Vichy Enchères
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Pascal Camurat, dans le sillage de la grande école française

À l’occasion de la vente du 4 décembre 2025, Vichy Enchères présente deux archets de Pascal Camurat, figure reconnue de la génération d’archetiers français formés dans la continuité de la grande tradition de Mirecourt. Issu de l’enseignement transmis par Stéphane Thomachot, lui-même élève de Bernard Ouchard, Pascal Camurat appartient à ce courant qui, depuis les années 1980, a renouvelé la facture de l’archet français tout en préservant son exigence et sa rigueur. Redécouvrez sans plus tarder cet archetier, à la lumière de certains de ses propos recueillis par Vichy Enchères. 


Origines et premiers contacts avec le métier

Fils du luthier Jacques Camurat (1927-2016), Pascal Camurat grandit dans l’atelier familial du 49 rue de Rome – adresse emblématique de la lutherie parisienne.
Ce quartier, situé à proximité du Conservatoire national supérieur de musique et de la gare Saint-Lazare, rassemble depuis la fin du XIXe siècle la majorité des ateliers et marchands d’instruments à cordes de la capitale. Des générations de musiciens s’y rendent pour faire régler ou restaurer leurs instruments.

L’atelier fondé par Jacques Camurat en 1956 y jouit d’une solide réputation, à la fois pour ses restaurations et pour la qualité de ses instruments neufs. C’est dans ce contexte que Pascal Camurat baigne, dès l’enfance, dans le monde de la lutherie et de la musique.

Le métier de luthier s’est présenté à moi par mon père, et il correspondait parfaitement à mon besoin de fabriquer des objets en tout genre dès mon plus jeune âge. L’univers de la lutherie était parfaitement adapté pour éveiller ma curiosité.

Entretien avec Pascal Camurat, novembre 2025

La formation à Mittenwald (1979 – 1983)

À la fin des années 1970, Pascal Camurat intègre l’école de lutherie de Mittenwald, fondée en 1858 et considérée comme l’un des grands centres européens d’enseignement de la facture instrumentale. Sous la direction de son maître Roland Sandner, il suit une formation complète en lutherie. Diplômé en 1983, Pascal Camurat conserve de ces années de formation un savoir-faire et une discipline de travail encore à l’œuvre aujourd’hui. Comme il nous le confie humblement :

Roland Sandner m’a marqué à vie.

Entretien avec Pascal Camurat, novembre 2025

Los Angeles : Weisshaar, Siefried et les premiers archets (1984 – 1987)

Après Mittenwald, Pascal Camurat rejoint son frère Bernard – lui-même élève de Jean Eulry de Mirecourt – à Los Angeles, où celui-ci travaille déjà dans l’atelier de Hans Weisshaar.
Né en Allemagne et formé à Markneukirchen, Weisshaar s’était installé en Californie après la Seconde Guerre mondiale et son atelier était devenu une référence internationale en matière de restauration d’instruments à cordes.

Dans ce contexte, Pascal Camurat découvre la diversité des pratiques et des exigences des musiciens. C’est là qu’il rencontre Paul Siefried, archetier américain formé par William Salchow et considéré comme l’un des meilleurs de sa génération.

Il m’a enseigné l’entretien des archets et m’a fait faire mon tout premier archet, que je détiens encore.

Entretien avec Pascal Camurat, novembre 2025

Cette expérience américaine fut fondatrice puisqu’elle permit à Pascal Camurat de fabriquer son premier archet.

Paris et Londres : perfectionnement auprès de Thomachot et Beare (1987 – 1988)

De retour à Paris, Pascal Camurat se perfectionne auprès de Stéphane Thomachot, figure centrale de l’archèterie française contemporaine. Ancien élève de Bernard Ouchard à Mirecourt, Stéphane Thomachot a joué un rôle déterminant dans la transmission du savoir-faire français depuis les années 1980. Pour Pascal Camurat, ce travail auprès de Thomachot fut essentiel et il estime que sans lui, il n’aurait :

jamais pu approcher d’aussi près le savoir-faire d’excellence.

Entretien avec Pascal Camurat, novembre 2025

Par la suite, il complète sa formation à Londres, dans l’atelier de Charles Beare – la célèbre institution fondée en 1892 – où il participe à la restauration d’instruments historiques et consolide son expérience au sein d’une équipe de spécialistes reconnus.

Il y travaille alors plusieurs mois, au contact de restaurateurs expérimentés tels que Peter Gibson. Ce passage chez Beare – rare pour un jeune luthier français – parachève une formation internationale fondée sur la précision et l’observation des grands maîtres, anciens et contemporains.

Camurat Frères : la continuité familiale (1990 – 2000)

En 1990, à la retraite de leur père, Pascal et Bernard Camurat reprennent l’atelier familial sous le nom de “Camurat Frères”.
Ils y réorientent l’activité vers la lutherie du quatuor et l’archèterie, abandonnant le commerce de guitares que leur père avait développé dans les années 1960.

Mon frère et moi n’avions aucune compétence liée à cet instrument. L’activité s’est alors tout naturellement axée sur la lutherie du quatuor, et en ce qui me concerne, sur l’archèterie.”

Entretien avec Pascal Camurat, novembre 2025

Dans les années 1990, l’atelier devient l’un des plus productifs de Paris. Plusieurs luthiers y travaillent, contribuant à sa notoriété.

 “L’atelier était, dans les années 1990, celui qui produisait le plus d’instruments neufs.

Entretien avec Pascal Camurat, novembre 2025

Pascal Camurat partage alors son emploi du temps entre l’archèterie les matins, comprenant la réparation et la fabrication, et la lutherie les après-midis.

La rigueur, la délicatesse et la sérénité dans le travail de Bernard Camurat, dont l’atelier était situé à Montigny-sur-Loing, sera pendant cette période pour Pascal un précieux atout face au tumulte parisien de le rue de Rome. Enfin, après dix ans, le besoin de poursuivre sa voie loin de cette agitation l’amena à déménager à Montpellier où, pour reprendre ses mots, il se “consacre aujourd’hui paisiblement” à la production d’archets et, plus rarement, à celle des violons.

L’archetier : la recherche du juste équilibre

À partir des années 2000, Pascal Camurat se consacre de plus en plus exclusivement à l’archèterie. Interrogé sur ce qui détermine le plus son travail, il répond “le son” pour le violon ; “la prise en main” pour l’archet. Le rapport à la matière est donc central dans son travail d’archetier.

Bien qu’on s’acharne à concentrer notre travail sur la constance du respect de nos modèles, le bois ne nous conduit jamais deux fois exactement au même résultat. C’est cette diversité que la matière nous propose qui nous pousse toujours à mieux la comprendre et à tenter de l’optimiser dès qu’on s’en empare.

Entretien avec Pascal Camurat, novembre 2025

Cette différence propre à la nature du bois rappelle que chaque archet est une pièce unique, dont l’équilibre dépend autant du bois que de l’ultime geste de l’archetier. Cette attention au point d’équilibre – ni trop, ni trop peu – semble résumer la conception que se fait Pascal Camurat du métier. Pour lui, la partie la plus délicate et excitante du travail réside dans les derniers instants du façonnage, c’est-à-dire :

les dernières minutes pendant lesquelles quelques dixièmes de gramme de bois vont sortir du rabot pour optimiser une baguette, ce moment où l’on s’arrête juste avant que.

Entretien avec Pascal Camurat, novembre 2025

Sobriété et exigence

Dans la pratique de Pascal Camurat, les influences ne se traduisent ni par la recherche d’un style identifiable, ni par la volonté d’appartenir à une école.

Comme toute école ou enseignement que l’on reçoit, la première chose à faire est de s’en émanciper pour développer un tempérament de travail identifiable. Cependant une formation comme celle de Thomachot ou Sandner, ça vous marque à vie !

Entretien avec Pascal Camurat, novembre 2025

Ces deux figures, rencontrées à des moments décisifs de son parcours, ont chacune contribué à structurer sa méthode. Ces enseignements constituent moins des modèles à reproduire qu’un ensemble de principes transmis. Son approche s’inscrit donc dans la continuité d’une exigence acquise au contact de ses maîtres.

Quand on a la chance de fréquenter des ateliers de haut niveau, ce que l’on retient, c’est le taux d’exigence à appliquer au quotidien dans son travail.

Entretien avec Pascal Camurat, novembre 2025

Cette exigence, devenue méthode, guide aujourd’hui l’ensemble de son activité.

Dans cette recherche de l’excellence, il reconnaît avoir adopté la sobriété des lignes de François-Xavier Tourte, évoquant comme source d’inspiration l’archet de violon “fleur de coin” vendu à Vichy Enchères en 2017 – celui qui détient le record du monde pour un archet.
Pascal Camurat se place ainsi dans une lignée où la qualité du résultat prime sur la reconnaissance du nom, une conception du métier fondée sur la discrétion et la recherche de perfection.

À travers ses archets, Pascal Camurat illustre la continuité d’une école française attachée à la précision et à l’amour du travail bien fait, dont les deux pièces présentées à la vente du 4 décembre 2025 en sont de nouveaux témoignages.


PASCAL CAMURAT, FOLLOWING IN THE FOOTSTEP OF THE GREAT FRENCH SCHOOL

At its auction on 4 December 2025, Vichy Enchères will be presenting two bows by Pascal Camurat, a renowned figure among the generation of French bow makers trained in the great tradition of Mirecourt. Trained by Stéphane Thomachot, himself a pupil of Bernard Ouchard, Pascal Camurat belongs to a movement that, since the 1980s, has renewed French bow making while preserving its high standards and rigour. Rediscover this bow maker without further delay, in the light of some of his comments collected by Vichy Enchères.


Translation coming soon…

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