Vichy Enchères

Deux violons de la dernière époque de Jean-Baptiste Vuillaume

La vente du 5 juin 2025 de Vichy Enchères comprend deux violons de Jean-Baptiste Vuillaume (1798–1875). L’un, daté de 1865, suivant un modèle Stradivarius ; l’autre, réalisé en 1871, offrant une interprétation du modèle Guarnerius. Ces deux instruments sont emblématiques de la dernière période de production du maître parisien – celle de la maturité artistique.


Vuillaume 1865 : modèle Stradivarius

Le premier violon, fait en 1865, est en modèle Stradivarius et porte l’étiquette d’origine de la rue Demours avec paraphe manuscrit “65” et signature sur le fond. Il est dans un bon état de conservation et accompagné d’une copie d’un certificat Caressa & Français de 1921. Il convient de souligner l’importance de ce certificat sur le plan historique puisque la maison Caressa & Français, héritière de la prestigieuse lignée Gand & Bernardel, était au début du XXe siècle l’une des références mondiales en matière d’expertise et de commerce d’instruments à cordes.
Anciennement propriété du violoniste Paul Laporte dans les années 1920, l’instrument n’a jamais quitté sa famille.

Ce violon appartient à la phase tardive de Vuillaume, lorsque le luthier, ayant délégué la gestion commerciale de son atelier à ses associés – notamment à Georges Chanot – se consacre exclusivement à la fabrication.

Les modèles d’après Stradivarius constituent l’ossature de la production de Vuillaume. Le luthier étudia en profondeur le fameux “Messie” de 1716 – qu’il acquit et conserva – et multiplia les copies dans une optique expérimentale. Ses répliques, qui ne sont jamais des calques, trahissent un regard analytique et une volonté d’adaptation des modèles aux besoins des musiciens de son temps.

Vuillaume 1871 : modèle Guarnerius

Le second violon, daté de 1871 et numéroté 2870, suit le modèle Guarnerius del Gesù. Il porte la même étiquette de la rue Demours, le paraphe manuscrit “71”, ainsi que la double marque au fer “Vuillaume” sur la table et le fond.
L’intérêt de Vuillaume pour Guarnerius apparaît dès les années 1835-1840, notamment après son étude approfondie du “Cannone” de Paganini.

L’instrument fait partie des derniers connus du luthier. Il porte le n°2870, sur une production de près de 3000 pièces référencées – un fait exceptionnel pour un luthier du XIXe siècle, qui résulte d’un atelier organisé comme une véritable manufacture, avec des maîtres d’œuvre tels que Derazey, Silvestre, Germain ou Maucotel.

Une synthèse entre héritage des maîtres italiens et quête d’un nouvel idéal

Si Vuillaume s’est imposé comme le plus grand luthier français du XIXe siècle, c’est en raison de sa capacité à conjuguer une fascination érudite pour les maîtres italiens et une volonté constante d’expérimentation. Ses copies sont le produit d’une démarche presque scientifique, puisque Vuillaume prenait des empreintes, relevait les mensurations, étudiait le vernis, les bois, les voûtes et même la microstructure des instruments anciens – souvent grâce aux acquisitions du marchand Luigi Tarisio.

Comme en attestent ces nouveaux instruments, il ne se contenta jamais de reproduire et modifia les voûtes, ajusta les profils, allongea les touches, abaissa les hauteurs de table pour répondre aux attentes des musiciens et s’adapter au nouveau répertoire.

Ces deux instruments nous offrent un nouveau témoignage de la dualité de l’œuvre de Vuillaume – oscillant entre hommage aux modèles anciens et innovations – et nous proposent deux visions de perfection en matière de violons.


TWO LATE PERIOD VIOLINS BY JEAN-BAPTISTE VUILLAUME

The Vichy Enchères sale on 5 June 2025 includes two violins by Jean-Baptiste Vuillaume (1798-1875). One, dated 1865, follows a Stradivarius model; the other, made in 1871, offers an interpretation of the Guarnerius model. These two instruments are emblematic of the Parisian master’s last period of production – that of artistic maturity.


Translation coming soon…

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