Les ventes des 6 et 7 mai ont confirmé la place unique de Vichy Enchères sur le marché des instruments à vent et à cordes pincées. Ces dernières années, nos ventes dans cette spécialité n’ont cessé de prendre de l’ampleur et de gagner en qualité. Les 6 et 7 mai 2022, celles-ci ont à nouveau battu le record dans cette spécialité, après celui de novembre dernier.
Seule maison de ventes à proposer une offre aussi éclectique et qualitative, Vichy Enchères s’impose comme précurseur et leader sur le marché des instruments à vent et à cordes pincées. Une fois n’est pas coutume, les ventes des 6 et 7 mai ont été l’occasion de ressortir de l’ombre du passé des modèles inédits, venant enrichir notre connaissance de l’histoire des instruments de musique.
Entre découvertes de pièces historiques, raretés et instruments de grands et petits maîtres, ces ventes ont sans surprise su réjouir les musiciens, historiens passionnés et connaisseurs. Merci à vous d’être toujours plus nombreux et enthousiastes. Grâce à vous, cette année encore, plusieurs records ont été battus. Retour sur quelques temps forts :
Le lot phare de la vente était indéniablement le pianoforte en forme de clavecin de Jean-Kilien Mercken (1743-1819), un instrument historique puisqu’il s’agit certainement du plus vieux piano réalisé en France.
Inconnu jusque-là, ce “pianoforte en forme de clavecin” – ainsi qu’on appelait les pianos à queue avant le XIXème siècle – a remis en perspective l’histoire de la facture française de pianos et est venu éclairer un autre pan de la production de Mercken, uniquement connu pour ses pianofortes carrés. Comme l’indiquent Marie-Christine et Jean-François Weber dans l’ouvrage de référence sur Mercken, le premier pianoforte connu construit à Paris était jusque-là un modèle carré du grand maître, daté 1770 et conservé au Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris.
Ce nouvel instrument réalisé vers 1767-68 serait donc le plus ancien piano à queue français parvenu jusqu’à nous. C’est également le seul instrument connu de Mercken en forme de clavecin.
Estimé 80.000/100.000 euros, l’instrument a rejoint la collection d’une célèbre fondation pour le prix de 223.000 euros (frais compris). Il s’agit d’un record pour un piano de Mercken et, à notre connaissance, pour un modèle d’Ancien Régime.
L’exceptionnel ensemble de hautbois a fait rejaillir l’histoire de l’instrument au XVIIIème siècle, jusqu’à son apogée au temps de Guillaume et Frédéric Triebert. À travers les figures d’éminents facteurs à l’instar de Charles Bizey, Dominique Porthaux, des Borman, Kinigsperger, Cramer, et bien sûr des Triebert, c’est une partie de l’histoire de la facture européenne du hautbois qui se dessina sous nos yeux…
Lors de la vente du 7 mai 2022, plusieurs records ont été battus, dont celui de l’adjudication la plus haute pour un instrument de Charles Bizey (c 1695-1758) – l’un des meilleurs facteurs du XVIIIème siècle. Réalisé vers 1730, ce hautbois offre un parfait exemple de l’excellent savoir-faire de Bizey et annonce la facture des modèles de la fin du siècle. Proposé aux enchères sur une estimation de 6.000/7.500 euros, il s’est envolé à 27.280 euros (frais compris).
Cette réunion d’instruments vous donna également l’opportunité de découvrir un superbe baryton de Frédéric Triebert, dont le modèle apparaissait sur le catalogue des instruments de la Maison en 1855… À son propos, Triebert soulignait que sa “qualité de son est belle et [qu’il] ne manque pas de puissance.” Il ajoutait que selon lui, la baryton avait un rôle important à jouer. Cet instrument exceptionnel et rarissime a été vendu 10.846 euros (frais compris), un record pour un modèle de Frédéric Triebert.
Du côté des clarinettes, trois remarquables modèles en buis et laiton (Ut, Si-bémol et La) réalisés par Georg Ottensteiner (1815-1879) furent l’objet de toutes les attentions. Estimé 4.500/5.000 euros, ce lot s’envola à 20.000 euros (soit 24.800 euros avec les frais). Ce type d’instrument fut joué par Richard Mühlfeld (1856-1907), le clarinettiste allemand le plus connu de son époque. Membre de l’orchestre de la cour ducale de Meiningen, Mühlfeld fut également clarinettiste solo de l’orchestre du festival de Bayreuth de 1884 à 1896 et joua sous la direction de chefs d’orchestre comme Richard Strauss. En 1879, il devint première clarinette de l’orchestre d’élite de la Cour qui se fit connaître en Europe. En 1883 et 1890, le duc de Saxe-Meiningen le nomma Kammermusiker puis directeur musical. Il joua sous la direction de Johannes Brahms avec qui il se lia d’amitié. Brahms composa plusieurs œuvres spécialement pour Mühlfeld dont Trio pour clarinette, violoncelle et piano en la mineur op. 114 et le Quintette pour clarinette en si mineur op. 115.
Cette saison encore, l’offre en flûtes fut particulièrement remarquable et remarquée. Les plus grands noms de la facture étaient représentés, dont certains peu fréquents, à l’instar d’une flûte en cristal de Claude Laurent qui trouva acquéreur au prix de 19.840 euros (frais compris).
On notera également une superbe flûte à bec de I.G. Strehli vendue 19.140 (frais compris) ou encore une flûte en argent de Louis Lot, datée 1875, partie à 10.654 euros (frais compris).
Outre les valeurs sûres et les modèles iconiques, ces ventes ont mis en lumière des instruments rares s’inscrivant comme des jalons dans l’histoire de la facture instrumentale, à l’instar d’un exceptionnel instrument d’Antoine Courtois – précoce témoignage de sa collaboration avec le virtuose Jean-Baptiste Arban. Accompagné d’une note manuscrite de Courtois et d’une partition conçue comme une méthode de jeu, ce bugle à 4 pistons présente l’un des premiers systèmes mis au point par Arban, bien avant son brevet de 1883 pour le système compensateur. Réalisé vers 1870, ce modèle expérimental témoignant des recherches d’Arban a trouvé acquéreur à 4.593 euros (frais compris).
Saviez vous que les trompettes n’avaient pas toujours été droites ? Elles furent même, durant un court laps de temps, circulaires comme des petits cors. Certes, les modèles sont rares et peu ont survécu jusqu’à nous, mais ils furent, pendant une courte période de moins de dix ans, prisés des musiciens les plus en vue de Paris ! Ainsi, entre 1820 et 1830, la trompette naturelle de forme circulaire fut jouée à l’Académie Royale de Musique et au Théâtre Royal de l’Opéra-Comique. Son timbre voilé et son aura guerrière en firent l’instrument idéal des compositeurs romantiques.
La découverte d’un remarquable modèle de Marcel Auguste Raoux, réalisé en 1825 pour l’Opéra-Comique, nous a permis de nous replonger dans ce bref et intense épisode de l’histoire musicale. Exceptionnel par sa rareté, l’instrument l’est aussi par sa mystérieuse histoire, puisqu’en 1825, Joseph-Gebhardt Kresser – l’un des trois trompettistes majeurs de Paris de la première moitié du XIXème siècle – jouait précisément à l’Opéra-Comique… Estimée 5.000/6.000 euros, la trompette a été vendue 10.540 euros (prix avec frais).
La vente du 7 mai 2022 a également réjoui les amoureux des vielles à roue puisqu’un riche ensemble d’une quinzaine de modèles de maîtres provenant de la collection du facteur Raymond Chance fut dispersé. Facteur et restaurateur d’instruments, Raymond Chance a su, grâce à son regard expert, choisir des instruments toujours plus intéressants les uns que les autres. La partie de sa collection présentée aux enchères le 7 mai 2022 en a offert un bel aperçu en rassemblant des vielles des plus grands noms de la spécialité : Cailhe-Décante (1.914 euros, frais compris), Pajot fils (1.786 euros, frais compris) ou encore Pimpart (2.934 euros, frais compris)…
Enfin, un superbe ensemble de cornemuses et principalement de uilleann pipes – c’est-à-dire de cornemuses irlandaises -, ayant appartenu au grand connaisseur Marc Guilloux, suscita un vif intérêt.
Un beau modèle de uilleann pipes full set de Dave Williams trouva notamment acquéreur au prix de 11.428 euros (frais compris) et un exemplaire anonyme plus ancien, estimé 1.500/2.000 euros, fut vendu 5.714 euros (frais compris).
Merci à tous d’avoir répondu présents lors de ces nouvelles ventes d’instruments à vent et à cordes pincées si chères à Vichy Enchères ! Rendez-vous en novembre pour la saison prochaine !
The sale of 6 and 7 May confirmed Vichy Enchères’ unique position in the wind and plucked string instruments market. In recent years, our sales in this auction category have grown steadily, both in terms of quantity and quality. On 6 and 7 May 2022, we again broke the record in this category, having done so previously last November.
By being the only auction house to offer an eclectic selection of instruments of great quality, Vichy Enchères has established itself as a pioneer and leader in the market for wind and plucked string instruments. Unusually, the sales on 6 and 7 May were an opportunity to bring new models out of the shadows of the past, and widen our knowledge of the history of musical instruments.
Between the discovery of historical pieces, rarities and instruments of masters great and small, it is no wonder these sales delighted musicians, passionate historians and connoisseurs alike.
We are grateful for the ever increasing number of participants and for their enthusiasm. Thanks to you, again this year, several records were broken. Let’s look back at some the highlights of the sales.
The top lot of the sale was undeniably the harpsichord-shaped pianoforte by Jean-Kilien Mercken (1743-1819), a historic instrument, since it is probably the oldest piano made in France.
Unknown before the sales, this « pianoforte in the shape of a harpsichord » – as grand pianos were called before the 19th century – put the history of French piano making in perspective and shed light on another aspect of the production of Mercken, known only for his square pianofortes. As Marie-Christine and Jean-François Weber indicate in their reference work on Mercken, the first known fortepiano built in Paris was, until this new discovery, a square example by the great master, dated 1770 and kept at the Conservatoire National des Arts et Métiers in Paris.
This new instrument, made around 1767-68, would therefore be the oldest French grand piano in existence. It is also Mercken’s only known harpsichord-shaped instrument.
With an estimate of 80,000/100,000 euros, the instrument joined the collection of a famous foundation for the price of 223,000 euros (including fees). This is a record for a Mercken piano and, to our knowledge, for a piano dating from the Ancien Régime.
The exceptional selection of oboes took us back to the history of the instrument in the 18th century, up to its peak at the time of Guillaume and Frédéric Triebert. Through preeminent makers such as Charles Bizey, Dominique Porthaux, the Bormans, Kinigsperger, Cramer, and of course the Trieberts, it is part of the history of European oboe making that took shape under our eyes…
During the sale on 7 May 2022, several records were broken, including that of the highest hammer price for an instrument by Charles Bizey (c 1695-1758) – one of the best makers of the 18th century. Made around 1730, this oboe offers a perfect example of Bizey’s excellent making and heralds the craftsmanship of late 18th century instruments. Offered at auction with an estimate of 6,000/7,500 euros, it sold for 27,280 euros (including fees).
This collection of instruments also provided the opportunity to discover a superb baritone example by Frédéric Triebert, whose model appeared in the House’s catalogue of instruments of 1855… In relation to it, Triebert pointed out that its « quality of sound is beautiful and [that it] does not lack in power.” He added that, in his opinion, the baritone oboe had an important role to play. This exceptional and extremely rare instrument sold for 10,846 euros (including fees), a record for an instrument by Frédéric Triebert.
As for the clarinets, three remarkable boxwood and brass examples (C, B-flat and A) made by Georg Ottensteiner (1815-1879) were the focus of much attention. Estimated at 4,500/5,000 euros, this lot reached 20,000 euros (or 24,800 euros including fees). This type of instrument was played by Richard Mühlfeld (1856-1907), the most famous German clarinettist of his time. A member of the Meiningen Court Orchestra, Mühlfeld was also principal clarinet of the Bayreuth Festival Orchestra from 1884 to 1896 and performed under the direction of conductors as eminent as Richard Strauss. In 1879, he became first clarinet of the Elite Court Orchestra, which became famous in Europe. In 1883 and 1890, the Duke of Saxe-Meiningen appointed him Kammermusiker and then musical director. He played under the direction of Johannes Brahms with whom he became friends. Brahms composed several works especially for Mühlfeld, including the Trio for clarinet, cello and piano in A minor op. 114 and the Quintet for clarinet in B minor op. 115.
This season again, the selection of flutes on offer was particularly remarkable and did not go unnoticed. The biggest names in the field were represented, with some rare instruments available, like a crystal flute by Claude Laurent which found a buyer at the price of 19,840 euros (including fees).
We should also mention a superb recorder by I.G. Strehli which sold for 19,140 euros (including fees) and a silver flute by Louis Lot, dated 1875, which sold for 10,654 euros (including fees).
In addition to safe investments and iconic models, these sales offered at auction rare instruments that constitute milestones in the history of instrument making, such as an exceptional instrument by Antoine Courtois – an early testimony to his collaboration with the virtuoso Jean-Baptiste Arban.
Accompanied by a handwritten note by Courtois and a score intended as a playing method, this four-valve bugle features one of the first mechanisms developed by Arban, long before his 1883 patent for the compensating mechanism. Made around 1870, this experimental model bears witness to Arban’s research and found a buyer at 4,593 euros (including fees).
Did you know that trumpets were not always straight in shape? Indeed, for a short time, they were circular, like small horns. Admittedly, examples of this type are rare and few have survived until now, but they were, for a short period of less than 10 years, prized by the most preeminent musicians in Paris. Between 1820 and 1830, the circular-shaped natural trumpet was played at the Academie Royale de Musique and at the Theatre Royal de l’Opéra-Comique. Its veiled timbre and military association made it an ideal instrument for romantic composers.
The discovery of a remarkable example by Marcel Auguste Raoux, made in 1825 for the Opéra-Comique, took us back to this brief and intense episode in the history of music. This instrument is not only exceptional for its rarity, but also its mysterious history, since in 1825, Joseph-Gebhardt Kresser – one of the three preeminent trumpeters in Paris in the first half of the 19th century – was indeed performing at the Opéra-Comique… Estimated at 5,000/6,000 euros, the trumpet sold for 10,540 euros (including fees).
The sale of 7 May 2022 also delighted lovers of hurdy-gurdies as it included a large selection of 15 examples by master makers from the collection of maker Raymond Chance. As a maker and restorer of instruments, Raymond Chance had an expert eye and knew how to pick the most interesting instruments. The part of his collection that was auctioned on 7 May 2022 offered a good overview of it since it brought together hurdy-gurdies from the biggest names in the field: Cailhe-Décante (1,914 euros, including fees), Pajot fils (1,786 euros, including fees) and Pimpart (2,934 euros, including fees) amongst others.
Finally, a superb set of bagpipes, mainly uilleann pipes (i.e. Irish bagpipes), having belonged to the great connoisseur Marc Guilloux, generated a lot of interest.
In particular, a beautiful example of full set uilleann pipes by Dave Williams found a buyer at 11,428 euros (including fees) and an older anonymous example, estimated at 1,500/2,000 euros, sold for 5,714 euros (including fees).
We would like to thank you all for attending these sales of wind and plucked string instruments, so dear to Vichy Enchères! See you in November for next ones!