Vichy Enchères

Un rare basson à neuf clés d’Heinrich Grenser (1764–1813)

Le 10 mai 2025, Vichy Enchères présentera un rare basson à neuf clés de Heinrich Grenser, l’un des plus grands facteurs d’instruments à vent de la fin du XVIIIᵉ siècle. Témoignage remarquable d’une époque de profondes mutations organologiques, cet instrument se distingue autant par la finesse de sa facture que par son excellent état de conservation. Marqué de la couronne royale de Saxe, ce basson incarne tout le savoir-faire d’un atelier qui a durablement marqué l’histoire de la facture instrumentale.


Biographie de Heinrich Grenser

Origines familiales et formation

Johann Heinrich Wilhelm Grenser est né le 5 mars 1764 dans une famille de facteurs d’instruments à Dresde, en Saxe. Son oncle est August Grenser (1720–1807), établi à Dresde depuis les années 1740. Dès l’âge de 15 ans, Heinrich se forme dans l’atelier familial. Il est apprenti auprès d’August Grenser de 1779 à 1786[1]. August Grenser était à cette époque l’un des facteurs les plus réputés d’Europe et avait obtenu en 1753 le prestigieux statut de Hof-Instrumentenmacher (facteur attitré de la cour électorale de Saxe).


[1] Albert R. Rice, “The Earliest Bass Clarinet Music”, in The Clarinet, juin 2011.

A ce titre, il fournissait en instruments la cour de Dresde mais également les plus grands virtuoses de son temps, à l’image de Mozart[1]. Cette primauté de l’atelier Grenser a eu une influence décisive sur la formation du jeune Heinrich, qui resta dans l’atelier de son oncle à la fin de son apprentissage et épousa, en 1789, sa cousine Henrietta Regina Grenser, la fille d’August​. Ce mariage a dès lors consolidé sa position dans l’entreprise familiale et, lorsque August prit sa retraite vers 1796, Heinrich reprit officiellement la direction de l’atelier de Dresde​[2].


[1] The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

[2] The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

L’atelier Grenser à Dresde sous Heinrich

Dès la fin des années 1780, Heinrich Grenser s’affirme comme un facteur prospère et innovant. Il emploie plusieurs ouvriers et gère un atelier en plein essor​. En décembre 1793, à seulement 29 ans, il publie dans la presse une annonce présentant une nouvelle invention, attestant de son assurance et de son désir de se faire connaître pour son propre travail. Dans cette annonce datée du 19 décembre 1793, il déclare : « J’ai inventé un instrument auquel j’ai donné le nom de clarinette basse. Cet instrument […] descend jusqu’au si grave »​[1]. Grenser souligne également qu’il a été l’élève et le collaborateur de sonbeau-père August Grenser,revendiquant ainsi une prestigieuse filiation conjuguée à une volonté d’innover.

Sous la direction de Heinrich, l’atelier continue de jouir d’une grande renommée. En 1806, lorsque le royaume de Saxe est établi par Napoléon, Grenser obtient le titre de facteur de la Cour royale et adapte son estampille en remplaçant les épées croisées (symbole de l’électorat de Saxe) par une couronne, attestant de son statut officiel[2].


[1] Albert R. Rice, “The Earliest Bass Clarinet Music”, in The Clarinet, juin 2011.

[2] The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

Durant la période 1797–1813, l’estampille “H. GRENSER / DRESDEN” figure aussi sur ses instruments, d’abord avec les épées jusqu’en 1806, puis accompagnée de la couronne.

Heinrich Grenser meurt prématurément le 12 décembre 1813 à Dresde, à l’âge de 49 ans, en pleines guerres napoléoniennes. Il laisse derrière lui un fils en bas âge, Heinrich Otto, né de son second mariage, trop jeune pour reprendre l’atelier (il n’a que cinq ans en 1813). Durant les quelques années suivant sa mort, c’est son principal ouvrier, Samuel Wiesner (1791–1868), qui maintient l’activité en épousant sa veuve en 1817. Wiesner continue de fabriquer des instruments sous le nom de Grenser jusqu’à l’obtention de son propre brevet en 1823[1].


[1] The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

Contexte historique de la facture instrumentale
(fin XVIIIe – début XIXe siècle)

Heinrich Grenser est actif à une époque charnière pour la facture des instruments à vent. Les années 1780-1810 sont le théâtre de grandes avancées dans la conception des bois, en particulier de la clarinette​. Inventée au début du XVIIIe siècle (le premier modèle est attribué à Johann Christoph Denner vers 1700), la clarinette n’avait à l’origine que deux clés et ne pouvait jouer que dans quelques tonalités. Tout au long du XVIIIe siècle, les facteurs ajoutent progressivement des clés pour élargir l’ambitus et faciliter le jeu chromatique. Vers le milieu du XVIIIe siècle, les clarinettes à quatre ou cinq clés deviennent la norme dans les grands centres musicaux – c’est le type d’instrument qu’August Grenser fabriquait durant sa carrière pour les œuvres de Vivaldi, Stamitz ou Rameau​. Malgré ces améliorations, la clarinette reste limitée à certaines tonalités, d’où l’usage courant de clarinettes en Ut, Si♭, La, etc., que l’instrumentiste change selon le morceau).

Autour de 1800, la demande des musiciens et compositeurs évolue. On aspire à des clarinettes plus agiles chromatiquement, capables de jouer dans un plus grand nombre de tonalités sans changer d’instrument​. C’est ainsi que s’amorce une course aux innovations techniques : multiplication du nombre de clés, perfectionnement des tampons pour une meilleure étanchéité, amélioration de la perce et de l’intonation. Plusieurs facteurs européens vont rivaliser d’ingéniosité durant les premières décennies du XIXe siècle. Parmi les plus importants, on compte François Simiot (actif à Lyon) et Iwan Johann Müller – ce dernier travaillant entre l’Allemagne, la Russie et Paris.

Müller mettra au point vers 1810–1812 une clarinette à 13 clés munie de coussinets spéciaux à tampons en cuir et carton vissés (pads à vis) qui améliorent considérablement l’intonation. De son côté, Simiot développe dès les années 1800 un système de barillet et de clé de registre novateur : il déplace l’orifice du registre sur le devant de l’instrument (au lieu du dos) pour éviter qu’il ne se bouche avec la condensation, il insère un petit tube de laiton dans le trou du pouce (système dit béquet) pour le même objectif, et il conçoit des barillets doublés de métal permettant un accord fin​. Ces perfectionnements préfigurent certains aspects des clarinettes modernes[1].


[1] Informations provenant en partie de The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

Parallèlement, l’extension vers le registre grave des clarinettes suscite de l’intérêt. Depuis le milieu du XVIIIe siècle, on a inventé des clarinettes plus grandes, en Fa ou en Sol, appelées cors de basset, capables de descendre plus bas que la clarinette soprano (jusqu’au do ou au si♭). Dans le prolongement de ces recherches, l’idée d’une clarinette basse (d’une octave plus grave que la clarinette ordinaire) émerge à la fin du XVIIIe siècle.

En 1811, Grenser publie un article dans l’Allgemeine musikalische Zeitung[1] (grand journal musical germanique) où il se montre critique envers certaines inventions récentes visant à ajouter toujours plus de clés aux instruments, notamment aux flûtes​. Il y préconise de soigner d’abord la conception acoustique de l’instrument avant d’ajouter des mécanismes supplémentaires. Cette prise de position révèle le point de vue pragmatique de Grenser. Favorable aux progrès organologiques, il reste néanmoins attaché à l’équilibre et à la simplicité fonctionnelle des instruments.


[1] The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

Iwan Johann Müller, Méthode pour la nouvelle clarinette et clarinette alto dédiée à sa Majesté Georges IV, vers 1821 Ouvrage mis en vente par Vichy Enchères le 1er mai 2021 © C. Darbelet
Iwan Johann Müller, Méthode pour la nouvelle clarinette et clarinette alto dédiée à sa Majesté Georges IV, vers 1821
Ouvrage mis en vente par Vichy Enchères le 1er mai 2021
© C. Darbelet

La production instrumentale de Heinrich Grenser

Un facteur polyvalent

Fidèle à la tradition des ateliers de l’époque, Heinrich Grenser fabriquait toute la gamme des bois d’orchestre et quelques cuivres naturels. Un grand nombre de ses flûtes traversières et de ses bassons subsistent aujourd’hui, ce qui témoigne de leur succès. August Grenser s’était surtout illustré dans la facture des flûtes et Heinrich continua d’abord sur cette lancée. Ses flûtes en bois à une clé ou à plusieurs clés étaient prisées des musiciens de cour. De même, ses hautbois et cors anglais (instruments à anche double) étaient fabriqués pour répondre aux besoins des orchestres de l’époque, même si ces instruments restent moins documentés que les clarinettes et bassons.

Grenser excellait particulièrement dans la fabrication des clarinettes et des instruments de la famille des clarinettes. Ses clarinettes soprano (en Ut, Si♭, La) témoignent d’une évolution rapide du clétage pendant sa carrière. Il s’est également illustré dans la facture du cor de basset (clarinette alto en Fa, à tessiture étendue vers le grave). On en conserve notamment un exemplaire tardif fabriqué vers 1820 par son successeur Wiesner, visible au Musée des Beaux-Arts de Boston​. En outre, Grenser pourrait avoir été l’un des premiers à concevoir une clarinette alto en Mi♭ (appelée plus tard clarinette alto, intermédiaire entre la clarinette soprano et la clarinette basse) dès 1808, bien que cette paternité soit moins bien établie.

En un peu plus de trois décennies de carrière, Heinrich Grenser a produit un nombre remarquable d’instruments. Un inventaire dénombrait en 1978 pas moins de 127 instruments subsistants, parmi lesquels une majorité de bassons et de flûtes, mais aussi des cors de basset, clarinettes, hautbois, fagottini (petits bassons), ainsi qu’un modèle de clarinette basse, de cor anglais, de hautbois d’amour, de contrebasson, de trompe de chasse et même de flûte à bec​. Cet inventaire témoigne de la diversité et de la qualité de sa production. La pérennité de ces instruments et leur présence dans de grandes collections publiques et privées attestent de leur excellence.

Les bassons de Heinrich Grenser

Parmi les 127 instruments recensés de Heinrich Grenser, les bassons sont les plus nombreux, avec environ 50 exemplaires connus¹. Ce chiffre témoigne de l’importance de l’instrument dans la production du facteur et de sa renommée dans ce domaine. Certains de ses bassons sont aujourd’hui conservés dans des institutions prestigieuses et sont fréquemment utilisés comme références pour la reconstitution de copies modernes.

Grenser a fabriqué de nombreux bassons dits “classiques”, à 6 ou 8 clés, selon le modèle en usage à la fin du XVIIIe siècle. Ses bassons étaient réputés pour leur justesse et la rondeur de leur son. On considère d’ailleurs que les bassons de Grenser ont constitué un point de départ important pour l’évolution du basson allemand moderne, influençant la facture qui mènera au système Heckel au milieu du XIXe siècle​. Ses instruments atteignirent une justesse et un timbre remarquables pour l’époque. Un basson de Grenser daté de 1801, à 8 clés, est exposé au Museu Nacional da Música (MNM) de Lisbonne et le Rijksmuseum d’Amsterdam conserve un basson Grenser vers 1800 (8 clés également)​.

Le basson de la vente du 10 mai 2025

Si les bassons de Grenser à 6 ou 8 clés sont les plus fréquents dans les collections actuelles, il existe également des exemples de modèles à 9 clés, qui témoignent d’une volonté d’élargissement progressif de la tessiture et de la flexibilité de jeu. Ces instruments, d’une grande rareté, sont l’illustration de l’évolution continue de la facture du basson à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles.

Le 10 mai 2025, Vichy Enchères présentera un rare exemple d’un basson en érable à 9 clés en laiton, estampillé “H. GRENSER” sur chacun des corps et surmonté de la couronne royale de Saxe.

Ce modèle illustre parfaitement le grand savoir-faire de Heinrich Grenser, que ce soit par ses qualités intrinsèques ou acoustiques. La présence de la couronne indique une fabrication postérieure à 1806, époque à laquelle Grenser adopte cette marque suite à sa reconnaissance comme facteur de la cour royale. Ce basson constitue un témoin unique de l’apogée de son art.

Conservé dans son étui d’origine, il s’agit d’un modèle exceptionnel tant par son état de conservation que par la qualité du montage de ses clés. La présence de 9 clés offre en effet au musicien une plus grande souplesse pour les doigtés complexes et un meilleur accès aux altérations dans les registres graves et médiums. Ce modèle incarne une phase transitoire vers le basson romantique allemand à clétage élargi, tout en conservant les proportions classiques.

Un autre exemple remarquable de basson à 9 clés de Grenser était passé en vente à Vichy Enchères le 16 juin 2012. Ce modèle avait la particularité de posséder des clés en ivoire. Également estampillé “H. GRENSER Dresden I”, il était conservé dans son étui d’origine et portait l’estampille aux épées saxonnes croisées – permettant de le dater avant 1806.

Ces bassons à 9 clés se situent à mi-chemin entre les modèles classiques à 6 ou 8 clés et les futurs bassons à 10, 11, voire 13 clés du XIXe siècle. Ils témoignent de la capacité d’adaptation de Grenser pour répondre aux besoins des musiciens de son temps, tout en conservant une facture rigoureuse et un style identifiable. Leur rareté en fait aujourd’hui des pièces de collection particulièrement recherchées.

La clarinette-basson de 1793 : une innovation hybride

Ses recherches sur le basson et la clarinette l’ont amené à fabriquer un instrument hybride entre la clarinette et le basson : la clarinette-basse. Inventé en 1793, cet instrument exceptionnel est un basson à anche simple, ou clarinette-basson, aujourd’hui considéré comme la première clarinette basse fonctionnelle. Cet instrument est de forme verticale, avec une perce cylindrique, un bocal courbé et une anche simple. Il possède huit clés et une tessiture de plus de quatre octaves.

Commandé pour la cour de Suède, il est joué pour la première fois en 1794 à Stockholm par Johann Ignaz Stranensky. Ce concert constitue la première apparition documentée d’une clarinette basse dans un orchestre. L’instrument, envoyé de Dresde par le duc Carl d’Östergötland, fut mis à l’honneur dans trois œuvres de Stranensky aujourd’hui perdues : une Romance avec rondo à la polonaise pour clarinette-basson solo, un Quintette avec deux flûtes et deux cors, et un Terzetto d’après Zémire et Azor d’André Grétry, arrangé pour clarinette-basson et deux cors. L’événement, annoncé dans la Gazette de Stockholm (Dagligt Allehanda), marque la première apparition documentée de la clarinette basse dans un programme de concert. L’instrument est aujourd’hui conservé au Musikmuseet de Stockholm.

Cet instrument hybride représente une tentative audacieuse de créer une alternative au basson dans l’orchestre classique, en combinant les avantages de la clarinette et du basson. Cette invention, bien que sans postérité immédiate, préfigure l’apparition des clarinettes basses modernes de Buffet et Sax au XIXe siècle.

Pièce rare et emblématique, ce basson signé Heinrich Grenser est le témoin de l’excellence du savoir-faire de ce facteur à la croisée entre traditions et innovations. Sa mise en vente constitue un événement de premier plan pour les collectionneurs, musiciens et historiens. Alors ne manquez pas la vente aux enchères du 10 mai 2025 pour découvrir ce témoin précieux d’une époque fondatrice pour le basson moderne.


A RARE NINE-KEYED BASSOON BY HEINRICH GRENSER (1764–1813)

On 10 May 2025, Vichy Enchères will auction a rare nine-keyed bassoon by Heinrich Grenser, one of the greatest wind instrument makers of the late 18th century. This instrument, which is a remarkable testimony to a period of a major changes in musical instrument technology, stands out as much for the quality of its manufacture as for its excellent condition. It bears the royal crown of Saxony, and all the hallmarks of the superior craftmanship of a workshop that has left a lasting mark on the history of instrument making.

Biography of Heinrich Grenser

Family origins and training

Johann Heinrich Wilhelm Grenser was born on 5 March 1764, into a family of instrument makers in Dresden, Saxony. His uncle was August Grenser (1720–1807), who was established in Dresden since the 1740s. From the age of 15, Heinrich trained in the family workshop. He was apprenticed to August Grenser from 1779 to 1786 [1]. August Grenser was, at that time, one of the most renowned instrument makers in Europe, and he was granted the prestigious title of Hof-Instrumentenmacher (official instrument maker of the Electoral Court of Saxony) in 1753.


[1] Albert R. Rice, “The Earliest Bass Clarinet Music”, in The Clarinet, juin 2011.

In this capacity, he supplied instruments to the Dresden court as well as to the greatest virtuosos of his time, including Mozart[1]. The prominence of the Grenser workshop had a decisive influence on the training of young Heinrich, who remained in his uncle’s workshop after completing his apprenticeship, and, in 1789, he married his cousin Henrietta Regina Grenser, August’s daughter. This marriage consolidated his position in the family business, and when August retired around 1796, Heinrich officially took over the running of the Dresden workshop​[2].


[1] The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

[2] The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

The Grenser workshop in Dresden under Heinrich

By the late 1780s, Heinrich Grenser had established himself as a prosperous and innovative maker. He employed several workers and ran a thriving workshop. In December 1793, aged only 29, he published an advertisement in the press presenting a new invention, demonstrating self-confidence and his wish to be known for his own work. In this advertisement, dated 19 December 1793, he stated: « I have invented an instrument to which I have given the name of bass clarinet. This instrument […] goes down to the low B« ​[1]. Grenser also pointed out that he was the student and collaborator of his father-in-law August Grenser, placing himself in the continuation of this prestigious lineage, whilst putting forward his interest in innovation.

Under Heinrich’s direction, the workshop continued to enjoy great success. In 1806, when the Kingdom of Saxony was established by Napoleon, Grenser was given the title of maker to the Royal Court and, accordingly, changed his stamp by replacing the crossed swords (symbol of the Electorate of Saxony) with a crown, to denote his new official status[2].


[1] Albert R. Rice, “The Earliest Bass Clarinet Music”, in The Clarinet, juin 2011.

[2] The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

During the period 1797–1813, the stamp “H. GRENSER / DRESDEN” also appeared on his instruments, first with the swords until 1806, and then with a crown.

Heinrich Grenser died prematurely on 12 December 1813, in Dresden, at the age of 49, during the Napoleonic Wars. He left behind a young son, Heinrich Otto, from his second marriage, who was too young to take over the workshop (he was only five years old in 1813). For a few years following his death, his principal worker, Samuel Wiesner (1791–1868), kept the business going after marrying his widow in 1817. Wiesner continued to manufacture instruments under the Grenser name until he obtained his own patent in 1823[1].


[1] The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

Instrument making in the late 18th – early 19th century

Heinrich Grenser was active at a turning point in the history of wind instrument making. The period 1780–1810 saw major advances in woodwind instrument design, in particular the advent of the clarinet. It was invented in the early 18th century (the first model being attributed to Johann Christoph Denner around 1700), and originally it only had two keys and could only play in a few keys. Throughout the 18th century, makers gradually added keys to expand the range and facilitate chromatic playing. By the middle of the 18th century, clarinets with four or five keys had become the norm in major musical centres; this is the type of instrument August Grenser made during his career for the performance of works by Vivaldi, Stamitz and Rameau. Despite these improvements, the clarinet remained limited to certain keys, hence the frequent use of a combination of clarinets in C, B♭, A, etc., which the musician switched to suit the requirements of the piece of music played.

Around 1800, the demands of musicians and composers evolved. Clarinets were required to be more chromatically agile, capable of playing in a greater number of keys without having to change instruments. This was the starting point for a number of technical innovations, including an increase in the number of keys, improvement of the pads for a better seal, and improvements in the bore and intonation. Several European makers competed against each other in developing these innovations during the first decades of the 19th century. Amongst the most important were François Simiot (active in Lyon) and Iwan Johann Müller, who worked in Germany, Russia, and Paris.

Around 1810–1812, Müller developed a 13-key clarinet fitted with special screw-on leather and cardboard pads (screw-on pads) that significantly improved intonation. Meanwhile, Simiot developed an innovative barrel and register key system in the 1800s: he moved the register hole to the front of the instrument (instead of the back) to prevent it from clogging with condensation, inserted a small brass tube into the thumbhole (known as the bequet system) for the same purpose, and designed metal-lined barrels allowing for fine tuning. These improvements foreshadowed certain features of the modern clarinet[1].


[1] Informations provenant en partie de The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

At the same time, the expansion of the clarinet’s range into the lower register was generating a lot of interest. In the mid-18th century, larger clarinets, in F or G, called basset horns, were invented; they were capable of producing notes lower than the soprano clarinet (as low as C or B♭). The idea for a bass clarinet (one octave lower than the standard clarinet) was a continuation of this research, and the resulting instrument emerged at the end of the 18th century.

In 1811, Grenser published an article in the Allgemeine musikalische Zeitung (a major German music newspaper)[1] in which he criticized certain recent inventions aimed at adding ever more keys to instruments, particularly to flutes. He advocated focusing first on improving the acoustic design of the instrument before adding extra keys. This point of view reveals Grenser’s pragmatic views: whilst he was open to innovation, he nevertheless remained concerned with the balance and ease of operation of instruments.


[1] The Clarinets of Heinrich Grenser (1769–1814), étude de collection

Iwan Johann Müller, Méthode pour la nouvelle clarinette et clarinette alto dédiée à sa Majesté Georges IV, vers 1821 Ouvrage mis en vente par Vichy Enchères le 1er mai 2021 © C. Darbelet
Iwan Johann Müller, Méthode pour la nouvelle clarinette et clarinette alto dédiée à sa Majesté Georges IV, vers 1821
Ouvrage mis en vente par Vichy Enchères le 1er mai 2021
© C. Darbelet

The Instrument production of Heinrich Grenser

A versatile maker

In keeping with traditions of the time, Heinrich Grenser manufactured the full range of orchestral woodwind, as well as some natural brass, instruments. A large number of his transverse flutes and bassoons survive today, which is a testament to their success. August Grenser had primarily distinguished himself as a flute maker, and Heinrich initially continued along this path. His single-keyed and multi-keyed wooden flutes were sought after by court musicians. Similarly, his oboes and English horns (double-reed instruments) were made to meet the needs of the orchestras of the time, although there are fewer records of these than of his clarinets and bassoons.

Grenser particularly excelled in the making of clarinets and instruments of the clarinet family. His soprano clarinets (in C, B♭, and A) demonstrate a rapid evolution in keywork during his career. He also distinguished himself in the making of basset horns (alto clarinets in F, with an extended range toward the lower register). A late example, made around 1820 by his successor Wiesner, can be seen at the Museum of Fine Arts in Boston. Furthermore, Grenser may have been one of the first to design an alto clarinet in E♭ (later called the alto clarinet, an intermediate instrument between the soprano and bass clarinet) as early as 1808, although this attribution remains in doubt.

In a career spanning just over three decades, Heinrich Grenser produced a remarkable number of instruments. An inventory in 1978 listed no fewer than 127 surviving instruments, including a majority of bassoons and flutes, but also basset horns, clarinets, oboes, fagottini (small bassoons), as well as a bass clarinet, English horn, oboe d’amore, contrabassoon, hunting horn, and even a recorder. This inventory attests to the diversity and quality of his production. The longevity of these instruments and their presence in major public and private collections attest to their excellence.

The bassoons of Heinrich Grenser

Among the 127 recorded instruments by Heinrich Grenser, bassoons are the most common, with approximately 50 known examples [1]. This number demonstrates the importance of this instrument in the maker’s production and his reputation in this field. Some of his bassoons are now preserved in prestigious institutions and are frequently used as references for recreating modern copies.

Grenser made many so-called « classical » bassoons, with six or eight keys, based on the model in use at the end of the 18th century. His bassoons were renowned for their accurate pitch and rich sound. Grenser’s bassoons are considered to have been an important starting point for the development of the manufacture of the modern German bassoon, which ultimately led to the Heckel system in the mid-19th century. His instruments achieved remarkably accurate pitch and tone for the time. A Grenser bassoon dated 1801, with eight keys, is on display at the Museu Nacional da Música (MNM) in Lisbon, and the Rijksmuseum in Amsterdam contains a Grenser bassoon from around 1800 (also with eight keys).

The bassoon for sale on 10 may 2025

Whilst Grenser’s six- or eight-keyed bassoons are the most common in current collections, there are also examples of nine-keyed models, which demonstrate a desire to gradually expand the range and playability. These extremely rare instruments illustrate the continuous evolution of bassoon making at the turn of the 18th and 19th centuries.

On 10 May 2025, Vichy Enchères will auction a rare example of a maple bassoon with nine brass keys, stamped « H. GRENSER » on each body and bearing the royal crown of Saxony.

This example perfectly demonstrates the great quality of Heinrich Grenser’s craftsmanship, both from a visual and acoustics perspective. The presence of the crown indicates it was made after 1806, when Grenser started using this symbol after being appointed as a maker to the royal court. This bassoon is a unique example from the maker at the height of his powers.

This bassoon, which is preserved in its original case, is exceptional for both its state of preservation and the quality of its keywork. The presence of nine keys offers the musician greater flexibility for complex fingerings and better access to accidentals in the lower and middle registers. This model attests to a transitional phase towards the German Romantic bassoon with enlarged keywork, whilst retaining classical proportions.

Another remarkable example of a nine-keyed bassoon by Grenser was auctioned at Vichy Enchères on 16 June 2012. This example had the distinction of having ivory keys. It was also stamped “H. GRENSER Dresden I”, was preserved in its original case, and bore the stamp with crossed Saxon swords, dating it from before 1806.

These nine-keyed bassoons are a transition between the classic six- or eight-key models and the later 10-, 11- and even 13-key bassoons of the 19th century. They demonstrate Grenser’s ability to adapt to the needs of the musicians of his time, whilst retaining his high standards of manufacturing and his unique style. Their rarity makes them particularly sought-after by collectors today.

The bassoon-clarinet of 1793: a hybrid innovation

Grenser’s research on the bassoon and clarinet led him to create a hybrid instrument, the bass clarinet, which is a cross between the clarinet and the bassoon. This exceptional instrument, invented in 1793, is a single-reed bassoon, or bassoon clarinet, now considered to be the first functional bass clarinet. This instrument is vertical in shape, with a cylindrical bore, a curved neck and a single reed. It has eight keys and a range of over four octaves.

Commissioned for the Swedish court, it was first played in public in 1794 in Stockholm by Johann Ignaz Stranensky. This concert constitutes the first documented appearance of a bass clarinet in an orchestra. The instrument, sent from Dresden by Duke Carl of Östergötland, featured in three now-lost works by Stranensky: a Romance with rondo à la polonaise for solo clarinet-bassoon, a Quintet with two flutes and two horns, and a Terzetto after André Grétry’s Zémire et Azor, arranged for clarinet-bassoon and two horns. This performance, advertised in the Stockholm Gazette (Dagligt Allehanda), marked the first documented appearance of a bass clarinet in a concert. The instrument is now in the collections of the Musikmuseet in Stockholm.

This hybrid instrument represents a bold attempt at creating an alternative to the bassoon in the classical orchestra, by combining the advantages of the clarinet and the bassoon. Although it did not succeed in creating a long-term legacy, this invention foreshadows the emergence of modern bass clarinets by Buffet and Sax in the 19th century.

This bassoon by Heinrich Grenser is a rare and iconic piece, and a testament to the excellence of this maker’s craftsmanship, at the crossroads of tradition and innovation. Its auction on 10 May 2025 will be a major event for collectors, musicians and historians. Don’t miss it if you wish to discover this precious testimony into the evolution of bassoon manufacturing, which ultimately paved the way for the modern bassoon.

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