Le 13 avril 2024, la plus petite guitare jamais réalisée par Joachim Tielke sera vendue à Vichy Enchères. Véritable prouesse artistique et technique, cet instrument réalisé en 1684 présente une riche ornementation cristallisant tout le savoir-faire de Tielke.
Né le 14 octobre 1641 à Königsberg en Prusse, Joachim Tielke a été baptisé à la cathédrale de Königsberg le 16 octobre 1641. Malgré le renom de ses instruments, la vie de Joachim Tielke reste encore peu connue. Aussi subsistent des questions quant à sa formation et aux raisons de son installation à Hambourg. Tielke était probablement le deuxième fils de Gottfried I Tielke, un juge établi dans le quartier de Kneiphof à Königsberg. On lui connaît un frère aîné, Gottfried II, avec qui il fut certainement formé à la lutherie dans un atelier de la ville[1]. Bien que les détails concernant la vie de Joachim Tielke restent flous, les recherches ont permis d’établir qu’il fit des études supérieures à l’université de Leyde, l’Academia Lugduno Batavae, fondée en 1575 et considérée comme l’une des meilleures de l’époque. En 1663, il étudia la médecine avant de se tourner vers la philosophie et les beaux-arts dès l’année suivante[2]. Cette période aux Pays-Bas pourrait expliquer les inspirations néerlandaises perceptibles dans son travail, notamment en ce qui concerne son répertoire ornemental influencé par l’Age d’Or de l’art néerlandais. De Leyde, il ramena en effet plusieurs recueils illustrés qui lui serviront de modèles comme nous le verrons par la suite. La raison de ce parcours surprenant est inconnue. Considérait-il qu’une formation académique était un atout pour exercer le métier de luthier ou était-ce une condition imposée par son père ?
[1] Pilipczuk, Alexander. « Joachim Tielke, Instrument-Maker and Merchant of Hamburg: Recent Findings about His Education and Professional Life. » Galpin Society Journal 61 (2008), p.130
[2] Pilipczuk, Alexander. « Joachim Tielke, Instrument-Maker and Merchant of Hamburg: Recent Findings about His Education and Professional Life. » Galpin Society Journal 61 (2008), p.132
En 1667, il établit son atelier à Hambourg et s’affirme rapidement comme l’un des luthiers les plus éminents d’Allemagne. La seule archive sur laquelle apparaît son statut de “faiseur d’instrument” est un document d’obtention des droits de citoyenneté de la ville de Hambourg, en date du 9 juillet 1669[1]. A Hambourg, il épouse Catharina Fleischer, issue de la célèbre famille de facteurs d’instruments, à laquelle Joachim Tielke sera souvent associé.
A cette époque, Hambourg est très prospère, profitant de l’essor du commerce portuaire. La clientèle est donc aisée et Tielke est vite reconnu. La qualité de ses instruments – tant musicale qu’ornementale -, suscite une forte demande provenant de la haute société de son temps. Parmi ses clients notables figurent ainsi des aristocrates, érudits, virtuoses ou marchands d’art. Des personnalités telles que les érudits Zacharias Conrad von Uffenbach[2], Johann Friedrich Armand von Uffenbach, Nicolaas Selhof, Johan Daniel Berlin ou encore des têtes couronnées à l’instar de Sophie-Hedwige de Danemark, fille du roi Christian V, lui achètent des instruments.
[1] Pilipczuk, Alexander. « Joachim Tielke, Instrument-Maker and Merchant of Hamburg: Recent Findings about His Education and Professional Life. » Galpin Society Journal 61 (2008), p.132
[2] Zacharias von Uffenbach, dans son journal de voyage publié en 1753, indique lui avoir acheté un luth
Le succès de son atelier est également lié à sa gestion rationalisée de sa production. En effet, Tielke supervisait toute une équipe de luthiers et sculpteurs et avait plusieurs collaborateurs, dont probablement Johann et Hinrich Kop[1]. Il gérait aussi particulièrement bien ses matériaux, utilisant des techniques permettant d’en optimiser l’usage (comme nous le verrons par la suite, il pouvait réaliser les décors de deux instruments en ne découpant qu’un seul matériau, grâce à la technique de la “double coupe”). De plus, sa vie sociale à Hambourg, marquée par des alliances avec la classe marchande, contribua à son statut éminent. Sa famille était bien intégrée dans la vie culturelle de la ville dans laquelle Joachim Tielke jouait un rôle actif. Il s’éteignit le 19 septembre 1719, laissant derrière lui des instruments assimilables à des œuvres d’art.
[1] Pilipczuk, Alexander. « Joachim Tielke, Instrument-Maker and Merchant of Hamburg: Recent Findings about His Education and Professional Life. » Galpin Society Journal 61 (2008)
Joachim Tielke ne se limita pas à la fabrication de guitares, comme en témoigne l’impressionnante diversité des instruments créés dans son atelier. L’inventaire de son œuvre rend compte d’une production importante, totalisant 136 instruments, portant chacun la marque distinctive de sa facture. Parmi ses créations, on recense notamment 7 luths, 6 théorbes, 1 angélique, 25 guitares, 8 cithares, 5 violons, 3 pochettes, 8 violes d’amour (ici des doutes existent) ou encore 71 violes de gambe[1].
[1] Günther Hellwig, Joachim Tielke, Ein Hamburger Lauten und Violenmacher der Barockzeit, 1980, p.37
Cette liste presque exhaustive révèle la capacité de Tielke à exceller dans la fabrication d’instruments hétérogènes. Très scrupuleux, il n’hésitait pas à retravailler un instrument, même plusieurs années après sa création, afin d’en améliorer la sonorité et la pratique. On trouve ainsi plusieurs instruments modifiés dans leur histoire par Tielke, qui pouvait aussi bien changer la forme des ouïes, ajouter ou supprimer des chevilles, remplacer des cordes, modifier un manche, etc. Parfois, ces transformations donnaient lieu à des transferts d’étiquette d’un instrument à l’autre[1].
[1] Günther Hellwig, Joachim Tielke, Ein Hamburger Lauten und Violenmacher der Barockzeit, 1980
La haute société appréciait tout particulièrement Tielke pour son utilisation de matériaux nobles, tels que l’ivoire, l’ébène, l’écaille de tortue, la nacre et les pierres semi-précieuses. Ses instruments étaient dès lors très recherchés par la noblesse et la bourgeoisie pour leur sonorité sans égal, mais aussi pour leur richesse décorative. Comme le recontextualise une peinture de Tischbein figurant une jeune élégante jouant une cithare probablement de Tielke, ces instruments étaient très à la mode à Hambourg entre 1650 et 1750 et celui-ci excellait dans leur conception.
Il produisait des modèles aux décors raffinés parfaitement adaptés à cette clientèle de choix. Tielke avait notamment mis au point une technique d’incrustation inversée, ou de double coupe, consistant à découper un motif dans un matériau tel que l’ivoire, et à utiliser ses “chutes ou fond” (on parle plutôt de “contrepartie”), pour réaliser le décor d’un deuxième instrument. En effet, une fois les motifs extraits de leur plaque d’ivoire, il lui restait un fond dont la découpe centrale dessinait des motifs pouvant servir à un autre instrument. Cela lui permettait de créer deux fois le même décor, mais dans des matériaux inversés. Par exemple, si les motifs découpés étaient en ivoire, alors ils étaient incrustés sur de l’ébène, tandis que le fond d’ivoire servait à un autre instrument et était complété par de l’ébène. On observe notamment cela en mettant en parallèle la cithare du Hamburg Museum für Kunst und Gewerbe avec celle du château d’Adolphseck bei Fulda. Les deux instruments présentent la même décoration, mais l’un à des motifs en ébène sur un fond d’ivoire, tandis que l’autre à des motifs en ivoire sur un fond d’ébène.
Les instruments de Joachim présentent ainsi des décors sculptés ou incrustés très sophistiqués, confirmant que notre luthier était un fin ébéniste.
Les guitares de Joachim Tielke constituent un remarquable ensemble de 25 instruments parvenus jusqu’à nous, offrant un bel aperçu de son savoir-faire d’exception. Ces guitares se distinguent par leur fond bombé, que l’on retrouve sur tous les modèles à l’exception d’une guitare de 1676 qui présente un fond plat. Toutefois, bien que les guitares de Tielke aient un fond bombé, il ne s’agit pas de chitarra battente, car leur table d’harmonie n’est pas pliée dans la partie inférieure.
Ce type de guitare de Tielke est proche de celui que l’on trouve en Italie chez des luthiers tels que les Sellas. Faut-il en déduire que Joachim Tielke ait été influencé par les Italiens et, pourquoi pas, qu’il ait été formé là-bas ? Quoiqu’il en soit, la guitare de la vente Vichy Enchères du 13 avril 2024 ne déroge pas à la règle et présente un fond bombé de ce genre. A ce jour, cette guitare est le plus petit modèle de guitare réalisé par Joachim Tielke qui ait été recensé.
Comme la majorité de ses instruments, les guitares de Tielke sont très ornées et ce principalement sur le dos et le manche. Les instruments réalisés avant 1690 présentent essentiellement un répertoire décoratif végétal, qui se complexifie et s’enrichit de scènes figuratives complexes autour de 1700. Datée de 1684, cette guitare d’enfant est donc l’un des rares modèles de l’époque à présenter des scènes figurées. Stylistement similaires à cette dernière, les autres guitares connues que Tielke a réalisées en 1684, à l’instar de celle conservée au Royal College of Music, ne présentent en effet aucune figure, ce qui singularise la guitare d’enfant de la vente Vichy Enchères.
Les guitares connues qui ont été réalisées environ à partir de 1690 présentent presque toujours des scénettes figurées de grande beauté.
Notons enfin que les dimensions des guitares de Tielke varient considérablement, avec des longueurs de corde allant de 47,8 cm à 71,5 cm. Avec un diapason de 43 cm, la guitare de la vente du 13 avril 2024 est donc tout à fait remarquable puisqu’il s’agit du plus petit modèle connu de Tielke.
De par sa taille réduite et sa richesse décorative, cette guitare d’enfant de Tielke s’offre à nous comme une prouesse technique et artistique. Minutieusement réalisée en marqueterie d’ivoire, la décoration est à la fois florale et figurative. Ces incrustations florales couvrent le dos de l’instrument et s’étendent sur le manche, le chevillier, la tête et les éclisses. Sur le dos, le manche et les éclisses, les motifs s’organisent autour d’un rinceau dont les ondulations dessinent des creux au sein desquels s’inscrivent différentes fleurs naturalistes, dont le mimétisme suggère que Tielke travaillait à partir de livres de botanique, alors à la mode depuis le début du XVIIème siècle.
Bien qu’il se soit certainement inspiré des dessins scientifiques en vogue, il en a proposé une interprétation personnelle en développant des motifs floraux uniques tout au long de sa carrière. Ses instruments témoignent ainsi d’une maîtrise inégalée de l’ornementation florale.
Ces ornements sont réalisés en marqueterie, une technique dans laquelle excellait Joachim Tielke et qui caractérise son œuvre. Le répertoire ornemental de Tielke semble se complexifier tout au long de sa production, allant de rinceaux ondulés garnis de fleurs simples, aux compositions plus denses, riches en fleurs, panicules et bouquets de formes variées.
A l’exemple de cette guitare d’enfant, Tielke organisait les différents ornements en jouant sur la symétrie, disposant les motifs verticalement ou horizontalement selon les instruments.
Réalisées dans un savant jeu de marqueterie, les décors sont minutieusement rehaussés de stries leur donnant plus de relief et de réalisme.
A la différence des autres instruments connus de l’époque, telle que la guitare du Klassik Stiftung de Weimar également datée de 1684, ce modèle d’enfant comporte des personnages figurés à côté des ornements floraux.
On observe ainsi, sur le dos, au niveau des bandes latérales séparées du centre par des filets d’ivoire, quatre scénettes se faisant pendant.
Ces scénettes représentent des putti s’adonnant aux arts lyriques et à l’oisiveté. Elles s’inscrivent dans des paysages champêtres composées d’arbres, de talus et d’architectures, et font écho aux représentations florales. Finement travaillées, leurs contours et détails ont été rehaussés de ciselures leur donnant plus de vie. Sont ainsi figurés un amour jouant de la guitare, un autre ramassant un fruit, un amour assoupi et enfin, un dernier tenant une partition à la main et semblant chanter. Là encore, notre luthier a puisé son inspiration dans les recueils de gravures en circulation au XVIIème siècle, comme il le faisait régulièrement. On pense notamment à l’Armorum Emblemata d’Otto van Veen (1608), l’Emblemata amatoria de Daniel Heinsius (1616), aux Jeux et Plaisirs de l’Enfance de Jacques Stella (1657) ou encore aux Devises et Emblème Anciennes et Modernes de Henri van Offelen (1695)[1].
Il est intéressant de noter que Tielke utilisait un répertoire de figures récurrentes, privilégiant particulièrement les motifs inspirés de la mythologie gréco-romaine, avec ses anges ailés et multiples évocations des dieux de l’Olympe. On retrouve notamment, de manière régulière, la figure d’une femme tenant un arc et des flèches, à moitié redressée dans un char tiré par des cerfs, sur de nombreuses violes de gambe.
Par ailleurs, et comme le démontre cette guitare d’enfant comprenant des putti jouant de la musique, la représentation d’instruments ou de musiciens est fréquente dans l’œuvre de Tielke. Elle joue à la fois sur la mise en abyme de l’objet, mais aussi sur toute la symbolique associée à la musique. Ainsi, ces figurations se font parfois moralisatrices – à l’image des livres d’emblèmes – et sont accompagnées de messages ou d’épigrammes brandis par les putti, faisant allusion à la musique comme grand art et amour.
Cette utilisation de motifs emblématiques souligne l’habileté de Tielke à intégrer des éléments symboliques dans ses œuvres, offrant une dimension artistique et narrative supplémentaire aux instruments.
La décoration de cette guitare d’enfant offre un témoignage de la maîtrise exceptionnelle de Joachim Tielke en matière de marqueterie et de son talent pour fusionner l’art et la musique. Les divers motifs, des représentations d’instruments aux scènes faisant échos à la mythologie, confèrent à ses créations une identité visuelle unique, faisant de chaque instrument une œuvre d’art à part entière.
[1] Barbara Hellwig, Friedemann Hellwig, Joachim Tielke – kunstvolle Musikinstrumente des Barock, Deutscher kunstverlag 2011
Outre la délicatesse de son ornementation, cette guitare est construite à partir de matériaux nobles et précieux répondant à l’exigence d’une clientèle de rang aristocratique. La tête conserve notamment plusieurs chevilles en ivoire.
Comme en ce qui concerne la grande majorité des instruments de Joachim Tielke, cette guitare d’enfant porte sa signature sur une étiquette interne, inscrite : « Ioaquim Tielke in Hamburg, an.1684 ». On retrouve également son nom gravé dans un médaillon d’ivoire sur la tête, sur lequel on peut lire : « Ioachim Tielke in Hamburg fecit 1684 ».
Les signatures de ses instruments nous permettent d’observer une variation orthographique de son nom, qui peut apparaître sous la forme « Tielke » ou « Tielcke ». L’évolution de l’orthographe de son nom au fil des ans est, il faut le reconnaître, intrigante. Les étiquettes manuscrites des années 1669 à 1673 révèlent l’utilisation des deux orthographes, avec une prédominance de « Tielke » dans les années 1671-73. Les étiquettes imprimées à partir de 1672 suivent également cette même orthographe. A partir de l’année 1700, toutes les marques gravées semblent adopter l’orthographe “Tielcke”, tandis que les étiquettes imprimées continuent à utiliser la forme antérieure. Les étiquettes imprimées, introduites en 1672, sont utilisées de manière constante et affichent une diversité de formats[1]. La première ligne, toujours en majuscules d’imprimerie, porte le nom « JOACHIM TIELKE », suivie d’une deuxième ligne indiquant « in Hamburg/ An. 16… », comme on peut l’observer sur l’étiquette de la guitare d’enfant de la vente Vichy Enchères du 13 avril 2024.
La signature gravée sur la tête est très élégante puisqu’elle s’inscrit dans un cartouche flanqué de deux fleurs. Enfin, cette guitare présente une tête délicate, dessinant des vagues entrant en correspondance avec la sinuosité du répertoire végétal qui orne l’instrument. Ce type de tête est de type B, si l’on reprend la classification établie par Friedemann et Barbara Hellwig[2].
[1] Günther Hellwig, Joachim Tielke, Ein Hamburger Lauten und Violenmacher der Barockzeit, 1980
[2] Barbara Hellwig, Friedemann Hellwig, Joachim Tielke – kunstvolle Musikinstrumente des Barock, Deutscher kunstverlag 2011
Venez découvrir cet unique modèle d’enfant réalisé par Joachim Tielke, lors de nos journées d’exposition qui précéderont la vente de l’instrument le 13 avril 2022.
On 13 April 2024, the smallest guitar ever made by Joachim Tielke will be sold at Vichy Enchères. This instrument, made in 1684, is a true artistic and technical feat, and its rich ornamentation is a testament to Tielke’s expert craftsmanship.
Joachim Tielke was born on 14 October 1641 in Königsberg, Prussia, and he was baptized at Königsberg Cathedral on 16 October 1641. Despite the success of his instruments, little is known about his life. Questions remain as to his training and the reasons for his move to Hamburg. Tielke was probably the second son of Gottfried I Tielke, a judge established in the Kneiphof district of Königsberg. We know of an older brother, Gottfried II, with whom he most likely trained in violin making in a workshop in the city[1]. Although details of Joachim Tielke’s life remain patchy, research has established that he received higher education at the University of Leiden, the Academia Lugduno Batavae, founded in 1575 and considered one of the best at the time. In 1663, he studied medicine before turning to philosophy and fine arts the following year[2]. This period in the Netherlands could explain the Dutch inspiration perceptible in his work, particularly the ornamentation, which is influenced from the Golden Age of Dutch art. From Leiden, he brought back several illustrated volumes from which he drew inspiration, as we will see later. The reason behind his unusual formative years is unknown. Did he consider that academic training was an asset to practice the profession of instrument maker, or was this education imposed by his father?
[1] Pilipczuk, Alexander. « Joachim Tielke, Instrument-Maker and Merchant of Hamburg: Recent Findings about His Education and Professional Life. » Galpin Society Journal 61 (2008), p.130
[2] Pilipczuk, Alexander. « Joachim Tielke, Instrument-Maker and Merchant of Hamburg: Recent Findings about His Education and Professional Life. » Galpin Society Journal 61 (2008), p.132
In 1667, he set up his workshop in Hamburg and quickly became one of the preeminent instrument makers in Germany. The only historical document in which his title of “instrument maker” appears is a document for obtaining citizenship rights from the city of Hamburg, dated 9 July 1669[1]. In Hamburg, he married Catharina Fleischer, from the famous family of instrument makers, with whom Joachim Tielke was often associated.
At this time, Hamburg was very prosperous, benefiting from the rapid rise in maritime trade. His clientele was therefore wealthy and Tielke quickly gained recognition. Due to the quality of his instruments – both musically and in their appearance – they were highly sought after by the high society of his time. His clients included aristocrats, scholars, virtuosos and art dealers. Personalities such as the scholars Zacharias Conrad von Uffenbach[2], Johann Friedrich Armand von Uffenbach, Nicolaas Selhof and Johan Daniel Berlin, as well as crowned heads such as Sophie-Hedwig of Denmark, daughter of King Christian V, bought instruments from him.
[1] Pilipczuk, Alexander. « Joachim Tielke, Instrument-Maker and Merchant of Hamburg: Recent Findings about His Education and Professional Life. » Galpin Society Journal 61 (2008), p.132
[2] Zacharias von Uffenbach, dans son journal de voyage publié en 1753, indique lui avoir acheté un luth
His success also stemmed from his approach to managing his workshop and his production. Indeed, Tielke supervised an entire team of makers and carvers, and he had several business partners, including probably Johann and Hinrich Kop[1]. He also managed his stock of materials particularly well, using techniques to optimize their use (as we will see later, he could create the decorations for two instruments by using only one piece of material, thanks to the “double cut” technique). In addition, his social life in Hamburg, in which he mingled with the merchant class, contributed to his high status. His family was well integrated into the cultural life of the city, and Joachim Tielke played an active role in it. He died on 19 September 1719, leaving behind instruments that are true works of art.
[1] Pilipczuk, Alexander. « Joachim Tielke, Instrument-Maker and Merchant of Hamburg: Recent Findings about His Education and Professional Life. » Galpin Society Journal 61 (2008)
Joachim Tielke did not limit himself to the manufacture of guitars, as evidenced by the impressive diversity of instruments made in his workshop. The inventory of extant instruments points to a significant production, totalling 136 instruments, each bearing the distinctive mark of his craftsmanship. They include, in particular, seven lutes, six theorbos, one angelica, 25 guitars, eight zithers, five violins, three pochettes, eight viola d’amore (although this number is in doubt) and 71 viola da gamba[1].
[1] Günther Hellwig, Joachim Tielke, Ein Hamburger Lauten und Violenmacher der Barockzeit, 1980, p.37
This long list, which includes almost every type of stringed instruments, reveals Tielke’s ability to excel in the manufacture of so many different types of instruments. He was a perfectionist, often reworking instruments, sometimes several years after they were first made, in order to improve their sound and ease of play. As a result, it is not unusual to come across Tielke instruments later altered by him: he might have changed the shape of the soundholes, added or removed pegs, replaced strings, modified a neck, etc. Sometimes, these alterations resulted in label transfers from one instrument to another[1].
[1] Günther Hellwig, Joachim Tielke, Ein Hamburger Lauten und Violenmacher der Barockzeit, 1980
High society particularly appreciated Tielke for his use of decorative materials, such as ivory, ebony, tortoiseshell, mother-of-pearl and semi-precious stones. His instruments were highly sought after by the nobility and the bourgeoisie for their unrivalled sound, but also for their highly ornamented appearance. As illustrated in a painting by Tischbein of an elegant young woman playing a zither probably by Tielke, his instruments were very fashionable in Hamburg between 1650 and 1750 and he excelled at their manufacture.
He produced examples with refined decorations perfectly suited to this select clientele. Tielke notably developed a technique of reverse inlay, or double cutting, consisting of cutting out a pattern in a material such as ivory, and using the offcuts (the “negative” material left behind), to create the decoration for a second instrument. Indeed, once the first decorative patterns were cut out and extracted, he was left with a plate whose central cutout drew patterns that could be used to decorate another instrument. This allowed him to create the same decoration twice, by inverting the materials used. For example, if the cut patterns were made of ivory, they were inlaid onto an ebony background, while the ivory background was used for another instrument whose cutout patterns were of ebony. We can see an example of this by comparing the zither in the Hamburg Museum für Kunst und Gewerbe with that of the castle of Adolphseck bei Fulda. The two instruments have the same decoration, but one has ebony patterns on an ivory background, while the other has ivory patterns on an ebony background.
Tielke’s instruments feature very sophisticated carved or inlaid decorations, confirming that he was a fine cabinetmaker.
The extant guitars by Joachim Tielke constitute a remarkable set of 25 instruments, which provide us with a fine overview of his exceptional craftsmanship. These guitars are characterized by their curved back, which is found on all examples with the exception of a guitar from 1676 with a flat back. However, although Tielke guitars have curved backs, they are not chitarra battente, because their front is not bent in its lower part.
This type of guitar by Tielke is reminiscent of those found in Italy by makers such as Sellas. Should we deduce from this that Joachim Tielke was influenced by the Italians, or even trained there? In any case, the guitar in the Vichy Enchères sale on 13 April 2024 is no exception to the rule and has a curved back of this type. It is also the smallest known guitar made by Joachim Tielke to have surfaced to date.
Like the majority of Tielke instruments, his guitars are very decorated, mainly on the back and the neck. Instruments made before 1690 mainly feature floral decoration, which became more elaborate and included intricate figurative scenes around 1700. This child’s guitar, which is dated 1684, is therefore one of the rare examples of the period to feature figurative scenes. The other known guitars made by Tielke in 1684, like the one kept at the Royal College of Music, are stylistically similar to our small guitar but do not feature figurative decoration, which sets apart the child’s guitar in the Vichy Enchères sale.
The known guitars which were made around 1690 almost always display figurative scenes of great beauty.
Finally, it is worth noting that the dimensions of Tielke guitars vary considerably, with string lengths ranging from 47.8cm to 71.5cm. With a string length of 43cm, the guitar in the sale on 13 April 2024 is therefore quite remarkable, since it is the smallest known example from Tielke.
Due to its reduced size and its rich decoration, this child’s guitar by Tielke is a technical and artistic feat. The decoration, meticulously composed of ivory inlays, is both floral and figurative. The floral inlays cover the back of the instrument and extend onto the neck, pegbox, headstock and sides. On the back, the neck and the sides, the patterns are set around a scroll whose undulations draw hollows within which are inserted various botanical representations, whose accuracy suggests that Tielke was working from botanical books, in fashion since the beginning of the 17th century.
Although he was certainly inspired by popular scientific representations, he developed his own interpretation of these forms, creating unique floral designs throughout his career. His instruments demonstrate his unrivalled talent at floral ornamentation.
These ornaments are inlaid, a technique at which Joachim Tielke excelled and which is typical of his work. The ornamental range used by Tielke seems to have become more elaborate as the years went on, ranging from wavy scrolls decorated with simple flowers, to denser compositions, rich in flowers, panicles and bouquets of varied shapes.
As exemplified by this child’s guitar, Tielke organized the different ornamental elements by playing on symmetry, arranging them vertically or horizontally depending on the instruments.
The decorations are set in a clever play of marquetry, and are meticulously enhanced with streaks giving them greater depth and realism.
Unlike other instruments known from the period, such as the guitar from the Klassik Stiftung of Weimar also dated 1684, this child’s guitar features figures alongside floral ornaments.
Indeed, the back features four connected scenes, level with the side bands and separated from the centre by ivory purfling.
These scenes represent putti devoting themselves to the lyrical arts and idleness. They are set in rural landscapes made up of trees, embankments and architecture, which echo the floral representations. They are finely crafted, and their contours and details have been enhanced with carvings, giving them more life. They depict a cherub playing the guitar, another picking up a fruit, a dozing cherub and finally, one holding a sheet of music in his hand and appearing to sing. As was often the case, our maker drew inspiration from the engravings in circulation in the 17th century, in particular, the Armorum Emblemata by Otto van Veen (1608), the Emblemata amatoria by Daniel Heinsius (1616), the Jeux et Plaisirs de l’Enfance by Jacques Stella (1657) and even the Devises et Embleme Anciennes et Modernes by Henri van Offelen (1695)[1].
It is interesting to note that Tielke used a series of recurring figures, in particular some inspired by Greco-Roman mythology, in the form of winged angels and various representations of the gods of Olympus. For instance, we find the figure of a woman holding a bow and arrows, half-upright in a chariot pulled by deer, on several viola da gamba.
Furthermore, and as demonstrated by this child’s guitar featuring cherubs playing music, the representation of instruments or musicians is frequent in Tielke’s work. It plays both on the mise en abyme of the object, but also on all the symbolism associated with music. As a result, these figurative elements can sometimes become moralistic – as with emblem books – and include messages or epigrams brandished by the cherubs, alluding to music as a great form of art and love.
This use of iconic decorative elements highlights Tielke’s ability to integrate symbolic elements into his works, providing an additional artistic and narrative dimension to his instruments.
The decoration on this child’s guitar demonstrates Joachim Tielke’s exceptional talent as inlayer and his ability for merging art and music. The various decorative elements, from representations of instruments to scenes inspired by mythology, give his creations a unique visual identity, making each instrument a work of art in its own right.
[1] Barbara Hellwig, Friedemann Hellwig, Joachim Tielke – kunstvolle Musikinstrumente des Barock, Deutscher kunstverlag 2011
In addition to the intricacy of its ornamentation, this guitar was made from rare and precious materials in order to satisfy the requirements of an aristocratic clientele. The head, in particular, has retained several of its original ivory pegs.
As with the vast majority of instruments by Joachim Tielke, this child’s guitar bears his signature on an internal label, inscribed: « Ioaquim Tielke in Hamburg, an.1684 ». We also find his name engraved in an ivory medallion on the head, which reads: “Ioachim Tielke in Hamburg fecit 1684”.
The spelling of his name in the signatures on his instruments can sometimes vary; it can appear as “Tielke” or “Tielcke”. This change in his name’s spelling over the years is somewhat puzzling. Handwritten labels from the years 1669 to 1673 reveal the use of both spellings, with a predominance for “Tielke” in the years 1671-73. Labels printed from 1672 also use this same spelling. From the year 1700, all engraved signatures seem to adopt the spelling “Tielcke”, while printed labels continue to use the earlier one. Printed labels, introduced in 1672, are used consistently and follow different formats[1]. The first line, always in block capitals, bears the name « JOACHIM TIELKE », followed by a second line indicating « in Hamburg/ An. 16… », as can be seen on the label of the child’s guitar in the Vichy Enchères sale on 13 April 2024.
The signature engraved on the head is very elegant, being inscribed in a cartouche flanked by two flowers. Finally, this guitar has an intricate headstock, drawing waves echoing the sinuosity of the floral decorations that adorn the instrument. This head is of type B, if we use the classification established by Friedemann and Barbara Hellwig[2].
[1] Günther Hellwig, Joachim Tielke, Ein Hamburger Lauten und Violenmacher der Barockzeit, 1980
[2] Barbara Hellwig, Friedemann Hellwig, Joachim Tielke – kunstvolle Musikinstrumente des Barock, Deutscher kunstverlag 2011
We hope you will visit us to discover this unique child’s guitar made by Joachim Tielke, during our viewing days which will precede the sale of the instrument on 13 April 2024.