peccatte that he planned to offer to an American client[1].
“As surprising as it may seem, he was still officially under contract with WILLIAM LEWIS & SON at the time of his death.”
Christopher Brown cité dans L’Archet, 2000, p.378
He was tireless and collaborated with many of his peers throughout his life. In addition to those already mentioned, we can also mention his work for Joseph Aubry, Paul Beuscher, Chanot & Chardon, Emile Français, Paul Lorange, Lucien Schmitt and Paul Serdet. He suffered a stroke in the 1960s, but continued making bows until his death in 1969.
[1] Lettre à Albert Claudot, citée dans Hélène Claudot-Hawad. ” La lutherie se meurt ”… Chronique épistolaire de la crise des années 1950- 60. Klein, Valérie (Musée de Mirecourt) & Buob, Baptiste (CNRS). LUTHIERS. DE LA MAIN À LA MAIN, Actes Sud, pp.66-81, 2012, p.9
Emile Auguste Ouchard had two sons from his first marriage, both of whom were also bow makers. The eldest, Bernard Ouchard, was born on 15 February 1925 in Mirecourt and, like his father and grandfather before him, started his apprenticeship aged only 13 in the family workshop.
In 1941, he followed his father to Paris where he assisted him in the manufacture of bows, in particular adopting the “Hill” slide, so dear to his father. The war interrupted his career, as he joined the French Forces of the Interior. He was awarded the Croix du Combatant.
Shortly after his father left for the United States and on the recommendation of Marcel Lapierre, he went to work at Vidoudez in Geneva, where he stayed from 1949 to 1971. He then made bows inspired by his father, in particular with regards to the frogs. His instruments often feature V-notched throat buttons and frogs that are both full and round.
During these years, Bernard Ouchard contributed to some of the most beautiful bows made by Maison Vidoudez.
In 1971, his career took a new turn, as he returned to Mirecourt after being offered the position of bow making tutor at the legendary École de Lutherie. With engagement and passion, he devoted himself to training many talented young bow makers, contributing to the revival of French bow making in the process.
Between 1971 and 1979, he taught many bow makers who are now famous, including Éric Granchamp, Jean Grunberger, Sylvie Masson, Stéphane Muller, Jean-Pascal Nehr, Benoît Roland, Arnaud Suard, Georges Tépho and Stéphane Tomachot. When he died on 2 June 1979, it was Roger Lotte who took over the training the last two student intakes.
Former students of Bernard Ouchard have vivid memories of their training with him. Jean-Pascal Nehr, who did his apprenticeship in Mirecourt in 1974, remembers his master’s instructions and the strong influence he had on him.
Sylvie Masson was remarkable for being the first woman to make a complete bow, and this in the class of Bernard Ouchard. These few words from Stéphane Muller give a clearer picture of the master’s teaching methods:
“Our master Bernard Ouchard’s methods of teaching were completely unique to him, and often very different from those of our other teachers, and art sometimes took pride of place.
We regularly went to consult him at his workbench to get his opinion and comments on the tasks we had carried out.
As far as technique was concerned, he was intractable and his opinion was final.
However, it was different when it came to aesthetics. To shape the head, we had to use the templates and models that he had asked us to create by scrupulously reproducing his own designs.”
Interview donnée à Toulouse le 10 Avril 2011
During these years, Bernard Ouchard did not stop making bows and, in particular, produced very beautiful examples, like the violin and viola bows made around 1975 in the sale on 6 June 2024. At that time, his bows no longer featured “Hill” slides, instead adopting the traditional type.
Bernard Ouchard’s output is limited, but always of good quality. This is partly explained by his premature death at the age of 54.
Finally, as previously mentioned, Bernard Ouchard’s second son, Jean-Claude Ouchard, was also a bow maker. He was born in 1935 and began his apprenticeship as usual at the age of 14, joining Louis Bazin’s workshop in 1949. At that time, his father was already in the United States and there was no question of training anywhere other than in France. His path then led him to his uncle François Lotte, with whom he honed his skills, and worked alongside his cousin Roger-François Lotte. The year 1954 marked a turning point in his career, as he left to join his father who had been living in New York since 1946. There, he worked in Jacques Français’ workshop until 1958. This experience across the Atlantic broadened his horizons and enriched his work. In 1958, he returned to France, and Mirecourt in particular, from where his family had originated; he joined the workshop Marcel Lapierre there, while his father continued to work in the US.
Less than a year later, he left France again for the Netherlands. For about 10 years, from 1959 to 1968, he worked alongside Max Möller, specializing in bow restoration. Back in France, he used his knowledge and experience to train others, working for five years at Ary France in Carmaux, teaching bow making to people with disabilities, using a semi-industrial process. It was only in 1978 that he decided to set up on his own in Mirecourt, avenue Louis Buffet, where he worked until 1988. Finally, he joined the local company “Cablé” in 1989, and produced bows for them until 1993, when he retired.
His instruments are stamped with the brand “J. CL. OUCHARD” and attest to the transmission of knowledge over several generations of the Ouchard family. Jean-Claude Ouchard passed away in 2012.
We invite you to join us from 4 to 6 June 2024 at Vichy Enchères, to discover an exceptional set of bows made by different members of the Ouchard family, crystallizing the history of this dynasty and the excellent craftmanship of its makers.