Saviez-vous que les trompettes n’avaient pas toujours été droites ? Elles furent même, durant un court laps de temps, circulaires comme des petits cors. Certes, les modèles sont rares et peu ont survécu jusqu’à nous, mais ils furent, pendant une courte période de moins de dix ans, prisés des musiciens les plus en vue de Paris ! Ainsi, entre 1820 et 1830, la trompette naturelle de forme circulaire fut jouée à l’Académie Royale de Musique et au Théâtre Royal de l’Opéra-Comique. Son timbre voilé et son aura guerrière en firent l’instrument idéal des compositeurs romantiques. La découverte d’un remarquable modèle de Marcel Auguste Raoux, réalisé en 1825 pour l’Opéra-Comique, nous replonge dans ce bref et intense épisode de l’histoire musicale. Exceptionnel par sa rareté, l’instrument l’est aussi par sa mystérieuse histoire, puisqu’en 1825, Joseph-Gebhardt Kresser – l’un des trois trompettistes majeurs de Paris de la première moitié du XIXème siècle – jouait précisément à l’Opéra-Comique…
La famille Raoux fait partie des plus importantes dynasties de facteurs d’instruments à vent de France. Entre le XVIIème et XIXème siècle, elle joua un rôle majeur dans l’évolution de la facture des instruments à vent – principalement celle des cors et trompes de chasse – participant à leur intégration dans les orchestres.
Le berceau de la Maison Raoux se situe à Nancy, où Louis Raoux (1648-1728), d’origine auvergnate, s’installa en 1663. Membre de la corporation des chaudronniers, il jouissait du droit exclusif de travailler le laiton et, à ce titre, fabriquait des instruments de guerre et de chasse dont des cors et trompettes. Chouquet signale, dans la seconde édition du catalogue du Musée du Conservatoire de Musique, une trompe de chasse dont la localisation est aujourd’hui inconnue, inscrite “fait par Raoux, seul ordinaire du Roy, place du Louvre près de l’odiance du ministre, à Paris 1695”[1]. Il pourrait s’agir d’un instrument de Louis Raoux, bien que les différentes sources du XVIIIème révèlent que l’atelier fut installé “place du Louvre” seulement de 1781 à 1790[2]. Parmi les instruments les plus anciens parvenus jusqu’à nous, plusieurs portent également cette adresse dans leur inscription : “fait à Paris par Raoux seul ordinaire du Roy, Place du Louvre”. C’est le cas d’une trompe conservée au Musée de la Vénerie et des Spahis de Senlis ou encore d’un cor naturel vendu à Vichy Enchères en 2009.
[1] Gustave Chouquet, Le musée du Conservatoire de musique, Catalogue descriptif et raisonné, Paris, Librairie de Firmin-Didot, 1884, p.147.
[2] Thierry Maniguet, “La dynastie des Raoux, facteurs de “cors de chasse” du XVIIe au XVIIIe siècle, dans Musique. Images. Instruments, 2015, n°15, p.228
Le fils de Louis, François Raoux (av.1695-1749), s’installa à Versailles en 1741 pour occuper la fonction de “Faiseur de corps [sic] de chasse du Roy.” On situe son activité de 1741 à environ 1749. Deux de ses enfants perpétuèrent son travail : Pierre Raoux (1723-ap.1789) dans l’atelier nancéien, et Joseph Raoux (1725-1787), actif à Paris entre 1749 et 1787. N’appartenant à aucune corporation, ce dernier s’installa dès 1749 dans l’enclos de l’Hôpital des Quinze-Vingt – où fut également résidant Jean-Kilien Mercken (dont Vichy Enchères vendra le plus ancien pianoforte de France lors de la même vente du 7 mai 2022). On le retrouve par la suite à plusieurs adresses, notamment rue Tiquetonne et à la fameuse Place du Louvre vers 1781. Il devint en 1754, par arrêté du Conseil du Roy, “maître luthier faiseur d’instruments de musique”. Outre les commandes royales, il assura également celles de la Cour. Avant cette époque, le cor de chasse n’était pas considéré comme un instrument de musique à part entière et n’intéressait pas l’orchestre. Cependant, à partir de la fin des années 1750, les cuivres connurent un nouvel essor notamment grâce au travail des Raoux.
Les 3ème et 4ème générations de Raoux participèrent pleinement au développement des instruments en cuivre – et principalement du cor moderne – en définissant ses nouveaux principes techniques et esthétiques. Le fils de Joseph, Lucien Joseph Raoux (1752-1823), s’installa en 1776 dans l’atelier de son père avant de s’établir rue Serpente en 1790. Rapidement, il fit évoluer les instruments traditionnellement utilisés pour la chasse afin de les faire entrer dans l’orchestre. Il donna ainsi à la facture des cors un raffinement esthétique et technique sans précédent. A l’instar de Courtois qui travaillait avec de célèbres musiciens comme Jean-Baptiste Arban, Raoux entretint des rapports privilégiés avec les virtuoses de son temps et développa notamment en 1791, avec l’assistance du corniste Carl Türrschmidt, le “cor solo” pourvu de cinq tons de rechange et destiné au répertoire soliste. Un beau modèle de cor solo, conservé au Musée de la musique de Paris, a été offert par Raoux à Louis François Dauprat à l’occasion de l’obtention de son premier prix le 24 octobre 1797[1]. Dauprat fit partie des intimes de la famille Raoux durant toute sa vie.
[1] Thierry Maniguet, “La dynastie des Raoux, facteurs de “cors de chasse” du XVIIème au XVIIIème siècle, dans Musique. Images. Instruments, 2015, n°15, p.237
De même, Lucien Joseph entretint des relations privilégiées avec un grand nombre de musiciens de l’Opéra, comme en témoignent les noms des cornistes les plus renommés de l’époque inscrits à l’intérieur du pavillon d’un cor d’orchestre de 1821[1].
Très intéressé par les innovations en matière de facture instrumentale, il fut l’un des rares à fabriquer des trompettes circulaires au début des années 1820. Le Musée de la musique en conserve un rarissime exemple de 1820, dont François Georges Auguste Dauverné se servit jusqu’en 1826 à l’orchestre de l’Opéra. L’instrument de la vente Vichy Enchères du 7 mai 2022 est l’unique autre trompette circulaire parvenue jusqu’à nous de la main d’un Raoux. A la différence du modèle du Musée de la musique, elle a l’exceptionnelle qualité de conserver ses huit tons et sa boîte d’origine.
[1] Thierry Maniguet, “La dynastie des Raoux, facteurs de “cors de chasse” du XVIIe au XVIIIe siècle, dans Musique. Images. Instruments, 2015, n°15, p.239
A la mort de Lucien Joseph en 1823, son fils Marcel Auguste Raoux (1795-1871) reprit l’atelier et obtint le brevet de “Facteur d’instruments du Roi et des théâtres royaux”. Il conserva d’amicales relations avec les musiciens et compositeurs et perpétua le travail de son père[1].
Vers 1825, avec l’adoption en France des instruments à pistons qui vinrent bouleverser le travail des facteurs, il diversifia sa production et les instruments naturels devinrent plus rares. Réalisée en 1825, la trompette circulaire naturelle de la vente Vichy Enchères du 7 mai 2022 fait partie de ces derniers instruments sans piston. Elle fait également partie des rares modèles de trompettes circulaires parvenues jusqu’à nous, avec celle de son père conservée au Musée de la musique. Les Raoux semblent donc avoir été les principaux producteurs de trompettes circulaires.
[1] Voir Myers, A, Chick, J & Scott, A 2020, ‘The cor solo: History and characteristics’, Historic Brass Society Journal, vol. 31, pp. 1-34.
Également musicien, Auguste Raoux a probablement étudié avec Louis François Dauprat, l’un des fondateurs de l’école française de cor au XIXème siècle. De 1822 à 1856, Raoux fut deuxième puis premier cor au Théâtre Italien de Paris[1] et en 1839, le compositeur Charles Gounod dédia ses Six Mélodies pour cor et pianoforte à son “ami A. Raoux, facteur de Cors du Roi”.
Avec ses instruments, Auguste Raoux obtint un vif succès aux diverses expositions nationales et universelles. Il remporta la médaille d’argent à l’Exposition des produits de l’industrie française de 1839, la médaille d’or en 1844 et 1849, ainsi que la Croix de la Légion d’Honneur en 1849. L’événement est historique puisqu’avant 1844, aucun facteur d’instruments en cuivre n’avait remporté la médaille d’or[2]. En outre, ses instruments furent également récompensés par des médailles aux Expositions universelles de 1855 et 1862[3]. Il jouissait ainsi d’une très bonne réputation et fit face aux changements de régimes en devenant tour à tour “Facteur d’instruments du Roi et des théâtres royaux” sous la Restauration, et “Fournisseur de l’empereur” lors de l’avènement de Napoléon III”.
[1] William Waterhouse, The New Langwill Index, A Dictionary of Musical Wind-Instrument Makers and Inventors, Tony Bingham, London, 1993, p.319
[2] Ibid
[3] Malou Haine, Tableaux des expositions de 1798 à 1900, Avril 2008
Malgré l’invention des pistons pour les cuivres vers 1813-14 par Blühmel et Stoeltzel et leur adoption en France autour de 1825, les facteurs et les musiciens continuèrent à expérimenter un large éventail de technologies et de techniques d’exécution pour permettre aux cuivres de jouer la gamme chromatique – c’est à dire l’échelle musicale composée de douze degrés, séparés les uns des autres par un demi-ton. Ils cherchèrent également à contrer les problèmes suscités par l’adoption des premiers pistons et les moyens d’obtenir une sonorité plus expressive, ainsi qu’un plus grand contrôle de la justesse. En conséquence, la forme de la trompette subit divers changements.
“De droite qu’elle était primitivement, ou si l’on veut, repliée directement sur elle-même, on la fit demi-circulaire, ou recourbée en demi-circonférence qu’on appelait vulgairement demi-lune, puis tout à fait circulaire comme un petit Cor. Ces deux modèles offraient à l’exécutant assez de facilité pour obtenir quelques tons et demi-tons, par l’emploi de la main dans le pavillon.”
François Georges Auguste Dauverné, Méthode pour la trompette, New York Public Library Photographic Service, 1857, p.1
En effet, en introduisant la main dans le pavillon, le musicien pouvait mieux valoriser les nuances et obtenir des traits mélodiques complexes. Bien que le cor naturel soit l’instrument par excellence pour mettre en œuvre cette technique, celle-ci fut également appliquée aux trompettes naturelles dont la configuration circulaire permettait un accès facile à l’intérieur du pavillon. En insérant les doigts dans le pavillon de l’instrument et en le fermant à divers degrés (hand-stopping), les notes ou harmoniques pouvaient ainsi être modifiées et couvrir une échelle chromatique complète. Cette trompette offrait à l’exécutant la facilité de jouer quelques tons et demi-tons par bouchage, notes normalement impossibles à obtenir sur un instrument naturel. Cette technique et le timbre voilé qui en résultèrent rendirent la trompette circulaire particulièrement adaptée à un jeu doux et lyrique, par opposition au son éclatant de la trompette de fanfare. De ce fait, la trompette circulaire fut principalement conçue comme un instrument de soliste. Dès son invention, les termes de “cornet simple” (simple cornet ou natural cornet) ou “cornet bouché” (stopped cornet) furent parfois utilisés pour désigner l’instrument car ses qualités chromatiques et sa prédisposition au lyrisme le rapprochent du cornet. La pratique de l’instrument fut décrite dans un certain nombre de méthodes de référence, notamment celles de Karl Bagans, Joseph-David Buhl et Joseph-Gebhardt Kresser…
L’instrument d’Auguste Raoux de la vente Vichy Enchères du 7 mai 2022 porte sur son pavillon l’inscription “Théâtre royal de l’opéra comique / Raoux 1825”. Elle nous renseigne ainsi sur l’histoire du modèle, certainement joué par un musicien de l’Opéra-Comique. Selon les archives, durant l’année 1825, trois trompettistes étaient sociétaires de l’Opéra-Comique – Kresser, Venon et Boireaux -, tandis qu’un quatrième du nom de Levasseur assurait une place surnuméraire. Parmi ces musiciens, Joseph-Gebhardt Kresser (d. 1849) est particulièrement intéressant puisque, comme précédemment indiqué, il est l’auteur de l’une des rares méthodes de trompette décrivant l’emploi de la trompette circulaire[1]. Comme lui, Buhl avait également décrit l’instrument dans sa méthode et aurait joué une trompette circulaire de Raoux entre 1820 et 1826, à l’Opéra de Paris[2]. Au même titre, il est fort probable que Kresser, qui connaissait la technique de jeu de l’instrument, en ait joué lors de son année en tant que trompettiste de l’orchestre de l’Opéra-Comique en 1825.
Avec Dauverné et Buhl, Kresser est l’un des trois trompettistes majeurs de Paris de la première moitié du XIXème siècle. Tous trois exercèrent une grande influence sur l’école parisienne de trompette. La technique et la pédagogie de Kresser étaient considérées comme expérimentales et innovantes, bien qu’il semble avoir été davantage intéressé par les techniques de jeu des instruments naturels – à l’image de la trompette circulaire, -et moins par les modèles à pistons :
[1] Joseph Gebhardt Kresser, Méthode Complète pour la trompette d’harmonie suivie d’une notice sur le cornet, Paris: E. Troupenas & Cie, vers 1836-38 (car elle est dédicacée à Frédéric Berr, directeur du Gymnase de Musique Militaire de 1836 à 1838)
[2] Edward H. Tarr, “The Genesis of the French Trumpet School”, dans Daniel Allenbach, Adrian von Steiger et Martin Skamletz, Romantic Brass. Französische Hornpraxis und historisch informierter Blechblasinstrumentenbau, 2022, p.317 https://arbor.bfh.ch/6499/1/RomanticBrass2_HKB6.pdf
“The three members addressed below – Buhl, Kresser, and Dauverné, each played vital roles in the development of this environment. […] Kresser and Buhl experimented with hand-stopping, while Buhl and Dauverné played a vital role in introducing the valve to France.”
Bryan Proksch, Buhl, Dauverné, Kresser, and the Trumpet in Paris, ca. 1800-1840, p.69 et 86
Dans sa méthode, Kresser étudie essentiellement la trompette naturelle, le cornet naturel et le cornet bouché – associé à la trompette circulaire[1]. Ses études de cornet bouché sont d’ailleurs jugées plus difficiles que celles de ses contemporains. Malgré son importance pour l’école de trompette de Paris, beaucoup de zones d’ombre demeurent sur sa vie. On présume que, tout comme Buhl, il fut d’origine germanique. Professeur au Gymnase de Musique Militaire – plus tard intégré au Conservatoire de Paris en 1856 -, et trompettiste à l’Académie Royale de Musique, il rejoignit en 1843 la Société des Concerts et en devint sociétaire et première trompette en 1844, aux côtés de François Georges Auguste Dauverné. Outre sa méthode, il fut l’auteur de trios (1837) et quatuors (1844) pour cornets. En 1849, il mourut du choléra et Dauverné le remplaça en tant que professeur de trompette au Gymnase de Musique Militaire et à la Société des Concerts[2]. Le travail de Kresser est précurseur de la grande méthode de référence écrite par Jean-Baptiste Arban.
[1] Edward H. Tarr, “The Genesis of the French Trumpet School”, dans Daniel Allenbach, Adrian von Steiger et Martin Skamletz, Romantic Brass. Französische Hornpraxis und historisch informierter Blechblasinstrumentenbau, 2022, p.318 https://arbor.bfh.ch/6499/1/RomanticBrass2_HKB6.pdf
[2] Bryan Proksch, Buhl, Dauverné, Kresser, and the Trumpet in Paris, ca. 1800-1840, p.74-77
Contrairement au “cornet à main” mieux adapté à cette technique et dont l’usage a perduré en France et en Grande-Bretagne pendant une grande partie du XIXe siècle, la trompette circulaire n’eut qu’une brève existence. Elle fut adoptée vers 1820 dans la musique militaire et à l’Opéra – ancienne Académie royale de musique – et mise de côté vers 1826-1830 suite au développement des instruments à pistons[1]. François Georges Auguste Dauverné, célèbre trompettiste de l’orchestre de l’Académie royale de musique, successeur de Kresser au Gymnase de Musique Militaire, élève de Buhl et professeur du grand virtuose Jean-Baptiste Arban, en fit usage de 1820 à 1826 – comme en témoigne le seul autre modèle connu de la famille Raoux ayant appartenu à Dauverné (voir ci-dessus). Conservés au Musée de la musique de Paris, cette trompette circulaire est de la main de Lucien Joseph Raoux et date de 1820.
[1] François Georges Auguste Dauverné, Méthode pour la trompette, New York Public Library Photographic Service, 1857, p.1
Legros, trompettiste de l’orchestre de Paris aux côtés de Dauverné, joua également sur une trompette circulaire réalisée par Denis Victor Courtois – digne représentant de l’autre grande maison française ayant marqué la facture des cuivres. Constant Pierre nous apprend que cette trompette de Courtois, datée vers 1825, fut jouée à l’Opéra de 1826 à 1832[1].
L’instrument était prisé des musiciens pour son caractère guerrier, dramatique et chantant, permettant de donner de la profondeur à la musique. Rien d’étonnant à ce qu’on le retrouve dans les œuvres de grands compositeurs romantiques tels que Hérold, Méhul ou Auber…[2]
[1] Constant Pierre, Les facteurs d’instruments de musique, Sagot, 1893
[2] Christophe Rostang, “La trompette au XIXème siècle”, dans La Gazette des Cuivres, n°18, janvier 2011
Hormis l’instrument de la vente de Vichy Enchères du 7 mai 2022 et les modèles de Lucien Joseph Raoux et de Denis Victor Courtois conservés au Musée de la musique, rares sont les autres trompettes circulaires qui nous soient connues. On compte notamment au MINIM (The University of Edinburgh) une trompette naturelle de forme circulaire réalisée vers 1840 par Courtois Neveu Aîné, et un modèle également plus tardif de la deuxième moitié du XIXème siècle, réalisé par Jacques Christophe Labbaye, aujourd’hui au Musée de la musique.
Il est intéressant de constater que ces deux facteurs partageaient des liens professionnels et personnels avec Marcel Auguste Raoux, comme le révèlent les archives étudiées par Tula Giannini dans son article sur la famille Raoux :
“These documents reveal with great detail M. A. Roux’s family relationships, his instrument business and his personal and professional ties to the horn makers Denis Victor Courtois and Jacques Christophe Labbaye“
Tula Giannini, “The Raoux Family of Master Horn Makers in France: New Documents and Perspectives”, in Journal of the American Musical Instrument Society, Janvier 2014
C’est d’ailleurs à Jacques Christophe Labbaye que Marcel Auguste Raoux vendit les actifs de son entreprise en 1857, suite au procès ruineux mené contre Adolphe Sax. Les Raoux semblent donc avoir été le pivot central de la production des trompettes circulaires. Parmi les autres instruments connus, notons que le Metropolitan Museum of New York conserve une trompette circulaire fabriquée vers 1830 par “Jahn, à Paris”, un facteur d’instrument en cuivre installé rue du Faubourg-Saint-Martin[1]. Enfin, on trouve également un modèle au Smithsonian (National Museum of American History), réalisé entre 1800 et 1825 par un des membres de la famille de facteurs suisses Hirsbrunner.
[1] Didot et Bottin, Annuaire et almanach du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration: ou almanach des 500,000 adresses de Paris, des départements & des pays étrangers, 1859
Rendez-vous le 7 mai 2022 à Vichy Enchères pour découvrir cette trompette circulaire de Raoux à l’histoire fascinante et à l’aura légendaire…
Did you know that trumpets were not always straight in shape? Indeed, for a short time, they were circular, like small horns. Admittedly, examples of this type are rare and few have survived until now, but they were, for a short period of less than 10 years, prized by the most preeminent musicians in Paris. Between 1820 and 1830, the circular-shaped natural trumpet was played at the Academie Royale de Musique and at the Theatre Royal de l’Opéra-Comique. Its veiled timbre and military association made it an ideal instrument for romantic composers. The discovery of a remarkable example by Marcel Auguste Raoux, made in 1825 for the Opéra-Comique, takes us back to this brief and intense episode in the history of music. This instrument is not only exceptional for its rarity, but also its mysterious history, since in 1825, Joseph-Gebhardt Kresser – one of the three preeminent trumpeters in Paris in the first half of the 19th century – was indeed performing at the Opéra-Comique…
The Raoux family is one of the most important dynasties of wind instrument makers in France. Between the 17th and 19th centuries, it played a major role in the evolution of the manufacture of wind instruments – mainly horns and hunting horns – contributing to their acceptance in orchestras. The cradle of Maison Raoux is located in Nancy, where Louis Raoux (1648-1728), who was originally from Auvergne, settled in 1663. A member of the corporation of boilermakers, he benefited from the exclusive right to work brass and, and as such, manufactured military and hunting musical instruments, including horns and trumpets. In the second edition of the catalogue of the Musée du Conservatoire de Musique, Chouquet describes a hunting horn, whose location is unknown today, with the inscription “fait par Raoux, seul ordinaire du Roy, place du Louvre pres de l’odiance du ministre, a Paris 1695”[1]. It could be an instrument of Louis Raoux, although various 18th century sources indicate that the workshop was only located at “place du Louvre” from 1781 to 1790[2]. Some of the oldest instruments to have survived to this day also include this address in their inscription, which reads: “fait a Paris par Raoux seul ordinaire du Roy, Place du Louvre”. This is the case of a trumpet kept at the Musée de la Vénerie et des Spahis de Senlis, as well a natural horn sold by Vichy Encheres in 2009.
[1] Gustave Chouquet, Le musée du Conservatoire de musique, Catalogue descriptif et raisonné, Paris, Librairie de Firmin-Didot, 1884, p.147.
[2] Thierry Maniguet, “La dynastie des Raoux, facteurs de “cors de chasse” du XVIIe au XVIIIe siècle, dans Musique. Images. Instruments, 2015, n°15, p.228
Louis’s son, François Raoux (before 1695 – 1749), settled in Versailles in 1741 to take up the position of “Faiseur de corps [sic] de chasse du Roy”. He was active from 1741 to around 1749. Two of his children followed in his footsteps: Pierre Raoux (1723-ap.1789) in the Nancy workshop, and Joseph Raoux (1725-1787), who was active in Paris between 1749 and 1787. As he did not belong to any corporation, the latter settled in 1749 in the enclosure of the Hôpital des Quinze-Vingt – where Jean-Kilien Mercken also lived (whose pianoforte, the oldest in France, will be sold by Vichy Enchères during the same auction on 7 May 2022). He was later found at various addresses, in particular on rue Tiquetonne and at the famous Place du Louvre around 1781. In 1754, by decree of the Conseil du Roy, he became “master luthier maker of musical instruments”. In addition to royal commissions, he also fulfilled those of the Court more generally. Before that time, the hunting horn was not considered a true musical instrument and would not have been included in orchestras. However, from the end of the 1750s, brass instruments experienced a new revival, thanks in particular to the work of the Raoux.
The third and fourth generations of the Raoux family took an active role in the development of brass instruments – mainly the modern horn – by redefining its technical aspects and aesthetics. Joseph’s son, Lucien Joseph Raoux (1752-1823), worked in his father’s workshop in 1776 before moving to rue Serpente in 1790. He quickly modified the instruments traditionally used for hunting in order to allow them to be included in the orchestra. In doing so, he raised the standard for horn making to unprecedented aesthetic and technical refinement. Like Courtois, who worked with famous musicians such as Jean-Baptiste Arban, Raoux maintained close relationships with the virtuosos of his time; in particular, he developed in 1791, in collaboration with horn player Carl Türrschmidt, the “solo horn”, featuring five spare tones and intended for the solo repertoire. A beautiful model of a solo horn, preserved at the Musée de la Musique in Paris, was gifted by Raoux to Louis François Dauprat when he was awarded a First Prize diploma in music on 24 October 1797[1]. Dauprat remained a close friend of the Raoux family throughout his life.
[1] Thierry Maniguet, “La dynastie des Raoux, facteurs de “cors de chasse” du XVIIème au XVIIIème siècle, dans Musique. Images. Instruments, 2015, n°15, p.237
Similarly, Lucien Joseph maintained close relationships with several Opera musicians, as evidenced by the names of the most renowned horn players of the time inscribed inside the bell of an orchestral horn from 1821[1].
He was very interested in innovations in instrument making, and was one of the few makers to make circular trumpets in the early 1820s. The Musée de la Musique has in its collections an extremely rare example from 1820, which François Georges Auguste Dauverné used until 1826 at the Opera orchestra. The instrument at the Vichy Enchères sale of 7 May 2022 is the only other circular trumpet by a Raoux family member known to be in existence today. Unlike the example in the Musée de la Musique, it has the rare characteristics of having retained its eight tones and of coming with its original case.
[1] Thierry Maniguet, “La dynastie des Raoux, facteurs de “cors de chasse” du XVIIe au XVIIIe siècle, dans Musique. Images. Instruments, 2015, n°15, p.239
Upon the death of Lucien Joseph in 1823, his son Marcel Auguste Raoux (1795-1871) took over the workshop and was awarded the title of “Maker of instruments for the King and the royal theatres”. He cultivated friendships with musicians and composers and carried on his father’s work[1].
Around 1825, the adoption in France of piston valve instruments, which forced major changes in the way instruments were manufactured, led him to diversify his production, and as a result natural instruments became rarer. The natural circular trumpet in the Vichy Enchères sale on 7 May 2022 was made in 1825 and is one of the last instruments made without a piston valve. It is also one of the rare examples of circular trumpets to still be in existence today, along with the one made by his father and kept at the Musée de la Musique. On that basis, the Raoux seem to have been the main producers of circular trumpets.
[1] Voir Myers, A, Chick, J & Scott, A 2020, ‘The cor solo: History and characteristics’, Historic Brass Society Journal, vol. 31, pp. 1-34.
A musician himself, Auguste Raoux probably studied with Louis François Dauprat, one of the founders of the French horn school in the 19th century. From 1822 to 1856, Raoux was second, and then first horn at the Theatre Italien de Paris[1] and in 1839, the composer Charles Gounod dedicated his Six Melodies for horn and pianoforte to his “friend A. Raoux, manufacturer of horns to the King”.
Auguste Raoux instruments were very successful at various national and universal exhibitions. He won the silver medal at the Exhibition of products from the French industry in 1839, the gold medal in 1844 and 1849, as well as the Croix de la Legion d’Honneur in 1849. This award has historical significance since, before 1844, brass instrument makers had never won the gold medal[2]. In addition, his instruments were also awarded medals at the Universal Exhibitions of 1855 and 1862[3]. He therefore enjoyed a very good reputation and manoeuvred well through the changes in political regimes by becoming in turn “Maker of instruments to the King and the royal theatres” under the Restoration, and “Supplier to the Emperor” when Napoleon III came to power.
[1] William Waterhouse, The New Langwill Index, A Dictionary of Musical Wind-Instrument Makers and Inventors, Tony Bingham, London, 1993, p.319
[2] Ibid
[3] Malou Haine, Tableaux des expositions de 1798 à 1900, Avril 2008
Despite the invention of piston valves for brass instruments around 1813-14 by Blühmel and Stoeltzel and their adoption in France around 1825, makers and musicians continued to experiment with a wide range of technologies and playing techniques to allow brass instruments to play the chromatic scale – ie the musical scale made up of twelve notes, separated from each other by a semitone. They also sought to solve the problems raised by the first generation of piston valves and develop the means to obtain a more expressive tone, as well as a greater control of the intonation. As a result, the shape of the trumpet underwent various changes.
“From being straight originally, or in other words, folded onto itself, it was then made semi-circular, or curved into a semi-circle which was commonly called half-moon, and subsequently completely circular like a small horn. These last two models allowed the player to easily produce certain tones and semitones by using their hand in the bell.”
François Georges Auguste Dauverné, Méthode pour la trompette, New York Public Library Photographic Service, 1857, p.1
Indeed, the use of the hand inside the bell allowed the musician to better modulate nuances and play complex melodies. Although this technique is primarily associated with the natural horn, it was also used with natural trumpets, whose circular configuration allowed easy access to the inside of the bell. By inserting fingers into the bell of the instrument and partly obstructing its opening (hand-stopping technique), the notes or harmonics could be altered and a complete chromatic scale produced. This trumpet provided the player with the ability to play certain tones and semitones by obstructing the bell opening; these notes would have been impossible to produce on a natural instrument. This technique, and the resulting veiled timbre, made the circular trumpet particularly suitable for soft, lyrical playing, in contrast to the booming sound of the marching trumpet. As a result, the circular trumpet was primarily designed as a soloist’s instrument. From its inception, the terms simple cornet (or natural cornet) and stopped cornet were sometimes used to designate the instrument because its chromatic qualities and its predisposition to lyricism brought it closer to the cornet. The practice of the instrument was described in several playing reference methods, in particular those of Karl Bagans, Joseph-David Buhl and Joseph-Gebhardt Kresser.
Auguste Raoux’s instrument in the Vichy Enchères sale of 7 May 2022 bears the inscription “Théâtre royal de l’opéra comique / Raoux 1825” on its bell. It informs us of the history of the instrument, which was probably played by a musician of the Opéra-Comique. According to historical archives, in 1825 three trumpeters were members of the Opéra-Comique, Kresser, Venon and Boireaux, while a fourth, Levasseur, held a reserve position. Amongst these musicians, Joseph-Gebhardt Kresser (d. 1849) is particularly interesting since, as previously indicated, he is the author of one of the rare trumpet methods which describes the use of the circular trumpet[1]. Like him, Buhl also described the instrument in his method and would have played a circular trumpet by Raoux between 1820 and 1826 at the Paris Opera[2]. Similarly, it is very likely that Kresser, who was familar with the instrument’s playing technique, played it during his one year tenure as trumpeter of the orchestra of the Opéra-Comique in 1825.
Alongside Dauverné and Buhl, Kresser was one of the three preeminent trumpeters in Paris in the first half of the 19th century. All three exerted a great influence on the Parisian trumpet school. Kresser’s technique and teachings were considered experimental and innovative, although he seems to have been more interested in the playing technique of natural instruments – such as the circular trumpet – and less in piston valve models:
[1] Joseph Gebhardt Kresser, Méthode Complète pour la trompette d’harmonie suivie d’une notice sur le cornet, Paris: E. Troupenas & Cie, vers 1836-38 (car elle est dédicacée à Frédéric Berr, directeur du Gymnase de Musique Militaire de 1836 à 1838)
[2] Edward H. Tarr, “The Genesis of the French Trumpet School”, dans Daniel Allenbach, Adrian von Steiger et Martin Skamletz, Romantic Brass. Französische Hornpraxis und historisch informierter Blechblasinstrumentenbau, 2022, p.317 https://arbor.bfh.ch/6499/1/RomanticBrass2_HKB6.pdf
“The three members addressed below – Buhl, Kresser, and Dauverné, each played vital roles in the development of this environment. […] Kresser and Buhl experimented with hand-stopping, while Buhl and Dauverné played a vital role in introducing the valve to France.”
Bryan Proksch, Buhl, Dauverné, Kresser, and the Trumpet in Paris, ca. 1800-1840, p.69 et 86
In his playing method, Kresser studies mainly the natural trumpet, the natural cornet and the stopped cornet – the last two referring to the circular trumpet[1]. Moreover, his etudes for the cornet are considered more difficult than those of his contemporaries. Despite his importance for the Paris trumpet school, many aspects of his life remain unknown. It is presumed that, like Buhl, he was of Germanic origin. He was initially professor at the Gymnase de Musique Militaire – which was incorporated into the Paris Conservatoire in 1856 – and trumpeter at the Royal Academy of Music; he joined the Société des Concerts in 1843, of which he became first trumpet in 1844, alongside François Georges Auguste Dauverne. Besides his playing method, he was also the author of trios (1837) and quartets (1844) for cornets. In 1849, he died of cholera and Dauverné replaced him as trumpet teacher at the Gymnase de Musique Militaire and the Société des Concerts[2]. Kresser’s work is the precursor of the great playing reference method written by Jean-Baptiste Arban.
[1] Edward H. Tarr, “The Genesis of the French Trumpet School”, dans Daniel Allenbach, Adrian von Steiger et Martin Skamletz, Romantic Brass. Französische Hornpraxis und historisch informierter Blechblasinstrumentenbau, 2022, p.318 https://arbor.bfh.ch/6499/1/RomanticBrass2_HKB6.pdf
[2] Bryan Proksch, Buhl, Dauverné, Kresser, and the Trumpet in Paris, ca. 1800-1840, p.74-77
Unlike the “hand cornet” better suited to the hand-stopping technique, and which continued to be used in France and Great Britain for much of the 19th century, the circular trumpet only had a brief existence. It was used around 1820 in military music and at the Opera – the former Royal Academy of Music – and set aside around 1826-1830 following the advent of piston valve instruments[1]. François Georges Auguste Dauverné, the famous trumpeter of the orchestra of the Royal Academy of Music, successor of Kresser at the Gymnase de Musique Militaire, pupil of Buhl and teacher of of the great virtuoso Jean-Baptiste Arban, used it from 1820 to 1826 – as evidenced by the only other known example by the Raoux family which belonged to Dauverné (see above). Conserved at the Musée de la Musique de Paris, this circular trumpet is by Lucien Joseph Raoux and dates from 1820.
[1] François Georges Auguste Dauverné, Méthode pour la trompette, New York Public Library Photographic Service, 1857, p.1
Legros, trumpeter of the Paris orchestra alongside Dauverné, also played on a circular trumpet made by Denis Victor Courtois – a worthy representative of the other great French house to have left its mark on brass instrument making. Constant Pierre informs us that this trumpet by Courtois, dated from around 1825, was played at the Opera from 1826 to 1832[1].
This instrument was prized by musicians for its military, dramatic and singing character, which granted depth to the music. No wonder it can be found in the works of great romantic composers such as Hérold, Méhul and Auber.[2]
[1] Constant Pierre, Les facteurs d’instruments de musique, Sagot, 1893
[2] Christophe Rostang, “La trompette au XIXème siècle”, dans La Gazette des Cuivres, n°18, janvier 2011
Apart from the instrument in the Vichy Enchères sale of 7 May 2022 and the examples by Lucien Joseph Raoux and Denis Victor Courtois kept at the Musée de la Musique, few other circular trumpets are known to us. MINIM (The University of Edinburgh) has in its collections a natural circular trumpet made around 1840 by Courtois Neveu Aîné. Another, also later, example from the second half of the 19th century, made by Jacques Christophe Labbaye, is currently in the Musée de la Musique collections.
Interestingly, these two makers shared professional and personal ties with Marcel Auguste Raoux, as revealed in the historical archives studied by Tula Giannini for her article on the Raoux family:
“These documents reveal with great detail M. A. Roux’s family relationships, his instrument business and his personal and professional ties to the horn makers Denis Victor Courtois and Jacques Christophe Labbaye.”
Tula Giannini, “The Raoux Family of Master Horn Makers in France: New Documents and Perspectives”, in Journal of the American Musical Instrument Society, Janvier 2014
It was to Jacques Christophe Labbaye that Marcel Auguste Raoux sold the assets of his company in 1857, following his ruinous lawsuit against Adolphe Sax. The Raoux family therefore seem to have been the main producers of circular trumpets. Amongst the other known instruments of this type, the Metropolitan Museum in New York has a circular trumpet made around 1830 in Paris by Jahn, a brass instrument maker based on rue du Faubourg-Saint-Martin[1]. Finally, there is also an example in the Smithsonian (National Museum of American History), made between 1800 and 1825 by a member of the Hirsbrunner family of Swiss makers.
[1] Didot et Bottin, Annuaire et almanach du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration: ou almanach des 500,000 adresses de Paris, des départements & des pays étrangers, 1859
We hope to see you on 7 May 2022 at Vichy Enchères so you can discover this circular trumpet by Raoux and its fascinating history and legendary aura…