Vichy Enchères

Robert Bouchet et le renouveau de la guitare classique dans les années 1950

Robert Bouchet fait partie des acteurs majeurs de l’évolution de la guitare classique entre 1950 et 1980, aux côtés de luthiers comme Ignacio Fleta, Daniel Friederich ou José Ramirez III. Personnalité atypique douée de multiples talents, Robert Bouchet donna un souffle nouveau à la guitare, à l’origine de l’élargissement de son répertoire musical, et inspira des générations de luthiers. Le 9 novembre 2024, l’une de ses guitares sera proposée à la vente à Vichy Enchères. Réalisée en 1961 durant sa deuxième époque – celle de la maturité – elle fait partie d’un échantillon relativement mince d’instruments, quand on sait que le luthier ne fabriquait pas plus de six modèles par an.     


Un artiste multidisciplinaire

De la peinture

Robert Bouchet (1898-1986) est une figure singulière de l’art et de la lutherie du XXe siècle. S’il se fait d’abord connaître dans le milieu artistique, c’est en tant que peintre, et non de luthier.

En effet, à seulement 17 ans, il devient l’élève du peintre et décorateur Jules Wielhorski – artiste d’origine polonaise appartenant à l’école de Nancy. En 1922, Bouchet expose six toiles au Salon d’Automne de Paris, une reconnaissance qui marque le début de sa carrière de peintre. Il devient notamment sociétaire et membre du jury dudit Salon. Bouchet devient rapidement un membre influent de la scène artistique parisienne, exposant également au Salon des Tuileries et au Salon des Indépendants. Ses œuvres, incluant des paysages, portraits, nus et natures mortes, sont saluées par la critique et vendues par des marchands d’art. Jusqu’en 1936, il vit de sa peinture et des décors qu’il réalise pour le Théâtre national de l’Opéra. Cette année-là, il postule pour un poste de professeur de dessin à l’École des Arts Décoratifs, où il met en avant son parcours atypique et son absence de formation académique formelle, se définissant simplement comme un artiste peintre, décorateur, et ancien combattant.[1]


[1] Informations provenant de : Catherine et Bruno Marlat, Robert Bouchet : « J’ai imaginé une Torres », Acte de la journée d’études Les Guitares Bouchet, Cité de la Musique, colloque, 1er avril 2007

À la facture

Naturellement doué pour la musique, Robert Bouchet a d’abord pratiqué avec brio le violon et le piano, avant de se passionner pour la guitare. En 1936, alors professeur à l’Ecole des Arts Décoratifs de Paris, il s’installe à la Cité des Artistes de la rue Ordener, où il n’envisage pas, faute de place, d’y mettre un piano et commence à s’intéresser à la guitare. Il fréquente les concerts, magasins de musique et antiquaires spécialisés, à l’instar d’Alain Vian, chez qui il observe des guitares de grands maîtres. Il rejoint également le cercle des « Amis de la guitare »,- un club de guitaristes présidé par Emilio Pujol qui se réunissait chez André Verdier. L’association, qui avait pour objectif de faire connaître l’enseignement de Francisco Tarrega, permit à Bouchet de rencontrer les guitaristes et luthiers majeurs de son temps, tels que Julian Gomez Ramirez, considéré comme celui ayant apporté la lutherie espagnole à Paris à partir des années 1910.

La guerre de 39-45 interrompit quelque temps ses projets artistiques, mais c’est sans doute la perte d’un modèle flamenca en 1939 qui lui donna l’idée de fabriquer sa propre guitare.

“Il disait lui-même : « Quand j’ai envie de quelque chose, il faut que j’arrive à le faire. Je me dis, comment vais-je m’y prendre ? Je fais un plan »”


Catherine et Bruno Marlat, Robert Bouchet : « J’ai imaginé une Torres », Acte de la journée d’études Les Guitares Bouchet, Cité de la Musique, colloque, 1er avril 2007

Il se mit donc au travail en 1945 et acheva l’instrument en 1946. Cette première guitare étonna par ses qualités et Bouchet reçut les encouragements de ses amis musiciens, qui l’incitèrent à poursuivre dans ce domaine.

Pour la réalisation de cette première guitare, Bouchet choisit naturellement de s’inspirer du maître espagnol, Antonio de Torres ! Une guitare du célèbre luthier, la FE21Y, figure dans cette même vente et permet de comprendre la filiation entre ces deux luthiers.

Bouchet concevait la fabrication d’une guitare également comme une démarche artistique et intellectuelle. Il consignait ses réflexions et les différentes étapes de construction dans un « cahier d’atelier » (aujourd’hui conservé au Musée de la Musique), une pratique révélatrice de son processus méthodique et de son souci du détail, qui révèle également qu’à cette époque il n’existait aucune documentation technique.

Les premières guitares et l’époque de la maturité

La première époque

On décompose régulièrement en deux périodes la production de Bouchet. La première époque s’étend de 1946 à 1956. Les instruments de cette première époque sont davantage inspirés par les guitares espagnoles. Les tables sont fines – entre 1.5 et 2mm – et le barrage est constitué de 7 brins en éventail. Notons toutefois que le barrage à 7 brins réapparaît sur certaines guitares de la fin de sa carrière. La construction de ce type de guitare de première époque est méthodiquement décrite dans le cahier d’atelier qu’il rédige dès 1950.

Comme évoqué, l’esthétique des guitares de Robert Bouchet est profondément influencée par Antonio de Torres, le légendaire luthier espagnol, ainsi que par son disciple Manuel Ramirez. Contrairement à d’autres luthiers contemporains comme Enrique Garcia ou Francisco Simplicio, connus pour leur style plus orné, Bouchet a toujours privilégié la sobriété et l’élégance discrète.

L’époque de la maturité

La deuxième époque de Robert Bouchet – celle de la maturité – s’étend de 1957 à sa mort en 1986. On note en effet, à partir de 1957-58, des changements d’ordre constructifs sur les guitares de Bouchet. Le luthier abandonne le barrage à 7 brins pour celui à 5 brins, toujours en éventail, comme c’est le cas de la guitare de la vente Vichy Enchères du 9 novembre 2024, signée et datée sur la troisième barre du fond “7-6 1961”.

Lors d’un colloque sur la facture de la guitare organisé à la Cité de la Musique en 1998, Daniel Friederich, ami du luthier, résumait en ces mots les caractéristiques constructives des guitares de deuxième époque :

“vers 1958, [il] changea lui aussi son style de barrage, jusque-là très influencé par Torres, et ne conserva que cinq barrettes pour son éventail mais ajouta une barre placée sous le sillet du chevalet, en s’inspirant pour cela certainement de celle vue sur sa propre guitare Lacôte, placée tout près du chevalet au XIXe siècle. Il conçut […] un barrage dissymétrique, les barrettes côté cordes graves étant nettement plus menues et fortement affinées aux extrémités contrairement aux barrettes du côté aiguë plus hautes et peu entaillées aux bouts.”


Daniel Friederich, Colloque « Acoustique et instruments anciens, Factures, musique et science organisé par la Société Française d’Acoustique SFA – Cité de la Musique, 1998, “Les tables des guitares classiques et leurs barrages: les dilemmes du luthier, symétrie ou non dans la conception structurelle des tables”, texte corrigé et mis à jour par Daniel Friederich en mai 2013, à la demande d’Orfeo Magazine et avec l’autorisation de la Société Française d’Acoustique

La barre d’âme

Enregistrement de 1960 sur les guitares de Robert Bouchet (1898 -1986)

Le commentaire de Friederich nous permet de nous attarder sur l’innovation majeure caractérisant la période de maturité de Bouchet : la “barre d’âme”. Placée sous le chevalet, celle-ci était, comme le poursuit Friederich, “fortement profilée et avait peu de hauteur côté
graves pour atteindre 12 mm environ au milieu du côté aiguës.
” Elle permettait d’obtenir des “des sons plus longs, un peu moins explosifs, mais plus clairs, plus homogènes, plus caractérisés, le côté cordes aiguës de la table était donc plus fortement barré. [1]

Cette barre d’âme conférait à l’instrument un son riche et équilibré, recherché par les grands guitaristes de l’époque, à l’instar de Julian Bream, Ida Presti et Alexandre Lagoya, qui enregistrèrent des disques sur des instruments Bouchet. La vidéo ci-jointe nous offre une belle performance de Lagoya et Presti, enregistrée en 1960. Réalisées en 1958 et 1959, ces guitares ont été respectivement conçues par Bouchet pour Presti et Lagoya, et sont aujourd’hui conservées au Musée de la Musique de Paris.  


[1] Daniel Friederich, Colloque « Acoustique et instruments anciens, Factures, musique et science organisé par la Société Française d’Acoustique SFA – Cité de la Musique, 1998, “Les tables des guitares classiques et leurs barrages : les dilemmes du luthier, symétrie ou non dans la conception structurelle des tables”, texte corrigé et mis à jour par Daniel Friederich en mai 2013, à la demande d’Orfeo Magazine et avec l’autorisation de la Société Française d’Acoustique

Un autre ami de Bouchet, le grand luthier de Grenade, Antonio Marín, revenait en 2015 dans le magazine Orfeo sur l’importance de cette barre d’âme : 

“Son système de barrage de la table d’harmonie – avec la barre sous le chevalet et les barrettes qui augmentent en épaisseur vers les aigus – m’a tout de suite intéressé. La barre Bouchet (« barre d’âme »), en donnant plus de consistance à la table dans la zone des aigus, permet d’obtenir une guitare au son très équilibré et avec un bon sustain.”


Orfeo magazine n°8, automne 2015

Réalisée en 1961, la guitare de la vente Vichy Enchères du 9 novembre 2024 est un parfait exemple de ses guitares de la maturité, puisqu’elle présente bien son barrage en éventail à 5 brins et cette célèbre barre d’âme les chevauchant.

Des guitares d’exception marquant l’histoire

Esthétique

La production de Robert Bouchet fut relativement modeste. Il fabriquait environ 6 guitares par an jusqu’en 1970 et on lui comptabilise au total 154 instruments. Son style se caractérise par une élégante sobriété et des lignes épurées, que ce soit dans le dessin des têtes, rosaces et ce jusqu’aux filets.

“Je dirais que Robert Bouchet avait une volonté d’économie de moyens, comme avant lui Antonio de Torres et Manuel Ramirez. Il refusait d’accumuler une succession de détails décoratifs plus ou moins virtuoses et soulignés. Il souhaitait créer une très belle guitare, aux lignes pures s’enchaînant sans rupture, dont l’observateur ne puisse attribuer à un détail de l’instrument en particulier la beauté d’ensemble de l’objet. Au vu de ses guitares, je pense qu’il y est parfaitement parvenu. La beauté de ses guitares s’explique en partie par sa maîtrise des proportions et des volumes, ainsi que par le bon goût de ses conceptions esthétiques.”


Dominique Field, “La facture de Bouchet”, Acte de la journée d’études Les Guitares Bouchet, Cité de la Musique, colloque, 1er avril 2007

La mise en correspondance des guitares de Robert Bouchet et d’Antonio de Torres (vente Vichy Enchères du 9 novembre 2024) met en évidence cette proximité stylistique, que ce soit dans le travail du talon ou du chevalet.

Techniques espagnoles

Comme le souligne le luthier et expert Jérôme Casanova, Robert Bouchet construisait ses guitares selon le montage espagnol, à partir d’une Solera, sur laquelle toute la guitare était construite. En commençant par le manche, dans lequel vient se loger les éclisses, puis la table et en finissant par le fond.

Bouchet fabriquait et adaptait ses propres outils, en raison de l’exiguïté de son atelier et de sa prédilection pour le travail manuel. Il utilisait notamment une scie circulaire qu’il avait fabriquée lui-même pour réaliser des rainures et des filets. Il était particulièrement attaché à l’utilisation de la gouge, un outil généralement peu utilisé par les luthiers, mais qu’il avait adopté après avoir été initié à la sculpture sur bois par le sculpteur Raymond Coulon. La conférence de Field – luthier et ami de Bouchet, qui hérita de son cahier d’atelier – à l’occasion du colloque sur les guitares Bouchet organisé à la Cité de la Musique en 2007, nous apprend également que le luthier avait développé un système innovant pour coller les barrages, consistant à utiliser une barre métallique avec des axes verticaux sur lesquels étaient fixés les brins en éventail du barrage. Bouchet préparait minutieusement les surfaces à coller en les chauffant et en les rayant pour améliorer l’adhérence de la colle. Il utilisait un mélange de colle d’os et de colle de nerf, et réchauffait les collages après application pour garantir leur solidité. Il collait également le chevalet avant de vernir l’instrument, une méthode rare, probablement pour éviter d’endommager le vernis lors du réchauffement des collages[1].

Cette approche artisanale, combinée à une rigueur extrême, lui permit de maîtriser chaque étape de la fabrication de ses guitares, depuis le choix des bois jusqu’au vernissage final.


[1]Pour plus de précisions, voir https://guitarepassion.com/images/2/29/La_Facture_de_Bouchet.pdf

Influence sur la lutherie et la musique

Bouchet a joué un rôle pionnier en France, où la lutherie de guitare était encore largement dominée par les modèles espagnols. Il a formé directement, ou indirectement, une nouvelle génération de luthiers français, parmi lesquels Christian Aubin ou Daniel Friederich, qui deviendra lui-même une figure emblématique de la lutherie de guitare. En innovant tant au niveau de la technique de fabrication que dans la recherche de nouvelles sonorités, il a contribué à faire de la guitare un instrument respecté et apprécié dans le répertoire classique, inspirant de grands compositeurs, à l’image de Joaquin Rodrigo et André Jolivet. En 1967, son statut de grand maître est consacré à l’occasion du Concours international de Lutherie de Liège, où il est invité à siéger aux côtés d’Ignacio Fleta, Joaquin Rodrigo et Alirio Diaz, en tant que membre du jury (ce concours vit Friederich recevoir les médailles d’or et d’argent).

Robert Bouchet fut le mentor de nombreux jeunes luthiers du monde entier qui n’hésitèrent pas à le consulter, le sachant toujours prêt à partager ses connaissances et à transmettre ses techniques, comme le confirme Antonio Marín : 

“Notre amitié date de 1977 quand j’ai voyagé à Paris pour faire sa connaissance, suivant les conseils d’un ami japonais. […] Après ma visite, il m’a envoyé une lettre dans laquelle il m’expliquait en détail toute la construction de ses tables, me proposait une nouvelle forme pour la tête de mes guitares et un dessin pour mes étiquettes.”


Orfeo magazine n°8, automne 2015

Confirmant la reconnaissance internationale de Bouchet, le Japon célébra le centenaire de sa naissance en 1998, en organisant une grande exposition sur le luthier (Shibuya, Tokyo).

Robert Bouchet démontra qu’il était possible pour un luthier français de produire des instruments à la hauteur des plus grands maitres espagnols et de devenir une figure de référence dans le monde de la guitare classique. Ses guitares très recherchées par les collectionneurs n’ont cessé d’interpeller les musiciens du monde entier. Ne manquez pas la vente de cette exceptionnelle guitare le 9 novembre prochain.


ROBERT BOUCHET AND THE REVIVAL OF THE CLASSICAL GUITAR IN THE 1950s

Robert Bouchet played a major role, alongside makers such as Ignacio Fleta, Daniel Friederich and José Ramirez III, in the evolution of the classical guitar between 1950 and 1980. He was an unusual and multi-talented individual who breathed new life into the guitar, broadened its musical repertoire, and inspired generations of luthiers. On 9 November 2024, one of his guitars will be auctioned by Vichy Enchères. It was made in 1961, during his second – and mature – period, and is one of a relatively small number of instruments by this maker, as he did not make more than six guitars per year.


A multi-talented artist

From art…

Robert Bouchet (1898-1986) is a unique figure in 20th-century art and guitar making. He first came to the fore in the art world not as a guitar maker, but as a painter.

Indeed, at the age of only 17, he became a student of the painter and decorator Jules Wielhorski – an artist of Polish origin belonging to the Nancy school. In 1922, Bouchet was given the opportunity to exhibit six paintings at the Salon d’Automne in Paris, a recognition that marked the beginning of his career as a painter. He later became a member and jury member of this Salon. Bouchet quickly became an influential member of the Parisian art scene, also exhibiting at the Salon des Tuileries and the Salon des Indépendants. His works, which include landscapes, portraits, nudes and still lives, were critically acclaimed and sold by art dealers. Until 1936, he made a living from his painting, as well as set designs he created for the Théâtre national de l’Opéra. That year, he applied for a position as an art teacher at the École des Arts Décoratifs, where he drew attention to his unusual background and lack of formal academic training, defining himself simply as a painter, decorator, and war veteran.[1]


[1] Informations provenant de : Catherine et Bruno Marlat, Robert Bouchet : « J’ai imaginé une Torres », Acte de la journée d’études Les Guitares Bouchet, Cité de la Musique, colloque, 1er avril 2007

…to craft

Robert Bouchet was musically gifted, first applying his talent to the violin and piano, before developing a passion for the guitar. In 1936, while a professor at the École des Arts Décoratifs in Paris, he moved to the Cité des Artistes on rue Ordener. There was insufficient space for a piano there, so he began to take an interest in the guitar. He went to concerts, music stores, and specialist antique dealers, like Alain Vian, where he came across guitars by great masters. He also joined the circle “Friends of the Guitar” – an association of guitarists chaired by Emilio Pujol that met at André Verdier’s house. The association, whose aim was to spread Francisco Tarrega’s teachings, allowed Bouchet to meet the preeminent guitarists and guitar makers of his time, such as Julian Gomez Ramirez, who is credited with bringing Spanish lutherie to Paris from the 1910s.

World War II interrupted his artistic endeavours for a while, but it was probably the loss of a flamenco model in 1939 that gave him the idea of ​​making his own guitar.

“ He said to himself: ‘If I want something, I have to make it. I ask myself: how am I going to do it? I must have a plan. ”


Catherine et Bruno Marlat, Robert Bouchet : « J’ai imaginé une Torres », Acte de la journée d’études Les Guitares Bouchet, Cité de la Musique, colloque, 1er avril 2007

He therefore set to work on the instrument in 1945 and completed it in 1946. The quality of this first guitar was impressive and Bouchet received praises from his musician friends, who encouraged him to continue on his path.

When making his first guitar, Bouchet naturally drew inspiration from the Spanish master Antonio de Torres. A guitar by the famous maker, the FE21Y, will feature in the next Vichy Enchères sale on 9 November, which provides us the opportunity to witness the connection between these two makers.

Bouchet thought of the manufacture of a guitar as an artistic and intellectual endeavour as well. He recorded his thoughts and documented the different stages of construction in a “workshop notebook” (now kept at the Musée de la Musique), a practice revealing his methodical approach and his attention to detail, but also the need to document his process as, at that time, there was no technical documentation available on the subject.

The first guitars and the mature period

The first period

Bouchet’s output is usually divided into two periods. The first period extends from 1946 to 1956. The instruments of this first period are rather inspired by Spanish guitars. The fronts are thin – between 1.5 and 2mm – and the bracing is made up of seven fan-shaped bars. Note, however, that the seven-bar bracing reappeared on some guitars towards the end of his career. The construction of his early period guitar model is methodically described in the workshop notebook that he wrote in 1950.

As mentioned above, the visual appearance of Robert Bouchet’s guitars is deeply influenced by Antonio de Torres, the legendary Spanish maker, as well as by his pupil Manuel Ramirez. Unlike some of his contemporaries, such as Enrique Garcia or Francisco Simplicio, who were known for their more ornate style, Bouchet always favoured sobriety and discreet elegance.

The mature period

Robert Bouchet’s second period – that of maturity – extends from 1957 to his death in 1986. Indeed, from 1957-58, construction changes were introduced by Bouchet. The maker abandoned the seven-bar bracing in favour of a five-bar one, still fan-shaped, as demonstrated by the guitar in the Vichy Enchères sale of 9 November 2024, which is signed and dated on the third bar of the back « 7-6 1961 ».

During a conference on guitar making organized at the Cité de la Musique in 1998, Daniel Friederich, a friend of the maker, summarized the construction features of second period as follows:

“Around 1958, [he] also changed his bracing system, which was until then very influenced by Torres, and retained only five bars for his fan, adding one bar under the saddle of the bridge, probably drawing inspiration from the one on his own Lacôte guitar, which, in the 19th century, was placed very close to the bridge. He designed […] an asymmetrical bracing, with the bars on the bass side being clearly smaller and thinned down at their ends, unlike the ones on the treble side which were higher and not tapering much at their ends.”


Daniel Friederich, Conference “Acoustics and ancient instruments, Craft, music and science organized by the Société Française d’Acoustique SFACité de la Musique, 1998, “The fronts of classical guitars and their bracing: the maker’s dilemmas, symmetry or lack thereof in the structural design of the fronts”, text edited and updated by Daniel Friederich in May 2013, at the request of Orfeo Magazine and with the authorization of the Société Française d’Acoustique.

La barre d’âme

Enregistrement de 1960 sur les guitares de Robert Bouchet (1898 -1986)

Friederich’s commentary naturally leads us to the major innovative feature of Bouchet’s mature period: the “bridge bar”. Placed under the bridge, it was, as Friederich explained, “strongly profiled with minimal height on the bass side, reaching about 12 mm in the middle of the treble side.” It allowed to produce “more sustained notes, slightly less percussive, but clearer, more balanced, with more character, with the treble strings side of the front being more strongly braced.” [1]

This bridge bar gave the instrument a rich and balanced sound, sought after by the great guitarists of the time, like Julian Bream, Ida Presti and Alexandre Lagoya, all of whom made recordings on Bouchet instruments. The attached video features a great performance by Lagoya and Presti, recorded in 1960. Made in 1958 and 1959, these guitars were designed by Bouchet for Presti and Lagoya respectively, and are today preserved at the Musée de la Musique in Paris. 


[1] Daniel Friederich, Colloque « Acoustique et instruments anciens, Factures, musique et science organisé par la Société Française d’Acoustique SFA – Cité de la Musique, 1998, “Les tables des guitares classiques et leurs barrages : les dilemmes du luthier, symétrie ou non dans la conception structurelle des tables”, texte corrigé et mis à jour par Daniel Friederich en mai 2013, à la demande d’Orfeo Magazine et avec l’autorisation de la Société Française d’Acoustique

Antonio Marín, the great maker from Granada and friend of Bouchet, revisited in 2015 the importance of this bridge bar in Orfeo magazine:

“His bracing system for the front – with the bar under the bridge and the bars that increase in thickness towards the treble side – immediately caught my attention. The Bouchet bar (“bridge bar”), by giving more substance to the soundboard in the treble area, allows you to create a guitar with a very balanced sound and good sustain.”


Orfeo magazine n°8, automne 2015

The guitar in the Vichy Enchères sale on 9 November 2024 was made in 1961 and is a perfect example of these mature period guitars, since it clearly features a five-bar fan bracing and this famous bridge bar overlapping them.

Exceptional guitars that have made history

Aesthetics

Robert Bouchet’s output was relatively small. He made approximately six guitars per year until 1970 and it is estimated that his total output is 154 instruments. His style is characterized by an elegant sobriety and clean lines, whether in the design of the heads, the rosettes or the purfling.

“ I would say that Robert Bouchet was economical in his use of materials, like Antonio de Torres and Manuel Ramirez before him. He refrained from including ornate and ostentatious decorative details on his instruments. He wanted to create a very beautiful guitar, with pure lines flowing into each other without interruption, and whose beauty could not be attributed to a particular detail on the instrument but instead to its overall appearance. His guitars are a testament to his success in this matter. The beauty of his guitars stems from his masterful use of proportions and volumes, as well as by the good taste of his decorative designs. ”


Dominique Field, “La facture de Bouchet”, Acte de la journée d’études Les Guitares Bouchet, Cité de la Musique, colloque, 1er avril 2007

The comparison between the guitars by Robert Bouchet and Antonio de Torres in the Vichy Enchères sale of 9 November 2024 highlights their stylistic similarities, whether in the shaping of the heel or the bridge.

Spanish techniques

Robert Bouchet built his guitars according to the Spanish construction method, using a Solera, on which the entire guitar was built, starting with the neck, in which the sides are fitted, then the front and finally the back.

Bouchet made and modified his own tools, due to the small size of his workshop and his preference for handicraft. In particular, he used a circular saw that he had made himself to cut grooves and purfling. He was particularly fond of the gouge, a tool seldomly used by guitar makers, but which he had adopted after being introduced to wood carving by the sculptor Raymond Coulon. The lecture by Field – a maker and friend of Bouchet, who inherited his workshop notebook – at the conference on Bouchet guitars held at the Cité de la Musique in 2007, also revealed that the maker had developed an innovative method for gluing the bracing, consisting of using a metal bar with vertical axes on which the fan-shaped bars of the bracing were attached. Bouchet carefully prepared the surfaces to be glued by heating and scratching them to improve the adhesion of the glue. He used a mixture of bone and sinew glue, and reheated the glues after application to increase the strength of the bond. Unusually, he also glued the bridge before varnishing the instrument, probably to avoid damaging the varnish when reheating the glues[1].

This artisanal approach, combined with his meticulousness, allowed him to have full control of each stage of the manufacture of his guitars, from the choice of woods to the final varnishing.


[1]Pour plus de précisions, voir https://guitarepassion.com/images/2/29/La_Facture_de_Bouchet.pdf

Influence on guitar making and music

Bouchet played a pioneering role in France, where guitar making was still largely dominated by the Spanish models. He directly or indirectly trained a new generation of French makers, including Christian Aubin and Daniel Friederich, who in turn would become a key figure in guitar making. By innovating both in terms of manufacturing techniques and sound, he helped make the guitar a respected and appreciated instrument in the classical repertoire, inspiring great composers such as Joaquin Rodrigo and André Jolivet. In 1967, his status as a great master was confirmed at the Concours international de Lutherie de Liège, where he was invited to sit as a member of the jury, alongside Ignacio Fleta, Joaquin Rodrigo and Alirio Diaz (this competition saw Friederich receive the gold and silver medals).

Robert Bouchet was a mentor to many young makers from all over the world, who often approached him for advice, safe in the knowledge that he was always keen to share his experience and pass on his technical knowledge, as Antonio Marín points out: 

“Our friendship dates back to 1977 when I travelled to Paris to meet him, following the advice of a Japanese friend. […] After my visit, he sent me a letter in which he explained in detail the entire construction of his fronts, proposed a new shape for the head of my guitars and a design for my labels.”


Orfeo magazine n°8, automne 2015

As further endorsement of Bouchet’s international esteem, Japan celebrated the centenary of his birth in 1998 by organising a major exhibition about the maker (Shibuya, Tokyo).

Robert Bouchet demonstrated that it was possible for a French maker to produce instruments on a par with the greatest Spanish masters and to become a key figure in the world of classical guitar. His guitars are highly sought after by collectors and continue to attract musicians from around the world. Don’t miss the sale of this exceptional guitar on 9 November.

🚀 Suivez-nous !