A chaque fois qu’un archet ancien lui est présenté, Sylvain Bigot se lance dans une nouvelle enquête historique. « J’observe les détails de fabrication, les particularités techniques et stylistiques afin de pouvoir le dater avec exactitude et retrouver ainsi son auteur. Car les grands archetiers français des XVIIIème et XIXème siècles ne signaient jamais leurs modèles », détaille ce passionné d’histoire de l’archèterie française. Et pour mener à bien ses investigations, l’expert peut compter sur son œil aiguisé. Plus de 1 000 archets anciens lui sont en effet soumis à expertise chaque année, avant leur mise aux enchères lors des grandes ventes d’instruments de musique de Vichy. Si Sylvain Bigot a officiellement rejoint l’équipe de spécialistes de la maison de ventes en 2012, cela fait plus de 20 ans qu’il assiste dans cette tâche Jean-François Raffin, le célèbre archetier et incontournable expert de l’archèterie française.
En 1994, Sylvain Bigot vient d’être diplômé de la prestigieuse École nationale de lutherie Jean-Baptiste Vuillaume à Mirecourt. Le jeune luthier de 23 ans accepte par curiosité la proposition de Jean-François Raffin d’effectuer un stage à ses côtés dans son atelier d’archèterie. Plus qu’une découverte, l’archet devient vite une passion. « Le travail du métal, de l’argent, de l’or, de l’ivoire et des bois précieux et souvent plus durs que ceux utilisés en lutherie, comme l’ébène, mais aussi la minutie des ajustages, tout me fascinait. » Dès sa première semaine de stage, le jeune fabriquant de violons sait qu’il se consacrera désormais à l’archèterie.
Après 10 ans passés dans l’atelier de Jean-François Raffin à fabriquer, réparer, entretenir et expertiser des archets, Sylvain Bigot ouvre sa propre boutique d’artisan-archetier en 2003. Ses modèles, directement inspirés de ceux des grands maîtres d’autrefois, seront notamment salués par une médaille d’argent au concours de la ville de Paris et par le titre de l’« Un des Meilleurs ouvriers de France » en 2011.
Après sa nomination comme expert près de la Cour d’Appel de Lyon en 2011, Jean-François Raffin lui fait une nouvelle proposition qu’il ne tardera pas à accepter : rejoindre son cabinet d’expertise au coté de Yannick Le Canu. Dès lors, tout le temps qu’il consacre à l’identification et à l’estimation des archets est pour lui « comme un cadeau, qui [lui] permet de poursuivre mes enquêtes historiques. Je suis sans cesse à l’affût de nouvelles découvertes, mais aussi de redécouvertes d’auteurs méconnus, d’archets inédits de célèbres archetiers, et de tous les autres chaînons manquants de la belle histoire de l’archèterie française ! ».