Dans la grande famille des aérophones la musette, dite « de cour », fait partie de la branche des cornemuses. Elle se caractérise par des critères bien précis…
Par Philippe Krümm, expert en instruments de musiques populaires
Seulement 121 specimens sont aujourd’hui recensés dans le monde.
Attribut d’une musique pastorale idéalisée, la musette jouit, de la fin du XVIème siècle à la fin du XVIIIème siècle, d’un engouement particulier au sein des couches aisées de la société française. Après son abandon, elle devient essentiellement un objet de curiosité et les instruments, dispersés au gré des ventes publiques, viennent enrichir les grandes collections en Europe et Outre Atlantique.
Elle continue cependant de susciter, tout au long du XIXème siècle, l’intérêt de musiciens qui tentent de lui redonner vie, la transformant parfois et donnant ainsi naissance à de nouveaux types de cornemuses. Aujourd’hui, on constate un regain d’intérêt indéniable pour cet instrument : il est officiellement enseigné dans plusieurs écoles de musique ou conservatoires et de nombreuses répliques, réalisées depuis trente ans par une dizaine de facteurs, circulent dans le monde entier, contribuant plus que jamais à la diffusion d’un répertoire autrefois peu connu.
La musette de cour possède un à trois chalumeaux : tuyaux mélodiques de perces cylindriques auxquels sont associées des anches doubles.
Il y a un bourdon : système de construction complexe réunissant un soufflet et plusieurs tuyaux bourdons, également de perces cylindriques et à anches doubles, au sein d’un même cylindre.
Pourvue au XVIème siècle d’un seul chalumeau, la musette est dotée d’un second vers le milieu du XVIIème siècle, puis, de façon exceptionnelle, d’un troisième dans les années 1730.
Le nombre de clés sur ces chalumeaux varie de 1 à 24, de même que celui des tuyaux de jeu du bourdon qui peut posséder jusqu’à 6 anches.
Grand chalumeau : ivoire ; 6 clés.
Petit chalumeau : ivoire ; 6 clés.
Boîtes des chalumeaux : ivoire.
Bourdon : ivoire ; 6 coulisses.
Soufflet : porte-vent à tenons en ivoire.
Réservoir : couverture en tissu à motifs de fleurs, galons.
Le jeu de chalumeau correspond au modèle à 12 clés, le plus répandu au XVIIIe siècle. Son esthétique correspond à quelques détails près à celle des instruments estampillés : « Chedeville ». Sur le bourdon, la partie supérieure du dôme, légèrement excentrée, est peut-être un ajout postérieur. La couverture est visiblement de facture récente.
Grand chalumeau : ivoire ; 6 clés.
Petit chalumeau : ivoire ; 8 clés (+ mib et mi).
Boîtes des chalumeaux : ivoire.
Réservoir : couverture en velours rouge, dentelles et rubans ; tuyau d’insufflation buccal en ivoire
L’instrument se présente sous la forme d’une « musette à bouche », sans bourdon et avec un tuyau d’insufflation buccal. Cette recomposition a visiblement été réalisée à partir du jeu de chalumeaux, seul élément authentique de l’instrument. Il provient d’une musette à « deux octaves », comme l’indiquent les clés supplémentaires d’extension vers l’aigu sur la face postérieure du petit chalumeau.
Grand chalumeau : ivoire ; 6 clés.
Petit chalumeau : ivoire ; 6 clés.
Boîtes des chalumeaux : ivoire.
Bourdon : ivoire ; 6 coulisses.
Soufflet :porte-vent à tenons en ivoire.
Réservoir : couverture en tissu à motifs de fleurs, galons.
Le soufflet, la couverture et le cuir du porte-vent sont visiblement de facture récente. Le soufflet a été réalisé dans les années 80 par le facteur anglais de concertinas Colin Dipper.
In the large group of musical instruments classed as aerophones, the musette, known as “musette de court” or baroque musette, is part of the bagpipe family. It is defined by a precise set of features.
By Philippe Krümm, world traditional music instrument expert
Only 121 examples of musettes have been recorded worldwide to date.
It is an instrument often associated with pastoral music and iconography. From the end of the 16th century to that of the 18th century, the musette was very popular amongst the upper social classes in France. After falling out of favour, it mainly became an object of curiosity, and the extant examples were sold at public auctions, finding their way into major collections in Europe and across the Atlantic.
However, throughout the 19th century, it continued to attract the interest of some musicians, who tried to bring it back to life, sometimes modifying it in the process and therefore giving birth to new types of bagpipes. Today, there is an undeniable renewed interest in this instrument: it is formally taught in several music schools and conservatoires, and many replicas, made over the past 30 years by a dozen makers, circulate throughout the world, contributing more than ever to the spread of a previously little-known repertoire.
The musette de cour has between one and three chalumeaux (or chanters): melodic pipes of cylindrical bore that use double reeds.
It also features a shuttle-drone, a complex system that combines a bellows and several drone pipes, also of cylindrical bore and with double reeds, within the same cylinder.
In the 16th century, the musette was fitted with a single chanter; a second chanter was added around the middle of the 17th century; then, seldomly, a third in the 1730s.
The number of keys on these chanters varies from 1 to 24; the same is true of the number of playing pipes of the drone, which can have up to six reeds.
Large chanter: ivory; 6 keys.
Small chanter: ivory; 6 keys.
Chanter cases: ivory.
Shuttle-drone: ivory; 6 runners.
Bellows: wind-holder with ivory tenons.
Bag: fabric cover featuring flower patterns and stripes.
The set of chanters corresponds to the 12-key model, which was the most common in the 18th century. Bar a few details, its appearance matches that of the instruments stamped “Chedeville”. On the drone, the upper part of the dome, which is slightly off centre, is perhaps a later addition. The cover is clearly a recent replacement.
Large chanter: ivory; 6 keys.
Small chanter: ivory; 8 keys (+ Eb and E).
Chanter cases: ivory.
Bag: red velvet cover, with lace and ribbons; ivory mouth-blowing pipe.
The instrument is in the form of a “mouth musette”, without a drone and with a mouth-blowing pipe. This reworking was clearly made using a set of chanters, which is the only original part of the instrument. It originates from a “two-octave” musette, as evidenced by the additional treble extension keys on the back of the small chanter.
Large chanter: ivory; 6 keys.
Small chanter: ivory; 6 keys.
Chanter cases: ivory.
Shuttle-drone: ivory; 6 runners.
Bellows: wind-holder with ivory tenons.
Bag: fabric cover with flower patterns and stripes.
The bellows, cover and leather of the wind-holder are clearly of recent make. The bellows was made in the 1980s by English concertina maker Colin Dipper.
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