Vichy Enchères

Une guitare de José Ramirez du prince et de la princesse Toporkoff

Le 6 novembre 2021, Vichy Enchères avait la joie de vendre une guitare d’Antonio de Torres de 1882 ayant appartenu au prince et à la princesse Toporkoff. Un an après, un nouvel instrument de cette même collection sera présenté aux enchères : une guitare de José Ramirez II (1885-1957) réalisée en 1933.


Le couple princier et la guitare espagnole

Cette guitare classique porte l’étiquette de José Ramirez datée et numérotée “1933, n°2”. Elle confirme l’affection toute particulière du prince et de la princesse Toporkoff pour la guitare espagnole.

Le couple possédait en effet une exceptionnelle guitare d’Antonio de Torres, dont la tête avait été restaurée par Manuel Ramirez.

La dynastie Ramirez

Les luthiers de la dynastie Ramirez furent très renommés durant plus d’un siècle, de José Ramirez I (1858-1923) à José Ramirez III (1922-1995).

“Grâce au succès incontestable de ses guitares, cette maison se trouve très vite confrontée à une demande exponentielle et invente les prémices de la lutherie industrielle.”

Françoise and Daniel Sinier de Ridder, Jérôme Casanova, La Guitare Espagnole 1750-1950, Camino Verde

José Ramirez I établit le premier atelier de la famille à Madrid et forma un grand nombre de luthiers majeurs, tels que Enrique Garcia et Julian Gomez, mais également son frère Manuel Ramirez (1864-1916) et son fils José Ramirez II (1885-1957).

José Ramirez II (1885-1957)

Après sa formation dans l’atelier de son père, José Simón Ramírez de Galarreta y Pernias (dit José II, 1885 – 1957) partit très tôt en Amérique du Sud pour une tournée en tant que guitariste. Celle-ci se tranforma en vingt années de travail en tant que musicien et luthier à Buenos Aires. Ce n’est qu’en 1923 qu’il regagna Madrid, ayant appris le décès de son père et afin de reprendre l’atelier familial. Il ne revint pas seul en Espagne, mais accompagné de son épouse et de ses deux enfants, José Ramirez III et Alfredo Ramirez. À sa propre mort en 1957, c’est son fils José III qui reprit l’atelier.

José Ramirez II travailla ainsi dans l’atelier de la Calle Concepción Jerónima, assisté par les luthiers Jesus Martinez, Alfonso Benito et Antonio Gómez. Ses instruments étaient très reconnus et il obtint notamment une médaille d’or à l’Exposition ibéro-américaine qui se tint à Séville du 9 mai 1929 au 21 juin 1930. Son activité fut cependant ralentie par la guerre civile espagnole à partir de 1936 et il ne parvint plus à s’approvisionner en matériaux à cause des pénuries, si bien que les commandes chutèrent.

La guitare de José Ramirez de la vente du 5 novembre 2022 a été réalisée à l’apogée de sa carrière, en 1933. De belle facture, elle présente les ornements stylistiques caractéristiques du maître, que ce soit dans les motifs de sa rosace, le choix des filets ou le beau travail du fond en palissandre.

Provenance princière

Tout comme la guitare d’Antonio de Torres vendue par Vichy Enchères en novembre 2021, cet instrument de José Ramirez a été conservé pendant près de trente ans dans un monastère bénédictin, suite au legs de son ancienne propriétaire, la princesse Toporkoff…

La princesse, de son nom de jeune-fille Louise-Anne Joannie Marie Josèphe Morlaut (Rostrenen, 1906 – Brest, 1995), avait épousé le prince Youri Alexandrovitch Toporkoff (Ekaterinoder, 1895 – Landévennec, 1970) le 9 janvier 1951 à Paris. Le prince – lieutenant dans l’armée du tsar Nicolas II – avait fui la Russie lors de la révolution de 1917 et le massacre de la famille impériale par les Bolcheviks.

C’est à Paris qu’il rencontre Madame Louise-Anne Morlaut, qui semble avoir appartenu à un club français de guitaristes. Ainsi, c’est certainement pour le bon usage de son épouse que le prince de Toporkoff acheta ces guitares espagnoles.

La princesse, très pieuse, légua à sa mort tous ses biens, meubles et immeubles, à une communauté bénédictine, dont ses précieuses guitares qui y demeurèrent pendant des décennies…


A GUITAR BY JOSÉ RAMIREZ THAT BELONGED TO THE PRINCE AND PRINCESS TOPORKOFF

On 6 November 2021, Vichy Enchères had the great pleasure of selling an Antonio de Torres guitar from 1882 that belonged to Prince and Princess Toporkoff. A year later, a new instrument from this same collection will be presented at auction: a guitar by José Ramirez II (1885-1957) made in 1933.


The royal couple and the Spanish guitar

This classical guitar bears the label of José Ramirez, dated and numbered “1933, n°2”. It confirms the particular fondness of the Prince and Princess Toporkoff for the Spanish guitar.

The couple had an exceptional Antonio de Torres guitar, whose head was restored by Manuel Ramirez.

The Ramirez dynasty

The makers of the Ramirez dynasty were very famous for more than a century, from José Ramirez I (1858-1923) to José Ramirez III (1922-1995).

“Thanks to the undeniable popularity of its guitars, this workshop very quickly faced exponential demand, leading them to pave the way for the mass production of guitars.”

Françoise and Daniel Sinier de Ridder, Jérôme Casanova, La Guitare Espagnole 1750-1950, Camino Verde

José Ramirez I established the family’s first workshop in Madrid and trained with a large number of important makers, such as Enrique Garcia and Julian Gomez, but also his brother Manuel Ramirez (1864-1916) and his son José Ramirez II (1885- 1957).

José Ramirez II (1885-1957)

After training in his father’s workshop, José Simón Ramírez de Galarreta y Pernias (known as José II, 1885 – 1957) left for South America to tour as a guitarist. A few months turned into a twenty year career as a musician and maker in Buenos Aires. It was not until 1923 that he returned to Madrid, in order to take over the family workshop after having learned of the death of his father. He returned to Spain with his wife and two children, José Ramirez III and Alfredo Ramirez. When he died in 1957, his son José III took over the workshop.

José Ramirez II therefore worked in the workshop on Calle Concepción Jerónima, assisted by Jesus Martinez, Alfonso Benito and Antonio Gómez. His instruments gained high recognition and, in particular, he won a gold medal at the Ibero-American Exhibition held in Seville from 9 May 1929 to 21 June 1930. However, his activity slowed down as a result of the Spanish Civil War from 1936, as he could no longer source materials due to shortages, and orders dropped.

The guitar by José Ramirez in the 5 November 2022 sale was made in 1933, when he was at the height of his career. It is beautifully crafted and features the master’s characteristic ornamentation, whether in the decoration of its rosette, the choice of purfling or the beautiful working of the rosewood back.

Royal provenance

Just like the Antonio de Torres guitar sold by Vichy Enchères in November 2021, this instrument by José Ramirez was kept for nearly 30 years in a Benedictine monastery, following the bequest of its former owner, Princess Toporkoff.

The princess, whose maiden name was Louise-Anne Joannie Marie Josèphe Morlaut (Rostrenen, 1906 – Brest, 1995), married Prince Youri Alexandrovitch Toporkoff (Ekaterinoder, 1895 – Landévennec, 1970) on 9 January 1951 in Paris. The prince – a lieutenant in the army of Tsar Nicholas II – had fled Russia during the 1917 revolution and the massacre of the imperial family by the Bolsheviks.

It was in Paris that he met Madame Louise-Anne Morlaut, who seemed to have belonged to a French guitar club. Therefore, it is likely that Prince Toporkoff bought these Spanish guitars for private use by his wife.

The princess, who was very pious, bequeathed upon her death all her property, furniture and buildings to a Benedictine community, including her precious guitars which remained there for decades.

🚀 Suivez-nous !