Vichy Enchères

Le pernambouc : une essence menacée, un savoir-faire en péril

À l’heure où le Brésil propose de reclasser le pernambouc en Annexe I de la CITES, Vichy Enchères souhaite s’associer aux nombreuses voix – musiciens, artisans, chercheurs et institutions – qui appellent à une protection renforcée de l’espèce, sans pour autant compromettre la pérennité de son usage culturel et artisanal.


Acteur du marché des instruments du quatuor, nous sommes quotidiennement témoins du rôle fondamental que joue le pernambouc dans la facture des archets et, plus largement, dans le patrimoine musical international. Nous avons conscience des enjeux écologiques liés à la déforestation de la forêt atlantique brésilienne et saluons les efforts engagés pour encadrer l’exploitation de cette ressource. Toutefois, le classement en Annexe I – qui reviendrait à une interdiction quasi totale de son commerce, y compris dans le cadre de pratiques réglementées – aurait des conséquences directes sur la transmission d’un savoir-faire reconnu, sans apporter de réponse structurelle aux causes majeures de la déforestation.

Plutôt que de freiner les initiatives vertueuses, nous soutenons le maintien du classement en Annexe II, accompagné d’un renforcement des contrôles, d’un soutien accru aux programmes de replantation et d’un dialogue ouvert entre les États, les artisans et les institutions culturelles. Il nous semble ainsi essentiel de maintenir un équilibre entre protection de l’espèce et continuité des pratiques artisanales et musicales, dans un cadre réglementé, responsable et durable.

Il nous semble ainsi essentiel de maintenir un équilibre entre protection de l’espèce et continuité des pratiques artisanales et musicales, dans un cadre réglementé, responsable et durable.

Le commerce du pernambouc

Depuis la fin du XVIIIe siècle, le pernambouc (Caesalpinia echinata) est utilisé dans la fabrication des archets d’instruments à cordes. Originaire de la forêt atlantique brésilienne (Mata Atlântica), ce bois rouge-brun, déjà exploité au XVIe siècle pour ses pigments, a été choisi par les archetiers européens pour ses qualités mécaniques exceptionnelles, alliant densité, élasticité, nervosité et pérennité.

Ces propriétés physiques en font un matériau unique. À ce jour, aucun substitut n’a permis de reproduire les qualités acoustiques du pernambouc dans le jeu instrumental. Il reste aujourd’hui le bois de référence pour la facture d’archets de haut niveau.

Une réglementation déjà en place

Le commerce du pernambouc est encadré depuis 2007 par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Inscrit en Annexe II, il fait déjà l’objet de restrictions, puisque tout transport international d’archets neufs ou anciens contenant du pernambouc doit être accompagné d’un permis.

Ce cadre réglementaire permet d’assurer la traçabilité du bois, tout en maintenant une activité artisanale fondée sur la transmission des savoir-faire, la restauration d’instruments anciens et la fabrication contemporaine.

Une proposition de reclassement en Annexe I

Le Brésil, pays d’origine de l’arbre, a récemment proposé de reclasser le pernambouc en Annexe I de la CITES. Cette catégorie, qui correspond aux espèces menacées d’extinction dont le commerce est interdit sauf exception, rendrait la circulation d’archets extrêmement difficile, même à des fins culturelles, pédagogiques ou artistiques.

En pratique, chaque passage de frontière avec un archet en pernambouc nécessiterait un permis spécifique.

Les musiciens, notamment les membres d’orchestres internationaux, devraient systématiquement justifier de l’origine du bois pour chaque déplacement.

Du côté des archetiers, un tel classement entraînerait l’arrêt quasi total de la fabrication d’archets à partir de pernambouc – même issu de filières contrôlées.

Le pernambouc pourrait changer de classification de la CITES rendant son commerce et son utilisation impossibles à l'avenir.

Pour une solution équilibrée

Le pernambouc est utilisé dans la fabrication des instruments à cordes qui composent lesorchestres interprétant des oeuvres connues de tous.
Le pernambouc est utilisé dans la fabrication des instruments à cordes qui composent lesorchestres interprétant des oeuvres connues de tous.

L’interdiction totale du commerce du pernambouc, au lieu de renforcer la protection de l’espèce, risquerait de fragiliser un écosystème professionnel déjà très encadré. Une solution durable passerait donc par le maintien du classement en Annexe II, associé à un renforcement des contrôles sur l’origine légale du bois et la poursuite des actions de reforestation.

Le patrimoine musical et artisanal que représente la facture d’archet ne peut être dissocié de la préservation des matériaux qui le rendent possible. Il ne s’agit pas d’opposer protection de la biodiversité et transmission culturelle, mais de trouver un équilibre permettant aux deux de coexister.

La protection du pernambouc est un enjeu légitime et nécessaire. Sa replantation, la lutte contre la déforestation illégale et la préservation de la Mata Atlântica doivent rester des priorités.

Le maintien du pernambouc en Annexe II, assorti d’un encadrement renforcé et d’une coopération internationale active, apparaît aujourd’hui comme la voie la plus équilibrée. Elle permettrait de concilier la conservation de l’espèce avec la poursuite d’une activité artisanale et culturelle respectueuse des ressources naturelles.

Pour plus d’informations sur les actions de conservation et les enjeux réglementaires, consultez le site internet de l’IPCI.


PERNAMBUCO : AN ENDANGERED SPECIES, AN ENDANGERED KNOW-HOW

At a time when Brazil is proposing to reclassify the pernambuco as an Appendix I species under CITES, Vichy Enchères wishes to join the many voices – musicians, craftsmen, researchers and institutions – calling for greater protection for the species, without compromising its continued cultural and craft use.


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