À l’occasion de nos ventes d’instruments de musique à vent, à cordes pincées de novembre 2025 et celles d’instruments de prestige de décembre 2025, Vichy Enchères vous propose de plonger dans l’univers intime de Gustave Villaume, à travers la dispersion de son fonds d’atelier. Figure reconnue de la lutherie lorraine et héritier de la grande tradition mirecurtienne, Villaume a œuvré pendant plus d’un demi-siècle au service des musiciens. Son parcours, de Mirecourt à Nancy, témoigne de la continuité d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Resté intact depuis sa disparition, ce fonds réunit des instruments, gabarits, outils, photographies et documents, comme autant de témoins rares du quotidien de Villaume dans son atelier, mais aussi de tout un pan de la lutherie française du XXe siècle. Sa mise en lumière est l’occasion unique d’approcher l’univers du maître et d’en saisir toute la valeur patrimoniale.



Gustave Eugène Villaume est né en 1899 à Mirecourt. Il est issu d’une famille de luthiers, descendant directement de la seconde branche des Villaume, comprenant Claude François Villaume. En 1911, à l’âge de 12 ans, après son certificat d’études, il entre en apprentissage chez Léon Mougenot à Mirecourt. De 1911 à 1913, il remporte tous les ans le premiers prix aux concours professionnels de lutherie de Mirecourt. En 1911, il réalise son premier violon, un instrument de 357 mm portant son étiquette et sa marque au fer sous le talon.
Conservé précieusement dans son atelier toute sa vie, cet instrument est aujourd’hui mis en lumière à Vichy Enchères. À forte valeur sentimentale, ce violon fondateur témoigne du talent précoce de Gustave Villaume et du savoir-faire traditionnel dont il est l’héritier.
Durant son apprentissage à Mirecourt, Gustave Villaume est aussi l’élève de René Jacquet-Gand. Il est alors immergé dans la grande tradition mirecurtienne, réputée pour son exigence technique et son respect des maîtres anciens.


À la fin de son apprentissage, vers 1914-1915, Gustave Villaume perfectionne sa formation en travaillant comme ouvrier-luthier dans plusieurs ateliers de renom.
Il intègre d’abord la Maison Caressa & Français à Paris, successeurs de Gand & Bernardel. Ce passage par un grand atelier parisien lui permet d’approcher des instruments de facture différente, tels que des modèles de grands maîtres italiens. Cette expérience lui permet aussi de découvrir de nouvelles techniques et de s’imprégner du savoir-faire parisien, complémentaire à sa formation mirecurtienne.
Peu après, il est recruté par la Maison Jacquot à Nancy. La famille Jacquot, représentée par Albert Jacquot et son fils, est alors une référence dans le milieu de la lutherie lorraine.
Le fonds d’atelier de Villaume rend compte de cette expérience, puisqu’il comprend notamment une guitare à cornes de C. Jacquot et l’édition de 1912 de l’ouvrage sur la lutherie lorraine et italienne d’Albert Jacquot.
Cependant, son expérience dans la Maison Jacquot fut de courte durée car cette dernière fit faillite dans les années 1920. Cet événement fut décisif pour Villaume qui s’installa alors à son compte, en 1924, âgé de seulement 25 ans. Il s’établit au 9 Place du Marché dans la vieille ville de Nancy, comme on peut le lire sur ses étiquettes.








Au sein de son atelier, Gustave Villaume réalise principalement des violons, ainsi que quelques altos et violoncelles. Ses instruments sont souvent inspirés du modèle Guarneri et présentent un vernis à l’huile de belle qualité, aux teintes variant du jaune doré clair au rouge-brun foncé. Le fonds d’atelier aujourd’hui mis au jour est une véritable fenêtre sur la manière dont travaillait Gustave Villaume dans son atelier. Il comprend des gabarits de violon, dont bien sûr ceux de Guarneri, mais aussi d’Amati ou de Koltz.
Plusieurs pièces nous offrent un regard plus intimiste sur le quotidien de Gustave Villaume dans son atelier, à l’instar d’outils tels que des rabots, gouges, limes, ou canifs, ou encore des accessoires de lutherie dont des crins, piques, chevilles, chevalets, cordes ou touches… Ces traces matérielles offrent un témoignage précieux du travail de Villaume et forment en même temps un patrimoine rare sur la vie des luthiers à Mirecourt au XXe siècle.

La mise en lumière de ce fonds d’atelier permet aussi la découverte d’un violon de Villaume daté 1925 et numéroté 18, réalisé pour sa femme Berthe Mallagnacq. Fabriqué un an après la fondation de l’atelier, ce violon se distingue par son ornementation exceptionnelle. Il possède une tête sculptée représentant une femme et un dos également sculpté. Il porte la marque au fer “Gustave Villaume à Nancy” sous le talon, une étiquette et la signature autographe de Gustave Villaume, ainsi que la dédicace “à ma femme Berthe Mallagnacq”. Le luthier réalisa ainsi cet instrument d’exception en hommage à son épouse, peut-être à l’occasion de leur mariage ou d’un événement familial.
Une rare photographie, également conservée dans le fonds d’atelier, le montre présentant fièrement ce violon dédié à Berthe. La minutie et l’originalité des ornements sculptés sur ce violon témoignent de l’étendue du savoir-faire de Gustave Villaume, qui n’hésitait pas à mobiliser toute son ingéniosité et sa maîtrise technique pour des pièces spéciales, sans qu’elles soient nécessairement destinées à la vente.
Portant le n°18, ce violon de 1925 peut être rapproché d’un autre modèle issu du fonds d’atelier, daté de 1926 et numéroté 67. Réalisés à moins d’un an d’intervalle, ces deux instruments témoignent d’une activité déjà soutenue chez Villaume dès ses débuts en tant qu’artisan indépendant.








En 1929, Gustave s’associe avec ses deux frères René Villaume (1903-1970) et Jean Villaume (1905-1989) pour créer la société Villaume Frères. Les trois frères, tous luthiers formés à Mirecourt, s’unissent temporairement pour fabriquer des violons, altos et violoncelles en plus grande quantité. René et Jean travaillent depuis Mirecourt dans l’atelier familial situé au 42 rue Vuillaume, tandis que Gustave reste à Nancy. Cette collaboration dura jusqu’à environ 1935. Elle correspond aux difficiles années de la Grande Dépression, qui voient l’activité ralentir et poussent les artisans à se regrouper pour survivre économiquement.
Par la suite, René Villaume fut embauché chez Laberte-Humbert Frères à Mirecourt et Jean Villaume quitta progressivement la lutherie comme métier principal pour devenir facteur des Postes, en continuant à fabriquer des violons qu’en amateur le soir, jusque vers 1980. Quant à Gustave Villaume, il demeura à son compte à Nancy, signant à nouveau ses instruments “Gustave Villaume à Nancy”.



Après la Seconde Guerre mondiale, Gustave Villaume poursuit son activité de luthier à Nancy pendant plusieurs décennies. La gamme d’instruments qu’il produit s’élargit, et comprend désormais des contrebasses.
Il assurait aussi bien la fabrication que la restauration d’instruments anciens, comme en atteste ce fonds d’atelier comprenant de nombreux violons portant des étiquettes apocryphes de Stainer, Testore ou encore Nicolas Aîné.
“A la fin de sa carrière, il a fabriqué des contrebasses. Les différences extrêmes de rémunérations qu’il découvre pour un même travail entre Mirecourt et Paris l’indignent et lui font refuser la restauration de harpes qu’il avait dans un premier temps acceptée. Les salaires de misère répandus à Mirecourt ont incité les vieux luthiers à orienter leurs enfants vers d’autres métiers.”[1]






Plus original encore, ce fonds révèle la présence d’un violon et de mandolines miniatures, fortes de détails admirablement soignés. Villaume a pu les fabriquer par défi technique ou pour attirer l’attention de clients lors d’expositions.
De même, on notera une belle viole d’amour à tête sculptée d’un homme souriant portant son étiquette. Cet instrument témoigne à nouveau de sa curiosité et de la richesse de son savoir-faire.



Notons que Villaume réalisait et revendait également des archets d’autres archetiers, sur lesquels il ajoutait son estampille. Ainsi, plusieurs archets portant des signatures telles que “Gustave Bernardel”, “Morizot Frères”, “Prosper Colas”, “Cuniot-Hury” ou encore “Simon Voirin” figurent dans son fonds d’atelier.
Cette diversité témoigne des échanges fréquents entre artisans de Mirecourt et de Paris au début du XXème siècle, ainsi que de la pratique courante consistant à revendre ou estampiller des archets d’autres maîtres sous sa propre enseigne.
Gustave Villaume meurt en 1983, à l’âge de 84 ans, dans sa ville natale de Mirecourt. Il était retourné vivre ses dernières années dans les Vosges, probablement pour se rapprocher de sa famille – son frère Jean y résidant notamment. Son décès marque la fin d’une carrière longue de plus de 60 ans.


















La contribution de Gustave Villaume à la lutherie française se mesure aujourd’hui à l’aune de la qualité et de la pérennité de ses instruments. Près de quarante ans après sa disparition, ses violons, altos ou encore violoncelles sont toujours joués et appréciés des musiciens et collectionneurs.
Ses instruments suscitent un intérêt grandissant dans le monde de la musique. Cette tendance s’est confirmée à Vichy Enchères, le 2 juin 2022, avec la vente record d’un violoncelle de 1935 qui a atteint la somme de 20.000 € frais compris.



En dévoilant ce fonds d’atelier, Vichy Enchères souhaite rendre hommage à Gustave Villaume et à son œuvre, mais profite également de ce moment pour mettre en lumière ce beau métier de luthier, où chaque geste compte. Cette vente permettra d’en redécouvrir toute la minutie et la diversité, à travers des instruments, gabarits et pièces restés intacts jusqu’à aujourd’hui. Alors, rendez-vous à Vichy Enchères en novembre et en décembre 2025, pour célébrer l’œuvre et la mémoire de Gustave Villaume !
In conjunction with the sale of the contents of Gustave Villaume’s workshop during our December 2025 sales of fine instruments, Vichy Enchères invites you to take an intimate journey into the world of this maker. Villaume, who was a renowned figure in violin making in Lorraine and an heir to the great Mirecourt tradition, spent over half a century at the service of musicians. His career, from Mirecourt to Nancy, embodies the continuous passing down of a craft from generation to generation. This collection of items, which has been preserved in their original form since his death, includes instruments, templates, tools, photographs and documents, providing a rare glimpse into Villaume’s daily life in his workshop, and more generally into a large period of French violin making in the 20th century. Its unveiling provides a unique opportunity to explore the work of this master and assess its historical significance.



Gustave Eugène Villaume was born in 1899 in Mirecourt. He came from a family of violin makers, directly descended from the second branch of the Villaume family tree, which included Claude François Villaume. In 1911, at the age of 12, after completing his primary education certificate, he began an apprenticeship with Léon Mougenot in Mirecourt. From 1911 to 1913, he won first prize every year at the professional violin making competitions in Mirecourt. In 1911, he made his first violin, a 357mm instrument bearing his label and brand under the heel.
This instrument was carefully preserved in his workshop throughout his life, and is now included in the sale at Vichy Enchères. This formative violin of great sentimental value attests to Gustave Villaume’s precocious talent and the traditional craftsmanship he inherited.
During his apprenticeship in Mirecourt, Gustave Villaume also studied under René Jacquet-Gand. He was thus immersed in the great Mirecourt tradition, renowned for its technical precision and perpetuation of the art of the old masters.


At the end of his apprenticeship, around 1914-1915, Gustave Villaume furthered his training by working as a violin maker in several renowned workshops.
He first joined the workshop of Caressa & Français, successors to Gand & Bernardel, in Paris. This experience in a major Parisian workshop allowed him to work with a great variety of instruments, including examples by great Italian masters. This experience also allowed him to learn new techniques and integrate Parisian expertise into his work, which complemented his Mirecourt training.
The Jacquot family, led by Albert Jacquot and his son, was then a leading family in the violin making trade in Lorraine.
Shortly after, he was recruited by the Jacquot workshop in Nancy.
The contents of Villaume’s workshop include items that relate to this period in his life, in particular a horn guitar by C. Jacquot and the 1912 edition of Albert Jacquot’s work on Lorraine and Italian violin making.
However, his tenure at the Jacquot workshop was short-lived, as the firm went bankrupt in the 1920s. This turn of events proved decisive for Villaume, who subsequently set up his own business in 1924, at the age of only 25. He established himself at 9 Place du Marché in the old town of Nancy, as his labels indicate.








In his workshop, Gustave Villaume primarily made violins, as well as some violas and cellos. His instruments were often inspired by the Guarneri model and featured a high-quality oil varnish, with hues ranging from light golden yellow to dark reddish-brown. The workshop contents recently unearthed provide a window into Gustave Villaume’s working methods. They include violin templates, in particular for Guarneri models, but also for Amati and Klotz ones.
There are items that provide a more intimate glimpse into Gustave Villaume’s daily life in his workshop, including violin making tools – planes, gouges, files and penknives – and supplies – horsehair, pegs, bridges, strings and fingerboards. These objects offer an invaluable insight into Villaume’s work, whilst at the same time providing rare historical information about the lives of violin makers in Mirecourt during the 20th century.

The discovery of these workshop contents also led to the discovery of a Villaume violin dated 1925 and numbered 18, made for his wife, Berthe Mallagnacq. This violin was made a year after the workshop was established, and is remarkable for its exceptional ornamentation. It has a carved head representing a woman and a similarly carved back. It bears the brand “Gustave Villaume à Nancy” under the heel, a label, and Gustave Villaume’s handwritten signature, as well as the dedication “to my wife Berthe Mallagnacq”. The violin maker thus created this exceptional instrument as a tribute to his wife, perhaps on the occasion of their marriage or a family event.
A rare photograph, also part of the workshop contents, depicts him proudly presenting this violin dedicated to Berthe. The level of detail and originality of the carved decoration on this instrument demonstrate the wide range of expertise of Gustave Villaume. He was willing to apply all his ingenuity and technical expertise for special pieces, even if they were not intended for sale.
This violin of 1925, which bears the number 18, is worth comparing to another instrument in the workshop contents, one dated 1926 and numbered 67. Made less than a year apart, these two instruments demonstrate Villaume’s already prolific output from the very beginning of his career as an independent craftsman.








In 1929, Gustave partnered with his two brothers, René Villaume (1903-1970) and Jean Villaume (1905-1989), to create the company Villaume Frères. The three brothers, who were all violin makers trained in Mirecourt, temporarily joined forces to produce violins, violas and cellos in larger quantities. René and Jean worked from Mirecourt in the family workshop located at 42 rue Vuillaume, whilst Gustave remained in Nancy This collaboration lasted until approximately 1935. It coincided with the difficult years of the Great Depression, which saw a slow-down in demand and forced businesses to consolidate in order to survive economically.
After this, René Villaume was hired by Laberte-Humbert Frères in Mirecourt, and Jean Villaume gradually moved away from violin making to become a postal worker, continuing to make violins as a hobby in the evenings until around 1980. As for Gustave Villaume, he remained self-employed in Nancy, and returned to signing his instruments “Gustave Villaume à Nancy”.



After the Second World War, Gustave Villaume continued to work as a violin maker in Nancy for several decades. The range of instruments he produced expanded to include double basses.
As well as restoring antique instruments, he made copies of those, as evidenced by the contents of his workshop, which include several violins bearing facsimile labels of Stainer, Testore and Nicolas Aîné.
“At the end of his career, he made double basses. The sharp difference in pay between Mirecourt and Paris for the same work outraged him and led him to refuse the harp restoration work he had initially accepted. The meagre wages prevalent in Mirecourt prompted older violin makers to steer their children toward other trades.”[1]






More unusually, the workshop contents include a miniature violin and mandolins. Villaume may have made them as a technical challenge or to attract the attention of clients at exhibitions.
Similarly, there is a beautiful viola d’amore with a carved head of a smiling man bearing his label, which again attests to the breadth of his interests and expertise.



We should also point out that Villaume made bows, in addition to selling bows made by other makers, after having added his brand to them. As a result, several bows branded “Gustave Bernardel”, “Morizot Frères”, “Prosper Colas”, “Cuniot-Hury” and “Simon Voirin” can be found in his workshop contents.
The variety of names on these bows is a testimony to the extent of the collaborations between Mirecourt and Paris makers at the beginning of the 20th century, as well as the common practice of reselling or rebranding bows made by other makers with one’s own brand.
Gustave Villaume died in 1983, at the age of 84, in his hometown of Mirecourt. He had returned to live his final years in the Vosges region, probably to be closer to his family – his brother Jean, in particular, resided there. * His death marked the end of a career spanning more than 60 years.


















Gustave Villaume’s contribution to French violin making can nowadays be appreciated in the excellent craftsmanship and enduring quality of his instruments. Nearly forty years after his death, his violins, violas and cellos are still played and appreciated by musicians and collectors alike.
There is growing interest in his instruments amongst both musicians and collectors. The record sale of a 1935 cello by this maker at Vichy Enchères on 2 June 2022 for €20,000 including fees is evidence of this trend.



By bringing to light the contents of Gustave Villaume’s workshop, Vichy Enchères wishes to pay tribute to this maker and his work, but also put the spotlight on the fine craft of violin making, where every detail counts. This sale will provide an opportunity to rediscover this meticulous art and its diversity through instruments, templates and various items that have remained untouched to this day. We hope to see you at Vichy Enchères in November and December 2025, to pay tribute to the life and work of Gustave Villaume!