Le 1er juin 2023, Vichy Enchères aura l’honneur de vendre une première partie du fonds d’atelier de Joseph et Pierre Hel, comprenant des instruments restés dans la famille Hel depuis l’origine et actuellement en possession du petit-fils de Pierre Hel, le luthier Arnaud Louvois-Hel. La vente inclura notamment le premier ainsi que le dernier instruments réalisés par Pierre Hel, autrement dit l’alpha et l’omega de sa carrière… Cette vente exceptionnelle et très attendue du fonds d’atelier de la Maison Hel est donc une rare opportunité d’acquérir des instruments historiques, à forte charge émotionnelle, et de belle provenance.
Né en 1842 à Mazirot, dans la région de Mirecourt, Joseph Hel commence dès 14 ans, en 1856, un apprentissage chez François Salzard qui durera cinq ans, jusqu’en 1861. Il fréquente par la suite un grand nombre d’ateliers importants de l’époque. De mars à avril 1861, on le retrouve ainsi chez le facteur d’orgues et inventeur du procédé industriel de violon moulé, Didier Poirot, puis dans l’atelier de Grandjon J. Fils d’avril à mai 1861, et enfin comme ouvrier chez Laberte Humbert de novembre 1861 à mai 1862. Il ne résiste finalement pas à l’appel de la capitale et rejoint, pour l’année 1862, l’atelier de Sébastien Vuillaume qu’il finira par quitter pour la maison E. Henry-J. Martin. Enfin, ses pérégrinations le mènent jusqu’à Aix-la-Chapelle, chez Nicolas Darche, pour qui il travaille durant l’année 1864, avant de prendre la décision de rentrer à Mirecourt et de retrouver l’atelier de Laberte Humbert.[1] De ses diverses expériences, Joseph Hel restera particulièrement marqué par son passage chez Nicolas Darche durant la première partie de sa carrière.
[1] Aude Cordonnier (dir.), La collection Hel, Instruments de musique anciens réunis par deux luthiers lillois, catalogue d’exposition, 2 décembre 1989 – 2 avril 1990, Musée de l’Hospice Comtesse, Lille, 1990
De toutes les maisons qu’il a pu fréquenter, celle qui a le plus impacté son style, c’est celle de Darche à Aix-la-Chapelle. Que ce soit dans le modèle Strad, dans le vernis, dans la conception des intérieurs, dans le travail, ses instruments de la première période sont imprégnés de ce savoir-faire.
Entretien avec Jonathan Marolle, luthier et expert en instruments du quatuor
On peut notamment observer que les premiers instruments de Joseph Hel se distinguent du reste de sa production par leur vernis très foncé, tirant sur le brun-violet, comparable à celui de Nicolas Darche.
Les instruments de la première période portent également une marque au fer en arc-de-cercle, inscrite “J. HEL” et mentionnant les premières adresses de l’atelier. Ces marques étaient généralement apposées sur le talon et à l’intérieur sur les tasseaux. La marque en arc-de-cercle fut usitée au moins jusqu’à la fin des années 1870, avant de devenir droite. Notons que Joseph Hel signait quasiment systématiquement ses instruments, sur la table et sur le fond, par une belle signature à l’encre précisant l’année, le numéro et l’adresse de l’atelier.
En novembre 1865, Joseph Hel s’installe à Lille et fonde son propre atelier, successivement implanté 2 rue des Fleurs (de 1867 à 1868), 50 rue Esquermoise (de 1869 à 1875), 23 rue de la Gare (de 1876 à 1881) et enfin 14 rue Nationale – autant d’adresses que l’on retrouve sur ses étiquettes. Il devient le luthier du Conservatoire de Lille et acquiert rapidement une renommée internationale en participant aux Expositions universelles.
En 1900, il décroche notamment le Grand Prix de l’Exposition universelle de Paris. Ses instruments sont régulièrement récompensés par une multitude de médailles d’or, que ce soit à l’Exposition internationale de Lille en 1882, ou aux Expositions d’Anvers (1885), de Liverpool (1886) et de Paris en 1889.
Fort de ces succès, il est hors concours à l’Exposition universelle de Chicago en 1893 et quatre fois membre du jury, de 1893 à 1897. En 1897, un diplôme d’honneur lui est décerné lors de l’Exposition universelle de Bruxelles[1].
Joseph Hel employa beaucoup d’ouvriers, dont Auguste Marissal, ce qui permit à l’atelier d’être très prolifique. On estime en effet le nombre d’instruments produits à environ 650-700, comprenant des violons, altos, violoncelles et contrebasses. Joseph Hel fut également un très bon restaurateur, principalement d’instruments italiens, ce qui influença ses propres fabrications. Grand collectionneur, il vendait aussi divers instruments anciens et modernes des écoles françaises, italiennes et allemandes. Outre les instruments entièrement de sa main, la Maison Hel proposait une deuxième catégorie d’instruments d’atelier, signés avec une étiquette “Stradivarius Moderne” et non à la main. A son décès en 1902, l’atelier est très prospère et internationalement renommé.
[1] Aude Cordonnier (dir.), La collection Hel, Instruments de musique anciens réunis par deux luthiers lillois, catalogue d’exposition, 2 décembre 1989 – 2 avril 1990, Musée de l’Hospice Comtesse, Lille, 1990, p.17-18
Malgré son passage par de nombreux ateliers mirecurtiens, Joseph Hel ne s’imprégna pas de cette lutherie très typée de Mirecourt. Au contraire, il se détacha de l’ancienne tradition et se lança dans la lutherie plus moderne de la fin du XIXème et du début du XXème siècle. Il mena ainsi diverses expérimentations et inventa notamment un système de piques de violoncelles en 1878 et de fixe-chevilles, permettant “de tendre les cordes sans secousses et de leur donner plus de tenue dans l’accord”[1], dont il déposa le brevet le 6 juillet 1886. Les instruments de Joseph Hel étaient particulièrement reconnus pour la perfection de leur sonorité, qui résultait d’un long travail de recherche et d’un procédé de vieillissement des bois sans feu ni acide, mis au point par le luthier. Il abandonna ses premiers vernis bruns durant la deuxième période de sa production, se dirigeant vers un vernis plus léger, moins foncé et assez épais. Le beau violon de 1885 de la vente du 1er juin 2023, portant le numéro 133, permet de constater à quel point ses vernis s’étaient éclaircis dès cette époque.
[1] Aude Cordonnier (dir.), La collection Hel, Instruments de musique anciens réunis par deux luthiers lillois, catalogue d’exposition, 2 décembre 1989 – 2 avril 1990, Musée de l’Hospice Comtesse, Lille, 1990, p.19
Violon de Joseph HEL, 21 Août 1885, n°133. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023 © C. Darbelet
Violon 3/4 de Joseph HEL, 1891, n°266. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023. © C. Darbelet
Violon de Joseph HEL, 1895, n°395. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023. © C. Darbelet
Dans leurs formes, les instruments de Joseph Hel se distinguent également de toute une tradition par leurs “voûtes [qui] sont souvent moins pleines que [celles de] la lutherie ‘classique’ de ses prédécesseurs. De plus, les gorges sont larges et plates, les bords assez épais et légèrement roulés.”[1] Autre caractéristique faisant l’originalité de Joseph Hel, celui-ci était ambidextre et taillait l’ouïe gauche et droite des instruments, respectivement avec sa main gauche et droite (ibid). Les trois violons de la vente du 1er juin 2023, respectivement datés de 1885, 1891 et 1895, nous en offrent de beaux exemples, dont un rare violon trois quarts.
L’aspect général de ces violons est relativement carré, le travail est très bien réalisé avec des ouïes assez droites et des pattes d’F bien rondes. Ils sont recouverts de filets fins et proches du bord. Collectionneur et revendeur d’instruments anciens, son modèle de prédilection était celui de Stradivari, comme le vérifient ces trois violons. En effet, nous connaissons peu d’instruments en modèle Guarneri, bien que son dernier violon connu, réalisé peu de temps avant sa mort en 1902 et numéroté 642, en soit un exemple.
[1] Sophie Huguet, Fabrication d’un violoncelle d’après un modèle de Joseph Hel, Travail universitaire : Diplôme des Métiers d’Art. Ecole Nationale de Lutherie, Mirecourt. Année 2015-2016
Âgé de seulement 18 ans, Pierre, le fils de Joseph, prend la tête de l’atelier à la mort de ce dernier en 1902. Il réalise son apprentissage auprès de Gustave Bazin et remporte rapidement des grands prix à l’Exposition universelle de Saint-Louis en 1904 ou encore à celle de Milan en 1906. Sous sa direction, la Maison Hel continue de fabriquer, restaurer et revendre des instruments anciens ou en blanc, en provenance de Mirecourt, que l’atelier achève. Tout comme son père, Pierre Hel est le luthier du Conservatoire de Lille, mais également du Conservatoire royal de La Haye. En 1910, pour “cause d’agrandissement”, l’atelier déménage au 76 Boulevard de la Liberté, toujours à Lille. Son talent et sa renommée lui valent la place de membre du jury à l’Exposition universelle de Paris en 1911.
Tout au long de sa carrière, ses instruments sont salués pour leurs prouesses techniques et leur perfection sonore et, en 1927, deux de ses violons sont primés pour leur sonorité à l’Exposition internationale pour la musique de Genève. Pour répondre à la demande croissante, Pierre Hel fait appel à Léon Mougenot ou encore à Laberte Humbert et emploie plusieurs luthiers importants, tels qu’Oliver Marissal et Marcel Demey.
Si les instruments de Pierre Hel sont aussi aboutis, c’est en partie grâce à son travail en étroite collaboration avec les musiciens, dont certains des plus grands solistes de son temps, tels que George Enesco qui part en tournée internationale avec un violon de Pierre Hel en 1924 – ce qui intéressa beaucoup la presse de l’époque.
Pierre Hel était également très proche d’Eugène Ysaye, Robert Hecquet, Jacques Thibaud ou encore de Stéphane Grappelli.
Le violon de Stéphane Grappelli réalisé par Pierre Hel est d’ailleurs aujourd’hui conservé au Musée de la Musique de Paris et a été récemment confié à Mathias Lévy pour l’enregistrement de ses compositions. A la mort de Pierre Hel en 1937, l’atelier continua d’exister sous la direction de sa veuve et de Marcel Demey, l’employé de la première heure et fidèle collaborateur de Pierre Hel pendant plus de 40 ans, avant qu’il ne s’installe à son compte en 1943, marquant la fermeture de l’atelier.
Violon de Pierre HEL, opus n°1, 1899. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023. © C. Darbelet
Joseph Hel a certainement commencé à se faire aider de son fils dès la fin du siècle, comme le confirme ce violon de 1899 provenant du fonds d’atelier. Cet instrument est le tout premier modèle numéroté de Pierre Hel. Il a été réalisé alors que le luthier n’avait que 15 ans. Il s’agit donc d’une pièce absolument exceptionnelle sur le plan historique, qui nous offre un témoignage unique du début de la carrière de Pierre Hel et des transferts de savoir-faire entre le père et le fils. Il porte le numéro 1, ainsi que l’étiquette et la signature du luthier. Cet instrument nous permet de peser l’importance de l’influence de Joseph Hel sur le travail de première époque de Pierre Hel, qui s’observe tout particulièrement dans le vernis, le modèle et le travail des têtes.
En effet, en comparaison avec les violons de dernière époque de Joseph Hel, on constate que les vernis utilisés par Pierre Hel sont les mêmes, à l’allure plutôt plastifiée, sans trop de texture et assez épais.
Ce premier instrument est historiquement très intéressant, puisqu’il témoigne d’une main certes débutante et parfois hésitante, mais déjà très prometteuse. Ainsi, l’instrument n’a aucun défaut majeur. Seul un œil attentif pourrait y déceler l’incertitude et le geste lent de l’apprenti : un filet qui présente quelques irrégularités et nage parfois dans la mortaise au niveau des courbes, des coins pas tout à fait identiques, une tête qui manque un peu de creusage – autant de caractéristiques propres à un travail de jeunesse mais qui laissent déjà transparaître le talent précoce de Pierre Hel. Très rares sont les premiers instruments de grands maîtres parvenus jusqu’à nous – encore moins les numéros 1 – et ce modèle, porteur d’une grande charge émotionnelle, est particulièrement intéressant puisqu’il nous parle non pas d’un, mais de deux luthiers, et cristallise le transfert de savoir-faire entre le père et son fils, peu de temps avant la mort de Joseph.
Au début de sa carrière, Pierre Hel reste également très inspiré par la lutherie italienne et réalise des instruments revisitant les modèles Stradivari, Guarneri ou encore de Santo Séraphino, comme nous l’indique un reçu de la Maison Hel pour un violon réalisé en 1904 (Archives Vichy Enchères).
Toutefois, il se détache progressivement de l’influence de son père et des maîtres classiques italiens en mettant au point un modèle personnel à partir des années 1920. Cette période correspond à celle de tous les succès, quand ses instruments étaient joués par les plus grands virtuoses.
“Il crée également des modèles originaux, tentant de nombreuses expériences et modifications de construction susceptibles d’influencer le timbre et la puissance et de donner la plus grande facilité d’émission. Tel est le cas du violon acheté par Georges Enesco en 1923, si vivement apprécié par la critique pour ses qualités sonores.”
Aude Cordonnier (dir.), La collection Hel, Instruments de musique anciens réunis par deux luthiers lillois, catalogue d’exposition, 2 décembre 1989 – 2 avril 1990, Musée de l’Hospice Comtesse, Lille, 1990, p.19
A la différence de son père, Pierre Hel a vraiment cherché à concevoir son propre modèle, caractérisé par ses voûtes beaucoup plus dégagées et ses coins plus courts, avec des filets positionnés plus loin du bord. Les têtes de ses instruments deviennent aussi très typiques de sa facture, avec une virgule partant assez loin et mise en valeur par un beau dégagement. Le fonds d’atelier Hel comprend un beau violon de 1932 caractéristique de ce style et typique de cette période durant laquelle il travaille pour les plus grands solistes.
Violon de Pierre HEL, 1932, n°401. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023 © C. Darbelet
« Il présente des coins assez courts et un peu larges, ornés d’un filet situé assez loin du bord et des onglets très déviés. On observe en effet que la pointe de l’onglet arrive pratiquement dans l’angle du coin, ce qui donne une allure plus massive au violon. La tête est très typée, avec une virgule qui va très loin et qui est très poussée, ce que l’on ne retrouve pas d’une façon aussi marquée chez le père. »
Entretien avec Jonathan Marolle, luthier et expert en instruments du quatuor
Il introduit également le paraphe “P. HEL” et, tout comme son père, signe à l’intérieur sur la table et sur le fond. Son vernis évolue aussi dans cette deuxième période, pour se détacher de ce que faisait Joseph Hel. Pierre Hel met ainsi au point un vernis avec plus de texture, engendrant parfois des problèmes de séchages et des craquelures, qui confère un certain charme aux instruments et donne l’impression d’un revêtement en peau de crocodile.
Violon de Pierre HEL, 1925, n°297. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 2 juin 2022 © C. Darbelet
Circonstances exceptionnelles, cette vente du fonds d’atelier Hel réunit non seulement le premier instrument de Pierre Hel, mais également le dernier, autant dire l’alpha et l’oméga de la carrière du luthier… L’instrument en question est un remarquable violoncelle, réalisé en 1937 dans sa toute dernière période, peu de temps avant sa mort. Il est comme le point d’orgue de sa vie, un testament laissé inachevé, lui donnant un charme tout particulier. En effet, l’instrument qui n’a pas été verni est évocateur d’une vie suspendue et, rien qu’en cela, est un document historique d’une grande valeur. Il nous offre un témoignage sensible et intimiste de la fin de vie du luthier, de la perfection de sa technique et de l’excellence qu’il avait atteint au paroxysme de sa carrière.
Il est à plus d’un titre précieux puisqu’il nous renseigne sur la production d’instruments de Pierre Hel sur le plan quantitatif, avec son numéro 494, sans doute l’ultime… Enfin, son étiquette – et surtout ses signatures – sont ici chargées d’une dimension supplémentaire : elles comptent parmi les dernières traces laissées par sa main…
Outre son importance historique, ce violoncelle est l’un des rares exemplaires connus dans la production de Pierre Hel, ce dernier ayant essentiellement fabriqué des violons. A la toute fin de sa vie, le luthier choisit ainsi de se confronter à nouveau à la réalisation d’un violoncelle – un travail plus important mobilisant le savoir-faire de toute une vie et éclatant ici comme un testament artistique.
Violoncelle de Pierre HEL non verni, 1937, n°494. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023 © C. Darbelet
Ces instruments proviennent du fonds d’atelier de Joseph et Pierre Hel et ne l’ont pour ainsi dire jamais quitté. Cela explique leur bon état de conservation et leur aura toute particulière, puisqu’ils ont été préservés et tenus cachés dans le cercle familial, comme des trésors…
Ils apparaissent aujourd’hui surgissant du passé et semblent construire un pont direct entre nous, Pierre et Joseph Hel. Avec eux, c’est toute l’histoire de l’atelier et de la famille Hel qui émerge.
Le descendant actuel, Arnaud Louvois-Hel, était, en digne héritier de la famille, également luthier. Luthier sur le tard, puisqu’“après avoir tout fait sauf de la lutherie” comme il aime à le dire, il ne se décida à se professionnaliser dans la lutherie que le jour où sa fille Véronique, âgée de neuf ans, manifesta l’envie de faire de la musique. Son professeur, devant les facilités de l’enfant, conseilla aux parents de lui procurer un instrument de qualité.
C’est ainsi qu’Arnaud Louvois-Hel révéla à son enfant un secret bien gardé jusque-là : “Si tu veux jouer du violon, je te donnerais le premier violon que j’ai réalisé.”
Cet épisode replongea Arnaud Louvois-Hel dans la lutherie. Un an plus tard, la petite décida de commencer le violoncelle et, à cette occasion, un instrument que Pierre Hel avait réalisé pour les quinze de sa propre fille Françoise – la maman d’Arnaud – fut confié à la petite Véronique.
Arnaud Louvois-Hel eut la chance de connaître son grand-père maternel, Pierre Hel, et de déambuler dans son atelier. Il conserve encore le souvenir des odeurs de cet atelier et revoit son grand-père au travail. La famille est intimement liée à l’univers de la musique. Les parents d’Arnaud Louvois-Hel se sont d’ailleurs rencontrés alors que Pierre Hel entretenait le violoncelle de son grand-père paternel, alors professeur de musique à Calais.
Arnaud Louvois-Hel s’est formé auprès d’Amédée Dieudonné, qui avait fait la Grande Guerre avec Pierre Hel et qui était également en apprentissage avec lui dans l’atelier Bazin. De la guerre, Pierre Hel ramena un grand nombre de dessins et d’aquarelles produits sur place et aujourd’hui conservés par Arnaud Louvois-Hel et sa femme.
Arnaud Louvois-Hel poursuivit sa formation par un stage chez Loïc Le Canu à Caen, en 1978-1979. Son activité consista essentiellement à restaurer et entretenir des instruments, tels que ceux de Jean-Michel Moulin, violoncelle-solo de l’Orchestre National de Lille, de qui Vichy Enchères vendait le Vuillaume en décembre 2022.
Les instruments du fonds d’atelier de Joseph et Pierre Hel ont ainsi été conservés au sein de la même famille depuis l’origine et celle-ci a su respecter et faire perdurer les traditions familiales et son esprit. Ne manquez pas cette opportunité unique de vous procurer ses instruments exceptionnels provenant du fonds d’atelier de la Maison Hel !
On 1 June 2023, Vichy Enchères will have the privilege of selling the first part of Joseph and Pierre Hel’s workshop backstock, including instruments that never left the Hel family and are currently in the possession of Pierre Hel’s grandson, the violin maker Arnaud Louvois-Hel. The sale will include in particular the first and the last instruments made by Pierre Hel, in other words the alpha and omega of his career. This exceptional and highly anticipated sale of the Hel workshop backstock is therefore a rare opportunity to acquire historical instruments, of great sentimental value and with a beautiful provenance.
Joseph Hel was born in 1842 in Mazirot, in the Mirecourt region, and began his apprenticeship in 1856, at the age of 14, with François Salzard. It lasted five years, until 1861. He subsequently worked in many important workshops of the time. He was at Didier Poirot’s, the organ builder and inventor of the industrial moulded violin process, from March to April 1861; then in the workshop of Grandjon J. Fils from April to May 1861; and finally in the workshop of Laberte Humbert from November 1861 to May 1862. He was eventually drawn to the capital and, in 1862, he joined the workshop of Sébastien Vuillaume, which he would eventually leave for that of E. Henry-J. Martin. Finally, his wanderings lead him to Aix-la-Chapelle, at Nicolas Darche’s, for whom he worked in 1864, before deciding to return to Mirecourt and rejoin the workshop of Laberte Humbert. [1] Of of all these experiences, the one at Nicolas Darche was the one that influenced him the most during the first part of his career.
[1] Aude Cordonnier (dir.), La collection Hel, Instruments de musique anciens réunis par deux luthiers lillois, exhibition catalogue, 2 December 1989 – 2 April 1990, Musée de l’Hospice Comtesse, Lille, 1990
Of all the workshops he worked at, the one that had the most impact on his style was that of Darche in Aix-la-Chapelle. Whether in the Strad model used, the varnish, the internal construction, or the workmanship, the instruments of his first period were heavily influenced by this workshop.
Interview with Jonathan Marolle, violin maker and string quartet instrument
It is particularly noticeable that the first instruments by Joseph Hel are distinguishable from the rest of his production by their very dark varnish, of a brown-violet tint, which is similar to that of Nicolas Darche.
The instruments of the first period also bear an iron brand forming a circular arc, with the inscription “J. HEL” and including the first addresses of the workshop. These brands were usually placed on the heel and on the blocks inside the instrument. The circular arc brand was used at least until the end of the 1870s, before being replaced by a straight shape one. It is worth noting that Joseph Hel almost always signed his instruments, on the inside front and back, with a beautiful signature in ink, and included the year of production, the instrument number and the address of the workshop.
In November 1865, Joseph Hel moved to Lille and set up his own workshop, first at 2 rue des Fleurs (1867-1868), then at 50 rue Esquermoise (1869-1875) and 23 rue de la Gare (1876-1881) and finally at 14 rue Nationale – as evidenced by the various addresses found on his labels. He was appointed luthier of the Conservatoire de Lille and quickly acquired an international reputation by taking part in Universal Exhibitions.
In particular, in 1900, he won the Grand Prix at the Universal Exhibition in Paris. His instruments were regularly awarded gold medals, whether at the International Exhibition in Lille (1882), or the exhibitions in Antwerp (1885), Liverpool (1886) and Paris (1889).
Thanks to these successes, he was classed as “hors concours” for the Universal Exhibition in Chicago in 1893 and was four times a member of the jury, from 1893 to 1897. In 1897, he was awarded a diploma of honour at the Universal Exhibition in Brussels[1].
Joseph Hel employed many makers, including Auguste Marissal, which allowed the workshop to flourish. The number of instruments produced is estimated at around 650-700, including violins, violas, cellos and basses. Joseph Hel was also a very good restorer, mainly of Italian instruments, which in turn influenced his own making. As an important collector, he also sold various old and contemporary instruments from the French, Italian and German schools. In addition to instruments entirely by his hand, Maison Hel offered a second grade of workshop instruments, bearing a printed “Modern Stradivarius” label. By the time he died in 1902, the workshop was very prosperous and internationally renowned.
[1] Aude Cordonnier (dir.), La collection Hel, Instruments de musique anciens réunis par deux luthiers lillois, exhibition catalogue, 2 December 1989 – 2 April 1990, Musée de l’Hospice Comtesse, Lille, 1990, p.17-18
Despite working for many Mirecourt workshops, Joseph Hel did not follow in the footsteps of the very typical violin making style of that region. Instead, he broke away from the old tradition and followed the more modern style of violin making of the late 19th and early 20th century. In doing so he carried out various experiments and, in particular, invented a system of cello endpins in 1878 and peg mounts, making it possible “to tune the strings without jumps and to keep them more in tune”[1], for which he applied for a patent on 6 July 1886. Joseph Hel’s instruments were particularly famous for their sound quality, which was the fruit of long research and a process of aging wood without fire or acid, developed by the maker himself. He abandoned his early brown varnishes during his second period, in favour of lighter / less dark and rather thick varnish. The beautiful violin from 1885 in the sale of 1 June 2023, bearing the number 133, shows how much his varnish from that time had become lighter in colour.
[1] Aude Cordonnier (dir.), La collection Hel, Instruments de musique anciens réunis par deux luthiers lillois, exhibition catalogue, 2 December 1989 – 2 April 1990, Musée de l’Hospice Comtesse, Lille, 1990, p.19
Violon de Joseph HEL, 21 Août 1885, n°133. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023 © C. Darbelet
Violon 3/4 de Joseph HEL, 1891, n°266. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023. © C. Darbelet
Violon de Joseph HEL, 1895, n°395. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023. © C. Darbelet
In their forms, the instruments of Joseph Hel set themselves apart from tradition by their « arches [which] are often less full than [those of] the ‘classic’ violin making of his predecessors. In addition, the fluting at the edges is wide and flat, the edges quite thick and slightly rounded. »[1] Another of Joseph Hel’s original characteristics was that he was ambidextrous and used his left and right hands respectively to cut the left and right sides of his instruments (ibid). The three violins in the sale on 1 June 2023, dated 1885, 1891 and 1895, are fine examples of this, and include a rare 3/4 violin.
The general appearance of these violins is rather square, with work of fine quality, quite straight f-holes and very curved f-hole tabs. They feature fine purfling, which was inserted close to the edge. As collector and dealer of old instruments, his favourite model was that of Stradivari, as evidenced by these three violins. Indeed, we know of few instruments by his hand after Guarneri, although his last known violin, made shortly before his death in 1902 and numbered 642, is an exception.
[1] Sophie Huguet, Fabrication d’un violoncelle d’apres un modele de Joseph Hel, University paper for the Diplôme des Métiers d’Art. Ecole Nationale de Lutherie, Mirecourt. Year 2015-2016
Aged only 18, Pierre, Joseph’s son, took over the workshop upon the death of his father in 1902. He completed his apprenticeship with Gustave Bazin and quickly won major prizes at the Universal Exhibition of Saint -Louis in 1904 and that of Milan in 1906. Under his direction, Maison Hel continued to make, restore and trade old instruments, as well as unvarnished ones from Mirecourt, which were finished in the workshop. Like his father, Pierre Hel was luthier of the Lille Conservatoire, but also of the Royal Conservatory in The Hague. In 1910, in order to expand, the workshop moved to 76 Boulevard de la Liberté, still in Lille. His talent and reputation earned him a place as a jury member at the Universal Exhibition in Paris in 1911.
Throughout his career, his instruments were praised for their technical aspects and their perfect tone and, in 1927, two of his violins were awarded prizes for their sound at the International Music Exhibition in Geneva. To meet the growing demand, Pierre Hel called on Léon Mougenot and Laberte Humbert, and employed several important makers, such as Oliver Marissal and Marcel Demey.
If Pierre Hel’s instruments were so successful, it is partly thanks to his close collaboration with musicians, including some of the greatest soloists of his time, such as George Enesco who went on an international tour with a violin by Pierre Hel in 1924 – which attracted great interest from the press at the time. Pierre Hel was also very close to Eugène Ysaye, Robert Hecquet, Jacques Thibaud and even Stéphane Grappelli.
The violin of Stéphane Grappelli made by Pierre Hel is now kept at the Musée de la Musique in Paris and was recently loaned to Mathias Lévy for the recording of his compositions. Upon the death of Pierre Hel in 1937, the workshop carried on under the direction of his widow and of Marcel Demey, the employee of the first hour and faithful colleague of Pierre Hel for over 40 years, before he set up on his own in 1943, forcing the closure of the Hel workshop.
Violon de Pierre HEL, opus n°1, 1899. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023. © C. Darbelet
Undoubtedly, Pierre Hel started to assist his father towards the end of the century, as this workshop violin from 1899 demonstrates. This instrument is Pierre Hel’s very first numbered example. It was made when the maker was only 15 years old. It is therefore an absolutely exceptional piece from a historical point of view, which offers a unique insight into the beginning of Pierre Hel’s career and the transfer of knowledge between father and son. It bears the number 1, as well as the maker’s label and signature. This instrument demonstrates the great influence Joseph Hel had on the work of his son’s first period, which is particularly perceptible in the varnish, the model and the work on the head. Indeed, when comparing it to the violins of Joseph Hel’s last period, we notice that the varnishes are the same with both makers, of rather plasticky appearance, quite thick and without much texture.
This first instrument is historically very interesting, since it denotes a hand that is certainly that of a beginner, hesitating at times, but which already shows great promise. The instrument has no major flaws. Only an expert eye could notice the hesitation and the slow hand of the apprentice: a purfling that displays some irregularities, a purfling channel a little too wide in the curves at times, corners that are not quite identical, a head requiring a little more gouging – so many characteristics that point to a work of youth, but which already reveal the precocious talent of Pierre Hel. Very early instruments of great masters that have survived are very rare – even less so the first ones – and this example, which carries great sentimental value, is particularly interesting since it reveals to us not one, but two makers, and embodies the transfer of knowledge between father and son, shortly before Joseph’s death.
At the beginning of his career, Pierre Hel also remained very influenced by Italian violin making and made instruments after Stradivari, Guarneri and even Santo Serafin, as indicated by a receipt from Maison Hel for a violin made in 1904 (Vichy Encheres archives).
However, he gradually distanced himself from the influence of his father and the Italian classical masters by developing a personal model from the 1920s. This was his most successful period, when his instruments were played by the greatest virtuosos.
“He also created original models, carrying out many experiments and implementing structural changes in order to affect the tone and projection and provide the greatest ease of play. One instrument that was the fruit of such experiments is the violin bought by Georges Enesco in 1923, so greatly appreciated by critics for its sound qualities.”
Aude Cordonnier (dir.), La collection Hel, Instruments de musique anciens réunis par deux luthiers lillois, exhibition catalogue, 2 December 1989 – 2 April 1990, Musée de l’Hospice Comtesse, Lille, 1990, p.19
Unlike his father, Pierre Hel really sought to design his own model, which is characterized by its much more open arches and shorter corners, with purfling positioned further from the edge. The heads of his instruments also became very personal, with a comma starting quite high and highlighted by a beautiful clearance. The Hel workshop’s backstock includes a beautiful violin of 1932 typical of this style and period, during which he worked for the greatest soloists.
Violon de Pierre HEL, 1932, n°401. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023 © C. Darbelet
« It has quite short and slightly wide corners, with purfling inserted quite far from the edge and bee stings noticeably off centre. Indeed, the fluted bee stings end practically in the angle of the corner, giving a heavier appearance to the violin. The head is very typical, with a comma that goes very far and is deeply fluted, which is something that is not found in such a pronounced way in the father’s work. »
Interview with Jonathan Marolle, violin maker and string quartet instrument expert
He also introduced the initials “P. HEL” and, just like his father, signed his instruments on the inside front and back. His varnish also evolved in this second period, moving away from what Joseph Hel was doing. Indeed, Pierre Hel developed a varnish with more texture, sometimes leading to drying and crackling issues, giving the coating the appearance of crocodile skin, which conferred a certain charm to the instruments.
Violon de Pierre HEL, 1925, n°297. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 2 juin 2022 © C. Darbelet
This sale of the Hel workshop’s backstock is all the more exceptional for bringing together not only Pierre Hel’s first instrument, but also his last, in other words the alpha and omega of the maker’s career. This last instrument is a remarkable cello, made in 1937, in his very last period shortly before his death. It represents the high point of his life, a testament left unfinished, giving it a very special charm. Indeed, the instrument, which has not been varnished, attests to a life interrupted and, for that reason alone, is a historical artefact of great value. It provides us with a emotional and intimate portrait of the end of the maker’s life, the perfection of his technique and the excellence he achieved at the height of his powers.
It is precious in many ways, not least because it informs us of the number of instruments Pierre Hel’s made in his lifetime: this cello, number 494, was undoubtedly his last one… Finally, its label – and especially the signatures on it – are amongst the last marks left by his hand, giving the instrument even more significance.
In addition to its historical importance, this instrument is one of the few known examples of cellos in the production of Pierre Hel, as he mostly made violins. At the very end of his life, the maker therefore would have chosen to tackle once more the making of a cello – a huge task requiring the experience of a lifetime, left as legacy of his artistic talent.
Violoncelle de Pierre HEL non verni, 1937, n°494. Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 1er juin 2023 © C. Darbelet
These instruments come from the workshop backstock of Joseph and Pierre Hel and have, so to speak, never left it. This explains their great condition and their aura, having been preserved and kept within the family, away from the public, like treasures…
They resurface today, emerging from the past, and creating a direct link between us and Pierre and Joseph Hel. With them, the whole history of the workshop and the Hel family emerges.
The current descendant, Arnaud Louvois-Hel, was, as a worthy heir to the family, also a violin maker. He turned to this craft late in life, “after having done everything except violin making” as he likes to say, only deciding to take up violin making professionally the day his nine-year-old daughter Véronique showed interest in playing music. Her teacher, in light of her abilities, recommended to the parents that they provide her with a quality instrument.
It is then that Arnaud Louvois-Hel revealed to his daughter a secret well-kept until then: “If you wanted to play the violin, I would give you the first violin I made.” This plunged Arnaud Louvois-Hel back into violin making. A year later, the little one decided to start the cello and this led to the instrument that Pierre Hel had made for the 15th birthday of his own daughter Françoise – Arnaud’s mother – being entrusted to little Véronique.
Arnaud Louvois-Hel had was fortunate enough to know his maternal grandfather, Pierre Hel, and to wander in his workshop. He still remembers the smells of the workshop and seeing his grandfather at work. The family is intimately linked to the world of music. The parents of Arnaud Louvois-Hel met while Pierre Hel was carrying out maintenance work on the cello of his paternal grandfather, a then music teacher in Calais.
Arnaud Louvois-Hel trained with Amédée Dieudonné, who fought in the Great War with Pierre Hel and who also apprenticed alongside him in the Bazin workshop. Pierre Hel brought back a large number of drawings and watercolors produced while on the war front, which are today kept by Arnaud Louvois-Hel and his wife.
Arnaud Louvois-Hel continued his training via an internship with Loïc Le Canu in Caen, in 1978-1979. His activity centred around restoring and maintaining instruments, such as those of Jean-Michel Moulin, cello soloist of the Orchestre National de Lille, whose Vuillaume was sold by Vichy Enchères in December 2022.
The instruments from Joseph and Pierre Hel’s workshop have been kept within the same family since they were made, and the family has respected and perpetuated the family traditions and their spirit. Don’t miss this unique opportunity to acquire these exceptional instruments from the workshop backstock of Maison Hel!