Adolescent, Yannick Le Canu passe le plus clair de son temps dans l’atelier de lutherie et d’archèterie de son oncle, le célèbre établissement de Loïc Le Canu et Bernard Millant. Dès qu’il a un moment de libre, il court s’imprégner de « l’atmosphère chaleureuse qui régnait là-bas, et de l’exaltante proximité avec ces instruments de prestige ». Son intérêt se porte vite sur les archets, tant en fabrication, en restauration qu’en expertise. « J’ai eu la chance de bénéficier de l’enseignement de cet éminent atelier en archèterie. En plus de me montrer tous les aspects de cette spécialité, j’ai pu participer à certaines des recherches », se souvient Yannick Le Canu. Celui qui a fait de l’expertise d’archets son métier participe à ce titre à la préparation des plus grandes ventes aux enchères internationales d’archèterie à Vichy.
Les portes de la maison de ventes lui ont été ouvertes par un autre célèbre expert en archets, Jean-François Raffin, qui a lui-même travaillé sous la direction de Bernard Millant pendant plus de 17 ans. « En 2012, Jean-François Raffin me propose de collaborer avec lui, et avec Sylvain Bigot, dans son cabinet d’expertise. Depuis, nous nous retrouvons tous les vendredis à Paris pour analyser les milliers d’archets qui nous sont amenés, et dont nombre d’entre eux se retrouvent au catalogue des ventes de Vichy. Chacune des expertises est menée conjointement par nous trois », détaille Yannick Le Canu. L’une de ses plus belles découvertes reste un modèle du maître François-Xavier Tourte « qui était noyé dans un fagot d’archets apporté par un musicien. Au moment où nous avons posé les yeux sur sa hausse et son bouton, nous avons tous les trois reconnu le savoir-faire du plus grand archetier de l’histoire. Cette pièce d’exception a d’ailleurs été adjugée 68 000 € au marteau par Maîtres Etienne et Guy Laurent. »
Avant de devenir l’un des principaux acteurs des vacations au titre d’expert, Yannick Le Canu a longtemps fréquenté les salles des ventes en tant qu’observateur. Le jeune archetier souhaite en effet continuer à former son œil. Il se rend alors aux ventes spécialisées en France et à l’étranger pour découvrir toujours plus d’archets, examiner les particularités de chaque auteur et reconnaître les influences entre les différents maîtres… Autant de recherches et de nouvelles connaissances qui lui permettent également de parfaire son tour de main pour la fabrication de ses propres archets. L’artisan obtient d’ailleurs deux médailles d’argent au concours de la ville de Paris et cinq médailles d’or lors de concours internationaux, puis il accède en 2008 au titre de l’« un des Meilleurs Ouvriers de France ». Classé aujourd’hui « hors concours » en raison de ses nombreuses récompenses, Yannick le Canu n’a pas pour autant quitté l’univers de la compétition : il en est désormais l’un des jurés et conférenciers !