Vichy Enchères

Antonio de Torres, la FE21Y

A l’occasion de la vente du 9 novembre 2024 de Vichy Enchères, une superbe guitare d’Antonio de Torres sera présentée. Réalisée en 1865, l’instrument a été inventorié FE21Y par José Luis Romanillos. Cette guitare a été exposée durant de nombreuses années au Museo de la Guitarra Antonio de Torres d’Almeria, ainsi qu’au Museu de la Música de Barcelone. A plusieurs reprises, elle fut jouée afin d’honorer le génie de Torres, que ce soit lors de concerts, d’enregistrements ou pour le documentaire La Española. La de Torres. Découvrez sans plus attendre la FE21Y.


Une guitare de notoriété publique

L’une des dernières Torres authentifiées par José Luis Romanillos

Cette guitare d’Antonio de Torres porte l’étiquette “POR D. ANTONIO DE TORRES. / SEVILLA/ Calle de la Cerrageria numero 32. / Año de 1865.”

Elle a été authentifiée par José Luis Romanillos, l’incontournable luthier et la référence internationale de Torres, après examen en 2012. Romanillos projetait de l’intégrer dans une éventuelle nouvelle édition de son prestigieux ouvrage Antonio de Torres, Guitar Maker – His Life & Work, sous le numéro FE21Y :

“Comme notre guitare [une autre guitare de la collection Romanillos] date de 1865, FE21X dans le catalogue, nous avons donné à votre guitare le numéro FE21Y et lorsqu’il y aura une nouvelle édition, s’il y en a une un jour, ce sera le numéro de catalogue de votre guitare.”


Courriel traduit de l’espagnol, de Marian et José Romanillos à l’ancien propriétaire

Comme l’indique Romanillos, ce numéro repose sur l’existence d’une autre guitare de Torres réalisée en 1865, conservée dans sa propre collection, numérotée FE21X et stylistiquement proche de cette guitare.

Malheureusement, aucune nouvelle édition du catalogue raisonné de Torres ne fut éditée depuis, si bien que la FE21Y n’y apparaît pas. Toutefois, Romanillos avait rédigé, le 17 janvier 2014, un court document authentifiant la guitare et l’instrument fut mis à l’honneur lors de divers événements officiels autour de Torres.

Une guitare publiquement exposée pour célébrer Torres

Redécouverte en 2012 au-dessus d’une armoire après avoir été laissée à l’abandon, cette guitare authentifiée par Romanillos a, en effet, très vite fait sensation. A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Torres en 2017, le Museo de la Guitarra Antonio de Torres d’Almeria l’intégra à l’exposition-événement “Torres : La Guitarra Universal”, du 12 juin 2017 au 10 janvier 2018. Cette exposition réunissait dix instruments de Torres de ses différentes périodes, dont la FE21Y.

“L’exposition […] vise à rassembler dans ce musée un nombre important de ses guitares originales, ainsi que d’autres fabriquées par des luthiers contemporains liés à Torres et à sa production. C’est pourquoi je vous écris pour vous demander d’envisager la possibilité de prêter la guitare originale de D. Antonio de Torres que vous possédez […]. Votre précieuse contribution permettrait sans aucun doute de mettre en valeur cet éminent fabricant de guitares en cette année où nous célébrons la commémoration de sa naissance.”


Courrier traduit de l’espagnol, de la Delegacion de Area de Cultura, Educación y tradiciones à l’ancien propriétaire, le 25 avril 2017

Reproduite dans le catalogue de l’exposition, sans son numéro, notre guitare prend logiquement place à la suite de la FE21X[1]. Ce catalogue, qui est l’une des dernières publications actualisées sur Antonio de Torres, comprend notamment un texte de Romanillos.

De juin 2019 à septembre 2022, la guitare fut cette fois-ci exposée au Museu de la Música de Barcelona, qui organisa une série d’événements autour de Torres, dont une conférence le 7 novembre 2019 concernant la FE21Y et un modèle de 1868 (par María del Mar Poyatas et Jaume Bosser, “La maestría de Antonio de Torres en dos guitarras, 1866 [il s’agit de la FE21Y dont l’étiquette était lue différemment] i 1868”.

A partir du mois de septembre, elle regagna les collections du Museo Antonio de Torres d’Almeria, où elle fut exposée jusqu’en mai 2024.


[1] “Torres : La Guitarra Universal”, Bicentenario nacimiento 1817/2017, Catalogue d’exposition, 12 juin 2017 au 10 janvier 2018, Museo de la Guitarra Antonio de Torres, Almeria, pp.22-23.

Une guitare de première époque annonçant la seconde

La première époque

La production d’Antonio de Torres peut être divisée en deux époques. Une première que l’on situe environ de 1845 (date où il quitte Vera pour Séville) à 1870 ; et une seconde époque à Alméria de 1875 à la mort du luthier en 1892. Bien que nous ne savons pas exactement quand il a commencé son activité de luthier, le premier instrument connu signé remonte à 1852[1]. Cet instrument présente des similitudes avec les guitares de José Pernas, ce qui pourrait s’expliquer par une probable formation auprès de Pernas à Grenade[2]. Sans pouvoir trancher sur la question, il est de fait incontestable que, d’une manière générale, ses premières guitares héritent du savoir-faire et des techniques constructives élaborés par les maîtres luthiers actifs dans la région, à l’image de Pernas, mais aussi de luthiers actifs dès le XVIIIème siècle, tels que Francisco Sanguino et José Pagés. En 1854, il travaille à Séville au 11 calle Ballestilla et réalise la FE01 – qui marque pour certains historiens le début de la première époque.


[1] Françoise et Daniel Sinier de Ridder, Jérôme Casanova, op.cit, p.116.

[2] Domingo Prat, Diccionario de guitarristas, 1934

Cette première époque est marquée par plusieurs innovations significatives, dont le « tornavoz », un tube conique en métal, fixé à la caisse afin d’apporter plus de clarté aux aigus et de renforcer les graves, en dirigeant le son vers l’auditeur. Les meilleurs guitaristes, tels que Julián Arcas, Francisco Tárrega et Miguel Llobet, furent séduits par l’invention. La renommée de Torres grandit alors rapidement et en 1858, il reçut la médaille de bronze à l’Exposition de Séville pour la FE08 (« La Cumbre »), acclamée pour son excellence esthétique et sonore.

A l’instar de la FE21Y, ses guitares de première époque sont souvent décrites comme possédant un timbre et une clarté de son particulier, qui leur confèrent beaucoup de charme. Réalisée en 1865 à la fin de la première époque – alors que Torres a établi les bases de ses différents modèles – la FE21Y fait partie des instruments de taille moyenne et annonce déjà la seconde époque.

Matériaux et modèle

La FE21Y nous offre un bel exemple du savoir-faire de Torres durant sa première époque et notamment de sa gestion des matériaux. Comme c’est le cas de ce modèle, il utilisait principalement l’épicéa pour ses tables et s’attachait à le couper de manière à ce que les anneaux de croissance soient parfaitement perpendiculaires à la surface[1]. Également caractéristique de la facture de Torres, la table d’harmonie de la FE21Y est très fine – jusqu’à 1.5 mm sur les extrémités – et plus épaisse en son centre. Son fond est en palissandre de Rio constitué de trois morceaux, dont deux provenant du même arbre (les pièces  situées sur les côtés). Les trois parties sont uniformément intercalées par des filets de bois clair. Pour mieux résister à la pression des cordes, la table a été renforcée, à l’intérieur, par un barrage en éventail à cinq brins, associé au traditionnel renfort transversal situé dans la partie supérieure de la table. Torres fit en effet du barrage un élément essentiel, assurant une meilleure vibration à la table et permettant d’améliorer le son de l’instrument. Pour s’adapter à la fois aux guitares moyennes et larges, il conçut deux systèmes de barrage en éventail, l’un à cinq brins et l’autre à sept brins – plus fréquent durant la deuxième époque, au cours de laquelle il agrandit ses modèles (à l’image de la SE35 vendue à Vichy Enchères en 2021).


[1] “200th anniversary Antonio de Torres”, Orfeo Magazine, n°9, spring 2019

Les instruments de Torres peuvent être répartis en trois modèles : petits, moyens et grands[1]. Toutefois, en raison de problèmes d’approvisionnement en bois, mais aussi d’une quête permanente de l’instrument idéal, chaque guitare de Torres est une création unique pouvant présenter des petites variations.

En ce qui concerne les dimensions de la FE21Y, elle possède un diapason de 645 mm, une longueur de caisse de 458 mm et une profondeur de caisse de 83 mm au talon, pour 91 mm au tasseau, ce qui l’apparente, dans ses proportions, aux FE20 et FE21X, conçues à la même époque (respectivement en 1864 et 1865). En outre, ses dimensions et son modèle nous permettent aussi de la rapprocher d’instruments de seconde époque, tels que les SE10 et SEU01 de 1877, la SE31 de 1882, ou encore à la SE142 fabriquée en fin de carrière, en 1890.

Typique des procédés de construction de Torres, la FE21Y présente également, à l’intérieur, des traits de crayon du luthier – témoignage sensible de sa main minutieuse.


[1] « Antonio de Torres, Lo Stradivari della chitarra moderna », Catalogue d’exposition [Museo del Violino, Crémone, 15 sept. – 14 janv. 2018], Edizioni Museo del Violino, 2018? p.27

Un décor caractéristique

Contrairement aux instruments somptueusement décorés des XVIIème et XVIIIème siècles, les guitares de Torres n’étaient que modestement ornées. En fonction des modèles, la décoration pouvait varier, allant des simples filets ornant la table à une accumulation de filets concentriques de diverses couleurs autour de la rose, jusqu’aux roses incrustées de motifs sophistiqués, tels que le méandre (ou motif grec, que l’on retrouve seulement sur trois guitares).

Torres, qui était issu d’un milieu modeste, privilégiait naturellement la technique à l’ornement (cf guitare en papier mâché de 1862). Pour des raisons économiques, il utilisait ainsi des bois provenant de vieux meubles et pouvait rassembler jusqu’à cinq morceaux rien que pour composer une table. Les guitares qu’il fabriquait n’étaient pas toujours destinées à une clientèle aisée. Au début de sa carrière, la pratique de la guitare flamenca restait en usage dans presque tous les foyers de la région et l’instrument était populaire. Les innovations apportées par Torres au cours de sa vie, notamment en collaboration avec des musiciens professionnels, contribuèrent à donner naissance à la guitare fina (de concert), par opposition à la guitare populaire.

Sobrement décorée, la FE21Y présente des ornements élégants et raffinés, composés d’éléments de marqueterie disposés pièce par pièce, à la main, par Torres. Comme sur toutes les guitares, la décoration est principalement concentrée autour de la rose. Celle-ci est incrustée de filets concentriques en palissandre de Rio, en bois clair ou rougeâtre (probablement du poirier) et en bois teinté en vert. Apposés de façon symétrique, ces filets aux teintes différentes créent une symétrie et un rythme soulignant la rigueur géométrique du décor. On retrouve ce même type d’ornements sur plusieurs guitares de concert, telles que la FE20 de 1864 ayant appartenu au célèbre guitariste espagnol Narciso Yepes, ou encore la FE28 de 1868 ayant appartenu à Julian Arcas et aujourd’hui dans la collection de Marcos Villanueva Nieto.

Les bordures de la table sont également rehaussées de plusieurs filets en palissandre de Rio, qui donnent du caractère à la guitare et créent des correspondances avec les éclisses, la touche et le chevalet, également en palissandre.

Le fond est, quant à lui, intrinsèquement décoratif en raison de sa composition en trois parties de bois aux teintes alternées. Ces couleurs alternées sont sublimées par le vernis et par des filets aux teintes claires, intercalés entre chaque partie de bois, et qui se poursuivent sur les bords du fond. On retrouve ce même type de fond tripartite sur d’autres guitares de Torres, à l’image de la FE07 de 1857, mais avec peut-être moins de force expressive compte tenu de l’homogénéité des essences des bois la composant.

Le talon

Les filets bordant le fond de la guitare sont interrompus au niveau du petit talon, dont la découpe est en arc brisé. Cette combinaison contribue à donner de la force et du caractère à la guitare. Ce motif se retrouve sur le manche qui, vu frontalement, dessine un nouvel arc brisé surplombant le talon (voir photo).

Ce type de talon en arc brisé est plutôt caractéristique de la première époque de Torres et renvoie à un savoir-faire local, que l’on observe chez ses contemporains, tels que les Pagès ou, bien entendu, José Pernas. Stylistiquement proches de notre guitare, la FE20 et la FE21X, datées de 1864 et 1865, présentent elles-aussi un talon en arc brisé.

A partir de sa deuxième époque, on retrouve davantage de talons en arc de cercle, à l’exemple de celui de la SE35 réalisée en 1882. Notons toutefois que, là-encore, il n’est pas possible d’assigner un motif exclusivement à l’une ou l’autre des deux époques de torres et que celui-ci continua de réaliser des talons en arc brisé jusqu’à la fin de sa carrière, comme en atteste la SE117 de 1888.

Le chevalet

Ce chevalet, à l’allure stricte et élégante, est sans doute l’un des plus modernes jamais réalisés à cette époque bien que, de nos jours, il soit devenu un grand classique. En effet, à l’époque de Torres, il s’agit plutôt d’une évolution marquant une rupture avec le chevalet baroque. Jusqu’au XIXe siècle, les chevalets maintenaient les cordes en les enfilant autour d’un bloc de bois rectangulaire. Pour ses premiers instruments, Torres a utilisé différents types de chevalets avant d’adopter un modèle plus long et rigide pourvu d’une « lèvre », une caractéristique déjà connue des luthiers antérieurs.

C’est Dionisio Aguado qui revendique l’invention du chevalet moderne dans son « Nuevo Metodo Para Guitarra » en 1843, bien qu’il n’en fasse pas mention dans ses œuvres antérieures. Le premier chevalet d’Aguado était un chevalet de transition entre le chevalet à chevilles utilisé par des luthiers tels que Panormo ou Lacote, et le chevalet plus tardif inventé par Aguado et développé par Torres.

C’est en effet Torres qui, le premier, utilisa de façon cohérente le chevalet à sillet séparé et le popularisa comme chevalet idéal. Pour Torres, l’introduction du sillet séparé était crucial pour le développement de la guitare, bien qu’il lui fallut plusieurs années avant d’arriver à la conception finale du chevalet tel que nous le connaissons.

L’utilisation du sillet séparé permettait au fabricant et au musicien d’ajuster les cordes à la hauteur idéale – atout très utile après l’introduction de la table d’harmonie bombée.

A l’instar de celui de la FE21Y, tous les chevalets de Torres étaient réalisés en palissandre. Les chevalets de ses guitares les plus raffinées comportaient des motifs en nacre ou ivoire sur les ailettes ou, comme c’est le cas de la FE21Y, une lamelle d’ivoire ou de nacre.

Torres a expérimenté divers types de chevalets avant de stabiliser ses choix. Ses innovations et adaptations ont joué un rôle crucial dans le développement du chevalet de guitare moderne.

Une guitare de musicien professionnel

Une guitare de concert

Les réalités économiques et sociales du XIXe siècle ne permettaient pas aux luthiers de produire exclusivement des guitares fina (de concert). Ils devaient également fabriquer des modèles plus abordables et, on l’a vu, utiliser des pièces de bois de faible qualité. La qualité et l’esthétique du bois variaient ainsi considérablement d’une guitare à l’autre. La FE21Y n’était pas, quant à elle, destinée à un usage populaire, comme cela était souvent le cas en Espagne où, historiquement, une guitare se trouvait dans chaque foyer. Ces instruments populaires destinés au flamenco étaient en effet réalisés davantage en cyprès, à la différence des guitares professionnelles fabriquées avec des bois de qualité supérieure comme l’érable, le noyer ou le palissandre. Les matériaux de notre guitare ne laissent aucun doute sur sa fonction d’instrument de concert. La FE21Y présente des bois de la plus haute qualité, tels que le palissandre de Rio pour les éclisses et le fond.

Sa taille moyenne confirme qu’elle était indubitablement destinée à un musicien ayant une formation de concertiste. Toutefois, contrairement à d’autres guitares commandées par des musiciens professionnels, sa décoration ne présente pas de motif, mais une belle  série de filets concentriques autour de la rose. Ce choix pourrait paraître inhabituel pour un instrument de cette qualité, bien qu’il soit la marque de Torres et que l’on retrouve ce même type de décors sur des instruments de grands musiciens, à l’exemple de la FE28 ayant appartenu à Julián Arcas. Cette sobriété décorative correspond certes à la facture de Torres, mais pourrait également s’expliquer par une demande du commanditaire, qui aurait souhaité limiter les coûts en privilégiant la qualité sonore de l’instrument. Il se pourrait aussi que Torres ait été contraint, pour des raisons économiques personnelles, de réduire la décoration de l’instrument[1].


[1] Joan Pellisa, 2013

Une guitare prisée des musiciens

La restauration de cette guitare, réalisée selon les recommandations du CIMCIM (Comité International des Musées et Collections d’Instruments de Musique), a permis de préserver son intégrité historique et fonctionnelle. Oubliée pendant des décennies au-dessus d’une armoire, la restauration conduite par Jaume Bosser de 2014 à 2016 a redonné vie à la guitare, alors remise en état de jeu. Jaume Bosser décrit les qualités sonores de celle-ci en ces termes :

“ Un son très spontané et généreux sur tout le registre – toutes les voix sont entendues très clairement, même celles qui sont souvent camouflées au milieu de la polyphonie […] avec un son beau, agréable, substantiel, riche en harmoniques. Comme un vin qui libère de riches arômes en bouche, les notes de cette guitare produisent des sensations riches et variées. Le musicien est stimulé lorsqu’il joue des passages mélodiques aigus sur une base harmonique de médiums et de graves. Sur la plupart des guitares, il est difficile de faire ressortir ces mélodies, alors que sur la Torres, elles émanent et se projettent sans effort. ”

Depuis sa restauration, la FE21Y a été jouée par de grands musiciens, notamment à l’occasion de plusieurs concerts organisés par le Museu de la Música de Barcelone visant à offrir un aperçu de la maestria de Torres et de l’exceptionnelle qualité sonore de ses guitares. Ainsi, après la conférence du 7 novembre 2019 soutenue par María del Mar Poyatas et Jaume Bosser au sujet de la FE21Y et d’un modèle de 1868, une série de concertos furent donnés par Nora Buschmann (“De Llobet a Jobim”, le 20 octobre 2019), Maria Ribera (“El legado de Emilio Pujol”, le 7 novembre 2021) ou encore par Bernat Padrosa (“Paris 1911”, le 12 mai 2022). Cette programmation couvrait le répertoire de la guitare espagnole en passant par la Bossa Nova, et rendait hommage aux plus grands guitaristes, dont Miguel Llobet, Antônio Carlos Jobim, ou Emilio Pujol. 

En outre, la FE21Y fut jouée par Alejandro Aparicio pour l’enregistrement de l’album BLUE, qui fut suivi d’une série de concerts. L’album devait être enregistré sur deux guitares mais Aparicio choisit finalement de n’utiliser que la Torres. Enfin, cette guitare apparaît dans le documentaire consacré à Antonio de Torres, « La español, la de Torres », dans lequel on peut la voir jouer à plusieurs reprises (elle est alors datée 1866 en raison d’une autre interprétation de lecture de l’étiquette) par Alejandro Aparicio et Juan Francisco Padilla.

Le génie de Torres

Antonio de Torres est souvent comparé à Stradivari, non sans raison. Il a posé les bases de la guitare moderne, transformant un instrument populaire en un symbole de l’excellence musicale et technique. On l’aura compris, le génie de Torres réside dans sa capacité à avoir rassemblé et amélioré les meilleures inventions de son temps dans un seul modèle de guitare. Torres a su tirer parti des dernières avancées techniques, comme le barrage en éventail, utilisé depuis 1760 par des luthiers tels que Sanguino, ou le nouveau chevalet d’Aguado.

Cependant, il ne s’est pas contenté d’utiliser ces techniques : il les a perfectionnées et standardisées, offrant un modèle solide à la guitare moderne. Avant Torres, il n’existait ni modèle, ni mesure standard pour les guitares, les formes variaient selon les régions. Torres a ainsi créé une école et un style, inspirant les luthiers à fabriquer des guitares plus grandes et plus larges. Il a été le premier à comprendre l’importance cruciale de la table d’harmonie pour la sonorité de l’instrument et, en l’amincissant, il a conféré à la guitare une légèreté et une souplesse inédites – autant de caractéristiques dont témoigne la FE21Y.

Véritable rareté sur le marché, cette guitare est une pièce historique nous permettant d’approcher le génie d’Antonio de Torres. Rendez-vous aux expositions et à la vente le 9 novembre 2024, à Vichy Enchères, pour découvrir davantage le Stradivarius de la guitare et tenter d’acquérir l’un de ses instruments fondateurs !


ANTONIO DE TORRES, THE FE21Y GUITAR

A superb guitar by Antonio de Torres will be auctioned at Vichy Enchères on 9 November 2024. This instrument, made in 1865, was catalogued under reference FE21Y by José Luis Romanillos. It was exhibited for many years at the Museo de la Guitarra Antonio de Torres in Almeria and the Museu de la Música in Barcelona. It was played on various occasions in tribute to the genius of Torres, including concerts, recordings and for the documentary “La español, la de Torres”. Without further ado, let’s delve into this FE21Y.


A widely known guitar

One of the last Torres guitars authenticated by José Luis Romanillos

This guitar by Antonio de Torres bears the label “POR D. ANTONIO DE TORRES. / SEVILLA/ Calle de la Cerrageria numero 32. / Ano de 1865.”

It was authenticated by José Luis Romanillos, the famous maker and international expert on Torres, after an assessment in 2012. Romanillos planned to include it in a forthcoming edition of his prestigious book Antonio de Torres, Guitar Maker – His Life & Work, under the reference FE21Y:

“Since our guitar is from 1865, FE21X in the catalogue [another guitar in Romanillos’s collection], we have given your guitar the reference FE21Y and when there is a new edition, if there is ever one, this will be the catalogue reference of your guitar.”


E-mail, translated from Spanish, from Marian and José Romanillos to the former owner

As Romanillos indicates, the Y at the end of reference was added due to the existence of another Torres guitar made in 1865, preserved in his own collection, reference FE21X and stylistically similar to this guitar

Unfortunately, this new edition of the Torres catalogue raisonné never came to light, and therefore the FE21Y never featured in it. However, Romanillos wrote a short document dated 14 January 2014 which authenticates the guitar, and the instrument featured in various official events about Torres.

A guitar exhibited to the public to celebrate Torres

This guitar, which was rediscovered in 2012 after having laid dormant above a wardrobe, and which was subsequently authenticated by Romanillos, very quickly created excitement. In 2017, to coincide with the bicentenary of Torres’s birth, the Museo de la Guitarra Antonio de Torres in Almeria included this guitar in the exhibition “Torres: La Guitarra Universal”, between 12 June 2017 and 10 January 2018. This exhibition brought together 10 instruments by Torres, including the FE21Y, from his different periods.

“The exhibition […] aims to bring together in this museum a significant number of his original guitars, as well as others made his contemporaries having a connection to him and his production. That is why I am writing to ask you to consider the possibility of lending the original guitar by D. Antonio de Torres that you own […]. Your valuable contribution would undoubtedly help to highlight this illustrious guitar maker in this year when we commemorate his birth.”


Letter translated from Spanish, from the Delegacion de Area de Cultura, Educación y Tradiciones to the former owner, 25 April 2017

Our guitar was illustrated in the exhibition catalogue, without its reference, and was logically placed after the FE21X[1]. This catalogue, which is one of the last up-to-date publications on Antonio de Torres, includes in particular an article by Romanillos.

From June 2019 to September 2022, the guitar was exhibited at the Museu de la Música de Barcelona, which organized a series of events about Torres, including a conference on 7 November 2019 by María del Mar Poyatas and Jaume Bosser, entitled “La maestría de Antonio de Torres en dos guitarras, 1866 (this is the FE21Y despite the incorrect date) i 1868”, about the FE21Y and a model from 1868.

In September 2022, it returned to the collections of the Museo Antonio de Torres in Almeria, where it was exhibited until May 2024.


[1] “Torres : La Guitarra Universal”, Bicentenario nacimiento 1817/2017, Catalogue d’exposition, 12 juin 2017 au 10 janvier 2018, Museo de la Guitarra Antonio de Torres, Almeria, pp.22-23.

A guitar from the first period, foreshadowing the second

The first period

Antonio de Torres’s production can be divided into two periods: the first, approximately from 1845 (the date he left Vera for Seville) to 1870, and the second in Almeria from 1875 to the death of the maker in 1892. Although we do not know exactly when he began his activity as a guitar maker, the first of his known signed instrument dates back to 1852[1]. This instrument has similarities with the guitars of José Pernas, which could be explained by a likely apprenticeship with Pernas in Granada[2]. Although there are some doubts about this, what is indisputable is that, in general, his first guitars followed the craftsmanship and construction methods developed by the master makers active in the region at the time, including Pernas, but also of makers active since the 18th century, such as Francisco Sanguino and José Pagés. In 1854, he worked in Seville at 11 calle Ballestilla and made the FE01 – which for some historians marks the beginning of the first period.


[1] Françoise et Daniel Sinier de Ridder, Jérôme Casanova, op.cit, p.116.

[2] Domingo Prat, Diccionario de guitarristas, 1934

This first period is marked by several significant innovations, including the “tornavoz”, a conical metal tube attached to the body and whose purpose was to bring more clarity to the high notes and reinforce the low notes, by directing the sound towards the listener. The best guitarists, such as Julián Arcas, Francisco Tárrega and Miguel Llobet, were won over by this innovation. Torres’s reputation grew rapidly and in 1858, he received the bronze medal at the Seville Exhibition for the FE08 (“La Cumbre”), which was praised for its excellent visual and sound qualities.

His early period guitars, such as the FE21Y, are often described as having a particular tone and clarity of sound, given them a charming character. The FE21Y was made in 1865, at the end of the first period, after Torres had set the standards for his various models, and belongs to the medium-sized instruments which already announce the second period.

Materials and model

The FE21Y is a fine example of Torres’s production during his early period and in particular of his use of materials at that time. As exemplified with this example, he mainly used spruce for his fronts and cut it so that the growth rings were perfectly perpendicular to the top surface[1]. Also typical of Torres’s craftsmanship is the fact that the FE21Y front is very thin – down to 1.5 mm – at the edges, and thicker in its centre. Its back is made of Rio rosewood in three pieces, two of which come from the same tree (the pieces on either side). The three pieces are separated by light-coloured wood purfling. To better withstand the pressure of the strings, the front was reinforced, on the inside, by a five-bar fan bracing, in addition to the traditional reinforcement across the upper bout of the front. The bracing became an essential construction feature for Torres, improving the front’s vibration and therefore the sound of the instrument. In order to accommodate both medium and large guitars, he designed two fan bracing systems, one with five bars and the other with seven, the latter being more common in the second period as his models became larger (like the SE35 sold at Vichy Enchères in 2021).


[1] “200th anniversary Antonio de Torres”, Orfeo Magazine, n°9, spring 2019

Torres’ instruments can be divided into three models: small, medium and large[1]. However, due to wood supply issues, but also a constant quest for the ideal instrument, each Torres guitar is a unique creation that may present small variations.

The FE21Y has a string length of 645mm, a body length of 458mm, and a body width of 83mm at the heel and 91mm at the bottom block, making it similar in its proportions to the FE20 and FE21X, made around the same time (in 1864 and 1865, respectively). In addition, its dimensions and model make it comparable to instruments from the second period, such as the SE10 and SEU01 from 1877, the SE31 from 1882, and even the SE142 made at the end of his career, in 1890.

The FE21Y also features, on the inside, pencil marks by the maker, which are typical of Torres’s construction methods and his meticulous approach.


[1] « Antonio de Torres, Lo Stradivari della chitarra moderna », Catalogue d’exposition [Museo del Violino, Crémone, 15 sept. – 14 janv. 2018], Edizioni Museo del Violino, 2018? p.27

Typical ornamentation

Unlike the sumptuously decorated instruments of the 17th and 18th centuries, Torres’ guitars were fairly plain in appearance. Depending on the model, the decoration could vary, ranging from simple purfling on the front or a series of circular purfling of various colours around the rosette, to roses inlaid with sophisticated motifs, such as the Meander (a Greek motif, which is found only on three guitars).

Torres, who came from a modest background, favoured form and function over ornamentation (as for instance with the papier-mâché guitar of 1862). For economic reasons, he used wood from old furniture, and could use up to five pieces of wood just to make one front. The guitars he made were not always intended for a wealthy clientele. At the beginning of his career, the flamenco guitar was still played in almost every home in the region and the instrument was popular. The innovations introduced by Torres during his life, particularly in collaboration with professional musicians, contributed to the birth of the fina (concert) guitar, in contrast to the ‘popular’ guitar.

The FE21Y has plain decoration in the form elegant and refined ornaments, composed of inlaid pieces arranged individually and by hand by Torres himself. As is usual, the decoration is mainly concentrated around the rosette. It is inlaid with circular purfling in Rio rosewood, light or reddish wood (probably pear wood) and green-tinted wood. This purfling of different colours, with its symmetry and sequence, reinforce the strict geometry of the decoration. This same type of ornamentation is found on several concert guitars, such as the FE20 from 1864 that belonged to the famous Spanish guitarist Narciso Yepes, and the FE28 from 1868 that belonged to Julian Arcas and is now in the collection of Marcos Villanueva Nieto.

The edges of the front are also enhanced with several strips of purfling in Rio rosewood, which give character to the guitar and echo the decoration on the sides, the fingerboard and the bridge, also in rosewood.

The back is inherently decorative due to being made from three pieces of wood of alternating colours. These alternating colours are enhanced by the varnish and by the light-colour purfling separating each piece of wood, which is also present on the edges of the back. We find this same type of three-piece back on other Torres guitars, like the FE07 of 1857, but with perhaps less visual appeal as the three pieces of wood are more similar in appearance.

The heel

The edge purfling of the back of the guitar are interrupted at the small heel, whose shape follows that of a broken arch. This feature contributes to the strength and character of the guitar. This shape is also found on the neck which, seen from the front, draws another broken arch overhanging the heel (see photo).

This type of broken arch heel is rather typical of Torres’s early period, and is a feature that can also be found among his local contemporaries’ instruments, such as those by Pagès and, of course, José Pernas. The FE20 and the FE21X, dated 1864 and 1865 respectively, are stylistically close to our guitar and also have a broken arch heel.

From his second period onwards, we find more arched heels, such as that of the SE35 made in 1882. However, it’s worth noting that, here again, it is not possible to assign a particular feature exclusively to one of Torres’s two periods, and that he continued to make pointed arch heels until the end of his career, as evidenced by the SE117 of 1888.

The bridge

This bridge, with its formal and elegant appearance, was undoubtedly one of the most modern ever made at that time, and has nowadays become a classic design. Indeed, at the time of Torres, it represented an evolution marking a break with the baroque bridge. Until the 19th century, bridges held the strings by threading them around a rectangular block of wood. For his early instruments, Torres used different types of bridges before settling on a longer and sturdier model with a « lip », a feature already familiar to earlier makers.

It was Dionisio Aguado who claimed the invention of the modern bridge in his « Nuevo Metodo Para Guitarra » in 1843, although he did not mention it in his earlier works. Aguado’s first bridge was a transitional bridge between the peg bridge used by makers such as Panormo and Lacote, and the later bridge invented by Aguado and further developed by Torres.

It was Torres who first consistently used the split-saddle bridge and promoted it as the ideal bridge. For Torres, the introduction of the split-saddle was crucial to the development of the guitar, although it took him several years to arrive at the final design as we know it.

The use of the split-saddle allowed the maker and player to adjust the strings to the ideal clearance – a very useful feature after the introduction of the arched fronts.

As with the FE21Y, all Torres bridges were made of rosewood. The bridges of his finer guitars featured mother-of-pearl or ivory patterns on the fins or, as in the case of the FE21Y, a strip of ivory or mother-of-pearl.

Torres experimented with various types of bridges before settling on the ones he used. His innovations and modifications played a crucial role in the development of the modern guitar bridge.

A professional musician’s guitar

A concert guitar

The economic and social realities of the 19th century did not allow makers to produce exclusively fina (concert) guitars. They also had to make more affordable models and, as previously discussed, use lesser-quality woods. Therefore, the sound and visual qualities of the wood could vary considerably from one guitar to another. The FE21Y was not intended for popular use, unlike many other guitars made at the time in Spain, the country where there used to be a guitar in every home. Popular guitars intended for flamenco were usually made of cypress, unlike professional guitars which were made of higher quality woods such as maple, walnut or rosewood. The materials used for our guitar leave no doubt as to its function as a concert instrument. The FE21Y features the highest quality woods, such as Rio rosewood for the sides and back.

Its medium size further indicates that it was undoubtedly intended for a concert musician. However, unlike other guitars commissioned by professional musicians, its decoration does not feature motifs, just a beautiful series of circular purfling strips around the rosette. This rather simple ornamentation might seem unusual for an instrument of this quality, but it is typical of Torres’s work and is consistent with the decoration on instruments of great musicians, such as the FE28 that belonged to Julián Arcas. This relatively plain decoration certainly fits Torres’ style, but might also have been at the request from the client, in order to reduce costs by prioritizing the sound quality of the instrument. It could also be that Torres was forced, for personal economic reasons, to limit the decoration of the instrument[1].


[1] Joan Pellisa, 2013

A guitar sought after by musicians

The restoration of this guitar, carried out in accordance with the recommendations of the CIMCIM (International Committee of Museums and Collections of Musical Instruments), has preserved its historical and functional integrity. After lying dormant for decades above a wardrobe, it was restored and brought back to life by Jaume Bosser from 2014 to 2016, who made it playable again. Jaume Bosser described its sound quality as follows:

“A very direct and full sound across the entire register – all the voices are heard very clearly, even those that are often dampened in the middle register […] with a beautiful, pleasant, substantial sound, rich in harmonics. Like a wine that releases rich aromas in the mouth, the notes of this guitar produce rich and varied sensations. The player is stimulated when playing high melodic passages on a harmonic base of middle and bass notes. On most guitars, it is difficult to bring out these melodies, whereas on the Torres, they rise and project effortlessly.”

Since its restoration, the FE21Y has been played by great musicians, including during several concerts organized by the Museu de la Música of Barcelona aimed at providing an overview of Torres’s master-craftsmanship and the exceptional sound quality of his guitars. Indeed, after the conference on 7 November 2019 by María del Mar Poyatas and Jaume Bosser on the FE21Y and an 1868 example, a series of concertos were given by Nora Buschmann (“De Llobet a Jobim”, 20 October 2019), Maria Ribera (“El legado de Emilio Pujol”, 7 November 2021) and Bernat Padrosa (“Paris 1911”, 12 May 2022). This programme covered a repertoire spanning from Spanish guitar music through to Bossa Nova, and paid tribute to the greatest guitarists, including Miguel Llobet, Antônio Carlos Jobim and Emilio Pujol.

In addition, the FE21Y was played by Alejandro Aparicio for the recording of the album BLUE, which was followed by a series of concerts. The album should have been recorded on two guitars, but in the end Aparicio chose to use the Torres exclusively. Finally, this guitar appears in the documentary dedicated to Antonio de Torres « La español, la de Torres », in which it features several times, played by Alejandro Aparicio and Juan Francisco Padilla (it was dated 1866 in the programme due to another incorrect read of the label).

The genius of Torres

Antonio de Torres is often compared to Stradivari, and not without reason. He laid the foundations of the modern guitar, transforming a popular instrument into a symbol of musical and technical excellence. As previously discussed, Torres’s genius lied in his ability to combine and improve on the best innovations of his time in order to produce a standard guitar model. Torres was able to leverage the latest technical advances of his time, such as the fan bracing used since 1760 by luthiers such as Sanguino, and the Aguado bridge.

However, he did not just adopt these innovations: he perfected and standardized them, creating the standard for the modern guitar in the process. Before Torres, there was no model or standard measurement for guitars; the shapes varied according to the regions. Therefore, Torres created a school and a style, inspiring makers to make longer and wider guitars. He was the first to understand the crucial importance of the front for the sound of the instrument and, by thinning it, he gave the guitar an unprecedented lightness and flexibility – elements that are in evidence with the FE21Y.

This guitar is a true rarity on the market, and an instrument of historical significance, that allows us to witness the genius of Antonio de Torres. We hope to see you at Vichy Enchères for the viewings and the sale on 9 November 2024, and to discover more about the Stradivari of the guitar and try to acquire one of his early instruments!

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