Le 2 décembre 2010, nous avons eu le plaisir de vous présenter un violon de Jean-Baptiste Vuillaume (1798-1875). Lors de nos prochaines ventes, c’est un violoncelle de ce même célèbre luthier français qui était proposé aux enchères à Vichy : focus sur l’une des vedettes du 9 juin 2011 et sur son créateur…
Par Jean-Jacques Rampal & Jonathan Marolle – Maison Vatelot-Rampal
Après plusieurs années d’apprentissage, le luthier Jean Baptiste Vuillaume (1798 – 1875) s’installe à son propre compte à partir de 1828 au 46 de la rue Croix-des-Petits-Champs à Paris. Dès le milieu des années 1840, ses instruments jouissent d’une excellente réputation dans le milieu musical européen tant sur le plan de la sonorité que pour leur ressemblance particulièrement convaincante avec les instruments des grands maîtres italiens.
1858 est une date très importante dans la riche carrière de Vuillaume. Désireux de se consacrer uniquement à la fabrication, il décide d’abandonner la partie purement commerciale de son activité (la revente d’instruments anciens, cordes et accessoires). Il semble -d’après sa correspondance abondante- qu’il ait eu, déjà à cette époque, la volonté d’atteindre la barre des 3000 instruments fabriqués dans son atelier.
Il déménage ainsi son atelier faubourg des Ternes – à l’époque en dehors de Paris – afin d’y trouver le calme et la sérénité dont il a besoin pour mener à bien ce projet. Ayant un besoin certain d’affirmer sa personnalité, il abandonne également le principe des instruments en copie pour adopter son propre style. Les instruments sont en vernis plein, c’est-à-dire sans dégradés (une pratique alors courante chez ses pairs qui tentent ainsi d’imiter artificiellement l’usure faite par le musicien sur son instrument).
La composition du vernis est elle-même modifiée. Il devient plus clair et un peu plus souple. La numérotation redevient systématique ainsi que la datation et la pose des marques au fer à blanc. Ses instruments sont de véritables chefs-d’œuvre. On considère généralement la période allant de 1858 à 1875 comme celle de la maturité de Jean Baptiste Vuillaume.
Le violoncelle mis en vente par la salle des ventes de Vichy au mois de juin 2011 est un exemplaire tout à fait remarquable de cette dernière période. Réalisé au millésime de 1866, il porte le numéro 2679 et présente toutes les caractéristiques des instruments réalisés par Vuillaume à cette époque.
Le vernis, qui est appliqué en plein, est d’un bel orangé bien transparent.
Le paraphe au crayon de bois inscrit dans la partie supérieure du fond du coté des cordes aigües indique les 2 derniers chiffres de la date ce qui est typique. Ici, 66 pour 1866.
Le numéro de l’instrument (N°2679) est inscrit en deux endroits différents sur le fond.
L’étiquette indique sa dernière adresse : 3 Rue Demours-Ternes à Paris.
Enfin, les deux petites marques au fer « Vuillaume » sont posées comme il convient sur la table et sur le fond. Elles n’ont pas été noircies et mesurent 7 millimètres de longueur ce qui les rend difficiles à localiser sans l’aide d’un endoscope.
L’instrument est dans un état de conservation remarquable et ne souffre d’aucunes retouches. La qualité de sa sonorité ne fait aucun doute et devrait –pour paraphraser Vuillaume lui-même – « faire joliment l’affaire d’un bel artiste ».
On 2 December 2010, we had the pleasure of offering at auction a violin by Jean-Baptiste Vuillaume (1798-1875). At our next sales, it will be the turn of a cello by this same famous French maker to be offered at auction in Vichy; an opportunity to cast the spotlight on one of the star lots on 9 June 2011 and its maker.
By Jean-Jacques Rampal & Jonathan Marolle – Maison Vatelot-Rampal
After several years of apprenticeship, violin maker Jean-Baptiste Vuillaume (1798 – 1875) set up on his own in 1828 at 46 rue Croix-des-Petits-Champs in Paris. By the mid-1840s, his instruments had gained an excellent reputation in the European musical circles both for their sound, but also their particularly convincing resemblance in appearance to the instruments of the great Italian masters.
The year 1858 is very important in Vuillaume’s extraordinary career. Wishing to devote himself solely to making, he decided to close the trading arm of his business (the resale of old instruments, strings and accessories). According to his correspondence at the time, of which there are many extant examples, it appears that he had, early on, set himself the objective to manufacture 3,000 instruments in his workshop.
To this end, he moved his workshop to Faubourg des Ternes – which was outside of Paris at the time – in order to find the calm and serenity he needed to carry out this project. He also felt the need to assert his personality, and as a result stopped being purely a copyist and developed his own style. These new instruments were fully varnished, instead of being antiqued by applying varnish in gradients (a practice then common among his peers, who were trying to artificially imitate the wear from the player).
The composition of the varnish itself was modified. It became clearer and a little softer. The numbering of instruments became systematic again, as well as their dating and branding. These instruments are true masterpieces. The period from 1858 to 1875 is generally considered to be his mature period.
The cello up for sale at Vichy auction house in June 2011 is a truly remarkable example from this last period. Made in 1866, it bears the number 2679 and displays all the characteristics of instruments made by Vuillaume at that time. The varnish, which has been applied in full, is of a beautiful transparent orange. The handwriting in pencil inscribed in the upper part of the back, on the treble side, corresponds to the last two digits of the date, which is typical; in this case 66 for 1866. The number of the instrument (2679) is written in two different places on the back.
The label includes his last address: 3 Rue Demours-Ternes in Paris. Finally, the two small “Vuillaume” brands are positioned where expected on the inside front and back. They have not been blackened and only measure 7 millimetres in length, which makes them difficult to locate without the aid of an endoscope.
This cello is in a remarkable state of preservation and has not been altered at all. The quality of its sound is beyond doubt, and the instrument should – to quote Vuillaume himself – “suit perfectly a fine player”.