Fabriquée dans un exceptionnel bois exotique, un matériau à la fois rare et précieux, une énigmatique flûte Tulou sera présentée à Vichy Enchères le 9 novembre 2024. Elle était en effet précieusement conservée dans son étui d’origine, avec le sceau de Tulou et un ensemble d’archives personnelles couvrant l’ensemble de la carrière du grand musicien – de son premier prix au Conservatoire à sa prise de retraite. L’instrument a certainement été réalisé durant la période d’association de Tulou avec Gautrot (à partir de 1853), comme l’indiquent ses poinçons et sa marque. Ces matériaux remarquables et peu courants dans la production de Tulou, combinés au système préféré du flûtiste, celui à cinq clés, sont autant d’éléments laissant à penser qu’il s’agissait de sa flûte personnelle. Il est donc fort probable que l’instrument ait été réalisé entre 1853 et avant 1859, date de retraite de Tulou. Les archives inédites et le sceau conservés avec la flûte sont à eux-seuls dignes d’intérêt, puisqu’ils permettent de redécouvrir et d’approfondir certains aspects de la vie de cette personnalité majeure de l’histoire de la musique.
Jean-Louis Tulou est né le 11 septembre 1786 à Paris et s’est éteint à Nantes le 24 juillet 1865. Son père, Louis-Prosper Tulou, parfois appelé Jean-Pierre dans les anciens registres, était bassoniste à l’Opéra de Paris et professeur au Conservatoire. Également flûtiste, Louis-Prosper est quelquefois confondu avec son fils Jean-Louis- ce dernier ayant suivi les pas de son père dans ces mêmes institutions.
Selon François-Joseph Fétis, la famille Tulou était liée au monde de la musique depuis déjà plusieurs générations- Louis-Prosper Tulou étant le « fils d’un choriste de l’Opéra, issu d’une famille attachée à ce spectacle depuis le commencement du XVIIIe siècle »[1]. La branche Tulou comprend effectivement une autre figure notable, en la personne de Madeleine Tulou-Blanc, musicienne de la Chambre du roi et chanteuse, qui a eu une carrière importante à l’Opéra de Paris et à Lyon.
Louis-Prosper étudia le basson avec Pierre Cugnier et fut bassoniste de la Musique du Roi de 1780 à environ 1792, jouant notamment à l’Opéra et avec la Garde nationale.
En 1795, il fut nommé professeur au Conservatoire de Paris, où il enseigna le basson jusqu’à sa mort en 1799[2]. Sa carrière fut marquée d’interruptions et sujette à confusions, notamment en ce qui concerne son passage de bassoniste à flûtiste. En dehors de ses fonctions officielles de musicien, Louis-Prosper composa plusieurs œuvres pour basson. Il est décédé dans une maison située à Paris, rue Basse-Porte-Denis. Son inventaire après décès révèle des biens et une situation financière modestes, laissant plusieurs dettes à sa famille[3].
[1] F.-J. Fétis, Biographie universelle des musiciens et Bibliographie générale de la Musique
[2]Le Conservatoire national de musique et de déclamation, documents historiques et administratifs, professeurs
[3] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
Jean-Louis Tulou, alors le seul héritier, dut à ce titre faire face à cette succession délicate.
Notre homme est décrit par Dantan comme un jeune prodige à la fois talentueux et insaisissable. Baptisé le lendemain de sa naissance à la paroisse Saint-Sulpice, il eut pour parrain Jean Perret, contrebassiste à l’Opéra-Comique, et pour marraine Louise Marguerite Bailly, sa tante maternelle.
La famille Tulou résidait d’abord à l’hôtel de Villeroi, rue de l’Université, avant de déménager en 1793 rue de la Magdeleine, aujourd’hui rue Legoff, puis rue Basse, près de l’Opéra et du Conservatoire. Jean-Louis Tulou passa ses jeunes années bercé par la musique, souvent en compagnie de Schneitzhoffer, musicien de l’Opéra, qui lui recommanda d’apprendre la flûte. Encouragé par ce dernier et par son père, Tulou entrera au Conservatoire le 8 novembre 1796.
Sous la direction de Johann Georg Wunderlich, il se distingue rapidement et obtient, dès l’an VII (1799) le deuxième prix de flûte au concours du Conservatoire. L’année suivante, en l’an VIII (1800), il reçoit à nouveau le deuxième prix- le jury craignant de donner le premier prix à un aussi jeune musicien.
La vente Vichy Enchères du 9 novembre 2024 présente les documents officiels et inédits décernant ces deux prix à Tulou, signés par Bernard Sarrette – le fondateur de la mythique institution. Précisons que Tulou conservait précieusement ces documents avec son sceau et la flûte en bois exotique de la vente du 9 novembre 2024.
En 1801, le talent de Tulou est tel que, bien qu’il n’est âgé que de quinze ans, il remporte le premier prix de flûte du Conservatoire- se distinguant ainsi parmi ses rivaux. Lors de la distribution des prix, il a l’honneur de jouer devant Napoléon Bonaparte qui l’applaudit et le félicite personnellement[1].
[1] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
“Bonaparte présidait l’assemblée. Lorsque Tulou eut joué son morceau, le grand homme l’applaudit beaucoup et tendant les bras vers l’enfant pour l’approcher de son estrade, il l’embrassa sur les deux joues.”
H. Bertini, Encyclopédie pittoresque de la musique, Paris, 1835, cité dans M. Tellier Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
Cette reconnaissance inestimable marque le début d’une carrière hors normes pour le jeune flûtiste.
Trois ans après cette consécration au Conservatoire, Tulou intègre le prestigieux orchestre du Théâtre-Italien en 1804, en tant que flûtiste, où il partage le pupitre avec Joseph Guillou, son rival. Il quitte son poste en 1813, pour remplacer son maître Wunderlich à l’Opéra de Paris, à compter du 1er juillet.[1]
En parallèle, il est également musicien de la Chapelle impériale, où il émarge en septembre 1805 (an XIV)[2]. Cette distinction était réservée aux meilleurs musiciens de l’époque. La Chapelle impériale, chargée de jouer lors des messes, opéras, concerts et bals de la Cour, occupait une place centrale dans la vie musicale du régime. Tulou y a non seulement joué lors des cérémonies religieuses, mais aussi lors de réceptions prestigieuses données à Fontainebleau, Compiègne ou encore aux Tuileries. Il a également suivi l’empereur dans certains de ses déplacements, tels que lors d’un voyage aux Pays-Bas, afin d’exécuter une messe à la Chapelle royale d’Amsterdam. Ces déplacements témoignent de la mobilité des musiciens de la Cour et du prestige de leur statut.
L’une des archives personnelles de Tulou accompagnant la flûte de la vente du 9 novembre 2024 offre un témoignage tangible de l’engagement du musicien auprès de la Maison de l’Empereur. Signé par le Grand Chambellan de Napoléon Bonaparte, Pierre de Montesquiou-Fezensac Comte de Montesquiou, ce document daté du 5 octobre 1813 nomme en effet Tulou en tant que “Flute de la Musique de l’Empereur” (voir archive en vente).
[1] Le Conservatoire national de musique et de déclamation, documents historiques et administratifs, professeurs
[2] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
En raison de son attachement à l’Empire et de ses opinions bonapartistes, on pourrait croire que Tulou aurait été écarté de la Chapelle royale après la Restauration en 1814. Néanmoins, il n’en fut rien, comme en atteste l’ensemble inédit d’archives personnelles du musicien méticuleusement conservé avec la flûte de la vente Vichy Enchères. Cet ensemble présente notamment une lettre du Premier Gentilhomme de la Chambre du Roi, le Duc de Fleury, en date du 27 décembre 1814- soit huit mois seulement après que Louis XVIII se soit proclamé roi. Cette lettre officialise la place de Jean-Louis Tulou en tant que première flûte de la Chapelle, à compter du 1er janvier 1815, à condition qu’il assure le service de la Chapelle et les concerts de la Cour.
Tulou avait également reçu, une dizaine de jours plus tôt, la décoration de la Fleur de Lys, telle qu’elle était accordée à la Garde nationale, en récompense pour sa participation à la défense de Paris dans la plaine de Clichy le 30 mars 1814. Donnée le 16 décembre 1814, après la Restauration d’avril, cette récompense fut décrétée et signée par Charles Philippe de France, futur Charles X (règne : 1824-1830), alors prince colonel général des Gardes nationales.
Sous la Restauration, Tulou semble avoir été attaché au corps instrumental de la Garde nationale, probablement en raison de sa place dans la Chapelle royale ou en lien avec son activité de professeur au Conservatoire.
Bien qu’il s’exile en Angleterre entre 1821 et 1822, il est à son retour à Paris nommé première flûte dans la Musique de la Chapelle du roi Charles X, à compter du 1er janvier 1826- comme le stipule la lettre officielle du 12 mai 1827 signée par le duc de Damas, Premier Gentilhomme de la Chambre du roi. Cette archive inédite faisait également partie des documents personnels de Tulou conservés avec la flûte en bois exotique (voir archive).
En outre, cet ensemble de documents nous apporte la preuve que Tulou, comme l’envisageait Michelle Tellier dans sa thèse[1], fut également nommé première flûte de la Musique Particulière du roi, à partir du 1er janvier 1828.
[1] “Toutefois, nous sommes certains que lors de sa réintégration à la Chapelle en 1826-1827, Tulou fut invité à participer également à la musique particulière du Roi, qui comptait dix-neuf musiciens” dans Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
Tulou joua donc un rôle central dans la vie musicale de la Cour jusqu’en 1830- en témoigne encore son brevet de chevalier de l’Ordre royal de la Légion d’honneur, reçu le 27 mars 1830, pour son titre de flûte solo à l’Académie royale de musique[1], musicien de la Chambre et de la Chapelle du roi.
Notons enfin que sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), Tulou apparaît dans la liste des musiciens de la Chapelle au moins jusqu’en 1846[2].
[1] Voir Archives Nationales, O/3/811-O/3/842
[2] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
Outre ces archives exceptionnelles sur la vie de Tulou, cette flûte en bois exotique était conservée avec le sceau personnel du musicien, réalisé par le graveur de médailles J.F. Baduel.
Ce sceau est particulièrement intéressant car il s’agit d’une pièce rare de grande valeur patrimoniale, qui nous livre un témoignage sur la vie de Tulou et nous confirme certains faits.
En l’occurrence, ce sceau atteste du statut important du flûtiste en tant que musicien de la Chapelle du roi. Il figure en effet la médaille de la Légion d’honneur décernée par Charles X juste avant la Monarchie de Juillet (dont il vient d’être question au paragraphe précédent). Le sceau est composé d’un écu d’azur chargé du chiffre de Tulou, le T, coiffé d’un heaume à lambrequins réservé aux officiers de la Couronne. Sur la pointe de l’écu sont accrochées l’étoile de la Légion d’honneur à cinq rayons doubles, entourée de la couronne de lauriers et surmontée de la couronne royale.
Pour dresser un panorama exhaustif de la carrière de Tulou, il faut revenir un instant aux années 1820. Elles furent en effet marquées par des tensions croissantes avec l’administration de l’Opéra. Les différends étaient principalement d’ordre financier car Tulou, qui jouissait d’une grande réputation, se sentait sous-rémunéré par rapport à ses responsabilités et à son talent. En février 1821, il avait alors adressé une lettre à la direction de l’Opéra pour protester contre le non-respect des conditions salariales qui lui avaient été promises[1]. Sa demande resta sans réponse, et l’insatisfaction de Tulou atteignit son paroxysme.
En août 1821, il démissionna déclarant son intention de quitter la France pour poursuivre sa carrière à l’étranger. Il s’installa alors à Londres, espérant y trouver une reconnaissance à la hauteur de son talent. Cependant, cette tentative d’établir sa carrière en Angleterre ne se déroula pas comme prévu et, malgré quelques concerts, Tulou ne parvint pas à s’imposer. Le public anglais fut déstabilisé par son style de jeu et ses compositions soulevèrent des critiques mitigées. Cette période d’exil volontaire se révéla donc décevante pour Tulou, tant sur le plan artistique que financier. Ses espoirs d’une carrière internationale florissante s’effondrèrent, et il se vit contraint de revenir en France.
[1] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
Il revint à Paris en 1822. Dès son retour, il entreprit de regagner sa place à l’Opéra, mais sa demande fut initialement refusée. Durant cette période, il continua néanmoins à se produire, notamment au Théâtre-Italien (1824-1827), participant à plusieurs concerts prestigieux. Il commença également à donner des leçons privées, poursuivant ainsi son activité d’enseignement, qui devint une source de revenus importante. En 1824, il déménagea à plusieurs reprises dans différents quartiers de Paris, notamment au 21 rue Buffault, puis au 17 de la même rue en 1826. Ces changements d’adresse témoignent d’une certaine instabilité financière et personnelle.
Enfin, le 1er octobre 1827, après plusieurs années de négociations, Tulou fut finalement réintégré à l’Opéra en tant que première flûte. Il dut toutefois partager ce poste avec son rival de longue date, Guillou. Cette collaboration contrainte généra des tensions entre les deux hommes. Malgré cela, Tulou parvint à maintenir sa place à l’Opéra, où il continua de se produire avec succès.
Durant cette période, il reprit également la composition et continua de s’impliquer dans la vie musicale parisienne, jouant notamment aux Concerts Spirituels, où son talent fut toujours salué.
Durant sa période à l’Opéra (1827-1856), Tulou habite successivement au 8, puis au 13 rue Bleue à Paris (en 1828)[1], avant de s’installer au 27 rue des Martyrs en 1832, où il ouvre un atelier de fabrication de flûtes en collaboration avec Jacques Nonon (voir deuxième partie).
[1] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
Les archives du Conservatoire nous précisent qu’il fut professeur de flûte jusqu’au 10 janvier 1860[1]. Parmi les documents personnels de Tulou qui accompagnent la flûte de la vente du 9 novembre 2024, se trouve justement l’arrêté relatif aux droits à la retraite de Tulou, à compter du 31 décembre 1859.
En tant que professeur, Tulou influença profondément l’enseignement de la flûte en France et développa une méthode rigoureuse qui fut adoptée par le Conservatoire (voir deuxième partie).
[1] Archives de l’École royale de chant, de l’École royale dramatique, de l’École royale de musique et de déclamation, des conservatoires impériaux, nationaux ou royaux de musique ou de musique et de déclamation (1784-1925) Répertoire (AJ/37/1-AJ/37/375)
Au cours de sa vie, Jean-Louis Tulou fut maintes fois récompensé, que ce soit en tant que musicien, facteur ou patriote. Les archives conservées avec la flûte en bois exotique comptent un grand nombre de décorations. Outre les prix déjà mentionnés, on trouve notamment le document officiel décernant la médaille d’honneur distinguée aux citoyens pour “leur dévouement à la cause de la liberté dans la révolution de Juillet 1830”. Sur parchemin, celui-ci est signé par le roi des Français, Louis-Philippe.
En 1851, Tulou participe à l’Exposition universelle de Londres qui eut lieu du 1er mai au 15 octobre au Crystal Palace. A cette occasion, il présente une flûte perfectionnée et obtient la mention honorable[1]. A la clôture de l’évènement, il est à nouveau comblé d’honneurs, comme en témoignent plusieurs archives de cet ensemble.
[1] Catalogue officiel de la grande Exposition des produits de l’industrie de toutes les nations, 1851
Dès le 15 octobre, il reçoit du roi des Belges, Léopold 1er, le titre de chevalier de l’Ordre de Léopold (voir archive en vente). A cette occasion, Tulou compose pour le roi ce qui est probablement la seule œuvre orchestrale de sa production. Les archives de ce corpus contiennent également l’autorisation du Président de la République accordant à Tulou le droit de porter la décoration conférée par Léopold 1er, et la lettre du Grand Chancelier renvoyant le diplôme original que Tulou avait déposé dans l’attente de l’accord.
Suite à sa participation à l’exposition de 1851, Tulou est aussi nommé chevalier de l’Ordre de la Couronne de Chêne par Guillaume III, roi des Pays-Bas, le 23 octobre (voir archives en vente) – confirmant son succès à l’internationale.
En 1860, après une longue carrière, Jean-Louis Tulou prend sa retraite et quitte Paris pour s’installer à Nantes. Ce déménagement est en partie motivé par son désir de se rapprocher de sa famille, particulièrement de son fils Louis marié à une Nantaise.
À Nantes, il mène une vie plus calme, mais reste actif dans la vie musicale locale. Il participe à des concerts organisés par la Société des Beaux-Arts et se lie d’amitié avec d’anciens élèves. Il continue également de composer (voir archive personnelle en vente), bien qu’il se retire progressivement de la scène musicale parisienne.
Jean-Louis Tulou s’éteint le 23 juillet 1865 à Nantes, laissant derrière lui un héritage considérable en tant que flûtiste virtuose, professeur éminent et facteur d’instruments, comme nous allons l’aborder à présent.
Parallèlement à sa carrière de musicien et de professeur, Jean-Louis Tulou s’intéressa à la fabrication d’instruments.
On ne sait pas précisément quand il décida de se tourner vers la facture, mais son nom apparaît dans l’Almanach de 1820 associé à celui de Bellissent, “facteur de flûte de l’école royale de musique, et de M. Tulou, première flûte à l’Opéra”[1]. Il réfléchissait donc, au moins dès 1820, à la manière de perfectionner les flûtes. En 1830, l’Almanach mentionnait cette fois-ci trois fournisseurs de Tulou, à savoir Bellissent, Godfroy Aîné et Godfroy jeune[2]. A ce propos, la revue La France Musicale de 1855 nous éclaire sur les relations de Tulou avec ces facteurs :
“Un peu plus tard, ayant découvert un ouvrier intelligent, nommé Godefroy, il [Tulou] lui donna sa flûte pour modèle, essaya ses instruments, et lui prodigua les plus sages conseils. Tous deux parvinrent à corriger les défauts de justesse qu’on rencontrait trop souvent sur les flûtes de cette époque. Il suffisait à Tulou de patronner un facteur pour lui assurer une clientèle. […] C’est alors que Tulou conçut l’idée de monter lui-même un atelier. La première flûte qu’il construisit fut trouvée parfaite en tous points ; chacun voulut en avoir une semblable. Et c’est ainsi que, de succès en succès, de commandes en commandes, l’éminent artiste devint fabricant.”
La Revue musicale, 1855
[1] L’Almanach du commerce de Paris, des départements de la France et des principales villes du monde, en 1820, 399
[2] René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p.25
D’après un formulaire rempli par Tulou à l’occasion de l’Exposition de Paris de 1839, ce dernier commença à fabriquer des instruments en 1828, 18 rue Bleue[1]. Son nom apparaît pour la première fois dans la liste des fournisseurs d’instruments du Conservatoire en 1831- l’année de son association avec Jacques Nonon, qui devint son contremaître. En effet, la rencontre décisive dans sa carrière de facteur est certainement celle de Jacques Nonon, en 1828, qui lui présente une flûte à six clés en argent[2].
L’une des principales motivations ayant conduit Tulou à monter son atelier était certainement celle de s’assurer des revenus complémentaires, notamment après sa période difficile en Angleterre suite à sa démission de l’Opéra et alors que Guillou, son rival, avait été choisi à sa place en tant que professeur au Conservatoire.
[1] Tula Giannini, Great Flute Makers of France, The Lot and Godfroy families, 1650 – 1900, Tony Bingham, 1993
[2] René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p.25
On trouve l’une des premières mentions de Tulou, en tant que fabricant de flûte, dans le catalogue de l’Exposition nationale de Paris de 1834 :
“Il appartenait à un professeur dont la longue expérience et le talent fini avaient su apprécier toutes ces imperfections, de faire les recherches nécessaires sur les moyens propres à obvier à d’aussi graves inconvénients. M. Tulou a donc entrepris cette tâche dans l’espoir qu’il pourrait faciliter les progrès des amateurs en leur offrant des instruments dont ils n’auraient pas à combattre sans cesse les défauts”
La Revue Musicale, 1831, cité dans René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p.27
Le cadastre de Paris nous apprend que Tulou et Nonon étaient établis au 27 rue des Martyrs en 1832. Les flûtes de l’atelier Tulou-Nonon étaient souvent fabriquées en bois précieux et agrémentées de bagues en métal, généralement en argent. Comme on peut le lire dans le Larigot n°58[1], Tulou préconisait le système des anneaux pour ajuster la tonalité, un système qui aurait été inventé par Jacques Nonon.
Ces instruments sont identifiables à leurs poinçons, relevés dans le Dictionnaire des poinçons d’or et d’argent[2] de René Pierre. Les clefs portent le poinçon du clétier principale de l’époque, N.P. Belorgey. Ce poinçon, en forme de losange, est vertical pour la période de 1833 à 1843, puis horizontal de 1843 à 1853- bien que l’on observe des exceptions. Les instruments présentent également des poinçons de garantie, à savoir le lièvre (1819-1838) et le sanglier (après 1838 et 1853)[3]. Les flûtes de cette époque portent déjà la marque au rossignol.
[1] René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p.29
[2] René Pierre, Dictionnaire des poinçons d’or et d’argent relevés sur les instruments de musique à vent français et belges du XIXe au XXe, Larigot spécial n°XXX, pp.124-125
[3] René Pierre, Dictionnaire des poinçons d’or et d’argent relevés sur les instruments de musique à vent français et belges du XIXe au XXe, Larigot spécial n°XXX, pp.124-125
L’association Tulou et Nonon dura 22 ans et prit fin en 1853. Nonon adopta par la suite la marque de la clef de sol, que l’on retrouve sur une flûte Boehm témoignant de l’intérêt du facteur pour ce système- un intérêt peut-être à l’origine de la rupture avec Tulou.[1] En réalité, il semblerait que le conflit ait été plus sérieux car Tulou attaqua Nonon devant le tribunal de commerce en 1853, pour concurrence déloyale, et que Nonon affirma en 1854 être le seul à posséder “les perces et les outils indispensables pour atteindre le degré d’une plus haute perfection”[2].
Quoi qu’il en soit, Tulou et Nonon fabriquèrent ensemble des flûtes essentiellement à cinq et six clefs, régulièrement récompensées lors des expositions de Paris de 1834, 1839, 1844, 1849, 1855, et à celle de Londres en 1851. Au départ de Nonon en 1853, Tulou continua de produire des flûtes dans son atelier, et s’associa à Pierre Louis Gautrot.
[1] Tula Giannini, Great Flute Makers of France, The Lot and Godfroy families, 1650 – 1900, Tony Bingham, 1993
[2] René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p 35.
Après cette séparation avec Nonon, Tulou fabriqua ses flûtes et hautbois dans l’atelier de Pierre Louis Gautrot (1812-1881). Il travailla avec lui jusqu’à sa retraite fin 1859. Après cette date, Gautrot continua d’apposer la marque de Tulou sur les instruments, et ce dernier continua de tester les modèles jusqu’à sa mort en 1865[1].
La flûte de la vente Vichy Enchères du 9 novembre 2024 a probablement été réalisée à cette période, comme le suggèrent le type de dessin du rossignol et les poinçons d’argent. En effet, à partir de l’association de Tulou avec Gautrot (1853), les instruments furent insculpés de poinçon en losange de P. L. Gautrot, ainsi que du poinçon de garantie à tête de sanglier, que l’on retrouve sur ce modèle[2]. Bien que la flûte ne soit pas numérotée et qu’elle ne puisse pas être datée avec certitude, le dessin du rossignol indique une date de fabrication se situant avant le décès de Tulou en 1865. En effet, après la mort du musicien, la marque revint à la Maison Gautrot – qui deviendra Couesnon & Cie en 1882 – et le dessin du rossignol fut quelque peu modifié.
Par ailleurs, cette flûte est encore à cinq clés, ce qui tend à penser qu’elle a été réalisée assez tôt dans le siècle. De plus, elle était accompagnée d’un ensemble d’archives appartenant à Jean-Louis Tulou, ainsi que de son sceau. Il est donc fort probable que l’instrument ait appartenu à Tulou, ce qui accrédite l’hypothèse selon laquelle la flûte aurait été réalisée entre 1853 et 1859, puisque Tulou n’était pas encore à la retraite. Son exceptionnel bois exotique, peu courant dans la production de Tulou, combiné au système préféré du flûtiste, celui à cinq clés, sont autant d’éléments laissant à penser qu’il s’agissait de sa flûte personnelle. Ce dernier jouait en effet principalement sur des modèles à quatre ou cinq clés.
[1] Catalogue général de l’Exposition nationale des produits de l’industrie française, Paris, 1834, p 135
[2] René Pierre, Dictionnaire des poinçons d’or et d’argent relevés sur les instruments de musique à vent français et belges du XIXe au XXe, Larigot spécial n°XXX, p 125
“Tulou, virtuose renommé à juste titre […] avait joué, pendant tout le temps de ses brillants succès, l’ancienne flûte, dont il corrigeait les défauts de justesse et les inégalités par son talent […] il se montra jusqu’à ses derniers jours l’adversaire de la flûte nouvelle.”
Rapports du jury international de l’Exposition universelle de Paris de 1867, p 277
En 1839, la flûte Boehm, conçue par Theobald Boehm, semblait sur le point d’être généralement adoptée en France, après avoir été bien accueillie à l’Exposition de Paris. Cependant, son adoption au Conservatoire de Paris restait encore incertain. C’est dans ce contexte que Victor Coche demanda, en décembre 1839, à la commission de l’enseignement, de se réunir pour étudier sa demande de création d’une classe spéciale pour la flûte Boehm- se heurtant directement à Jean-Louis Tulou, alors professeur et fervent opposant du nouvel instrument.
Tulou, qui défendait la flûte traditionnelle, était lui-même en train d’élaborer une nouvelle flûte, la “flûte perfectionnée”, qu’il s’apprêtait à introduire sur le marché. Lors de la première réunion de la commission du Conservatoire en décembre 1839, trois flûtes furent entendues- à savoir deux versions de la flûte Boehm par Godfroy & Lot et par Buffet jeune, et une flûte de Tulou[1]. Ce dernier parvint à convaincre que la flûte Boehm ne devait pas encore être enseignée.
[1] Tula Giannini, Great Flute Makers of France, The Lot and Godfroy families, 1650 – 1900, Tony Bingham, 1993
Tulou resta toute sa vie fermement opposé à cette innovation et attaché aux modèles traditionnels de flûtes, voyant en la flûte Boehm une menace pour le style et la technique de jeu de l’instrument. Il critiquait notamment la perte de richesse sonore et de sensibilité d’interprétation, ainsi que la complexité du nouveau doigté engendrés par l’usage de cette flûte.
Toutefois, la flûte Boehm continua à gagner du terrain. Boehm reçut la médaille d’honneur à l’exposition universelle de 1855 et la flûte fut finalement adoptée au Conservatoire de Paris en 1860, après le départ à la retraite de Tulou.
En 1851, à l’âge de 65 ans, Tulou publia une méthode de flûte et présenta officiellement sa flûte perfectionnée. Il travaillait sur cette méthode depuis probablement une vingtaine d’années, comme il l’écrit à l’éditeur milanais Ricordi, à qui il demande de publier une version italienne[1].
Selon Tulou, Boehm “a négligé deux points essentiels, à savoir la conservation du son et la simplicité du doigté ordinaire. […] Il est d’une importance fondamentale de conserver à chaque instrument la différence de timbre qui lui est propre ; car c’est cette différence même qui constitue en grande partie le charme de la musique.”[2]
Tulou travailla certainement avec Nonon sur cette flûte car, dès 1834, alors qu’il était associé à ce dernier, ces perfectionnements étaient évoqués dans le catalogue de l’Exposition nationale de Paris :
“Il [Tulou] construit des flûtes d’après un nouveau système, qui a pour but de faire disparaitre l’inconvénient des corps de rechange et surtout celui de la pompe.
Voici en quoi consiste ce perfectionnement : Les flûtes-Tulou percées avec le plus grand soin et d’après les meilleures proportions, peuvent-être baissées à volonté par le moyen d’anneaux dont l’usage est aussi utile que commode.[…] M. Tulou s’est attaché à trouver des formes simples et élégantes dans les clefs, et surtout à en diminuer le volume”.Catalogue général de l’Exposition nationale des produits de l’industrie française, Paris, 1834, p 134.
[2] Jean-Louis Tulou, Méthode de flûte, progressive et raisonnée adoptée par le Comité d’enseignement du Conservatoire de musique, 1851
La date exacte d’introduction de la flûte perfectionnée fait l’objet de débats parmi les historiens. Selon Michelle Tellier, auteur de la thèse de référence sur Tulou, elle aurait été présentée en 1851, car elle est mentionnée pour la première fois dans la méthode de flûte publiée cette année-là par Tulou. Cependant, la date exacte de publication de cette méthode est, elle aussi, incertaine, ce qui rend l’hypothèse fragile. Tula Giannini, dans son ouvrage Great Flute Makers of France, soutient que la flûte perfectionnée a été développée autour de 1840 et présentée dans une méthode publiée vers 1842. Cette interprétation repose sur l’examen d’archives. Giannini indique notamment que la méthode de flûte de Tulou est déjà mentionnée par George Kastner dans son traité d’instrumentation de 1836, faisant référence à une première publication en 1835.
De plus, une édition ultérieure, adoptée par le Conservatoire vers 1842, comprendrait une introduction incluant des informations sur la flûte avec pied en ut, ainsi qu’un tableau des doigtés pour la “flûte perfectionnée”. D’autres documents, comme une lettre d’Auber en 1842, feraient quant à eux référence à une méthode de Tulou officiellement adoptée par le Conservatoire à cette date. Enfin, une autre lettre, datée de 1845, évoquerait son utilisation dans les classes du Conservatoire- autant d’éléments soutenant l’hypothèse d’une introduction de la “flûte perfectionnée” au début des années 1840[1].
[1] Tula Giannini, Great Flute Makers of France, The Lot and Godfroy families, 1650 – 1900, Tony Bingham, 1993
Toujours est-il que Tulou développa, disons vers 1840-1850, un modèle perfectionné de flûte décrit dans sa méthode parue en 1851. L’une des innovations majeures de Tulou fut l’introduction de la « clef de Fa dièse », une amélioration technique supposée faciliter certains doigtés complexes et améliorer la sonorité.
“En ajoutant la clef de FA naturel au FA#, il est inutile de conserver la clef de Mib, cette clef n’a pas d’influence sur cette note et le doigté devient plus facile. […] J’ai ajouté une petite clef qui sert à hausser le FA# et qui donne à cette note toute la justesse désirable”
Jean-Louis Tulou, Méthode de flûte, progressive et raisonnée adoptée par le Comité d’enseignement du Conservatoire de musique, 1851
Doté de dix clés de base, auxquelles s’ajoutent la « clef de Fa dièse » et une double clef d’Ut, l’instrument appelé « flûte perfectionnée » ou « flûte Tulou », compte au total douze clés, offrant une maniabilité accrue tout en conservant les qualités acoustiques jugées essentielles à l’interprétation expressive.
Au sujet de la Méthode de flûte progressive et raisonnée publiée par Tulou en 1851, “le Comité, reconnaissant le mérite et l’utilité de cet ouvrage, [adopta] la Méthode de Mr. Tulou pour servir à l’enseignement au Conservatoire.”
En 1855, on pouvait lire dans La France Musicale, à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris où Tulou exposait une flûte perfectionnée :
“M. Tulou expose notamment une flûte, construite d’après son nouveau système, à laquelle il serait difficile, pour ne pas dire impossible, de trouver le plus léger défaut de sonorité ou de justesse : elle est tellement perfectionnée qu’elle permet d’exécuter avec facilité les traits les plus compliqués de la musique moderne. Or, si l’on songe à l’état d’infériorité où se trouvait l’ancienne flûte, sous le rapport de la facilité d’émission et de la sonorité sur toutes les notes, on avouera que c’est là un véritable progrès ; ajoutons qu’on le doit uniquement à Tulou.”
La France Musicale, 1855
La flûte Tulou fut par la suite fabriquée par plusieurs facteurs jusque dans les années 1930, tels que Buffet Jeune, Martin, Thibouville et, bien entendu, Gautrot puis Couesnon[2].
Bien que Tulou ait contribué à l’augmentation du nombre de clefs avec son modèle perfectionné, son attitude à l’égard des clefs multiples resta paradoxale. Il demeura en effet personnellement opposé à cette évolution, critiquant la multiplication des clefs, y compris celles de son propre modèle. Il privilégia toujours une approche plus traditionnelle de l’instrument, que ce soit dans son jeu ou dans sa facture, préférant des modèles un cinq clefs à l’image de la flûte Vichy Enchères du 9 novembre 2024- certainement son instrument personnel.
[2] René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p 39.
Réalisée dans un exceptionnel bois exotique, un matériau rare et de grande qualité, cette flûte est ainsi particulièrement intéressante, puisque tout porte à croire qu’elle appartenait à Jean-Louis Tulou. Singulière dans la production du facteur, tout semble indiquer qu’elle a appartenu à Jean-Louis Tulou. Elle a en effet été conservée avec soin dans son étui d’origine, avec le sceau de Tulou et un ensemble d’archives personnelles retraçant la carrière complète du grand musicien- de son premier prix au Conservatoire à sa retraite en 1860. Outre ses qualités esthétiques suggérant qu’elle a été fabriquée pour un commanditaire particulier, cette flûte est à cinq clefs : l’un des modèles de prédilection de Tulou. Les archives inédites qui l’accompagnent apportent, quant à elles, des éclairages précieux sur la vie et l’œuvre du flûtiste, qui seront mis en vente avec la flûte et le sceau de Tulou le 9 novembre 2024.
A mysterious Tulou flute made from an exceptional exotic wood, a material both rare and precious, will be auctioned at Vichy Enchères on 9 November 2024. It was indeed carefully kept in its original case, alongside Tulou’s seal and a set of personal documents spanning the great musician’s entire career – from his first prize at the Conservatoire to his retirement. The instrument was most likely made during Tulou’s period of work with Gautrot (from 1853), as indicated by its hallmarks and brand. The use of remarkable and unusual materials in Tulou’s output, combined with the flutist’s preferred system, the five-key system, are all elements suggesting that it was his personal flute. It is therefore highly likely that the instrument was made between 1853 and 1859, the year Tulou retired. The unpublished archives and the seal kept with the flute are themselves worthy of interest, and provide us with an opportunity to rediscover and delve into certain aspects of the life of this major figure in the history of music.
Jean-Louis Tulou was born on 11 September 1786 in Paris and died in Nantes on 24 July 1865. His father, Louis-Prosper Tulou, sometimes referred to as Jean-Pierre in old registers, was a bassoonist at the Paris Opera and a professor at the Conservatoire. Louis-Prosper was also a flautist, and he is sometimes confused with his son Jean-Louis – who followed in his father’s footsteps in these same institutions.
According to François-Joseph Fétis, the Tulou family had connections with the music world for several generations – Louis-Prosper Tulou being the « son of an Opera choir member, and from a family working for the Opera since the beginning of the 18th century »[1]. ]. The Tulou family does indeed include another notable figure, Madeleine Tulou-Blanc, musician of the King’s Chamber and singer, who had a great career at the Paris Opera and in Lyon.
Louis-Prosper studied bassoon with Pierre Cugnier and was bassoonist of the King’s Music from 1780 to around 1792, playing in particular at the Opera and with the National Guard.
In 1795, he was appointed professor at the Paris Conservatoire, where he taught bassoon until his death in 1799[2]. There is some speculation regarding the changes of direction in his career, particularly his transition from bassoonist to flautist. Beyond his official duties as a musician, Louis-Prosper composed several works for the bassoon. He died in a house located in Paris, rue Basse-Porte-Denis. His estate after his death included few assets and revealed a precarious financial situation, and he left several debts to his family[3].
[1] F.-J. Fétis, Biographie universelle des musiciens et Bibliographie générale de la Musique
[2]Le Conservatoire national de musique et de déclamation, documents historiques et administratifs, professeurs
[3] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
Jean-Louis Tulou, then the only heir, had to take on this difficult succession.
He is described by Dantan as a young prodigy who was both talented and elusive. He was baptized the day after his birth in the parish of Saint-Sulpice, with Jean Perret, a double bass player at the Opéra-Comique, as his godfather, and Louise Marguerite Bailly, his maternal aunt, as godmother.
The Tulou family first resided at the Hôtel de Villeroi, rue de l’Université, before moving to rue de la Magdeleine (renamed rue Legoff, and more recently rue Basse) in 1793, near the Opera and the Conservatoire. Jean-Louis Tulou spent his early years surrounded by music, often in the company of Schneitzhoffer, a musician at the Opera, who recommended that he learn the flute. Encouraged by him and by his father, Tulou entered the Conservatoire on 8 November 1796.
Under the tutelage of Johann Georg Wunderlich, he quickly distinguished himself and won, in year VII (1799), the second prize for flute in the Conservatoire competition. The following year, in year VIII (1800), he was again awarded the second prize – the jury being hesitant in awarding the first prize to such a young musician.
The Vichy Enchères lot on 9 November 2024 includes the official and unpublished documents awarding these two prizes to Tulou, signed by Bernard Sarrette – the founder of the legendary institution. It’s worth noting that Tulou carefully kept these documents with his seal and the exotic wood flute in the sale of 9 November 2024.
In 1801, such was the extent of Tulou’s talent that, aged only 15, he won the first prize in flute at the Conservatoire – a high distinction among his peers. During the award ceremony, he had the honour of playing in front of Napoleon Bonaparte, who applauded and congratulated him personally[1].
[1] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
“Bonaparte presided over the assembly. After Tulou played his piece, the great man applauded him enthusiastically, extended out his arms towards the child to bring him closer to his podium, and kissed him on both cheeks.”
H. Bertini, Encyclopédie pittoresque de la musique, Paris, 1835, cité dans M. Tellier Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
This invaluable recognition marked the beginning of an extraordinary career for the young flautist.
In 1804, three years after this consecration at the Conservatoire, Tulou joined the prestigious orchestra of the Italian Theatre, as a flautist, where he shared the position with Joseph Guillou, his rival. He left this position in 1813, to replace his master Wunderlich at the Paris Opera, on 1 July that year.[1]
Meanwhile, he was also a musician of the Imperial Chapel, for which he received pay in September 1805 (year XIV)[2]. This distinction was reserved for the best musicians of the time. The Imperial Chapel, responsible for playing at masses, operas, concerts and balls of the Court, occupied a central place in the musical life of the regime. Tulou not only played during religious ceremonies, but also at prestigious receptions held at Fontainebleau, Compiègne and the Tuileries. He also accompanied the Emperor on some of his travels, including a journey to the Netherlands to perform a mass at the Royal Chapel in Amsterdam. These travels are indicative of the prestige and international mobility enjoyed by Court musicians.
One of Tulou’s personal documents which accompanies the flute in the sale of 9 November 2024 presents clear evidence of the musician’s close connection to the Emperor’s Household. This document, signed by Napoleon Bonaparte’s Grand Chamberlain, Pierre de Montesquiou-Fezensac, Comte de Montesquiou, and dated 5 October 1813, names Tulou as the « Flute of the Emperor’s Music » (see archive for sale).
[1] Le Conservatoire national de musique et de déclamation, documents historiques et administratifs, professeurs
[2] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
Due to his activities under the Empire and his pro-Bonaparte opinions, one might think that Tulou would have been removed from the Chapelle Royale after the Restoration in 1814. However, this was not the case, as evidenced by the unpublished set of the musician’s personal documents carefully kept with the flute in the Vichy Enchères sale. This set includes a letter from the First Gentleman of the King’s Chamber, the Duke of Fleury, dated 27 December 1814 – just eight months after Louis XVIII proclaimed himself king. This letter confirmed Jean-Louis Tulou’s position as first flute of the Chapelle, starting 1 January 1815, on condition that he provides his services for both the Chapelle and the Court concerts.
Tulou also received, about ten days earlier, the Fleur de Lys medal, awarded to the National Guard, for taking part in the defense of Paris in the plain of Clichy on 30 March 1814. This award, which was granted on 16 December 1814, after the April Restoration, was decreed and signed by Charles Philippe of France, future Charles X (who reigned from 1824 to 1830), then prince colonel general of the National Guards.
During the Restoration, Tulou seems to have been assigned to the instrumental corps of the National Guard, probably because of his position in the Royal Chapel or his activity as a professor at the Conservatoire.
Despite going into exile in England between 1821 and 1822, upon his return to Paris he was appointed first flute in the Music of the Chapel of King Charles X, starting on 1 January 1826 – as stipulated in the official letter of 12 May 1827 signed by the Duke of Damascus, First Gentleman of the King’s Chamber. This unpublished document is also part of Tulou’s personal archive kept with the exotic wood flute (see archive).
In addition, and as proposed by Michelle Tellier in her thesis[1], this set of documents is proof that Tulou was also appointed first flute of the King’s Private Music, from 1 January 1828.
[1] “Toutefois, nous sommes certains que lors de sa réintégration à la Chapelle en 1826-1827, Tulou fut invité à participer également à la musique particulière du Roi, qui comptait dix-neuf musiciens” dans Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
Tulou therefore played a central role in the musical life of the Court until 1830 – as attested by his Brevet of Chevalier de l’Ordre Royal de la Legion d’Honneur, awarded to him on 27 March 1830, for his position of solo flute at the Royal Academy of Music[1], musician of the Chamber and the Chapel of the King.
Finally, it’s worth mentioning that under the July Monarchy (1830-1848), Tulou featured in the list of musicians of the Chapel until at least 1846[2].
[1] Voir Archives Nationales, O/3/811-O/3/842
[2] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
In addition to these exceptional documents on Tulou’s life, this exotic wood flute was kept with the musician’s personal seal, made by the medal engraver J.F. Baduel.
This seal is particularly interesting because it is a rare piece of great historical importance, which gives us a testimony on Tulou’s life and confirms certain facts.
Indeed, this seal attests to the important status of the flautist as a musician of the King’s Chapel. It features the medal of the Legion d’Honneur awarded by Charles X just before the July Monarchy (see above). The seal consists of an azure shield bearing Tulou’s initial T, with a helmet with lambrequins upon it, a feature reserved for officers of the Crown. On the tip of the shield hangs the star of the Legion d’Honneur with five double rays, surrounded by a laurel wreath and surmounted by the royal crown.
To draw a complete picture of Tulou’s career, we must return for a moment to the 1820s. Those years were indeed marked by the growing tensions he experienced with the administration of the Opera. The disagreements were mainly of a financial nature: Tulou, who enjoyed a great reputation, felt underpaid in relation to his responsibilities and talent. In February 1821, he sent a letter to the Opera’s management to protest against their failure to honour the salary terms of his employment[1]. His request remained unanswered, and Tulou’s dissatisfaction continued to grow.
In August 1821, he resigned, declaring his intention to leave France to pursue a career abroad. He settled in London, hoping to find recognition commensurate with his talent there. However, despite performing in a few concerts, his attempt to establish a career in England did not go as planned. The English public was confused by his playing style and his compositions received mixed reviews. This period of voluntary exile therefore proved disappointing for Tulou, both artistically and financially. His hopes of a flourishing international career collapsed, and he was forced to return to France.
[1] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
He returned to Paris in 1822. Upon his return, he set about regaining his position at the Opéra, but his application was initially refused. During this period, he nevertheless continued to perform, in particular at the Théâtre-Italien (1824-1827), where he took part in several prestigious concerts. He also began to give private lessons, resuming his teaching activity, which became an important source of income. In 1824, he moved several times to different districts of Paris, including 21 rue Buffault, and then 17 rue Buffault in 1826. These moves betray some financial and personal instability.
Finally, on 1 October 1827, after several years of negotiations, Tulou was finally reinstated at the Opéra as first flute. However, he had to share this position with his long-time rival, Guillou. This forced collaboration created tensions between the two men. Despite this, Tulou managed to remain at the Opéra, where he continued to perform successfully.
During this period, he also started composing again and continued to be involved in Parisian musical life, in particular by performing at the Concerts Spirituels, where his talent was always praised.
During his tenure at the Opéra (1827-1856), Tulou lived successively at 8, then at 13 rue Bleue in Paris (in 1828)[1], before moving to 27 rue des Martyrs in 1832, where he opened a flute-making workshop in collaboration with Jacques Nonon (see second part).
[1] Michelle Tellier, Jean-Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur, compositeur, CNSM, 1981
The archives of the Conservatoire indicate that he was a flute teacher until 10 January 1860[1]. Tulou’s personal documents that accompany the flute in the sale of 9 November 2024, include the decree relating to Tulou’s retirement rights from 31 December 1859.
As a teacher, Tulou profoundly influenced the teaching of the flute in France and he developed a rigorous method that was adopted by the Conservatoire (see second part).
[1] Archives de l’École royale de chant, de l’École royale dramatique, de l’École royale de musique et de déclamation, des conservatoires impériaux, nationaux ou royaux de musique ou de musique et de déclamation (1784-1925) Répertoire (AJ/37/1-AJ/37/375)
During his life, Jean-Louis Tulou received several awards, whether as a musician, maker or for acts of patriotism. The archive preserved with the exotic wood flute include a large number of decorations. In addition to the awards already mentioned, there is in particular the official document awarding the distinguished medal of honour to citizens for « their dedication to the cause of freedom in the revolution of July 1830 ». The document, printed on parchment, is signed by the King of the French, Louis-Philippe.
In 1851, Tulou took part in the Universal Exhibition in London, which took place from 1 May to 15 October at Crystal Palace. During this exhibition, he presented an improved flute and received an honourable mention[1]. At the end of the exhibition, he was again showered with honours, as evidenced by several document in his archive.
[1] Catalogue officiel de la grande Exposition des produits de l’industrie de toutes les nations, 1851
On 15 October 1851, on the last day of the exhibition, Tulou received from the King of the Belgians, Leopold I, the title of knight of the Order of Leopold (see archive for sale). For this occasion, he composed for the king what is probably the only orchestral work of his production. His archive also includes the authorization from the President of the Republic granting Tulou the right to wear the decoration conferred by Leopold I, and the letter of the Grand Chancellor returning the original diploma that Tulou had pledged pending the authorization.
On 23 October 1851, following his participation in the exhibition that year, Tulou was also named knight of the Order of the Oak Crown by William III, King of the Netherlands (see archive for sale) – confirming his international reputation.
In 1860, after a long career, Jean-Louis Tulou retired and left Paris to settle in Nantes. This move was partly motivated by his desire to be closer to his family, particularly his son Louis, who married a woman from Nantes.
In Nantes, he led a quieter life, but remained active in the local musical life. He took part in concerts organised by the Société des Beaux-Arts and became friends with former students. He also continued to compose (see archive for sale), although he gradually withdrew from the Parisian musical scene.
Jean-Louis Tulou died on 23 July 1865 in Nantes, leaving behind a considerable legacy as a virtuoso flautist, eminent teacher and instrument maker, as we will now discuss.
In addition to his career as a musician and teacher, Jean-Louis Tulou took an interest in instrument making.
It is not known precisely when he decided to turn to flute making, but his name appears in the Almanac of 1820 together with that of Bellissent, “flute maker at the royal school of music, and of M. Tulou, first flute at the Opera”[1]. He was therefore thinking, at least from 1820, about how to improve flutes. In 1830, the Almanac this time mentioned three of Tulou’s suppliers, namely Bellissent, Godfroy Aîné and Godfroy jeune[2]. Furthermore, the magazine La France Musicale of 1855 sheds some light on Tulou’s relationship with these makers:
“A little later, having discovered a clever workman named Godefroy, he [Tulou] gave him his flute as a model, tried out his instruments, and gave him the wisest advice. Together they managed to correct the tuning defects that were too often encountered on flutes of that period. Tulou’s mere endorsement of a maker was sufficient to bring him steady business. […] It was then that Tulou came up with the idea of setting up his own workshop. The first flute he made was found to be perfect in every way; everyone wanted to have one like it. And so, from success to success, from order to order, the eminent musician became a maker.”
La Revue musicale, 1855
[1] L’Almanach du commerce de Paris, des départements de la France et des principales villes du monde, en 1820, 399
[2] René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p.25
According to an application form filled out by Tulou for the Paris Exhibition of 1839, he began making instruments in 1828, at 18 rue Bleue[1]. His name appears for the first time in the list of instrument suppliers to the Conservatoire in 1831 – the year he joined forces with Jacques Nonon, who became his business partner. Indeed, the encounter with Jacques Nonon in 1828, in which he presented him with a six-key silver flute, was a decisive moment in Tulou’s career[2].
One of the most likely motivations for Tulou to set up his workshop was to provide him with additional income, particularly after his difficult spell in England following his resignation from the Opera, resulting in Guillou, his rival, being chosen in his place as professor at the Conservatoire.
[1] Tula Giannini, Great Flute Makers of France, The Lot and Godfroy families, 1650 – 1900, Tony Bingham, 1993
[2] René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p.25
One of the first mentions of Tulou as a flute maker can be found in the catalogue of the 1834 National Exhibition in Paris:
“It required a professor with extensive experience and the utmost talent to appreciate all these imperfections, and to carry out the necessary research on the means of overcoming such major obstacles. Mr. Tulou indeed stepped up to the task in the hope that he could make it easier for amateurs to progress by giving them access to instruments that would be devoid of such defects.”
La Revue Musicale, 1831, quoted in René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flutes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, in Larigot n°58, p.27
The land register of Paris indicates that Tulou and Nonon were established at 27 rue des Martyrs in 1832. The flutes from the Tulou-Nonon workshop were often made of precious wood and decorated with metal, usually silver, rings. As indicated in Larigot n°58[1], Tulou advocated for the system of rings to adjust the tone, a system that is believed to have been invented by Jacques Nonon.
These instruments are identifiable by their hallmarks, which are catalogued the Dictionnaire des poings d’or et d’argent[2] by René Pierre. The keys bear the hallmark of the principal keymaker of the time, N.P. Belorgey. This hallmark, in the shape of a diamond, is set vertically during the period 1833 to 1843, and then horizontally from 1843 to 1853 – although there are exceptions. The instruments also have trademarks to denote their provenance, namely the hare (1819-1838) and the wild boar (after 1838 and 1853)[3]. ]. The flutes of this period already bear the trademark with the nightingale.
[1] René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p.29
[2] René Pierre, Dictionnaire des poinçons d’or et d’argent relevés sur les instruments de musique à vent français et belges du XIXe au XXe, Larigot spécial n°XXX, pp.124-125
[3] René Pierre, Dictionnaire des poinçons d’or et d’argent relevés sur les instruments de musique à vent français et belges du XIXe au XXe, Larigot spécial n°XXX, pp.124-125
The Tulou and Nonon partnership lasted 22 years and ended in 1853. Nonon subsequently adopted the trademark of the treble clef, which can be found on a Boehm flute, attesting to the interest of the maker for this system – an interest which may have been the reason behind the split from Tulou.[1] In reality, it would seem that the disagreements went deeper, as Tulou took Nonon to the commercial court in 1853, for unfair competition, and Nonon claimed in 1854 to be the only one to possess « the drills and tools essential to reach the highest level of perfection »[2].
In any case, Tulou and Nonon made flutes together, mainly with five and six keys, which received awards at the Paris exhibitions of 1834, 1839, 1844, 1849 and 1855, and at the London exhibition in 1851. When Nonon left in 1853, Tulou continued to produce flutes in his workshop, in association with Pierre Louis Gautrot.
[1] Tula Giannini, Great Flute Makers of France, The Lot and Godfroy families, 1650 – 1900, Tony Bingham, 1993
[2] René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p 35.
After this split from Nonon, Tulou made his flutes and oboes in the workshop of Pierre Louis Gautrot (1812-1881). He worked with him until his retirement in late 1859. After that, Gautrot continued to include Tulou’s trademark on his instruments, and the latter continued to test models until his death in 1865.[1].
The flute in the Vichy Enchères sale of 9 November 2024 was probably made during this period, as suggested by the nightingale design of the trademark and the silver hallmarks. Indeed, Tulou instruments made in association with Gautrot (from 1853) were branded with the diamond hallmark of P. L. Gautrot, as well as the boar’s head trademark, both of which are found on this example[2]. Although the flute is not numbered and cannot be dated with precision, the nightingale design indicates a date of manufacture before Tulou’s death in 1865. Indeed, after the musician’s death, the brand was incorporated into Maison Gautrot – later Couesnon & Cie in 1882 – and the design of the nightingale was somewhat modified.
Furthermore, this flute is still of the five-key type, which would suggest it was made quite early in the century. In addition, it was accompanied by a set of documents belonging to Jean-Louis Tulou, as well as his seal. It is therefore highly likely that the instrument belonged to Tulou, which would indicate that the flute was made between 1853 and 1859, before Tulou retired. The exceptional exotic wood from which it is made, and which is unusual in Tulou’s production, combined with the fact that it features the flutist’s preferred system, the five-key system, all point to it being his personal flute. Indeed, Tulou mainly played on instruments with four or five keys.
[1] Catalogue général de l’Exposition nationale des produits de l’industrie française, Paris, 1834, p 135
[2] René Pierre, Dictionnaire des poinçons d’or et d’argent relevés sur les instruments de musique à vent français et belges du XIXe au XXe, Larigot spécial n°XXX, p 125
“Tulou, a virtuoso deservedly famous […] played, throughout his successful career, the old flute, whose pitch defects and inequalities he corrected with his talent […] he remained opposed to the new flute until his dying day.”
Rapports du jury international de l’Exposition universelle de Paris de 1867, p 277
In 1839, the Boehm flute, designed by Theobald Boehm, was on the verge of being generally adopted in France, after having been well received at the Paris Exhibition. However, its adoption at the Paris Conservatoire was still a matter of debate. It was in this context that Victor Coche asked the teaching commission in December 1839 to approve his request to create a special class for the Boehm flute – directly clashing with Jean-Louis Tulou, who was then a professor at the Conservatoire and strongly opposed to the new instrument.
Tulou, who was an advocate of the traditional flute, was himself developing a new flute, the “improved flute”, which he was about to release commercially. At the first meeting of the Conservatoire commission in December 1839, three flutes were heard: two examples of the Boehm flute, one by Godfroy & Lot and one by Buffet jeune, and a flute by Tulou[1]. The Tulou flute convinced them that the Boehm flute should not yet be taught.
[1] Tula Giannini, Great Flute Makers of France, The Lot and Godfroy families, 1650 – 1900, Tony Bingham, 1993
Tulou remained firmly opposed to this innovation throughout his life and loyal to the more traditional flute models, as he saw the Boehm flute as a threat to the style and playing technique of the instrument. In particular, he criticized the more limited depth of tone and sensitivity of interpretation, as well as the complexity of the new fingering required to play this flute.
However, the Boehm flute continued to gain supporters. Boehm was awarded the Medal of Honor at the Universal Exhibition of 1855 and the flute was finally adopted at the Paris Conservatoire in 1860, after Tulou’s retirement.
In 1851, at the age of 65, Tulou published a flute method and officially unveiled his improved flute. He had probably been working on this method for about 20 years when he wrote the following to Milanese publisher Ricordi, whom he asked to publish an Italian version [1].
According to Tulou, Boehm “has neglected two essential points, namely the preservation of sound and the simplicity of ordinary fingering. […] It is fundamental that each instrument shall retain its unique tone, different from the others; for it is this very difference that contributes, for a large part, to the charm of the music.”[2]
Tulou certainly worked with Nonon on this flute because, as early as 1834, when they were working together, these improvements were mentioned in the catalogue of the National Exhibition in Paris:
“He [Tulou] builds flutes according to a new system, the aim of which is to eliminate the inconvenience of replacement parts and especially the pump. This improvement consists of the following: the Tulou flutes, pierced with the greatest care and according to the best proportions, can be lowered at will by means of rings whose operation is as useful as it is convenient. […] Mr. Tulou has endeavoured to find simple and elegant shapes for the keys, and also to reduce their size.”
Catalogue général de l’Exposition nationale des produits de l’industrie française, Paris, 1834, p 134.
[2] Jean-Louis Tulou, Méthode de flûte, progressive et raisonnée adoptée par le Comité d’enseignement du Conservatoire de musique, 1851
The exact date of the introduction of the improved flute is the subject of debate among historians. According to Michelle Tellier, author of the reference thesis on Tulou, it would have been presented in 1851, because it is mentioned for the first time in the flute method published that year by Tulou. However, the exact date of publication of this method is also uncertain, casting doubts on this theory. Tula Giannini, in his work Great Flute Makers of France, proposes that the improved flute was developed around 1840 and presented in a method published around 1842. This theory is based on the examination of archives, in particular the mention of the Tulou flute method by George Kastner in his 1836 treatise on instrumentation, referring to a first publication in 1835.
In addition, a later edition, adopted by the Conservatoire around 1842, included an introduction featuring information on the flute with a C foot, as well as a fingering table for the “improved flute”. Other documents, such as a letter from Auber in 1842, make reference to a Tulou method officially adopted by the Conservatoire that year. Finally, another letter, dated 1845, mentions its use in the Conservatoire classes – all pointing to the introduction of the « improved flute » at the beginning of the 1840s[1].
[1] Tula Giannini, Great Flute Makers of France, The Lot and Godfroy families, 1650 – 1900, Tony Bingham, 1993
In any case, Tulou developed, around 1840-1850, an improved flute model described in his method published in 1851. One of Tulou’s major innovations was the introduction of the « F sharp key », a technical improvement meant to facilitate certain complex fingerings and improve the sound.
“By adding the natural F key to the that of F#, it is not necessary to retain the Eb key, this key has no bearing on this note and the fingering becomes easier. […] I added a small key that allows to raise to F# and which gives this note all the required accuracy.”
Jean-Louis Tulou, Méthode de flûte, progressive et raisonnée adoptée par le Comité d’enseignement du Conservatoire de musique, 1851
The instrument called the “improved flute” or “Tulou flute” has a total of twelve keys, ten basic keys, to which are added the “F sharp key” and a double C key, providing ease of play while retaining the acoustic qualities considered essential for expressive interpretation.
With respect to the Progressive and Reasoned Flute Method published by Tulou in 1851, “the Committee, recognizing the merit and usefulness of this work, [adopted] Mr. Tulou’s Method to be used for teaching at the Conservatory.”
In 1855, in relation to the Universal Exhibition in Paris where Tulou exhibited an improved flute, La France Musicale read as follows:
“Mr. Tulou is exhibiting in particular a flute, made according to his new system, in which it would be difficult, if not impossible, to find the slightest defect in sound or pitch: it is so improved that it allows musicians to perform with ease the most complicated passages of modern music. Now, if one thinks of the state of inferiority in which the old flute found itself, in terms of ease of play and sound production on all the notes, one will have to conclude that this is real progress; let us add that we owe it solely to Tulou.”
La France Musicale, 1855
The Tulou flute was manufactured by several makers until the 1930s, such as Buffet Jeune, Martin, Thibouville and, of course, Gautrot and, subsequently, Couesnon[2].
Although Tulou contributed to the increase in the number of keys with his improved model, his attitude towards multiple keys remained paradoxical. He continued to oppose this development, criticizing the increasing number of keys, including those of his own model. He always favoured a more traditional approach to the instrument, whether in his playing or in his making, preferring models with five keys like the Vichy Enchères flute of 9 November 2024 – most likely his personal instrument.
[2] René Pierre, Jacques Nonon, facteur de flûtes et de hautbois, dans l’ombre du grand Tulou, dans Larigot n°58, p 39.
This flute, made from an exceptional exotic wood, a material that is both rare and precious, is particularly interesting, as everything suggests that it belonged to Jean-Louis Tulou, and it is unique in the maker’s output. It has been carefully kept in its original case, alongside Tulou’s seal and a set of personal documents spanning the great musician’s entire career – from his first prize at the Conservatoire to his retirement in 1860. In addition to its visual qualities, suggesting it was a commission for a particular client, this flute has five keys, which is one of Tulou’s favourite systems. The unpublished archives that accompany it provide invaluable insights into the life and work of the flautist, and will be auctioned alongside the flute and Tulou’s seal on 9 November 2024.