Borel André Casimir, né le 11 décembre 1915 à Paris 13-ème
Décédé en 1988 à Sens.

Facteur Luthier en retraite, demeurant 8 rue Marcel Aymé à Sens. C’est dans cette ville que ce « bricoleur » de génie avait pris sa retraite tout en restant très actif et inventif.

Il faut dire que ce parigot à l’accent des vrais, avait, depuis 1938, mis au point après des années de recherche avec son camarade Simonet – parrainé par Émile Prud’homme – un « nouvel harmonica ».

En 1947, il disait « Le nom importe peu, j’espère pouvoir le mettre en vente à prix très honnête, pour la saison prochaine et ce sera sous le nom accordina pour le modèle a clavier bouton et Clavieta le modèle à touche piano ». Quand on lui demandait de le décrire « Bien volontiers…28 cm de long, 7cm de large et 6cm de hauteur pour un poids total de 700 grammes » ; en somme à peine plus gros qu’un harmonica ordinaire seize trous. Le premier avait été conçu pendant la guerre à Dixmont : il pesait 4 kilos. Le modèle définitif verra le jour en 1955. Alors qu’il allait abandonné ses recherches et après avoir vendu sa voiture et sa maison, André Borel, mécanicien le jour et accordéoniste de bal la nuit (à la boule rouge, rue de Lappe), fut sauver par Fredo Gardoni. Ce dernier le présenta au patron des établissements Beusher. Ce sera un formidable succès : l’accordina se vendra par milliers.

La publicité montrait les rois de l’accordéon de l’époque avec l’accordina à la bouche et comme slogan « À la portée de tous, les accordéonistes le jouent en quelques minutes ». On voyait : Prud’homme, Verchuren, Gardoni, Ferrari Alexander, Duleu, Privat, Baldi, Astier Deprince, le trio Raisner… Albert Raisner était d’ailleurs un grand ami de Borel, ce serait pour lui qu’André Borel se serait lancé dans la création de l’accordina.

Accordéonorgue, prototype réalisé en 1987 par André BOREL
Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 6 mai 2023 © Vichy Enchères

Il aimait à dire « accordéonorgue c’est bien accordéon et orgue mais en un seul mot, sans trait d’union, pour marquer dans l’écriture le caractère de l’unité qui se trouve dans l’instrument de musique lui-même, ni accordéon, ni orgue exclusivement, mais les deux à la fois. » Marcel Azzola était très intéressé par l’instrument qu’André Borel définissait ainsi avec son puissant accent de Belleville :

« C’est un instrument qui peut servir dans toutes sortes de circonstances. D’abord en solo dans une foire ou dans une fête comme attraction, on peut faire une animation musicale. Mais attention ! Une animation musicale de qualité, comme les bons vieux limonaires. A cette différence près, c’est que mon accordéonorgue, ce ne sont pas des cartons perforés qui le font marcher, c’est un musicien qui joue avec son cœur, son doigté et sa sensibilité. Ensuite c’est un instrument qui peut être utilisé, toujours seul, dans un bal pour faire danser. Il se suffit à lui-même. Il peut faire le chant et l’accompagnement. Enfin, c’est un instrument qui peut s’intégrer à un orchestre à une grande formation, parce qu’il est pourvu de personnalité et qu’il a ses sonorités propres. »

Exceptionnel accordéonorgue, prototype réalisé en 1987 par André BOREL, l’inventeur de l’accordina. Orgue à soufflerie électrique, piloté par les claviers d’accordéons chromatiques (main droite, cent vingt basses). On peut faire sonner soit des anches libres, soit des tuyaux d’orgue, soit les deux en même temps. En état de marche, à réviser. On joint neuf  plans préparatoires à la réalisation, de la main d’André Borel, ainsi que la copie d’un certificat de la main d’Alain Vian.
Cet instrument provient de la collection de Jeannot Perret.

Estimation 300/500€

Accordéonorgue, prototype réalisé en 1987 par André BOREL
Instrument mis en vente par Vichy Enchères le 6 mai 2023 © Vichy Enchères

Jeannot Perret fut un immense collectionneur d’accordéons (photos, revues, disques…) et un formidable conteur de son histoire. Durant toute sa vie, sa passion était de faire des expositions, au centre desquelles il jouait, à la demande, dans le style de tous les grands accordéonistes. Sa disparition en novembre 2021 à 93 ans (né en 1928) fut un choc pour tous les amateurs de l’instrument à anche libre. Son immense collection fut vite accaparée par un « marchand » sans scrupule. Les quelques accordéons et objets que nous présentons sont une infime partie de sa considérable collection de près de 1000 instruments. Ils sont un hommage à ce grand monsieur qui fit vivre la belle histoire de l’accordéon pendant des dizaines d’années.

Jeannot pose ici, chez lui à la Ravoire (73) en 2016 avec le même accordéon et le même jâse. Charles Verstraete père (1897/1979) avait pris la même pose 100 ans plus tôt dans son estaminet à Roubaix (siège des Joyeux accordéonistes) avec son accordéon Belge de Albert Van Houtte (fabricant au 17 Wilde zwijnsstraat à Meenen) et surtout avec son incroyable jâse réalisé par Charles Blomme à Roubaix.

Quelques années plus tard Charles Verstraete fit réaliser un jâse encore plus extraordinaire. Comme le témoigne son fils, l’accordéoniste Charles Verstraete « junior » « Mon père, qui débordait toujours d’initiatives et dont l’esprit inventif était toujours aiguisé, s’avisa de demander à Charles Blomme, un jazz pour deux accordéonistes avec, donc, deux pontons à commandes, agrémentés – et là était le génie – d’ampoules de couleurs variées, synchronisées avec les pédaliers et les roulements qui étaient reliés – mon père était un perfectionniste – aux éclairages de la vitrine du café. Ainsi, qu’on fut au pont Morel ou à la Fosse-aux-Chênes, la lumière était visible, signifiant qu’on jouait « chez Verstraete ». Ce jazz, une machine infernale, fut le dernier chef-d’œuvre de Charles Blomme. »

Il est aujourd’hui conservé à La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent de Roubaix.