Vichy Enchères vous propose de découvrir une merveille de la facture instrumentale, l’une de celles qui se font si rares que l’on ose à peine y toucher… Et pourtant, l’instrument en question servit pendant des années à un maître à danser de la cour de Louis XIV, qui n’hésita sans doute pas à le mettre dans sa poche ! Découvrez cet instrument précieux et replongez à une époque où la danse faisait partie intégrante de l’éducation de la noblesse…!
Cette pochette de maître à danser en forme de violon a été réalisée par Romain Chéron à Paris, en 1681, comme l’indique son étiquette manuscrite à l’encre brune placée à l’intérieur de l’instrument. Les pochettes étaient principalement en usage sous l’Ancien Régime et servaient aux maîtres de danse – qui étaient avant tout de bons violonistes – à l’enseignement de la danse et à la dispense de cours de maintien. Le maître à danser, ou baladin selon l’ancien usage, donnait ainsi des leçons de comportement et enseignait les mouvements gracieux nécessaires pour participer aux ballets de la Cour. L’instrument permettait au maître à danser de marquer le pas et de se déplacer aisément grâce à sa petite taille, “de poche”, qui lui valut son nom de pochette.
“Il faut dire que, à l’époque baroque et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les manteaux étaient pourvus de larges et profondes poches. Les pochettes pouvaient donc s’y nicher délicieusement, balancées à la cadence du pas des maîtres à danser montant les marches des perrons de maisons cossues où nobles et bourgeoises les attendaient pour recevoir leur leçon de maintien et de danse.”
Claude Lebet, La pochette du maître à danser, 2014, p.5
Le maître de danse était en effet une figure indispensable de l’éducation de l’aristocratie. Il était au service des plus grands puisqu’il donnait des leçons aux rois, reines, princes et aux pages du roi. Louis XIV eut ainsi plusieurs maîtres de danse, dont Pierre Beauchamps et Jean Regnault.
Rares sont les pochettes parvenues jusqu’à nous, et encore plus rares sont celles en forme de violon. La majorité de celles conservées sont en bateau, à l’image des très beaux autres modèles de la vente Vichy Enchères le 13 avril 2024.
“[S]i l’on prend la peine de se pencher de plus près sur les rares violons de poche parvenus jusqu’à nous, on aura la surprise de se retrouver la plupart du temps devant de véritables chefs-d’oeuvre de sculpture et de fantaisie…”
Claude Lebet, La pochette du maître à danser, 2014, p.2
Datée de 1681, cette pochette a été fabriquée sous le règne de Louis XIV, alors que la profession de maître à danser vient d’être élevée au rang de personnel de la cour. Son fabricant, Romain Chéron, est issu d’une dynastie de luthiers et vendeurs de cordes de Rome. Son grand-père Antoine Chéron est actif depuis 1599 comme maître faiseur d’instruments, rue des Arcis, à la célèbre enseigne du Singe Vert. Il est certainement le fils de Nicolas Chéron ou de son frère Noël Chéron, qui furent également facteurs d’instruments au milieu du XVIIème siècle, probablement actifs rue Dauphine et rue de la Vieille boucherie, à Paris[1]. Les actes notariés, ainsi qu’une étiquette présente dans une guitare, nous renseignent sur l’existence d’un autre luthier, Robert Chéron, parfois confondu avec Romain Chéron. La guitare en question a été réalisée en 1694 et est conservée au Metropolitan Museum of Art de New York. Cet instrument richement orné évoque le travail des Voboam et rappelle que d’autres luthiers parisiens excellaient dans ce domaine, bien que leur production soit restée dans l’ombre, faute de recherches.
[1] Constant Pierre, Les facteurs d’instruments de musique, Sagot, 1893
Ajoutons que la dynastie Chéron compte également un Jean-Baptiste Chéron, actif à la fin du XVIIème siècle, ainsi que d’autres facteurs et maîtres de musique au XVIIIème siècle. Romain Chéron eut un fils, Michel Romain, “maître de violle”, qui se maria en 1711 (son contrat de mariage nous permet de savoir que Romain Chéron était encore vivant à cette date là). La documentation dont nous disposons sur Romain Chéron est bien pauvre. Toutefois, chose intéressante, un extrait des registres du Conseil d’Etat nous apprend qu’il fut le premier, avec Honoré Rastoin, à acquérir la charge de juré de la communauté des facteurs d’instruments, en 1692[1]. Il était donc un luthier important. Malheureusement, à l’exception de cette pochette de maître à danser, nous ne connaissons qu’un autre instrument signé Romain Chéron. Il s’agit d’une basse de viole de gambe de 1694, conservée aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Celle-ci a notamment l’intérêt de conserver une étiquette sur laquelle apparaît l’adresse de Romain Chéron, rue Saint-Antoine à Paris.
[1] Constant Pierre, Les facteurs d’instruments de musique, Sagot, 1893
Cette pochette de Romain Chéron est particulièrement intéressante à plus d’un titre.
Tout d’abord, parce que c’est la seule pochette parvenue jusqu’à nous à porter la signature de Romain Chéron. Elle vient donc enrichir le mince échantillon de modèles connus de ce luthier et donne un éclairage plus large sur la production de la dynastie Chéron, dont tout porte à croire qu’elle fut autrefois importante.
Ensuite, parce que c’est l’une des pochettes les plus raffinées que nous connaissons. Tout son travail témoigne d’un soin d’exception porté à la réalisation de l’instrument, que ce soit dans le choix des matériaux, dans leur traitement ou encore dans l’exécution de son riche décor. Ce deuxième point renvoie à sa troisième singularité : la présence des armes de France sur la touche de l’instrument.
En effet, cette pochette est la seule connue en forme de violon à arborer les armes de France. L’unique autre pochette portant aussi les armes de France est en forme de bateau et est conservée au Musée de la Musique de Paris. Cependant, cette dernière ne présente aucun chiffre (ou monogramme), à la différence de notre instrument. On observe effectivement, sur le dos de la pochette de Romain Chéron, un monogramme “NV” incrusté au fil d’argent et d’or. Là encore, nous ne connaissons qu’une seule autre pochette ayant un monogramme. Il s’agit d’un instrument allemand réalisé en 1691, portant étiquette de Jacobus Stainer, sans armoiries, et dont le fond est aussi plaqué d’écailles de tortue (Musée de la Musique, Paris).
Comme le suggèrent les armes de France, l’extrême finesse de cette pochette de Romain Chéron recouverte d’écailles de tortue incrustées de filets d’or et de vermeil en motifs d’arabesques est à la hauteur de la fonction qu’elle remplissait. En effet, la présence des armes de France rappelle que le maître à danser travaille avant tout pour le roi et qu’il sert les intérêts de ce dernier.
Dès lors, la pochette se fait le reflet du bon goût de Louis XIV, de son érudition et de son pouvoir. Sur sa tête, on trouve une citation de la mythologie antique en la représentation de Méduse – véritable prouesse artistique à la physionomie expressive et singulière. Sur le talon, une tête d’Amérindien fait probablement allusion aux explorations contemporaines en Amérique de Cavelier de La Salle[1]. Circonstance inespérée, nous conservons également l’archet, lui aussi incrusté d’or et d’argent, dessinant les mêmes arabesques que celles visibles sur la pochette.
[1] Fêtes et divertissements à la cour”, cat. exp. château de Versailles, 2016-2017, Paris, 2016, p.290
Plusieurs éléments nous permettent de remonter au prétendu propriétaire de cette pochette. Le premier est naturellement l’instrument en lui-même – une pochette de maître à danser – réalisé sans aucun doute pour un maître à danser.
Le deuxième élément est l’étiquette mentionnant la date et la localisation de l’instrument, que l’on sait fabriqué en 1681 à Paris. Nous pouvons donc le situer au temps du règne de Louis XIV et supposer que son commanditaire était actif aux alentours de la capitale, là où Romain Chéron fabriqua la pochette.
Cette hypothèse peut être soutenue par le troisième indice : la présence des armes de France, indiquant que le commanditaire gravitait autour du roi et faisait partie d’une des maisons royales de la cour de France.
Enfin, le dernier élément, et non le moindre, est le chiffre incrusté sur le dos. Comme il était d’usage à l’époque, celui-ci désignait le propriétaire de l’instrument : c’est-à-dire un maître à danser du dernier tiers du XVIIème siècle appartenant à la Cour. Les recueils de chiffres de l’époque, et en premier lieu celui de Charles Mavelot dédié au Dauphin en 1680, nous permettent de déchiffrer, sans erreur possible, le chiffre de la pochette par “NV”.
Par chance, les maisons royales de la cour de France ont laissé une riche documentation comprenant des “états de maison” établis notamment en 1674 et 1683.
Ces états nous donnent la liste des membres des maisons et les fonctions que chacun remplissait. En les parcourant, un seul maître à danser possède un nom correspondant au monogramme “NV” : Nicolas Varin. En outre, celui-ci apparaît précisément à la bonne époque, c’est-à-dire dans les états de la Maison du roi de 1674 et 1683 (rappelons que la pochette date de 1681). Il est d’ailleurs mentionné dans l’un des plus importants départements de la Maison du roi, les Écuries royales, dans la partie “Pages de la grande Ecurie”.[1]
L’Almanach de la Cour compilé à partir d’archives par William Ritchey Newton[2], est aussi très précieux, car il nous permet de connaître les maîtres à danser servant le roi. L’inspection des différents noms mentionnés nous permet de confirmer notre jugement car aucun autre musicien ne porte ces initiales.
A titre d’exemples, voici quelques autres maîtres à danser contemporains de Nicolas Varin : Charles Charpentier était le maître à danser des pages aux Ecuries de la reine Marie Thérèse de 1677 à 1682. François Ballon était le maître à danser des pages de la Petite Ecurie vers 1689. Guillaume Raynal donna les leçons de danse à la dauphine de Bavière entre 1680-1690. Jean Favier fut maître à danser des pages de la dauphine de Bavière à l’établissement de sa maison en 1680 et jusqu’en 1690.
[1] Nicolas Besongne, L’État de la France où l’on voit tous les princes, ducs et pairs (…), Paris, A. Besongne, 1674, 2 vol. ; vol. 1, p. ().Edité en ligne par C. zum Kolk dans le cadre du projet « Curia », Centre de recherche du château de Versailles, 2008 ; (http://chateauversailles-recherche.fr/curia/documents/roi1674.pdf).
[2] William Ritchey Newton, Almanach de la Cour, Seconde Edition, 2020
Les états de la Maison du Roi de 1674 et 1683 nous apprennent plusieurs choses sur Nicolas Varin. Dans la partie sur l’école des pages de la Grande Écurie de l’état de la Maison du Roi de 1674, nous pouvons lire ce qui suit :
“Maître pour la Danse, Nicolas Varin, des vingt quatre Violons du Roy”
Etat de 1674
L’Etat de 1683 nous permet de constater que Nicolas Varin est encore, à cette date là, maître des pages des Écuries :
“Maître pour la Danse, le sieur Varin, & Antoine Mayeu son gendre à survivance”
Etat de 1683
Ici, bien que le prénom de Nicolas Varin soit occulté, nous pouvons être sur qu’il s’agisse bien de lui car les archives nationales conservent plusieurs documents permettant de savoir que Nicolas Varin était le beau-père d’Antoine Mayeu (parfois orthographié Mahieux ou Mayeux), lui aussi maître à danser.
“Contrat de mariage entre Antoine Mahieux, natif de Laon et Elisabeth Varin, fille de Nicolas Varin, maître à danser des pages de la grande écurie du roi, et de Marie Ferrand. Parmi les témoins, Jacques Mahieux, frère du futur, maître à danser ordinaire de l’Académie royale pour la danse, et Marguerite Michelarme, sa femme, Charles Varin, maître à danser et l’un des 24 violons ordinaires du roi, frère de la future. Antoine Mahieux, rue Mazarin, maître à danser et pensionnaire du roi pour la même profession.”
Minutes de 1677, archives nationales, MC/ET/IV/216, contrat de mariage du 9 octobre 1677
Selon l’Almanach de la Cour, Antoine Mayeu remplaça Nicolas Varin à l’Ecole des Pages vers 1689, et ce jusqu’en 1718[1].
[1] William Ritchey Newton, Almanach de la Cour, Seconde Edition, 2020
Les archives concernant Nicolas Varin sont assez nombreuses pour nous permettre d’avoir un aperçu sur sa vie. Les dépenses des menus plaisirs et affaires de la Chambre du roi de 1677 nous apprennent notamment que Nicolas Varin était Violon ordinaire du roi et faisait partie des Vingt-quatre Violons, dit aussi “Grande Bande”.[1]
[1] Anatole de Montaiglon, Dépenses des menus plaisirs et affaires de la chambre du roi pendant l’année 1677, 1857, p.7
Cet ensemble musical était le véritable emblème de la musique royale, copié dans toute l’Europe, et avait atteint son apogée précisément à l’époque de Nicolas Varin, depuis que Jean-Baptiste Lully le dirigeait et était à la tête de l’Académie royale de musique (1671). C’était alors le principal organe des manifestations officielles jusqu’à sa dissolution en 1761.
“Plus que toute autre phalange musicale de la Cour, les Vingt-quatre Violons ou « Grande Bande » incarnaient la magnificence des cérémonies et étaient liés à l’« extraordinaire » de la vie du Roi.”
https://cmbv.fr
Nicolas Varin en fit partie jusqu’en 1686, date à laquelle il laissa sa place à Jean Aubert[3]. Les membres de cet orchestre étaient tous qualifiés de “Violons ordinaires de la Chambre du Roi”. L’ensemble était composé de cinq familles de violon, dont trois ont disparu depuis le XVIIIème siècle. Nicolas Varin était l’un des quatre violons ordinaires à jouer de la taille de violon[4].
[3] Laurent Grillet, Les Ancêtres du violon et du violoncelle. Les luthiers et les fabricants d’archets. Schmid, 1901, p.64
[4] Laurent Grillet, Les Ancêtres du violon et du violoncelle. Les luthiers et les fabricants d’archets. Schmid, 1901, p.64
La pochette de Romain Chéron appartenait donc à un illustre musicien de la Cour qui, au regard des archives, semble avoir fait partie des plus privilégiés. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait commandé une pochette aussi précieuse à Chéron.
En effet, un certain nombre d’archives nous permettent de comprendre que Nicolas Varin était un musicien aisé, renommé et intégré à la haute société de son temps. Tout d’abord, il faisait partie des rares violons ordinaires du roi à avoir également la charge de maître à danser. Il a en effet succédé à Jean Crestot, dit La Haye, en tant que baladin de la Grande Ecurie à la mort de ce dernier en 1648, et a pu lui racheter sa charge de 3000 livres. Guillaume Dumanoir, autre violon du roi à être baladin (pour la Petite Écurie), a lui déboursé 2200 livres pour sa charge[1]. Or, ces montants sont bien supérieures à ceux d’une charge de violon ordinaire de la Chambre du Roi et nous pouvons donc supposer que le titre de “baladin de l’Ecurie” n’était accessible qu’à des musiciens aisés.
On sait également que Nicolas Varin était un musicien réputé, puisqu’il comptait parmi les rares artistes à donner des concerts régulièrement :
“Les artistes en renom donnent des auditions chez eux, à l’instar de leur aîné Pierre Chabanceau de La Barre, l’organiste du roi […]. Près des Petites Ecuries, chaque semaine, Varin bat la mesure dans un concert “d’instruments et de voix ensemble”.
Yolande de Brossard, La Vie musicale en France d’après Loret et ses continuateurs : 1650-1688, 1970, cité dans Marcelle Benoît : Versailles et les musiciens du roi 1661-1733 : étude institutionnelle et sociale. Ed. A. & J. Picard, 1971, p.12
[1] Catherine Massip, La vie des musiciens de Paris au temps de Mazarin, A. et J. Picard, 1976, p;42
Cette dernière citation laisse suggérer que Nicolas Varin dirigeait aussi des ensembles d’instruments. Battait-il la mesure tel un chef d’orchestre ou marquait-il le rythme à l’aide de sa pochette ?
Ce dernier point sous-entend également que Nicolas Varin faisait pleinement partie de l’élite mondaine, comme en témoigne l’assemblée présente lors de son mariage :
“Les plus favorisés comme Guillaume Dumanoir et Nicolas Varin, reçoivent respectivement 4000 et 3000 livres de leur épouse. Une assemblée brillante entoure d’ailleurs Nicolas Varin, violon du roi et maître à danser des pages de l’Écurie, le jour de son mariage : trente-quatre témoins tous attachés à la Maison du Grand Ecuyer, le comte d’Harcourt, lui-même présent, assistent à la cérémonie.”
Catherine Massip, La vie des musiciens de Paris au temps de Mazarin, A. et J. Picard, 1976, pp.92-93
A la tête d’une famille nombreuse, Nicolas Varin fut aidé par le roi pour la constitution des dots de ses enfants à l’occasion de leur mariage[1]. L’un de ses fils, Charles Varin, devint également l’un des violons de la Chambre du roi[2].
[1] Marcelle Benoît : Versailles et les musiciens du roi 1661-1733 : étude institutionnelle et sociale. Ed. A. & J. Picard, 1971, p.154
[2] Archives nationales, 1686, O/1/30
La mise en commun des différentes archives sur Nicolas Varin nous permet de définir les bornes chronologiques de ses fonctions en tant que maître à danser des Pages de la Grande Ecurie, de 1648 à environ 1686 (en effet, il achète sa charge en 1648 et Aubert le remplace comme violon ordinaire en 1686). A ce titre, il enseigna donc pendant environ 40 ans aux pages. Après lui, son gendre Antoine Mayeu restera également longtemps à ces fonctions, pendant près de 30 ans, environ de 1686 à 1718[1].
S’il est une institution par excellence réservée à l’élite au XVIIème siècle, c’est bien l’École des Pages des Écuries du roi. Pour l’intégrer, le futur page devait fournir la preuve de sa noblesse :
“Ces preuves étaient une des premières conditions d’admission à l’école des pages. L’obligation de les produire datait de la minorité de Louis XIV.”
Gaston de Carné, Les Pages des Ecuries du Roi, L’Ecole des Pages, 2023, p.59
“[…] Mais les preuves n’étaient pas la seule condition d’admission à l’Ecole des pages. Il fallait de plus que l’enfant eut la taille de cinq pieds deux pouces, l’âge d’environ quinze à seize ans, qu’il fut bien fait, qu’il eut une jolie figure, et qu’il fût “connu pour être de bonnes moeurs”.
Gaston de Carné, Les Pages des Ecuries du Roi, L’Ecole des Pages, 2023, p.61
Les pages étaient au nombre de cinquante et se destinaient au rang d’écuyer dans un régiment de cavalerie ou d’infanterie, en qualité de sous-lieutenant. Ils avaient la permission d’accompagner le roi dans ses déplacements en carrosse ou à cheval.
Leur enseignement comportait bien sûr des leçons d’équitation, mais les pages recevaient aussi une instruction générale sérieuse et complète. Sous le règne de Louis XIV, l’École et l’instruction qui y était dispensée furent véritablement organisées.
“Sept maîtres spéciaux étaient chargés de cette instruction : un maître tireur d’armes ; un maître à voltiger ; un maître à danser ; un maître des exercices de guerre ou des hautes armes ; un maître de mathématiques ; un maître à écrire et un maître à dessiner. […] Chacun de ces professeurs ne venait que deux fois la semaine, et pendant une heure. […] Les fonctions du maître à danser consistaient à apprendre aux pages le menuet et la marche ordinaire […] suivant un usage aussi sage qu’il est ancien”.
Gaston de Carné, Les Pages des Ecuries du Roi, L’Ecole des Pages, 2023, pp.80-82
Le maître à danser devait tout particulièrement préparer le page à assister aux cérémonies officielles et à participer aux ballets de la Cour.
Sous Louis XIV, les Écuries royales représentent l’un des plus importants départements de la Maison du roi. En prévision de l’installation de la Cour et du gouvernement à Versailles, un double chantier placé sous la direction de Jules Hardouin-Mansart est alors lancé. Ce dernier a pour mission de diriger la construction des Petites et Grandes Ecuries sur la place d’Armes, bâties symétriquement sur deux terrains trapézoïdaux. De taille identique, les petites et grandes écuries se développent chacune autour d’une cour se terminant en demi-lune et ouvrant sur un manège couvert. Réalisées en un temps record de trois ans, elles sont inaugurées en 1682.
Il est donc probable que la pochette de Nicolas Varin, réalisée en 1681, ait été commandée en vue du déménagement de l’école dans les nouvelles écuries du roi à Versailles. Rappelons en effet que Nicolas Varin était depuis déjà de nombreuses années le maître à danser des pages de Louis XIV et qu’il est donc tout à fait envisageable qu’il ait souhaité célébrer ce renouveau en faisant l’acquisition d’un nouvel instrument à la hauteur de la magnificence des nouvelles écuries.
Pour finir et afin d’occulter aucune piste concernant l’histoire de cette exceptionnelle pochette, nous signalerons que plusieurs historiens considèrent qu’elle a appartenu au violoniste et chef d’orchestre Jean-Joseph Vidal (1789-1867). Ce dernier possédait en effet une pochette de Louis XIV “toute couverte de fleurs de lis d’or”[1].
[1] Castil-Blaze, Molière musicien, Paris, 1852, p.437
“Dans ce registre, la plus impressionnante de toutes [les pochettes] est certainement celle qui a créé l’événement lors d’une vente publique à Paris, en décembre 1997: signée “Romain Cheron à Paris 1681”, elle est entièrement en écaille, à l’exception de la table en cyprès et de la tête en vermeil. Le tout est incrusté de filigranes d’or et des armes royales sur la touche. Emportée par un amateur parisien, cette merveille accompagnée de son archet, également en écaille, est peut-être bien celle à laquelle Eugène de Bricqueville fait allusion dans son ouvrage Les Pochettes de maîtres de danse (et qui est décrite dans le catalogue du Musée de Cluny de Givry” : “La pochette a figuré en haut lieu, si nous en croyons Castil-Blaze: ‘M. Vidal, ancien chef d’orchestre de notre théâtre italien – dit l’auteur de Molière italien – possède la pochette de Louis XIV. Elle est toute couverte de lys d’or’”.
Claude Lebet, La Pochette du Maître à Danser, Rome, Mattioli 1885, 2015, pp.44-49
Toutefois, la pochette de Romain Chéron n’est pas recouverte de lys d’or et, pour pouvoir considérer que cette description fasse néanmoins référence à notre pochette, il faudrait partir du principe que l‘expression “couverte de lys d’or” ne fasse pas allusion à l’instrument en lui-même mais à son étui. Il existe en effet de nombreux exemples d’étuis recouverts de lys d’or, à l’instar de la pochette de Drouyn du Victoria & Albert Museum. En revanche, rien ne nous permet d’affirmer que cette pochette était conservée dans l’un d’entre eux.
Vichy Enchères vous donne rendez-vous le samedi 13 avril 2024 pour la vente de ce bijou sans égal.
Vichy Enchères invites you to discover a marvel of instrument making, one so rare we hardly dare to touch it… And yet, this instrument was used for many years by a dancing master in the court of Louis XIV, who undoubtedly was not precious about storing it in his pocket! Let’s take a closer look at this wonderful instrument and travel back to a time when dance was an integral part of the education of the nobility.
This dancing master’s pochette in the shape of a violin was made by Romain Chéron in Paris in 1681, as indicated by its handwritten label in brown ink placed inside the instrument. Pochettes were mainly in use under the Ancien Régime by dancing masters – who were, above all, good violinists – to give dance and posture lessons. The dancing master, or baladin as it was formerly known, gave lessons in behaviour and taught the graceful movements necessary to take part in the Court ballets. The instrument allowed the dancing master to mark time, and it could be carried easily thanks to its small, “pocket” size, which earned it the name pochette.
“It is worth noting that, in the Baroque era and until the end of the 18th century, coats had large and deep pockets. The pochette could therefore comfortably nestle there, swung to the rhythm of the steps of the dancing masters ascending the steps of opulent houses where nobles and bourgeoisie waited to receive their lesson in posture and dancing.”
Claude Lebet, La pochette du maître à danser, 2014, p.5
The dancing master was indeed an indispensable figure in the education of the aristocracy. He was employed by the greatest, giving lessons to kings, queens, princes and the king’s nobles. Louis XIV had several dancing masters, including Pierre Beauchamps and Jean Regnault.
Very few pochettes have survived to this day, and those in the shape of a violin are even rarer. The majority of those still in existence are boat-shaped, like the other very beautiful examples in the Vichy Enchères sale on 13 April 2024.
“[I]f we take the trouble to look more closely at the rare pochette violins that have come down to us, we will often find, to our surprise, that we are in the presence, most of the time, of true masterpieces of sculpture and creativity…”
Claude Lebet, La pochette du maître à danser, 2014, p.2
This pochette is dated 1681 and was made during the reign of Louis XIV, when the profession of dancing master had just been elevated to the rank of court personnel. Its maker, Romain Chéron, came from a dynasty of instrument makers and string sellers from Rome. His grandfather Antoine Chéron was active from 1599 as a master instrument maker, rue des Arcis, at the famous Singe Vert shop sign. He was most likely the son of Nicolas Chéron or his brother Noël Chéron, who were also instrument makers in the middle of the 17th century, probably active on rue Dauphine and rue de la Vieille boucherie, in Paris[1]. Official acts, as well as a label present in a guitar, tell us about the existence of another maker, Robert Chéron, sometimes mistaken for Romain Chéron. The guitar in question was made in 1694 and is kept at the Metropolitan Museum of Art in New York. This elaborately ornamented instrument is reminiscent of the work of the Voboams and reminds us that other Parisian makers excelled in this craft, despite our limited knowledge of their production, due to the lack of research in this field.
[1] Constant Pierre, Les facteurs d’instruments de musique, Sagot, 1893
We should add that the Chéron dynasty also includes a Jean-Baptiste Chéron, active at the end of the 17th century, as well as other makers and music masters in the 18th century. Romain Chéron had a son, Michel Romain, “viol master”, who married in 1711 (his marriage contract indicates that Romain Chéron was still alive at the time). The documentation we have regarding Romain Chéron is very limited. However, interestingly, an extract from the registers of the Conseil d’Etat tells us that he was the first, with Honoré Rastoin, to acquire the office of juror of the community of instrument makers, in 1692[1]. He must have therefore been an important maker. Unfortunately, with the exception of this dancing master’s pochette, we only know of one other instrument signed Romain Chéron. It is a bass viola da gamba from 1694, kept at the Musées royaux d’Art et d’Histoire in Brussels. It has the particular merit of having retained a label which includes the address of Romain Chéron, rue Saint-Antoine in Paris.
[1] Constant Pierre, Les facteurs d’instruments de musique, Sagot, 1893
This pochette by Romain Chéron is interesting in many respects. Firstly, it is the only pochette in existence that bears the signature of Romain Chéron. It therefore joins the small number of examples known by this maker, and sheds light on the production of the Chéron dynasty, which would have been quite significant at the time. Secondly, it is one of the most refined pochettes we know: all aspects of this instrument point to the exceptional care taken in its manufacturing, whether in the choice of materials and their working, or its elaborate ornamentation. Which takes us to its third point of interest: the presence of the arms of France on the fingerboard of the instrument.
Indeed, this pochette is the only known violin-shape one to feature the arms of France. The only other pochette bearing the arms of France is a boat-shaped one and is kept at the Musée de la Musique de Paris. However, the latter does not include any number (or monogram), unlike our instrument – which is the fifth aspect that sets it apart. Indeed, the back of pochette by Romain Chéron features the monogram “NV” inlaid with silver and gold thread. Again, we only know of one other pochette with a monogram. It is a German instrument made in 1691, bearing the label of Jacobus Stainer, without coat of arms, and whose back is also inlaid with tortoiseshell (Musée de la Musique, Paris).
As the arms of France suggest, the extreme refinement of this pochette by Romain Chéron, decorated with tortoiseshell and inlaid with threads of gold and vermeil in arabesque motifs, is worthy of the function it fulfilled. Indeed, the presence of the arms of France reminds us that the dancing master worked first and foremost for the king and that he was his servant. Therefore, the pochette had to reflect the good taste of Louis XIV, his erudition and his power. Its head features a reference to ancient mythology in the form of Medusa – whose representation is both expressive and unique, and a true artistic feat. On the heel, a Native American head probably alludes to the explorations in America of Cavelier de La Salle at the time[1]. As an unexpected bonus, we have the accompanying bow, also inlaid with gold and silver, and decorated with the same arabesque motifs that ornament the pochette.
[1] Fêtes et divertissements à la cour”, cat. exp. château de Versailles, 2016-2017, Paris, 2016, p.290
There are several clues as to whom this pochette might have belonged. The first, of course, is the fact that it is a dancing master’s pochette, made undoubtedly for a dancing master. The second is the label indicating the manufacturing place and date of the instrument, i.e. Paris in 1681. It was therefore made under the reign of Louis XIV, and it is safe to assume that the person it was made for was active in the capital, where Romain Chéron made the pochette. This theory is supported by the third clue: the presence of the arms of France on the instrument, indicating that its patron gravitated in the king’s circle and was part of one of the royal houses of the French court. Finally, last but not least, is the number inlaid on the back. As was customary at the time, this designated the owner of the instrument, in other words a dancing master to the Court from the last third of the 17th century. The registers of the time, in particular that of Charles Mavelot regarding the Dauphin in 1680, allow us to decipher, without a doubt, the number on the pochette as “NV”. Luckily, the royal houses of the court of France left behind extensive documentation including “estate inventories” drawn in 1674 and 1683 in particular.
These inventories provide a list of the members of the houses and the functions they fulfilled. They reveal that there was only one dancing master with a name that matches the monogram “NV”: Nicolas Varin. Furthermore, he appears precisely at the right time, i.e. in the inventories of the King’s Estate of 1674 and 1683 (the pochette dates from 1681). He is mentioned in one of the most important departments of the King’s Estate, the Royal Stables, in the Pages of the Great Stable section.[1]
The Almanach de la Cour compiled from archives by William Ritchey Newton[2], is also very valuable, because it reveals the names of the dancing masters serving the king. The inspection of the various names mentioned confirms our theory, as no other musician have these initials. For instance, the following dancing masters were contemporaries of Nicolas Varin: Charles Charpentier was the dancing master to the pages at the Stables of Queen Marie Thérèse from 1677 to 1682; François Ballon was the dancing master to the pages of the Small Stable around 1689; Guillaume Raynal gave dance lessons to the dauphine of Bavaria between 1680-1690; Jean Favier was the dancing master to the pages of the dauphine of Bavaria at the establishment of her house in 1680 and until 1690.
[1] Nicolas Besongne, L’État de la France où l’on voit tous les princes, ducs et pairs (…), Paris, A. Besongne, 1674, 2 vol. ; vol. 1, p. ().Edité en ligne par C. zum Kolk dans le cadre du projet « Curia », Centre de recherche du château de Versailles, 2008 ; (http://chateauversailles-recherche.fr/curia/documents/roi1674.pdf).
[2] William Ritchey Newton, Almanach de la Cour, Seconde Edition, 2020
The inventories of the King’s Estate of 1674 and 1683 tell us several things about Nicolas Varin. In the section of the King’s Estate’s inventory of 1674 regarding the school of the pages of the Great Stable, we can read the following:
“Master of Dance, Nicolas Varin, of the twenty-four Violons du Roy”
Etat de 1674
The Inventory of 1683 confirms that Nicolas Varin was then still master to the pages of the Stables:
“Master of Dance, Mr. Varin, & Antoine Mayeu, his surviving son-in-law”
Etat de 1683
Despite the first name of Nicolas Varin being omitted, we can be certain that it was indeed him: the national archives keep several documents that indicate that Nicolas Varin was the father-in-law of Antoine Mayeu (sometimes spelled Mahieux or Mayeux), himself a dancing master.
“Marriage contract between Antoine Mahieux, native of Laon and Elisabeth Varin, daughter of Nicolas Varin, dancing master to the pages of the king’s great stable, and Marie Ferrand. Among the witnesses, Jacques Mahieux, brother of the groom, ordinary dancing master of the Royal Academy of Dance, and Marguerite Michelarme, his wife, Charles Varin, dancing master and one of the 24 ordinary violins of the king, brother of the bride. Antoine Mahieux, rue Mazarin, dancing master and pensioner of the king for the same profession.”
Minutes de 1677, archives nationales, MC/ET/IV/216, contrat de mariage du 9 octobre 1677
According to the Almanach de la Cour, Antoine Mayeu replaced Nicolas Varin at the School of the Pages around 1689, and remained there until 1718[1].
[1] William Ritchey Newton, Almanach de la Cour, Seconde Edition, 2020
The archives referring to Nicolas Varin are sufficiently abundant as to give us a good overview of his life. The expenses relating to the minor pleasures and affairs of the King’s Chamber of 1677 tell us in particular that Nicolas Varin was ordinary violinist of the king and was part of the Twenty-four Violins, also known as the “Grande Bande”.[1]
[1] Anatole de Montaiglon, Dépenses des menus plaisirs et affaires de la chambre du roi pendant l’année 1677, 1857, p.7
This musical ensemble was a true symbol of royal music, copied throughout Europe, and reached its peak precisely during the time of Nicolas Varin, in conjunction with Jean-Baptiste Lully becoming its director and the head of the Royal Academy of Music (1671). It was then the main musical ensemble of official events, until its dissolution in 1761.
“More than any other musical ensemble of the Court, the Twenty-four Violins or “Grande Bande” embodied the magnificence of the ceremonies and were an integral part of the “extraordinary” aspects of the King’s life.”
https://cmbv.fr
Nicolas Varin was part of it until 1686, when he left his post and was replaced by Jean Aubert[3]. The members of this orchestra were all described as “Ordinary Violins of the King’s Chamber”. The ensemble was made up of five violin-family instruments, three of which have disappeared since the 18th century. Nicolas Varin was one of four ordinary violins playing a violin size instrument[4].
[3] Laurent Grillet, Les Ancêtres du violon et du violoncelle. Les luthiers et les fabricants d’archets. Schmid, 1901, p.64
[4] Laurent Grillet, Les Ancêtres du violon et du violoncelle. Les luthiers et les fabricants d’archets. Schmid, 1901, p.64
The pochette by Romain Chéron therefore belonged to an illustrious Court musician who, based on extant historical document, seems to have been one of the most privileged. It is therefore not surprising that he ordered such a precious pochette from Chéron.
Indeed, a number of documents point to the fact that Nicolas Varin was a wealthy musician, renowned and integrated into the high society of his time. Firstly, he was one of the few ordinary violins of the king who also had the title of dancing master. In fact, he succeeded Jean Crestot, known as La Haye, as baladin of the Great Stable upon the latter’s death in 1648, and was able to buy back his position for 3,000 livres. Guillaume Dumanoir, another violin of the king to become a baladin (for the Small Stable), paid 2,200 livres for his title[1]. These charges were much higher than for that of an ordinary violin in the King’s Chamber, and we can therefore assume that the title of “baladin de l’Ecurie” was only affordable for wealthy musicians.
We also know that Nicolas Varin was a renowned musician, since he was one of only a few artists to give concerts regularly:
“Renowned artists give recitals at home, like their elder Pierre Chabanceau de La Barre, the king’s organist […]. Near the Small Stables, every week, Varin keeps the beat at a concert “combining instruments and voices”.
Yolande de Brossard, La Vie musicale en France d’après Loret et ses continuateurs : 1650-1688, 1970, cité dans Marcelle Benoît : Versailles et les musiciens du roi 1661-1733 : étude institutionnelle et sociale. Ed. A. & J. Picard, 1971, p.12
[1] Catherine Massip, La vie des musiciens de Paris au temps de Mazarin, A. et J. Picard, 1976, p;42
This last quote suggests that Nicolas Varin also conducted instrumental ensembles. Was he marking time like an orchestra conductor or was he beating the rhythm using his pochette?
It also implies that Nicolas Varin was fully part of the social elite, as evidenced by the attendees at his wedding:
“The most privileged, like Guillaume Dumanoir and Nicolas Varin, received respectively 4,000 and 3,000 livres from their wives. A distinguished set of guests attended the wedding of Nicolas Varin, violin to the king and dancing master to the pages of the Stable: 34 witnesses, all attached to the Maison du Grand Ecuyer, the Count of Harcourt, who was present, attended the ceremony.”
Catherine Massip, La vie des musiciens de Paris au temps de Mazarin, A. et J. Picard, 1976, pp.92-93
Nicolas Varin was the head of a large family, and the king helped him constitute the dowries of his children on the occasion of their marriage[1]. One of his sons, Charles Varin, also became one of the violins of the King’s Chamber[2].
[1] Marcelle Benoît : Versailles et les musiciens du roi 1661-1733 : étude institutionnelle et sociale. Ed. A. & J. Picard, 1971, p.154
[2] Archives nationales, 1686, O/1/30
The examination of the various historical documents we have on Nicolas Varin allows us to determine that his function as dancing master to the Pages of the Great Stable spanned from 1648 to around 1686 (he bought his title in 1648, and Aubert replaced him as ordinary violin in 1686). In this capacity, he taught pages for almost 40 years. After him, his son-in-law Antoine Mayeu also remained in his position for a long time, almost 30 years, approximately from 1686 to 1718[1].
If there was an institution, par excellence, reserved for the elite in the 17th century, it was certainly the School of the Pages of the King’s Stables. To join, the future page had to provide proof of his nobility:
“This proof was one of the first conditions for admission to the page school. The obligation to produce it arose at the time when Louis XIV was still a minor.”
Gaston de Carné, Les Pages des Ecuries du Roi, L’Ecole des Pages, 2023, p.59
“[…] But proof was not the only condition for admission to the School of Pages. It was also necessary that the child be five feet two inches tall, approximately 15 to 16 years old, that he be well built, had a pretty face, and that he be “known to be of good morals”.”
Gaston de Carné, Les Pages des Ecuries du Roi, L’Ecole des Pages, 2023, p.61
There were 50 pages in total, and they were destined for the rank of squire in a cavalry or infantry regiment, as a second lieutenant. They had permission to accompany the king on his travels by carriage or on horseback. Their teaching included riding lessons of course, but the pages also received a thorough general education of a high standard. It was under the reign of Louis XIV that the school and the instruction provided there were truly organized.
“Seven special masters were responsible for this instruction: a master in shooting weapons; a master of acrobatics; a dancing master; a master of war drills or high arms; a master of mathematics; a master of writing and a master of drawing. […] Each of these masters only came twice a week, and for one hour. […] The functions of the dancing master consisted of teaching the pages the minuet and the ordinary march […] following a usage as wise as it is ancient.”
Gaston de Carné, Les Pages des Ecuries du Roi, L’Ecole des Pages, 2023, pp.80-82
In particular, the dancing master had to prepare the page to attend official ceremonies and participate in Court ballets.
Under Louis XIV, the Royal Stables were one of the most important departments of the King’s Estate. In preparation for the relocation of the Court and the government to Versailles, a double project under the helm of Jules Hardouin-Mansart was then launched. His mission was to supervise the construction of the Small and Great Stables on the Place d’Armes, built symmetrically on two trapezoidal plots of land. Identical in size, the small and large stables were developed around a courtyard ending in a half-moon and opening onto a covered riding arena. The project was completed in record time, three years, and the stables were inaugurated in 1682.
It is therefore likely that Nicolas Varin’s pochette, made in 1681, was commissioned in conjunction with the school’s move to the king’s new stables in Versailles. Nicolas Varin had already been the dancing master to the pages of Louis XIV for many years, and so it is most likely he wanted to mark this new chapter by acquiring a new instrument to match the magnificence of the new stables.
Finally, and in order to be as comprehensive as possible regarding the history of this exceptional pochette, we should point out that several historians believe that it belonged to the violinist and conductor Jean-Joseph Vidal (1789-1867). Indeed, he owned a Louis XIV pochette “covered with gold fleurs-de-lis”[1].
[1] Castil-Blaze, Molière musicien, Paris, 1852, p.437
“In this regard, the most impressive of all [the pochettes] is certainly the one that was the centre of attraction at a public sale in Paris in December 1997: signed Romain Cheron à Paris 1681, it is entirely in tortoiseshell, with the exception of its cypress front and silver-gilt head. It is inlaid throughout with gold filigree and features the royal arms on the fingerboard. This marvel, which sold to a Parisian amateur, was accompanied by its bow, also in tortoiseshell, and is perhaps the one to which Eugène de Bricqueville alludes in his work Les Pochettes de maîtres de danse (and which is described in the catalogue of the Museum of Cluny of Givry as follows: “The pochette appeared in high circles, if we are to believe Castil-Blaze, the author of Italian Molière; according to him: ‘M. Vidal, former conductor of our Italian theatre, owns the pochette of Louis XIV. It is covered entirely with golden lilies’).”
Claude Lebet, La Pochette du Maître à Danser, Rome, Mattioli 1885, 2015, pp.44-49
Alas, the pochette by Romain Chéron is not covered with gold lilies and, for the description above to refer to our pochette, we would have to assume that the mention “covered with gold lilies” refers to the instrument’s case, rather than the instrument itself. There are indeed various examples of cases covered with gold lilies, like the one by Drouyn in the Victoria & Albert Museum. However, we do not have any evidence that this pochette was kept in such case.
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